La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 48.
Global Network – The Flow
On ne le redira jamais assez, l’EP Cool Moments de Global Network a été un véritable coup de coeur pour la Face B. Un ovni musical aux inspirations éclectiques, à l’énergie sans précédent et à la musicalité unique et revigorante. On les retrouve aujourd’hui pour un nouveau clip extrait de leur EP, The Flow. C’est un clip venu d’ailleurs, encore une fois. Une esthétique vintage vieillotte et volontairement amateur. Le titre s’ouvre avec cette introduction presque gospel pour partir en envolée lyrique groove et en grand « wtf » improbable niveau chorégraphie. C’est magnifiquement ringard. Un enchainement de sourires niais, de parties de pèche entre potes, de swing devant les guinguettes les plus en vogue, et de séquences un peu plus bizarres (on ne sait toujours pas quoi dire sur ce moment de bromance nus perchés dans un arbre). À vrai dire, on en attendait pas moins d’eux.
La confirmation qu’ils sont les mecs les plus cool de 2020.
Julien Doré – Barracuda II
Nouveau clip pour Julien Doré et nouvelle collaboration entre la plus belle crinière de la scène Française et Brice VDH à la réalisation. Alors qu’approche la sortie attendue de son nouvel opus Aimée, 3 ans après &, il nous révèle cette version alternative du titre Barracuda. En piano-voix, en toute simplicité et face à un public exclusivement d’enfants, il s’exprime sur l’état du monde et la responsabilité des adultes envers les générations nouvelles. Extrêmement sensible, comme à son habitude, à l’image d’un pont magnifique, il nous amène à l’émerveillement et à l’impatience, quant à la découverte de son nouvel album. Rendez-vous vendredi prochain donc, pour découvrir Aimée.
Bonnie Banane – Mauvaise Foi
Alors qu’il y a deux mois Bonnie Banane avait fait l’unanimité avec La Lune & Le Soleil, morceau funky et solaire à point, voilà qu’elle revient avec Mauvaise Foi, langoureux comme il se doit. L’artiste dont les mentors portent les noms de Lauryn Hill et Erykah Badu dévoile un titre où la fragilité d’une relation est au premier plan. Ici, Bonnie Banane porte avec elle un magnétisme déconcertant et s’affirme davantage tout en présentant une esthétique léchée conjuguée à un univers planant. Ainsi, cela donne lieu à l’une des performances les plus captivantes et réussies de l’histoire du Colors Show. Chapeau !
Terrenoire – Derrière le Soleil
Cette semaine, les frères de Terrenoire ont dévoilé leur premier album intitulé Les Forces Contraires. Un album où le clair-obscur domine et où les émotions se déclinent sous toutes les formes à travers les morceaux qui composent cet opus. Parmi eux, Derrière le Soleil, un titre hommage à leur figure paternelle. Le duo s’est par ailleurs joint à La Blogothèque dans les locaux de La Cité Fertile pour une session live impudique, où les mots jaillissent et taisent la violence d’une absence, d’un au revoir ô combien prématuré. Un format qui met en lumière la beauté de cette union fraternelle, où le deuil est enveloppé d’un dôme d’espoir et d’amour intemporels. Et une performance où lorsque le clap de fin approche, les mots manquent terriblement.
Fenne Lily – Solipsism
Lorsqu’elle n’est pas en train d’interviewer Phoebe Bridgers, Matt Maltese ou encore Lucy Dacus de sa baignoire pour son « Bathtime show » sur Instagram, Fenne Lily continue de teaser son nouvel album et sort cette semaine le troisième single de celui-ci : Solipsism. Il est question de bananes et du côté obscure dans le clip warohlien qui accompagne le titre, filmé par Tom Cloverdans un supermarché… hors du commun. Fenne Lily dit du titre : « Solipsism est une chanson sur le fait d’être à l’aise avec le fait d’être mal à l’aise et la liberté qui vient avec. Si tu te sens bizarre pour un certain temps ça devient normal, et ressentir quelque chose est mieux que ne rien ressentir. Je voulais que cette vidéo soit une réflexion sur l’idée qui me fait peur, de devoir vivre avec moi-même pour toujours. C’est irréel de réaliser que tu ne vivras jamais séparé de quelqu’un que tu hais parfois. » On apprécie le clip Pop en attendant son album Breach prévu pour le 18 septembre.
