Pour son troisième album, Nach – de son vrai nom Anna Chedid – dévoile un album de reprises au piano. Un album tout en simplicité et en sincérité, sobrement intitulé Piano-Voix.
Sur la pochette de l’album on peut apercevoir une photographie en noir et blanc, représentant Nach de trois-quart. De par son grain, sa texture, l’image semble vieillie, appartenant au temps de l’intime ou celui du souvenir. Il y a aussi quelque chose de mystérieux car un collage cache la moitié de son visage. En prenant du recul, on reconnaît la forme du piano bleu marine. Il semble faire partie intégrante de l’image, de l’album, presque autant qu’une personne. Et pour juste motif, puisqu’il n’y a rien d’autre que le piano et les voix en guise d’ornement à cet album.
Une histoire d’amour et de piano
En remerciement de cet album, on retrouve un mot doux adressé à son instrument : « Mon piano ! Oui, merci à tous les pianos que j’ai eu la chance de croiser sur ma route. Eux, qui ont su m’entendre et me comprendre comme personne » Toute cette gratitude, son piano lui rend bien en parvenant à sublimer ses compositions. Certaines chansons prennent corps, semblent plus saisissantes tout en gardant leur fragilité. On pourrait penser à la reprise de Allo, qui laisse derrière elle la batterie aux allures de combat. On passe de quelque chose de l’ordre de la lutte à quelque chose de plus détaché, de mélancolique et mélodique. Pourtant, le propos est le même, celui de l’absence : “A l’horizon; Sous l’eau, si long; Allo réponds; Sous l’eau, si long.” Simplement, les nombreux silences du piano renforcent ce trait. Encore, on pourrait penser à l’inédit Imagineen duo avec Jeanne Cherhal – et en trio avec son piano. Les voix s’envolent que ça soit la voix tendre, grave de Nach ou la voix légère et vaporeuse de Jeanne Cherhal. Le piano, permet quant à lui une certaine stabilité, en donnant corps au morceau. Enfin, la chanteuse et pianiste nous offre une Interlude qui a des airs romantiques, classiques. Le motif est en mineur, donnant une teinte mélancolique avant d’être rattrapé par des notes plus lumineuses, joués avec parcimonie.
Changement de rythme
On ne gardant que le piano comme instrument, certains morceaux peuvent perdre leur rythme. Par exemple, certains morceaux sont très dansant, pop, et deviennent alors plus doux. Ces reprises seraient presque comme une réécriture. On pourrait penser à Âme mélancolique. Bien que l’introduction au piano soit la même pour les deux morceaux, il n’y a plus toutes les rythmiques derrière la voix. Que ce soit les percussions ou les chœurs. Aussi, on pourrait évoquer la chanson La couleur de l’amour, n’ayant presque plus rien à voir avec la reprise au piano. Le morceau prend également ses chœurs et percussions mais également les basses et les synthés éclatants. On ne ressent plus l’aspect dansant mais quelque chose de peut-être plus fort, plus intime. En parlant de reprise, Nach reprend ses chansons mais aussi celles des autres. La chanteuse nous offre une version douce et veloutée de La Nuit je mens d’Alain Bashung.
Bien plus qu’un piano
Grâce à son piano, Nach parvient à se dévoiler, semblant confier à son instrument ce que l’on confierait à son journal intime. Le piano prend la place d’un ami, un confident, presque comme un membre de la famille. En parlant de famille, elle prend une place importante au sein des chansons reprises. Que ce soit avec Dans les yeux ma mère, évoquant un mélange d’admiration “J’ai vu comme l’aventure dans les yeux de ma mère, A briser des murailles, Dépasser les frontières. », le mystère “Toujours à la recherche, De la belle inconnue, Que je connais si bien. […] Pour trouver son secret” et bien sûr, l’amour et le réconfort “J’ai vu l’amour pur dans les yeux de ma mère […] j’aimerai me noyer, j’aimerai me lover”. Ou encore avec Joe dédiée à son frère Joseph, que l’on peut apercevoir enfant sur le clip. Il s’agit d’une véritable déclaration d’amour fraternel : “Oui la vie m’a offert de sublimes cadeaux, Mais de loin le plus beau, je crois que c’est… […] Joe, Joe, Bien plus qu’un frère, oui plus que ça.” Nach témoigne également de son désir de fonder une famille avec son titre Le bon moment qui conclut l’album. Le rythme y est chaloupé, semblant déborder de passion et d’émotion alors que les paroles confient calmement : “J’attends le bon moment pour toi et pour moi; J’attends d’être Maman pour la première fois.”
En tout cas, si Nach attend le bon moment pour son enfant, son album – en revanche – arrive au bon moment. Apportant un peu de tendresse et de réconfort à cette période morose.
Ecouter Piano-Voix, le nouvel album de Nach (label Polydor) :
Photos, Collage : Maud Chalard / Prudence Dudan / Julien Laurent & Ronald Martinez