Mercredi 15 Avril aux alentours de 15h30 : c’est au détour d’un appel téléphonique que Rone nous accorde cet entretien, le confinement aura également eu raison des entrevues avec les artistes, mais ce bon vieux téléphone lui ne nous lâchera pas. C’est avec enthousiasme que nous discutons de son nouvel album Room with a View, du spectacle avec la Horde, ou encore d’Alain Damasio. Un peu moins d’une heure passionnante et un temps qui passe à une vitesse ahurissante, une fois le téléphone raccroché une sensation subsiste, qu’est ce que ça fait du bien de parler à un humain.
La Face B : Premièrement, comment vas-tu Rone ?
Rone : Ça va bien, je suis confiné avec ma femme et mes deux enfants, je profite d’eux, je suis passé par différentes phases parce que comme tu le sais les deux dernières dates du spectacle ont été annulées. On a eu de la chance car on a quand même pu en faire 7, chaque jour on se demandait si on allait pouvoir jouer, je crois qu’à la troisième il y a eu la mesure qui interdisait les rassemblements de plus de 1000 personnes, puis finalement c’est tombé sur l’avant-dernière date, on nous a dit qu’on ne pouvait plus jouer, ce qui est complètement compréhensible et donc on a arrêté, il y a cette petite frustration de ne pas avoir fait la dernière.
J’ai eu une espèce de gros coup de blues que j’ai généralement après un gros spectacle ou après une tournée, mais là il était assez violent parce qu’il y avait le contraste avec une semaine pleine d’émotions, tu vois j’étais entouré de 18 danseurs et puis tout d’un coup devoir s’isoler c’est un peu brutal. Quelques jours après je suis tombé un petit peu malade, et je pense que j’ai attrapé le virus parce que j’ai eu tous les symptômes, grosse fièvre, grosse fatigue etc., j’étais pas bien pendant quelques jours, bon maintenant je vais beaucoup mieux, je suis en pleine forme mais je reste bien confiné à la maison et puis j’essaye de m’organiser et de retrouver un rythme entre les enfants et le travail.
LFB : Est-ce que tu peux m’expliquer d’où part l’idée de cet album, quelle est la genèse du projet ?
Rone : Ça remonte à la fin de la tournée de mon précédent album, j’arrivais à presque 200 dates avec Mirapolis et à la fin je sentais qu’il fallait que je m’enferme en studio pour faire un nouvel album. C’est pile poil à ce moment là que le théâtre du Châtelet m’a contacté et m’a proposé de créer un spectacle.
Ils m’ont donné carte blanche sur deux semaines, j’étais super flatté et c’est une opportunité géniale puisqu’ils te donnent des moyens pour créer et j’ai rapidement senti comme une responsabilité de faire un peu plus qu’un concert instrumental.
Je voulais mettre un peu de fond dans ce spectacle et en réfléchissant à la forme que ça pourrait prendre j’ai eu rapidement l’envie d’être entouré de danseurs qui pour moi font découvrir plein de choses à travers leurs corps, ils font passer plein de messages et donne ce sens que je recherchais, c’était donc l’idée première, et là j’ai pensé à La Horde, le collectif de danseurs avec qui j’étais en contact depuis un moment et avec qui on parlait déjà de faire des projets ensemble, c’était l’occasion parfaite de travailler avec eux.
Je leur ai proposé le projet et rapidement après ils ont été nommés à la tête du ballet national de Marseille, ce qui a vraiment poussé le projet puisque tout d’un coup on s’est retrouvés avec un lieu de résidence génial pour travailler à Marseille, ils ont choisi 18 danseurs vraiment sur mesure donc on a eu un gros coup de vent qui nous a poussé dans le dos pour le projet.
J’ai beaucoup travaillé à Montreuil dans mon studio ainsi qu’à Marseille où j’allais voir les danseurs pour voir comment ils bougeaient sur ma maquette puis j’adaptais ma musique en fonction de ce que je voyais et tout a avancé comme ça, aussi bien l’album que création du spectacle.
LFB : L’actualité fait que l’album et le spectacle prennent une dimension encore plus forte sur l’urgence de la situation, est-ce que c’est quelque chose auquel tu penses en ce moment ?
Rone : Bien sûr, c’est vrai que j’ai le sentiment qu’on s’est fait rattraper par l’actualité, je ne sais pas si tu te souviens il y a un moment dans le spectacle où il y a une pluie de poissons qui tombe du ciel qui symbolise l’effondrement climatique et tu as des personnages avec des masques qui viennent les balayer et je me souviens que sur les deux trois dernières dates avant l’arrêt du spectacle, il commençait à y avoir dans la salle des gens qui portaient des masques, c’était super troublant, ça faisait vraiment un effet miroir entre la scène et la salle, il y avait plus de masques dans la salle que sur scène donc pour moi déjà c’était assez étrange.