Coucou Chloe – Drop Ten
Une voix synthétique, des beats catchy et des basses sombres, Coucou Chloe, reine de l’electro club expérimental basée à Londres revient avec Drop Ten, un titre déjanté et assez génial sur lequel elle chante avec… des chiens, synthétiques eux aussi. Toujours à l’écoute de ses impulses et de ses émotions, peu importe leur direction, la productrice se lâche et Drop Ten comme Nobody sorti plus tôt cette année est inclassable yet entêtant et addictif. La musicienne originaire de Nice préparerait son premier album pour l’année prochaine. On a hâte !
Bleu Toucan – Le Hublot
Bleu Toucan revient dans nos oreilles et sur nos écrans avec un son toujours plus exotique. Dans Le Hublot, il est question de rêves et d’un voyage. Un voyage perdu dans le temps car il semble impossible de faire descendre le groupe de cet avion qui les transporte de contrée en contrée, loin des tracas quotidiens et bien plus près d’une douce vie rêvée, qu’ils décrivent dans le morceau.
Sur cette pop dansante aux accents de synthé, Bleu Toucan se met se scène dans une chorégraphie parfaitement synchronisée, à bord de cet avion idéalisé qui devient leur maison, « entre nulle part et ailleurs ».
Un éternel voyage que nous encourage à rejoindre ce titre estival et dansant.
Achile – Vie Normale
Achile, c’est avant tout un jeune rappeur français qui assume pleinement son style depuis ses débuts. Cette semaine, il dévoile son nouveau morceau Vie Normale, qui est accompagné de son clip officiel.
Dans ce titre, Achile « raconte [sa] vie, pas besoin de story », un titre empli d’une honnêteté touchante. Le clip, lui, est le reflet de l’amitié qui lie Achile et ses copains, leur solidarité et leur soutien les uns envers les autres.
Achile n’a « rien à cacher » et c’est probablement ce qui fait sa force et ce qui rend ses textes si attractifs et profondément humains.
Petit Prince — Tendresse sur canapé
Plus qu’une semaine avant la sortie du premier album de Petit Prince !
Pour nous faire patienter Pains Surprises Records nous offre une dernière friandise visuelle mettant en images Tendresse sur canapé.
Zite & Léo sont à la réalisation. On avait déjà remarqué leur travail sur les vidéos de Carnaval de Voyou ou de Fancy d’Isaac Delusion.
Quelques idées de départ – une maison – une histoire d’amour – un personnage à la E.T. de Stephen Spielberg – et beaucoup de travail ont donné naissance à ce clip désopilant. Deux marionnettes aliens – tels des Shingouz bleuis issus d’aventures de Valérian et Laureline – pimentent leur vie sentimentale avec des rituels amoureux terriens. C’est mignon et kitchouille à souhait. En accord avec l’ADN du label, la fin s’avère étourdissante. On vous laisse la découvrir !
« La vie, c’est comme un pain surprise : on ne sait jamais sur quoi on va tomber ».
Prenez le temps d’observer les détails. Vous y trouverez un nain de jardin autochtonisant, un calendrier égrainant les jours et mois Xompiens, une table dressée avec munster et strudel (les Vosges ont aussi leur ligne bleue), un livre documentaire sur les rencontres terriennes avec en couverture un spationaute dont vous reconnaitrez aisément les boucles blondes.
Ce clip est un bel écrin pour un titre tout en délicatesse avec une ligne chantée qui s’appuie sur la répétition pour créer un vibrato. Structurant le morceau, des basses vrombissantes et Tame Impalesques donnent corps à cette matière sonore. A la face B, on adore et on en redemande.
Petit Prince est à retrouver vendredi prochain pour la sortie de son premier album Les plus beaux matins et, croisons nos doigts hydro alcoolisés, en concert au Point Ephémère le 21 Octobre.
Abel Chéret – J’avale
Abel Chéret se balade entres mots et les sons à travers son dernier titre J’avale. Étant là sans y être, le chanteur vêtu de noir part à rencontre de camaïeux colorés de paysages et d’êtres. Ces derniers semblent tantôt faire attention à cette présence, tantôt l’ignorer continuant à danser, marcher ou faire du skate. Pourtant, pareil à une photographie, les images de la réalisatrice Edie Blanchard et du directeur de photographie Léo Schrepel, parvient à dresser le portrait d’habitants. Des visages presque effacés, usés par la texture et l’esthétique d’une vidéo VHS. Comme un souvenir. Et pour cause, à travers J’avale il est question de souvenir que la mémoire engloutie. Dont on suppose qu’il s’agit d’une disparition : “Le manque de toi en litres, dilué dans la bière” La douleur à s’en “brûler les ailes et percuter le sol”. En guise de remède à la mélancolie : l’union que l’on aperçoit en conclusion du clip. On pourrait presque scander à l’unisson : “Tu es là et (nous) tend les bras !”
