Home, le foyer sans cloisons d’Hania Rani

La pianiste polonaise nous avait déjà charmé avec son opus Esja sorti en 2019, c’est un an après qu’elle revient nous livrer une œuvre profonde et touchante à l’image d’un foyer ; Home c’est une vadrouille au cœur de ces lieux que sont nos maisons, qu’elles soient physiques ou mentales, que ce soit entre 4 murs, au sein d’un groupe, dans la nature la plus verdoyante, notre foyer c’est tant de chose à la fois et pourtant juste un endroit. La pianiste nous invite à un voyage métaphorique et nous guide au travers de son piano et du bout de ses doigts…

Le premier morceau nous laisse déjà voir éclore un univers intime et pourtant accessible à tous, la voix si délicate et enchanteresse d’Hania Rani nous accueille, c’est avec force que nous la retrouvons face à la mer, un piano à la merci du fracas des vagues, ces vagues incessantes qui font écho au refrain “Are you leaving”, elle fait front à la puissance de l’eau et touche avec légèreté les notes de son piano qui est si malmené.  Réalisé par Mateusz Miszczyński et Jakub Stoszek ce clip en noir et blanc nous plonge dans un décor si beau et à la fois si rude.

Tout au long de l’album on retrouve un thème musical, lorsqu’on enchaine Leaving et Buka on se doute que c’est un fil rouge qui va guider ce voyage presque initiatique. De morceaux au piano simple nous passons à des envolées mélodiques comme avec le morceau Tennen qui nous transporte avec son lot d’émotions, on retombe dans une douceur affirmée dès que la tendre voix de la pianiste se glisse sur des morceaux comme Home, ou I’ll Never Find Your Soul. Nous avons également droit à un morceau de clôture, Come Back Home dans lequel le rythme est plus saccadé, les voix sont ralenties, comme si nous faisions un retour sur tout ce que nous venons de vivre et ressentir à l’écoute de cet album, un pas de côté pour réaliser et accepter ce moment sublime.

Si le travail de l’artiste est avant tout musical, l’imagerie et les vidéos qui accompagnent cet album sont une nécessité que la pianiste a su retranscrire et avec un résultat merveilleux.
Comment parler de cet album sans évoquer le clip époustouflant de F Major, une capsule vidéo tournée dans les décors magistraux d’Islande par moins 7 degrés. Trois danseuses nous livrent tour à tour des prestations à couper le souffle, leurs corps et mouvements embrassent le décor et permettent de saisir toute la grandeur et la magnificence de ces paysages, Hania Rani sait jouer avec nos rêves, elle martèle sur les touches de son piano comme elle façonnerait nos songes, un travail d’une beauté exquise.

Parce qu’après tout, qu’est ce qu’une maison ?
Est-ce les murs qui nous entoure, les personnes qui font notre quotidien ?
Un lieu, un espace, un pays ?
Choisi t’on notre foyer ou nous est-il imposé ?
Autant de questions que les mélodies de la virtuose nous font poser, et nous permettent à chacun d’en trouver les réponses, puisque un foyer est une notion propre à tous mais d’une manière singulière.
C’est presque une évidence que d’aller puiser en sa propre personne notre définition, car notre premier foyer c’est nous, notre enveloppe physique mais avant tout notre âme.

Et la nature dans tout ça a une place bien précise, après tout, c’est elle notre premier foyer, on note avec un plaisir très intime les chants d’oiseaux du morceau Summer qui nous rappellent cette tendre faune qui nous accueille et nous rassure. Cet album est finalement un foyer en soit, on s’y retrouve en sécurité, on écoute les notes si délicates et l’on se sent apaisé, on y trouve quiétude mais c’est également un théâtre pour nos réflexions et notre évolution, Hania Rani se fait prophète d’un endroit majeur pour nos vies et nous aide délicatement à le réaliser.