La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 32. La Partie 1 commence maintenant.
Yuksek – The only reason (feat. BREAKBOT & IRFANE) – The Confinement Collaborative Video
Yuksek a décidé de se servir du confinement comme base à la créativité, à la réunion et la collaboration entre tous. C’est ainsi que pour son nouveau clip, il a fait appel à ses auditeurs, ses abonnés sur les réseaux sociaux. Une belle manière de rendre hommage à ceux qui font vivre sa musique et ceux qui vivent avec sa musique pendant cette période. Extrait de son album Nosso Ritmo, sorti en février, The only reason est un titre solaire, dansant et diffuseur de bonne humeur. À l’image des rush envoyés par les abonnés : des extraits de danse en famille, de séances skypes, d’amour canin, de bilboquet et de groove un peu ringard (coucou Jérome Niel, on t’aime).
Un clip un peu what the fuck, un tantinet psyché, mais absolument parfait pour égayer cette période un peu nulle et prouver la force de l’ensemble.
FKJ & Bas – Risk
Les clips, c’est bien, mais c’est encore mieux quand un réel concept s’en dégage, à la manière de FKJ qui, pour son nouvel EP Ylang Ylang, a imaginé, en collaboration avec Lossapardo, une peinture pour chaque titre. L’idée que la musique s’écoute, se vit, se place comme vecteur au voyage, à l’évasion et à l’inspiration de nouvelles horizons. La musique, finalement, ça s’entend, ça se voit.
Risk, en featuring avec le rappeur Bas, introduit par quelques cordes pincées de guitare électriques, s’offre un clip fait de rushs de peinture, de scènes dessinées et animées. Une collaboration douce heureuse, à la manière de ses pastels qui se mélangent, de ses contours qui se meuvent.
Lubiana – My Journey (documentary)
Tout semble converger vers le fait que Lubiana est la fille à suivre en ce moment. Ses deux premiers titres dévoilés – Self Love et My Man Is Gone – ont fait parler l’artiste, imprimant son visage et sa dégaine caractéristique dans les mémoires. Elle a dévoilé un nouveau titre, My Journey, accompagné d’un clip.
À la manière d’un documentaire, voix off percutante et vidéos désuètes s’enchainent. C’est son histoire, celle de sa naissance à sa découverte du chant et du jazz. Elle raconte, avec beaucoup d’intimité et de sincérité, son parcours musical, ses échecs, ses moments de lumière, sur quelques notes de piano, perdues au loin. Le son se transforme à mesure que l’histoire avance : de la découverte de son instrument caractéristique, à celle de ses racines camerounaises.
Bref, un moment d’intimité et de découverte de l’artiste.
RAC – Carefree ft. LeyeT
Parfois l’univers envoie des signes étranges. Alors qu’il s’apprête à dévoiler son nouvel album BOY le 8 mai prochain, l’énergique RAC n’avait pas prévu d’y inclure Carefree, son dernier single en collaboration avec LeyeT, la trouvant trop étrange. Et bien on peut dire que l’américano-portugais a bien fait de changer d’avis tant ce titre est une petite merveille de douceur qui fait chaud à l’âme en ces temps étranges surtout quand on réalise en plus que la chanson met des mots sur à la fois direct et poétique sur la dépression et un état de léthargie qu’on ressent tous plus ou moins en ce moment. La vidéo de Lucas Taggart nous présente les deux artistes dans différents tableaux, comme différentes humeurs, les couleurs du décor mais aussi des éléments qui défilent jouant une importance évidence pour montrer ce qu’on image être les fluctuations mentales d’une personne qui lutte en permanence avec elle même.
Double T – Café
Vous n’êtes pas encore trop réveillé ? On a la solution pour vous : venez gouter le bon Café de Double T. Le rappeur amiénois revient en force avec un nouveau titre qui annonce son nouvel EP SOMNIUM: Pt.2 prévu pour le 8 mai. Ambiance inquiétante et punchlines qui claquent, Café est un tir qui visent en pleine tête, un banger aussi brutal que le monde qu’il décrit. Un titre court et violent, sec et intense, fait pour retourner les salles (on en a gardé un très bon souvenir lors de son dernier passage au Pop-Up du Label.) La vidéo de Kmaz et Gauthier Duez présente Double T en héro dont le micro est une arme, baigné dans des lumières irréelles qui donne à l’image un aspect onirique… jusqu’au reveil. Ramenant ainsi le bonhomme dans un quotidien bien moins glamour que rêvait. Il faut se réveiller et pour ça, vous reprendrez bien une tasse ?