Et même pour l’album, tout à coup les titres que j’ai donné aux morceaux comme Esperanza, Nouveau Monde, Human, pour moi ils résonnent d’une manière très spéciale durant ce confinement, ils prennent encore plus de sens, j’espère vraiment qu’un nouveau monde arrive à l’issue de l’épidémie.
Ça n’avait pas de sens de décaler la sortie de l’album, on a hésité deux secondes parce que la plupart des artistes l’ont fait, c’est assez compliqué de travailler la sortie d‘un disque dans ces conditions mais au final on s’est dit non, on maintient la sortie au 24 Avril comme prévu, on a essayé de se débrouiller pour travailler à distance parce que ça avait du sens de le sortir maintenant.
LFB : C’est un album qui délivre un message fort, sans jamais se vouloir moralisateur, on sent que c’était important pour toi de prendre position sur une question qui nous impacte tous mais pour laquelle personne n’a trop de réponses, dans quelle position tu te plaçais pour aborder un tel sujet ?
Rone : La création du spectacle, elle commence avec une longue réflexion, beaucoup d’échanges avec La Horde avant de nous lancer dans la matière avec les danseurs et moi avec la musique. On a d’abord réfléchi à ce qu’on voulait faire, et très rapidement je suis arrivé avec le gros dossier brûlant de l’urgence climatique en disant que j’aimerais bien qu’on traite de ça, tu vois j’ai deux enfants et je m’inquiète moins pour moi que pour eux. Quel monde on va leur laisser, quel avenir ? Je me suis senti obligé de parler de ces thèmes là même si j’étais conscient que c’était très délicat parce qu’on peut vite être moralisateur ou tomber dans un autre piège encore, celui d’être complètement niais et mièvre dans la façon dont on aborde le sujet, un truc un peu facile où on se place en gentils et où on désigne les méchants, c’est beaucoup plus complexe que ça évidemment.
Ma position c’est un peu un des sens que je donne au titre Room with a View, c’est comme si on se posait à notre fenêtre et qu’on devenait observateur de la société actuelle et qu’on en parlait avec ce qu’on sait faire c’est à dire la musique, la danse, on digère les informations que l’on reçoit en masse et on les recrache à notre manière.
C’est une façon aussi de nous questionner nous même là dessus et d’amener à se questionner les gens qui viennent nous voir, et également de participer aux réflexions, j’avais envie de parler de tout ça avec la musique, avec des chorégraphies, je crois que le fait qu’il n’y ait pas de longs discours nous permet déjà d’éviter le côté un peu moralisateur et on essaye de faire passer les choses de manière beaucoup plus sensorielles, on joue sur l’affect, donc voilà, c’était ça le challenge, arriver à traiter ces thèmes là sans tomber dans des écueils.
LFB : Comme c’est dit par Alain Damasio dans le morceau Nouveau Monde, c’est l’art qui change la perception, est-ce que toi tu estimes que ta perception a tourné et si oui est-ce que tu as des oeuvres qui ont marqué ce changement chez toi ?
Rone : Oui, Damasio est un très bon exemple justement, c’est marrant que ce message vienne de lui parce qu’en ce qui me concerne il a été un déclencheur, il m’a ouvert le crâne il y a plus d’une dizaine d’années avec son premier roman, La zone du Dehors.
C’est quelqu’un qui connait très bien Deuleuze, Derrida, Nietzche et il a cette capacité à vulgariser les pensées philosophiques notamment à travers des romans de science-fiction fantaisie qui sont presque destinés aux adolescents, bon j’exagère là mais je sais qu’il a cette volonté de parler aux jeunes.
J’ai eu la chance de le rencontrer et il est un de mes meilleurs amis maintenant, c’est quelqu’un qui m’a vraiment fait prendre conscience de plein de choses, c’était parfois des choses que j’avais déjà en moi, que je comprenais intuitivement mais que j’avais du mal à exprimer, je n’arrivais pas à mettre le doigt dessus et lui avec sa manière d’en parler super simple et efficace est arrivé à mettre des mots sur mes intuitions. Ça m’a aussi poussé à lire ses influences à lui, comme Deleuze.
Je trouve que ce qu’il dit sur Nouveau Monde c’est super intéressant, c’est un extrait d’un entretien avec Aurélien Barrau qui est un autre personnage que j’aime beaucoup, c’est un astrophysicien qui parle super bien de la société actuelle.
