Sauvés par le Gong!

C’est le 27 mai que tous nos sens, que toute notre journée, notre semaine, a été éclairée par la sortie des deux extraits du prochain album/comédie musicale de Catastrophe. Leur mantra ? Encore ! Leur mood ? La Solastalgie ! Deux titres qui semblent s’opposer parce que l’un est le premier titre de l’abum/comédie musicale et le deuxième en est le final mais qui au fond dévoilent tout un développement que l’on a vraiment hâte de découvrir dans Gong!

Catastrophe ouvre le bal avec Encore et sa cadence transcendante, pour nous offrir une transe en danse. Ébranlés par ce désir de désirer et de vivre, les membres du groupe nous offre un florilège d’hédonisme et d’euphorie. Un battement aux sonorités polyphoniques de liberté, d’introspection et de mise en branle. On reconnaît bien la signature du groupe. Catastrophe nous invite au bal des corps, un bal sous le signe de la mouvance perpétuelle. Ils parviennent à nous faire prendre conscience du temps tout en nous en faisant perdre la notion. Catastrophe nous hypnotise de ce mantra : Encore. Ils sont doués pour donner un sens aux mots du quotidien et nous le prouve une fois de plus dans ce single enjoué et déjanté. Naturellement le clip se retrouve synchrone à la chanson, le voilà enrobant les mots, les aveux de chaque membre, d’une touche de psychédélisme et d’absurde. « 

« Si je devais refaire cette vie… »

Avec Encore, on ne craint plus de vivre pour soi. On ne regrette pas de trop en vouloir des autres, de soi. Avec Encore, on veut dépasser les limites de l’existence au lieu de sans cesse en interroger le sens. Quand on écoute cette chanson, on s’écoute soi et on se retrouve dans chaque vers. Une fois de plus, Catastrophe captive l’auditoire en l’invitant à se fondre avec lui dans les méandres de la vie vécue au delà des horloges et du battement des métronomes. Leur musique est mantra, leurs voix sont synchrones et résonnent dans la plus gaie des déraisons. En bref, une ouverture hypnotique, mais sans arrêt en branle.

Dans la comédie musicale cyberpunk de Michel Berger, Starmania (1979) est chanté « Quand nos enfants auront 20 ans, nous on sera d’un autre temps.« , une chanson qui porte sur l’interrogation de demain. Et le demain de l’année 1979, c’est l’an 2000. Solastalgie est une chanson empreinte d’une atmosphère similaire. On pourrait faire un parallèle entre la précédente citation de Starmania et les paroles de Catastrophe : « Quand nous serons d’un autre temps ? D’un temps perdu« .

« L’univers continuera sans nous »

La Solastalgie n’a pas de temporalité, on la ressent quand on se rend compte que l’être humain est minuscule, écrasé par ce qui l’entoure et ce qu’il ne peut maîtriser. La Solastalgie, c’est la prise de conscience, certes de soi, mais aussi de notre fatalité face à l’univers qui  »continuera sans nous ». Une confrontation avec l’inconnu et l’infinité. Mais les voi(x)es impénétrables et polyphoniques du groupe nous invitent non seulement à cette prise de conscience mais aussi à cette acceptation : « Ne t’en fais pas« . L’univers est imprévisible et il ne dépend pas de nous, mais il en réside une beauté qui ne cesse de se renouveler. La beauté, c’est la nature, c’est la vision des nuées d’oiseaux, c’est tout ce qui ne peut s’expliquer. La Solastalgie ça se ressent et ça ne s’explique pas.

Encore une fois, les mots de Catastrophe sont sublimes et subliment ce qu’on ne peut expliquer, ce qu’on ne doit pas expliquer, puisque la nature s’exprime elle-même. La Solastalgie n’est pas une peur, c’est la conscience du temps qui passe. C’est la conscience et l’acceptation du physique et du métaphysique. Et Catastrophe esthétise les interrogations humaines, esthétise la crainte de l’horloge qui tourne. Mais aussi l’acceptation à travers les mots de la mère de Blandine Rinkel qui résonnent comme une voix onirique et sage. En bref, un final fatal et magistral qui clôt l’album, nous laissant sereins, conscients, en harmonie avec l’imprévu et l’invisible.