Lille, cette ville du Nord plus connue pour son temps pluvieux et son maroille que pour sa scène rap. Mais, les choses changent en ce moment et cela est du à une jeune génération qui amène sa touche à une scène francophone qui parait bouchée. Parmi eux, un nom semble sortir du lot : celui de Bekar.
Passionné de rap depuis son plus jeune âge, Bekar a grandi avec des albums phares comme Temps Mort de Booba. Il ne renie pas non plus l’influence de collectif tel que 1995 qui a notamment vu émerger Fonky Flav avec qui il travaille désormais. Toutes ses influences, on les retrouve dans une musique respirant le rap sur des instrumentales actuelles qui sont généralement signée Lucci. Un savoureux mélange qui place le jeune nordiste comme une des têtes à suivre de ce rap.
Sur ce projet, Bekar se présente. Aussi bien en tant que personne que musicalement. Cela est synthétisé dans B.E qui vient ouvrir la mixtape. Le public en apprends plus sur l’artiste et connait aussi bien ses bons que ses mauvais côtés. Une authenticité transpire dans le morceau mais aussi tout au long de Briques Rouges. La vingtaine à peine passé, le nordiste a connu une trajectoire de carrière assez rapide qu’il n’hésite pas à retranscrire dans Maux de tête. Encore une fois, il fait part de ses craintes vis à vis de ce mode de vie. Bien dans son époque, Bekar sait d’où il vient et connait les enjeux de son milieu. Mais aussi ceux de la société dans laquelle il évolue. Tout cela est retranscrit dans Aléas. Un morceau qui montre le niveau de production élevé du projet qui laisse une grande place à la musicalité malgré un flow brut utilisé par l’artiste. Ce point vient le démarquer des autres sorties du moment.
L’amour étant un sujet récurrent dans la musique, il est logique qu’il ait sa place dans ce projet aussi. Chose faite sur les morceaux Zou et Avant ça. Bekar le traite avec une sensibilité toute particulière. Après un début d’albums propice à la mélencolie, le nordiste montre toute sa polyvalence sur Boite à gants et ses toplines catchys. S’en suit Interlude confirmant l’amour du rappeur pour son lieux de vie. Un titre annonçant des morceaux introspectifs. Le premier, titre éponyme du projet dédié à sa ville et à ce qu’il y a vécu. Il tranche avec Tiekar plus coloré musicalement et évoquant les bons moments que l’artiste y a passé. L’autre, Hal & Malcom plonge les auditeurs dans l’enfance du jeune Bekar et sa relation avec ses parents. D’où la référence à la série Malcolm et au père de ce dernier, Hal. Un titre rempli de nostalgie renvoyant à une époque où les inquiétudes étaient loin du nordiste.
Une époque qu’il a traversé en écoutant le rap de Kid Cudi se démarquant de la masse qui était plus branché Tektonik. Ce qui contraste avec le précédent titre en laissant entrevoir la fougue de l’âge adolescent qui a permis au jeune rappeur de rencontrer son équipe. Une équipe forgée par la force de l’âge et des épreuves qui se sont glisser sur son parcours, comme il l’explique dans Les oiseaux chantent. Fan de rap avant tout, Bekar a été baigné par une école technique. Logiquement, il n’hésite pas à user de l’égo-trip avec aisance sur En Principe. Un bel hommage à son art, tout comme Anxiolytique et sa prod boom bap. Deux morceaux qui prouvent le potentiel souvent attribué au nordiste. De plus, il fait preuve d’une grande maturité dans les thèmes abordés. Si sur ces morceaux il kick sur des instrumentales plus classiques, il confirme qu’il est tout terrain sur Bulle. Et si un morceau résume cette polyvalence aussi bien lyricale que musicale, c’est Soleil s’allume. Entre questionnements et introspections, Bekar varie les flows avec une cohérence impressionnante. Le tout sur une instrumentale aussi douce que complexe signée Lucci.
Le projet touche à sa fin et malgré ses 18 titres, la cohérence musicale qui en ressort donne l’impression que le projet est plus court. Surtout à une époque où les formats courts sont souvent plus appréciés par le public. Bekar en profite pour finir les présentations en crachant son amour pour le rap dans Destinée. Un art qui lui a permis de s’en sortir et qu’il remercie tout en faisant le point sur sa carrière. Une belle manière de conclure un projet plus que complet.