Squarepusher – Detroit People Mover
Quelle meilleure période que celle du confinement pour sortir un clip comme celui de Detroit People Mover ? Le musicien et compositeur de musique électronique Squarepusher met en image son titre sans doute le plus fort de son dernier EP, Lamental. Suite à Be Up A Hello, un album très (trop) artificiel et explosif, malgré la présence de ce même titre, Thomas Jenkinson se pose davantage pour installer une ambiance plus contemplative. Detroit People Mover, comme son nom l’indique, est un clip filmé depuis l’unique métro de Detroit, une ville connue pour son environnement urbain terne, mais aussi berceau de la musique techno. Cette ville paraît absente de vie comme le veut le confinement actuel, glauque et maladive, le clip semble extrait d’un film comme Enemy par exemple. Une imprimante posée au beau milieu de la rame fait apparaître au fur et à mesure du voyage des images de vie, de joie, des souvenirs nostalgiques qui paraissent ne plus jamais pouvoir se produire à nouveau. Squarepusher explique lui-même que ce clip est une réponse contrastée à Terminal Slam, son précédent clip tourné à Shibuya, fourmillant de vie et beaucoup plus anxiogène. Par comparaison, Gesaffelstein avait sorti un EP techno ultra-violent suite aux critiques sur l’aspect trop calme de Hyperion, Squarepusher fait l’inverse en proposant un EP beaucoup plus posé après les retours mitigés sur la frénésie presque écoeurante de Be Up A Hello. Detroit People Mover illustre parfaitement cette accalmie avec mélancolie et esthétisme.
Zuukou Mayzie ft Freeze Corleone -Qui-Gon Jinn
Le rap français compte nombre de secrets. Et un de ses secrets les mieux gardés est celui du collectif 667. Rappeur mystérieux, rap ultra-référencés, amateurs de complots voilà comment caractériser les membres du 667. Chaque membre mène sa carrière comme il l’entend mais les collaborations entre les différents associés de ce qu’ils appellent la secte. Zuukou Mayzie a donc décidé d’inviter Freeze Corleone sur le titre Qui-Gon Jinn en référence au maître Jedi d’Obi-Wan Kenobi dans la saga Star Wars. Le clip réalisé entièrement en animation voit les deux artistes plongé dans un univers semblable a celui de la guerre des étoiles. Mais un univers qui évoque surtout les traits propres au collectif : les références à d’autres œuvres sont tellement abondantes et/ou pointues qu’il est dur de toutes les citer. Amateur de codéine, cette drogue est inséparable du crew et est également présente dans le clip. Coffrée dans un fourgon conduit par les deux artistes, cette scène évoque une phase de Freeze Corleone dans Donquixote Doflamingo : « Avec Loto fait des plans pour faire rentrer des camions de lean« . Le clip saute d’univers en univers, en montrant toujours plus sur le monde atypique de la secte.
Jäde – -12°C
Proposer des clips en cette période si particulière n’est pas la chose la plus aisée et l’imagination des artistes doit être mise à l’épreuve. Ce n’est pas cela qui a effrayé la jeune Jäde. Pour son troisième morceau, elle a décidé de s’amuser avec l’animation pour proposer un clip entre réel et fiction. En effet, en étant une artiste 2.0, enfant du digital, il a été aisé pour elle de trouver une alternative. En mélangeant selfies, images d’animations et de films, l’artiste arrive à nous plonger dans un univers particulier. Un univers en adéquation avec sa musique qui est à la fois calme et entrainante. En effet, Jäde nous susurre de sa voix suave une histoire de désir contrarié où l’amour est plus que présent mais les relations sexuelles décevantes. Elle évoque ce thème toujours avec un angle bien à elle, rendant sa musique à la fois hors du temps et unique. Tout cela relevé avec une identité visuelle tout aussi unique.
The National – Hard To Find
Qui n’a jamais été curieux de tester le concept des time capsules ? Ces vidéos que l’on fait un jour sans trop savoir pourquoi, que l’on oublie – volontairement ou non – quelque part et que l’on fait resurgir des années plus tard. C’est ce qu’à involontairement fait Michael Brown, en dénichant une petite vidéo pépite , vieille de 6 ans et perdue sur un disque dur, à l’époque où The National est en pleine tournée de Trouble Will Find Me. Un bond dans le passé tout doux et délicat qui illustre la balade aux mêmes attributs : Hard To Find. Nous sommes en 2014, alors que le groupe s’apprête à jouer son dernier concert de la tournée en Australie, la veille, l’équipe décide de louer un bateau et de partir à l’aventure au cœur des îles et récifs australiens. Toujours paré d’une caméra, Michael Brown a ainsi immortalisé un ballet complice entre Matt Berninger et des phoques à l’humeur taquine. Partagée durant cette période étrange de pandémie mondiale, The National nous sert ici une touche de beauté et nous rappelle que des jours meilleurs reviendront tôt ou tard.