J’étais super content que ces deux là se rencontrent, c’était sur qu’il allait émerger quelque chose de cette rencontre et c’est assez drôle parce qu’au moment du débat ils ne se connaissent pas et il y a une petit distance, c’est au bout de 10 minutes qu’ils commencent à se tutoyer et tu vois qu’ils se mettent à réfléchir ensemble.
Damasio pose cette idée que ce n’est pas l’information qui nous fait réagir, la fin du monde, le réchauffement climatique des essais scientifiques un peu angoissants on ne sait pas quoi en faire de tout ça. Est ce qu’on continue à vivre comme des zombies, en se disant ok c’est comme ça, ainsi va la vie ?
C’est là qu’il pose une vraie piste de réflexion en disant qu’il faut toucher les gens autrement, et souvent c’est en passant par des affects générés par l’art, enfin voilà, je trouve qu’il a posé une idée très forte et c’est arrivé à un moment ou justement je devais réfléchir à mon spectacle pour le Chatelet, ça m’a conforté dans l’idée que je ne pouvais pas me contenter de jouer de la musique, c’est très beau de jouer mes morceaux et ça permet aux gens d’oublier leur quotidien pendant 1h30 mais est-ce qu’il ne faut pas essayer de plutôt marquer les esprits.
Le truc qui m’a beaucoup touché tu vois et j’avais rarement eu ça avant, c’est que je reçois encore aujourd’hui des messages de gens qui ont vu le spectacle en me disant “putain j’y pense encore, ça m’a touché”, ces retours-là ça veut dire qu’on n’est pas loin d’avoir réussi le challenge avec La Horde.
LFB : C’est important pour toi d’inclure tes enfants dans ta musique ? On entend ta fille à la fin du morceau La Marbrerie, c’était déjà le cas sur l’album précédent avec le morceau Lou.
Pour cet album, ça sonne également comme une manière d’intégrer la génération suivante à une oeuvre plus grande qui nous concerne tous, notre futur. Le clip de Ginkgo Biloba reprend cette idée également.
Rone : C’est marrant parce que ça relève deux choses, déjà ça se fait assez naturellement parce que je travaille souvent chez moi, tu vois quand j’ai enregistré ma fille il se trouve qu’elle était à côté de moi quand j’étais en train de travailler un morceau sur mon ordinateur et puis hop je l’ai enregistré. Il y a ce côté qu’on retrouve dans chaque album c’est-à-dire une photo instantanée d’une période de ma vie, quelque chose de très intime et c’est très important pour moi.
J’ai toujours été sensible à l’idée que plus t’es intime, plus t’as de chance de toucher les gens, quand tu livres des éléments personnels tu mets forcément le doigt à un moment sur quelque chose d’universel. C’est un premier élément, j’utilise les sons du quotidien et donc ma fille en fait bien évidemment partie.
Après, tu as complètement raison surtout pour ce dernier album il y a l’idée que la texture de la voix d’une petite fille ça évoque une espèce d’ouverture sur le futur, sur l’avenir. Au niveau des sonorités ça évoque beaucoup de choses pour moi, comme la petite fille dans la fin du clip qui évoque l’avenir et surtout quel avenir nous allons leur laisser donc effectivement il y a cette ambition là aussi en utilisant la voix d’un enfant.
Tu peux nous expliquer le choix de ne pas associer les clips à la prestation de danse ?
Alors en fait en vérité il y a plusieurs clips qui sont en cours et il y en a un qui est réellement lié au spectacle, celui de Room with a view, on l’a tourné entre deux représentations avec les danseurs sauf que ça se passe dans les coulisses du Châtelet, on a détourné complètement le spectacle, on l’a réinventé dans d’autres lieux du théâtre et ça finit sur le toit d’ailleurs. Ça va être dingue sauf que c’est une vidéo assez ambitieuse, elle prend pas mal de temps en post production donc elle ne sortira pas tout de suite. Ce clip il a vraiment un sens, c’est La Horde qui le réalise avec les 18 danseurs du ballet national de Marseille sur le morceau Room with a View, je pense que si on avait pu ça aurait été le premier clip qu’on aurait sorti pour faire vraiment le lien avec le spectacle.