Girl In Red – Rue
Anti-héroïne ou héroïne en perpétuelle lutte, Rue Benett, protagoniste de la série Euphoria, incarne à elle seule l’ambivalence entre courage et fragilité. Tout au long de la série on aperçoit l’adolescente se dénouer ou renouer tant avec ses addictions qu’avec son identité. Elle se découvre, s’apaise, se comprend, se saisi et se ressaisi. Alors, forcément Rue nous renvoie à une part de nous. On s’identifie tout comme le fait cette fille en rouge. Marie Ulven dédie son dernier titre Rue au personnage. La chanteuse confie : “Elle est toxicomane, ce que je ne suis pas. Mais beaucoup de choses qu’elle a ressenti et dont elle essaie d’échapper sont le genre de problème avec lesquels je suis constamment confrontée.” On ressent ce mal-être et l’anxiété poussée au paroxysme à travers les images du clip. Les ombres se transforment en formes terrifiantes. Puis l’atmosphère sonore que girl in red crée à la perfection : chuchotement, répétition de sons semblant nous courir après ou encore le bruit du silence ou celui du vent. L’artiste parvient avec intimité et universalité à mettre des mots (ou plutôt des sons) sur ses émotions et sensations.
AaRON – ULTRARÊVE
Si pour beaucoup, Jean Claude Van Damme est une caricature et un être connu pour ses déclarations surréalistes, pour l’auteur de ces lignes, les lettres JCVD sont gravées en lettre d’or d’un pan d’une cinéphilie d’action folle, qui aura permis la mise en avant internationale d’esthètes cinématographiques tels que John Woo, Tsui Hark ou Ringo Lam. Il faut le dire, le belge est un être solaire et foncièrement positif. Alors quand un groupe s’apprête à sortir un album nommé Anatomy Of Light, les connexions se font. L’histoire entre AaRON et Van Damme est celle d’une admiration mutuelle qui trouve donc sa concrétisation à travers Ultrarêve. Morceau onirique, dansant et lui aussi profondément lumineux, le morceau laisse tout l’espace à l’artiste, seul au milieu d’un Los Angeles frappé par la pandémie. Accompagné de sa fille Bianca à la réalisation, il fait ce qu’il sait faire de mieux : exprimer les choses à travers son corps, avec un petit sourire toujours présent au coin des lèvres. Un clip qui fait du bien, qui fait rêver et qui nous emporte dans l’ultrarêve.
Gaël Faye – Respire
Alors que le monde continue a ne plus vraiment tourner rond, que le monde d’après se transforme petit à petit en monde d’avant amputé de certaines libertés, il serait temps de prendre le temps de … respirer. Ça tombe bien, c’est le programme tout simple que nous propose Gaël Faye. Alors que l’adaptation de Petit Pays est arrivée cette semaine dans nos salles obscures, l’artiste franco-rwandais nous offre une bonne leçon d’optimisme avec le premier extrait de son second et très attendu album, Lundi Méchant. Avec ce titre, Faye accumule les clichés et les soucis pour nous rappeler que si la merde s’accumule, elle finira bien un jour ou l’autre par disparaitre. Une leçon d’espérance et de résilience mise en image Raphael Levy qui nous invite à briser la boite dans laquelle on vit et par la même occasion s’ouvrir au monde plutôt que de chercher encore et toujours à s’enfermer sur soi même. Une leçon, un mantra à répéter encore et encore : Respire, espère.
Caribou Bâtard – Absurd
Rouen est absurde, contradictoire dans ce clip choc des Caribou Bâtard au son aux accents punk. Thibaut Infray a monté ce clip de manière à démontrer la folie qui a emporté le peuple français durant cette période troublée. Sur fond de montage épileptique le décor se déroule, angoissant, bref, terrifiant, critique d’une société de consommation qui se consume. Le tout pour finir sur deux plans démontrant des paysages naturels, vierges, immobiles et calme. De l’art contemporain en musique bien critique. Marquant !
Mélodie Lauret – Il fait chaud c’est glacial
Un clip qui ne manque pas de donner des frissons. La voix de Mélodie Lauret, les décors en nature morte éveillés par des paroles empreintes de poésie lente et suave.
Les lumières dorées poétisent de manière synchrone avec le lyrisme et la voix de la chanteuse.
L’univers se déroule dans un visage en clair obscur, des lèvres mouvantes pour le beau.
Un clip qui fait froid dans le dos tant tout y est doux et fiévreux à la fois.