Selah Sue – You
La belle Selah Sue a mis entre parenthèse sa carrière pour se concentrer sur sa famille. Ce titre a pris naissance durant cette période juste à côté de son fils aîné; « sans compromis ou pression » comme le dit si bien la chanteuse qui amènera à la naissance d’un nouvel EP intime Bedroom que nous avons hâte de découvrir le 15 mai prochain.En attendant, on visionner en boucle le sublime clip du titre You qui nous amène au cœur de l’intimité de la chanteuse. C’est tout simplement touchant et nous montre que peut-être la meilleure façon de survivre à cette période douloureuse est tout simplement l’amour.
Mou – Sophie Marceau
Un titre dédié à Sophie Marceau, si ce n’est pas original ça ! Et c’est MOU qui est derrière ce titre, sobrement intitulé Sophie Marceau ! C’est le tout dernier extrait de son album qui soit sortir le 24 avril : Bijoux d’amour. MOU, fidèle à ses morceaux toujours plus décalés les uns que les autres, livre cette fois-ci une lettre ouverte, une déclaration à l’actrice française. Est-ce qu’elle a un animal de compagnie ? Est-ce qu’elle prend des vitamines ? Est-ce qu’elle mange du gras ? Est-ce qu’elle aime danser ?… Tant de questions que se pose l’artiste nantais sur cette « drôle de dame, dame dame dame dame ». Le clip est aussi décalé que la chanson, un assemblage de montages photos DIY, où MOU colle sa tête, rapidement découpée sur un logiciel graphique dans des photos où apparaît notre James Bond girl, pour être à ses côtés, où il se met en scène avec elle à coup d’images et de vidéos libres de droits, où il colle leurs deux petits textes ! Sophie Marceau, un titre où MOU dévoile sa passion – fictive ou réélle – pour celle qui fut révélée dans le film La Boum, et où il lui pose toutes les questions qu’il rêverait de lui poser, pour apprendre à se connaître et entamer une belle idylle avec elle.
Fils Cara – Hurricane
Trois mois après la sortie de son tout 1er EP, Volume, Fils Cara est de retour avec un tout nouveau titre : Hurricane, un single qui annonce la sortie d’un second EP à paraître prochainement… Mais contrairement aux clips extrêmement riches auxquels il nous avait habitués précédemment : des scènes presque baroques, remplies d’une myriade de petits détails, avec un traveling arrière révélant de véritables tableaux cryptiques et célestes… constitués en triptyques : Nanna, Contre-Jour et Cigogne ; cette fois-ci Fils Cara dévoile une vidéo beaucoup plus épuré et monochrome. La vidéo qui accompagne la sortie de son nouveau single, Hurricane, est plutôt une session live en fait, produite par La Blogothèque à qui on doit des sessions live extrêmement bien léchées. Hangar, noir et blanc, brume, micro suspendu, néons… Hurricane commence par une introduction au piano, sur lequel il fait jouer son frère, Francis. La caméra tourne autour de Fils Cara et nous rapproche de plus en plus, de sorte qu’il se dégage beaucoup d’intimité dans cette vidéo, pour une chanson qui est d’autant plus personnelle, dans laquelle on plonge encore plus dans le flux de pensée d’un Fils Cara qui voit peut-être la machine médiatique et iconique s’emballer, et qui raconte comme un témoin une jeunesse qui se passe sans lui.
Lorenzo – Je vous déteste tous
Une semaine après son pote Oliver Tree, Lorenzo débarque de notre côté de l’Atlantique avec un nouveau titre sorti pendant le confinement. Le titre est on ne peut plus clair : Je vous déteste tous. Visuellement, on se retrouve dans « animal smoking » comme le dit si justement le rappeur puisqu’on le retrouve dans une animation de Unicorn Paris ou on suit un Lolo animé, et armé, en ballade dans un monde joyeux et coloré ou les arcs en ciel succèdent au soleil.
On est certains que ce titre ravira l’énorme fan base du rennais, mais au delà de ça, c’est une facette bien plus mélancolique et presque glauque qu’il masque sous une instru assez lumineuse et entêtante. Ici l’egotrip se confrontent à des punchlines bien plus sombres et prouve une nouvelle fois que chez Lorenzo les apparences sont souvent très trompeuses.
