Dix ans après leur début et leur tube « Go Outside », Cults lance son quatrième album Hosts dans un monde confiné pour nous offrir douze titres dans la lignée des précédents mais étoffer de nouveaux instruments live pour la première fois.
Ce duo New-Yorkais formé en 2010 alors qu’il n’était encore qu’étudiants à l’université, a pris son envol grâce aux critiques élogieuses du New York Times et à leur signature chez un major, Columbia Records. Pour ce dernier album, l’auteur compositeur Brian Oblivion a été conquis par l’écriture et la composition musicale de sa compère Madeline Fostin, chanteuse / multi-instrumentaliste. Cette nouvelle donne fait muter le son classique de Cults. La bande est restée néanmoins fidèle à son image au fil des années nous offrant des albums comme des boîtes de chocolat : des emballages fignolés contenant des sucreries savoureuses.
Première friandise et premier single de l’album, Spit You Out nous remplit de multiples de saveurs colorées. D’une part, par le clip en tant que telle où on voit Madeline Fostin s’empilait des plats sucrés à faire exploser son taux de diabète. D’autre part, par la diversité instrumentale subtile et classique, lourde par les riffs et les basses mais qui s’adoucit par les cuivres et les vents. Jamais le duo ne va pousser jusqu’à l’écœurement auditive car il a réuni les ingrédients pour tout soupoudrait correctement l’harmonie musicale.
La voix de Madeline Fostin semble être ainsi plus à l’aise avec ces instruments live et ce nouveau mixage. Que cela soit sur A Low ou Like I Do, son chant glisse parfaitement sur les répétitions du refrain pour nous faire valser. Rien n’est superflu, tout est mis en valeur à tel point que cet exercice d’assemblage semble si simple à l’écoute et si charmant. Cependant, le sens peut être trompeur avec ces textes parfois sombres. Si la synthé Chvrches-esque peut émerveiller sur A Purgatory, elle narre en réalité une relation amoureuse arrivée à son terme « Whispers got loud, love turned to stone » qui lui amène à se détacher de toute affection qui lui font perdre du temps dans Honest Love « The more than I give, I lost ».
L’ensemble des morceauxest un tourbillon envoutant qui s’écoute allonger sur un lit, nous laissant planer dans nos rêveries. Madeline Fostin a cherché à pousser le vice de la mélodie luxuriante jusqu’au bout pour faire rêvasser ses auditeurs, notamment avec Shoulders To My Feet dont on peut entendre un cri envoutant d’une sirène. Pour les plus nostalgiques, Trials ravivera les fans de la première heure avec son refrain berçant et à leur reverb Cults-issime. Le titre le plus saisissant de l’album est sans contexte 8th Avenue. Cults devient un groupe lumineux par les coups, le sifflement des violons de cornes et ces quelques notes de piano. Le swing cuivré fait désormais les faits naviguer sur la soul de Nina Simone avec des patchworks de basses graves.
Tout au long de cet album, Madeline et Brian, plus que jamais complémentaire, s’amusent à nous tromper en voyageant dans le temps à travers leur pop rétro-futuriste. Hosts marque pour le duo le goût pour l’expérimentation et du renouveau par sa richesse instrumentale. Toujours aussi mignon et fragile, Cults émerge sans contrainte mais avec audace et autonomie dans l’indie-pop actuelle.