Pour les autres j’ai fait appel à d’autres réalisateurs pour avoir leur interprétation des morceaux, je trouvais ça intéressant de ne pas être complètement renfermé sur un univers, de voir comment d’autres artistes qui étaient en dehors du spectacle pouvait s’approprier les morceaux. Il y a donc celui de Sarah Al Atassi pour Ginkgo Biloba et là il y en a un autre qui arrive pour le morceau Nouveau Monde. J’ai bien l’intention d’en faire toute une série parce que c’est un truc que j’ai toujours adoré faire, tu peux vraiment mettre du sens dans ces vidéos là surtout pour de la musique instrumentale.
LFB : Il y a aussi la prestation de Human captée par la blogothèque qui est spéciale étant donné qu’elle a été tournée avec un public qui s’est porté volontaire pour apparaître et chanter sur ce clip.
Rone : Oui, c’était super émouvant, on avait ce tournage dans un château à 3h de Paris et j’avais très envie de jouer ce morceau là avec des choeurs mais les danseurs n’étaient pas disponibles, ce sont eux que j’ai fais chanter sur l’album.
Il a donc fallu trouver un plan, quelques jours avant j’ai fait un appel sur mes réseaux sociaux et à un moment je me suis dis ok ça va être chaud il n’y aura personne parce qu’au début j’avais des retours enthousiastes jusqu’à ce que les gens comprennent que ce n’était pas à Paris. On est donc allés sur le tournage en se demandant qui allait être là et finalement il y avait une bonne vingtaine de personnes qui venaient des quatres coins de la France, c’était très touchant, il y avait un mec de Strasbourg, deux filles qui venaient de Nice, il y avait un breton, un mec de Lille un peu de partout en fait.
C’était un tournage qui a duré toute la journée, il faisait super froid, le choeur n’avait jamais entendu le morceau donc on a dû très rapidement leur expliquer comment ils devaient chanter, on a fait plusieurs prises et il s’est passé un truc très cool sur celle qu’on a gardé. C’était une vraie expérience émouvante avec des gens qui connaissaient mon travail mais que moi je ne connaissais pas du tout, c’était une belle rencontre, c’était vraiment chouette.
LFB : Est ce que tu peux me parler du morceau Raverie, qui est aussi l’intro du spectacle ?
Pour moi ce morceau il pourrait ne jamais s’arrêter qu’il m’évoquerait toujours quelque chose de nouveau .
J’aimais bien l’idée de ne pas avoir un début de spectacle classique avec un lever de rideaux, je préférais que les gens s’immiscent dans quelque chose qui est déjà là, ça rendait le truc un peu bizarre, réaliste, c’était pour casser un peu le quatrième mur de la scène. C’était très spécial d’ailleurs pour moi de commencer tous les soir seul, parce que ce qu’il faut savoir c’est que souvent je commence 5min avant qu’il y ait le premier spectateur qui rentre.
J’avais cette idée de faire durer encore et encore un morceau et Raverie il évoque vraiment pour moi l’état dans lequel on est lorsqu’on rêve, un peu comme le morceau Lucid Dream où on ne sait plus vraiment où est le réel et où on perd un peu la notion du temps, on ne sait pas combien de temps il dure exactement et donc tout ça, ça m’intéressait, de poser un truc comme ça au début du spectacle et installer une espèce de transe qui fait qu’on rentre dans le spectacle différemment.
LFB : Dans l’album il y a cette prise de conscience avec des morceaux très angoissants comme Liminal Space mais malgré tout une bonne majorité se veulent optimistes et plein d’espoir dans ce qu’ils transmettent, du coup j’aimerais savoir comment tu te places par rapport à tout ça, est ce que tu restes résolument optimiste ?
Rone : Je suis optimiste de nature et plus ça va plus je le suis, je dirais que c’est par réflexe en fait. Je trouve que la société est de plus en plus dure, ce qui nous arrive est quand même assez dingue, il y a un avenir incertain, ça peut être très angoissant et anxiogène mais par réflexe je me dis qu’on a la capacité de rebondir et j’ai la chance d’être entouré de personnes comme Alain Damasio par exemple, qui arrive toujours à apporter une espèce de gnaque hyper combative même s’il traite de sujets graves.
C’est ce qui apparaît dans ma musique je pense, j’essaie de faire une musique assez sincère au travers de ce que je peux ressentir et elle ressemble à ce que je vis, aux moments où je m’inquiète et où je suis angoissé comme sur Liminal Space, mais ce son il fallait qu’il soit sur l’album parce que ce qu’on vit c’est plein de contrastes, des moments durs, de doutes, des moments solaires.
Ce contraste il est important parce que si je faisais uniquement une musique avec des moments joyeux ce serait un peu ridicule et hors sujet et inversement si je faisais quelque chose de complètement noir ce serait écrasant donc il fallait être fidèle à la réalité, quelque chose de complexe qui est empli de nuances.