Terrenoire – Baise-moi
Comment s’enlacer, comment s’embrasser… comment se baiser alors que nous sommes confinées ? En réponse à cette question, le duo Terrenoire a choisi les mots et les sons avec leur titre Baise-moi. « Mes habits seraient faits pour être enlevés, et ma peau pour être touchée (…) Et ta bouche est faite pour être embrassée, ta voix faite pour se briser, sur un continent de braise. » Les mots sont tant crus que sensuels, au point que l’on pourrait imaginer les corps, qui se frôlent, se cherchent, se trouve et se caresse. Pourtant, on aperçoit ces derniers sur cette lyrics video. Vincent Ehrhart Devay – illustrateur et musicien du groupe Palatine – représente un couple, corps nu, fusionnant au cri (d’amour) du chanteur : “Comme si j’étais à toi.” Alors, ils forment un tout, comme un atome, insécable. Que rien pourrait venir rompre, pas même l’absence, pas même la distance.
Aldo – Restless Animal
Ces derniers temps, nous avons peut-être oublié à quel point le rythme de la ville est souvent effréné, au point de nous épuiser, tant il y a de monde et de choses à y faire. Aldo est là pour nous le rappeler, avec le clip de Restless Animal. Même si la ville de Sao Paulo paraît déserte, le réalisateur Gondrs Cavel nous donne une impression d’étrange chaos, en écho avec les paroles d’Andre et Mura Faria. Le temps d’une chanson, nous déambulons dans la ville, calme et silencieuse, surveillés par les caméras d’une secte de hackers qu’on pourrait penser tous droits sortis d’un Matrix néo-punk haut en couleurs. Les plans s’enchaînent, alternant vues fish-eye et modélisations informatiques, accentuant ce sentiment d’oppression, de confusion et de délire. En effet, il est impossible de trouver le repos dans une ville imaginée presque comme un personnage à part, à la fois mélange organique et informatique. En bref, Restless Animal est non sans rappeler un Arcade Fire plus expérimental, et ça forcément, ça nous plaît.
AGNES OBEL- Won’t You Call Me [Live]
Agnès Obel nous propose cette semaine un live de son titre Won’t you call me issu de son nouvel album Myopia. C’est cette fois à Brooklyn qu’elle a choisi de s’illustrer et d’exprimer son art. Au delà d’une performance incroyable, ce live est une véritable expérience. Avec seulement trois instruments, Agnès Obel et ses musiciennes décuplent les dimensions du tangible et nous proposent un tableau mouvant, frontière entre rêve et réalité. Les spectateurs n’ont pas le choix de suivre la chanteuse danoise déambuler dans ce monde qui s’ouvre avec grandiose devant eux; monde mystique, poétique, et surtout nouveau. Alors que la voix entêtante et féérique d’Agnès Obel résonne et s’empare de l’espace, les chœurs le modèlent selon la forme qu’il doit prendre. Trouble ? Mystérieux ? Captivant. En quelques minutes, la chanteuse se dévoile totalement, et incarne sur scène son univers à elle, profond, intriguant et magique. Si le piano nous guide en nous promettant paix et ravissements, si le clavier nous emporte en nous annonçant nouveauté et découverte, le tambour quant à lui nous laisse entrevoir une atmosphère épique, vivante, fuyant. Le voyage proposé sera-t-il finalement si serein et rassurant ? Rien n’en est moins sûr répond le tambour. Les sens se mêlent et on se laisse emporter par la voix de notre sirène, mais nul ne connait la destination qu’elle a prévu pour nous.
Declan McKenna – The Key to Life on Earth
Nous vous en parlions il y a quelques semaines, Declan McKenna fait son retour ! L’artiste anglais aux nombreux talents nous livre cette semaine un nouveau clip pour son morceau The Key to Life on Earth. Accompagné par qui il appelle son « double », l’acteur Alex Lawther s’est fait une place dans ce deuxième clip pour le nouvel album de Declan, intitulé Zeros dont la sortie a finalement été repoussée au 21 août à cause des événements qui impactent le monde. Les deux jeunes hommes dont les fans du chanteur rêvaient de voir ensemble du à leur forte ressemble l’ont fait et se sont réunis pour un clip aussi hilarant que farfelu ! Rendez-vous donc le 21 août.
Lewis Watson – Castles of Sand
À petits moyens, grands clips! L’artiste anglais aux facettes pop folk sort cette semaine une vidéo home-made. Coincé chez lui comme nous tous, Lewis Watson s’est armé d’un fond vert et de quelques vidéos pour illustrer son clip pour son titre Castles of Sand. Sur une pointe humoristique, comme il aime le faire dans ses nombreuses vidéos Youtube, Lewis nous fait patienter encore un petit peu pour découvrir son nouvel album the love that you want. Disponible le 29 mai prochain.