Joesef, Loyle Carner – I Wonder Why
Chouchou assumé d’une bonne partie de la presse anglo-saxonne depuis la parution de son premier EP, Joesef nous avait nous aussi charmé avec sa voix soul associée à des guitares pleines de reverbs et une batterie bien hip hop pour des morceaux navigant au carrefour des genres pour un résultat sobre et probant. Il était revenu cette été avec I Wonder Why, morceau qu’il partageait avec l’un des autres chouchous de la presse et du public : Loyle Carner. Le natif de Glasgow a mis en image son dernier titre et offre à son titre un écrin où Joesef se retrouve face à solitude, enfermé dans une maison à la fois trop froide et trop chaude. Une manière parfaite donner un écho à un titre qui parle à la fois de solitude, de perte et de soucis mentaux. Le garçon à une nouvelle fois tout bon et on croise les doigts pour le découvrir bientôt sur scène puisqu’une date a été annoncée à La Boule Noire. Un horizon flou qu’on espère voir se concrétiser.
Run The Jewels – Out Of Sight feat. 2 Chainz
Normalement, en ce dimanche, on compterait les jours et on serait entrain de ce dire que mardi, on allait enfin retrouver EL-P et Killer Mike sur scène et qu’en plus, ils joueraient en première partie de Rage Against The Machine. Malheureusement, ceci semble désormais un rêve lointain, même si on espère fortement les retrouver sur scène l’année prochaine. Alors, pour s’offrir un peu de réconfort, on se passe en boucle le nouveau clip de Run The Jewels pour Out Of Sight.
Et puisque le morceau a été utilisé pour la bande son de Get Duked! , on retrouve l’équipe au complet, acteurs dans le clip et réalisateur derrière la caméra. Ainsi, Ninian Doff met en scène sa bande de pieds nickelés en plein casse ou ils font preuve d’une bonne dose de débilité, alors que le duo se transforme en tableaux animés et que 2 Chainz s’offre une apparition fantomatique en plein retour d’acide. Une belle manière de mettre en image ce morceau hyper efficace autant que de faire la pub du survival de Doff désormais disponible sur Amazon Prime. Une association gagnant-gagnants en somme.
Charlotte Fever – La Carioca
L’été vous manque déjà ? Le retour à la grisaille vous met un bourdon si fort que ses vibrations vous empêchent de dormir ? Ne vous inquiétez pas on a la solution pour vous. En effet, Charlotte Fever prolonge l’été avec sa reprise de La Cariorica.
Le morceau légendaire issu de La Cité de La Peur devient entre les doigts du duo une expérience tropicale et lumineuse, même si elle n’en perd pas son humour et son côté madeleine de proust assumé. Et quoi de mieux pour le mettre en image qu’un petit trip en direction du soleil et de la mer pour une promenade musicale les doigts de pieds dans le sable. Un bon moyen de retrouver le sourire et de se dire que d’une manière ou d’une autre, l’été reviendra bientôt.
Gus Dapperton – Post Humorous
Le génial Gus Dapperton est de retour, après nous avoir gratifié d’un clip collectif avec la participation de ses fans pour ce même morceau, l’artiste nous offre une vidéo scenarisée pour l’excellent titre Post Humorous. Elevé au titre d’hymne, c’est un morceau qui donne envie de vivre, de se laisser aller et de tout lâcher. Dans ce clip on retrouve l’artiste dans un comedy club sur une scène libre où il se présente en tant qu’humoriste, il abreuve le public de ses blagues et se fait vite repérer par de véreux producteurs qui le font monter sur d’autre scènes et gagner en popularité. Seulement voilà, il est à la bonne de ces personnes et n’a plus son destin en main. Arrivera-t’il à se libérer du joug de ces business men ? Il suffit de regarder le clip pour le découvrir. Ce clip se pose en satire du monde de la musique, voire de la culture et de ses rouages un peu trop gangrénés par l’argent. Gus Dapperton sortira son prochain album Orca à la rentrée prochaine et autant dire qu’on trépigne d’impatience.
Keep Dancing Inc – Silent & Satisfied
C’est un clip fait maison que nous offre Keep Dancing Inc pour le si doux morceau Silent & Satisfied, quatrième titre qu’ils dévoilent cette année. C’est un enchainement de plans déconnectés les uns des autres qui se suivent et habillent le morceau, entre montagne, doggo, mer et studio, les membres du groupe nous emmène dans leur quotidien. On peut ainsi apprécier une roulade en pleine nature, des gros plans sur chacun des visages du groupe et bien sûr des instants de création musicale. C’est un clip plein de douceur, le temps passe mais ne file pas, cette vidéo se regarde comme un souvenir cher d’une bande d’amis, avec un brin de nostalgie, et l’on reste ébahis, silencieux et satisfaits d’une musique si parfaite…