LFB : C’est d’autant plus vrai que notre lecture des morceaux change selon notre humeur et permet de découvrir plein d’aspects que l’on ne voyait pas sous un autre angle.
Rone : C’est aussi le pouvoir de la musique instrumentale, on ne te prend pas par la main, tu peux t’approprier la musique. Je me dis et c’est d’ailleurs très marrant, que les morceaux que j’ai composé en pensant au thème du réchauffement climatique, peut être que quelqu’un va les vivre complètement différemment avec sa copine à côté par exemple, peut être qu’ils vont faire l’amour dessus et je trouve ça génial, ce pouvoir d’appropriation très singulier qu’à la musique instrumentale.
LFB : Est ce que tu as pensé à le jouer en live cet album, sans la prestation qui va avec ?
Rone : Oui, alors en fait ça va être un peu schizophrénique puisqu’il y aura une double tournée, on a la volonté d’avoir un spectacle avec une longue vie, on devait le présenter aux Nuits de Fourvières mais ça a été annulé donc on le fera surement en 2021.
La bonne nouvelle aussi qui vient de tomber c’est que le Châtelet va nous le faire rejouer parce qu’il y avait cette frustration aussi de ne pas clôturer donc là on pourra recommencer, et on va aussi essayer de le faire tourner ce spectacle.
En parallèle je vais avoir une tournée seul sur scène où je vais jouer les morceaux de manière très différente, je vais les réinventer et donc passer d’une scène avec 18 danseurs à une scène tout seul ça va me faire très bizarre mais les deux sont intéressants, quand tu es seul tu as une manière complètement différente d’investir la scène et balancer la musique, je suis assez impatient de jouer ces morceaux sur scène.
LFB : Tu travailles avec des écrivains, des illustrateurs, des réalisateurs, des orchestres symphoniques, des compagnies de danse, c’est quoi la prochain étape ?
Rone : (rires) C’est une bonne question, alors j’ai un projet collaboratif en cours mais je peux pas trop en parler, d’abord par superstition et parce que c’est encore en cours, mais ça m’emmène encore ailleurs, sinon ce dont je peux parler c’est que j’ai fais la musique d’un film, La nuit venue, le premier long métrage d’un réalisateur corse qui s’appelle Fréderic Farucci.
LFB : Tu as été primé d’ailleurs…
Rone : Oui j’ai reçu deux prix alors qu’il n’est pas encore sorti, je suis très content mais c’est frustrant parce qu’il devait sortir le 1er Avril, c’est un film sur lequel il a bossé pendant 7 ans, il a mis ses tripes dedans et on ne sait pas quand il sortira, j’ai l’impression que dans l’industrie du cinéma c’est encore plus compliqué que dans la musique. J’espère qu’il pourra quand même le montrer au cinéma, qu’il n’y aura pas un embouteillage de films après le confinement, dans tous les cas il trouvera son public parce que c’est un très beau film et je suis très heureux d’avoir pu faire la musique parce que c’est quelque chose que j’adore faire, mettre du son sur de l’image, c’est hyper jouissif et hyper réjouissant
LFB : Est ce que tu as des artistes que tu aimerais nous faire découvrir ?
Rone : J’ai un peu honte mais tu sais quand je suis dans une phase de création d’album je me coupe complètement du monde, je n’écoute plus de musique du tout, je suis largué, à chaque fois il me faut 6 mois pour rattraper le temps perdu, demander aux potes ce qui est sorti et là je n’ai pas eu le temps de faire ce travail de recherche de nouveautés parce que depuis le confinement je suis vraiment avec mes enfants, j’écoute pas du tout de musique.
J’essaye de gérer un peu la sortie de cet album, j’ai réussi à bricoler un petit morceau pour la compilation Music for Containment mais j’ai vraiment du mal à faire plus que ça.
Très honnêtement les trucs qui m’ont marqué et que je recommande c’est peut être d’aller écouter Aurélien Barrau, n’importe quelle vidéo sur internet, c’est toujours passionnant, il a plein de choses à dire ce mec là, c’est marrant comme c’est un astrophysicien on peut facilement se faire embarquer sur des vidéos où il parle de trous noirs mais également sur des vidéos ou il parle d’actualité. Bon également la lecture d’Alain Damasio, je me répète un peu mais c’est vrai que je me suis nourri de ça ces derniers jours, ces dernières semaines/mois donc c’est vraiment ce que je peux recommander.
L’incroyable album de Rone, Room With a View est disponible depuis le 24 Avril.
Crédits photos : Cyril Moreau/ Raphal Lugassy