C’est le premier album que l’artiste colombienne nous livre, à la croisée de la voix humaine et des machines qu’elle affectionne tant, de l’espagnol sa langue natale et de l’anglais. Ela Minus nous offre un disque ancré dans le présent, entre revendications dansantes et lutte mélodieuse pour nous permettre de vivre au travers de moments simples mais si importants. Par le biais d’Acts of Rebellion, la musicienne nous fait rentrer dans son intimité et ses convictions et nous aide à comprendre et capturer ce qui compte réellement, s’aimer, plus que tout.
A l’image des instruments qu’elle a elle même conçu, Ela Minus n’a besoin de personne pour s’accomplir, elle chante et danse sur les méandres d’une société qui brime les gens et plus particulièrement les femmes. Chaque morceau sonne comme un manifeste, » they told us it was hard, but they were wrong » combien sont ils à vouloir décourager les âmes créatives et les faire rentrer dans un moule qui ne convient à personne.
Pour Ela Minus rien n’est impossible lorsque la volonté de créer et de partager est là.
Sa musique c’est ce mélange parfait entre un rythme qui nous habite et anime nos sens, et des paroles spontanées qui traduisent un accomplissement loin des codes dictés par notre société. La musicalité de cet album provient du mariage si subtil mais maitrisé à la perfection entre des machines et une voix qui mélange l’espagnol et l’anglais comme s’il n’existait plus qu’une seule langue, celle de la musique.
Haut les coeurs donc, ce sont les mouvement de nos corps et l’amour que nous nous porterons qui nous fera avancer, « when we love, we love it all and nothing is impossible ».
Ela minus se mue en prêtresse du lâcher prise et comme dans ses clips, elle se laisse aller au son de sa musique, elle nous ouvre la voix vers une émancipation plus que nécessaire.
Le talent d’Ela Minus c’est aussi de ne faire qu’un avec ses instruments, lorsqu’elle fredonne on ne sait presque plus distinguer la machine de sa voix, une prouesse qui donne du corps à sa musique et qui a le don de nous fasciner. Il faut dire que l’artiste a commencé sa carrière de musicienne en tant que batteuse dans un groupe de hardcore, rien que ça.
Si l’origine de son génie rythmique n’est donc plus un mystère, ses longues boucles hypnotiques restent tout de même étrange à nos oreilles tant elles sont enivrantes et addictives.
Que dire de la parenthèse de douceur que l’artiste nous offre avec le morceau Pocket Piano qui n’est autre qu’un moment de relaxation intense, ces quelques notes qui viennent parsemer une production aérienne sont une caresse et nous permettent de savourer le temps d’un instant un moment de grâce avant de retourner dans le son des machines et retrouver une rythmique créée pour le mouvement avec le titre Dominique.
Dominique c’est le dernier extrait que nous a dévoilé la productrice colombienne avant la sortie de son album Acts of Rebellion ce vendredi.
Un morceau et un clip qui illustrent le processus de création de l’artiste et ce huis clos dans lequel elle s’est installée pour se concentrer et faire ressortir sa créativité.
Comme on peut le voir sur les images, elle est seule et travaille de nuit, on la voit réfléchir longuement, se questionner, puis actionner ses nombreux synthés pour créer.
Les paroles du morceau s’affichent sur notre écran, des paroles simples, qui relèvent de la description d’un quotidien spécial qui ne laisse pas de place pour le contact aux autres mais surtout qui habitue Ela Minus à la nuit et au silence, un vide utile pour stimuler son esprit créatif. « No quiero dormir hasta que salga el sol »
Ce qui intrigue avec cet album c’est cette facilité déconcertante qu’a l’artiste de passer de l’ombre à la lumière, on peut citer le morceau do whatever you want, all the time qui en plus d’être un manifeste de plus avec son titre, nous transporte avec un son électronique synonyme de gouttelettes d’eau qui s’échouent tendrement sur la surface de nos rêves.
Dans le morceau de clôture Close, en featuring avec Helado Negro, on retrouve les sonorités des premiers morceaux de l’artiste notamment sur son EP Adapt. sorti en 2017, avec une voix plus aiguë et des productions emplies de lumière et de clarté, un bon contraste avec la certaine noirceur qui émane des morceaux du début de l’album.
Une noirceur qui provient des bourdonnements des synthés et des murmures parfois glaçants de l’artiste, mais qui pour autant ne trahissent pas la volonté de célébrer la vie et d’embrasser les ténèbres, de valser avec eux pour dire merde à une certaine négativité et les obstructions d’une société qui comme Ela Minus le dit si bien « Won’t make us stop ».
Vive la lutte, vive la musique, vive la danse, vive l’amour et surtout, vive Ela Minus.