Prix PR Live Music 2021 : Notre Top 12

Le prix Pernod Ricard Live Music revient chaque année depuis maintenant plus de 10 ans. À la clé pour le vainqueur : une tournée et l’enregistrement d’un EP. La rédaction de La Face B a fait son choix parmi les 100 candidats pour y piocher non pas 10, mais 12 groupes. Et on vous donne toutes les raisons de les aimer comme nous ci-dessous.

MOU

À notre époque, il est dur pour un musicien d’apporter sa patte, de trouver une recette à la fois personnelle et universel…. Pourtant, ce petite miracle créatif a été réussi dès son premier EP par ce grand bonhomme qu’est Mou.
Mou AKA les temps sont durs, AKA le caramel sur ta molaire, c’est un peu le droopy du rap français. Aussi évident derrière un micro que dans sa cuisine, il nous raconte son quotidien de manière absurde et poétique, maniant le second degré comme un esthète pour un résultat qui nous touche, sans doute aussi parce qu’on s’y reconnait. Chez Mou, on se dit que ça va le faire, peut importe l’endroit. Que ce soit au volant de notre ford fiesta avec notre plus belle chemise sur les épaules ou sous notre couverture avec un paquet de croissants à disposition. Qu’on aille danser le cha-cha avec Sophie Marceau ou qu’on évite les scandales des Victoires de la musique avec Ophélie Winter, la musique du nantais nous berce et nous entraine avec elle dans cette douce non-chalance, une bonne dose de chill sur l’autoroute du love. Mou nous fait rire autant qu’il nous séduit, son regard impassible nous scrutant tranquillement. Impossible de résister et franchement, on en a clairement pas envie. Une évidence dans notre top, forcément.

Beach Youth

Mettez un casque et fermez les yeux. Laissez vous emporter, permettez à votre esprit de divaguer. Vous êtes désormais dans une décapotable, le soleil frappe sur vos lunettes teintées et l’horizon trace une ligne flou où le ciel et la mer se mélange. Dans ce doux rêves,la bande son porte un nom idéal : Beach Youth.
Ne craignez pas les coups de soleil, si la musique des caennais est solaire, c’est avant tout pour apporter une bonne dose de chaleur dans nos cœurs.
Avec deux EPs dans le sac et un premier album en ligne de mire, Beach Youth nous offre une cavalcade sans fin toutes guitares dehors pour notre plus grand bonheur.
Ces doux mélomanes nous rappelle ainsi que la musique est avant tout la pour apporter du réconfort et devenir une porte ouverte à l’imagination et à la douceur et c’est étrangement tout ce dont on a besoin dans cette étrange année 2020.
Si vous avez besoin d’être convaincu, on vous conseille d’aller écouter Classroom, Young ou encore les récentes Two Bedrooms et Love Yourself.
Fermez les yeux, vous y êtes non ? Alors on se retrouve sur la route du soleil.

CosmoPaark

Nous sommes tombés sous le charme de Cosmopaark et de leur shoegaze introspectif aux vibes 90’s. Les trois bordelais, nouvelles recrues de Flippin’ Freaks Records (Johnnie Carwash) nous transportent avec leurs riffs langoureux teintés de reverb’ et des murs de sons de guitares saturées. Leur premier clip, Mr Big Yellow Sun est une animation diy qui nous entraîne à bord d’un vaisseau spatial, planter des fleurs de tournesol sur la lune. Le morceau poétique et rêveur parle d’errance sans but : “Tired of walking / Nowhere I’m going / But How did you get lost ? Big yellow sun / And How can you stay here ? / What if you run ?” tel un flâneur solitaire, la tête dans les étoiles. De la bedroom pop comme on l’aime, immersive et touchante avec des dissonances grunge, inspirée de Ride (avec qui ils ont partagé la scène) ou My Bloody Valentine et comparée à DIIV ou à Nothing. Le shoegaze de Bordeaux se porte bien !

HOORSEES

Hoorsees est quatuor parisiens qui s’est fait connaître en dévoilant leur premier EP Major League of Pain qui fut notamment porté par les titres Boyhood et Tv & Bad Sports; un concentré de rock aux accents pop qui ne peut que plaire aux fans de Marbl Arch et MNNQNS ou des grosses pointures qu’on pourrait trouver Outre Manche.
Alex, Zoé, Thomas et Nicolas ont continué leur route en 2020 en annonçant la sortie de leur premier album éponyme qui contiendra 9 titres disponibles dès le 19 février 2021 chez Howlin’ Banana RecordsKanine Records et In Silico Records ; ils en ont déjà dévoilé un premier extrait avec Overdry à travers une vidéo filmée façon vieille VHS qui nous rappelle assez facilement les années 90. Cette vidéo a aussi la faculté de nous rentre très nostalgique des concerts puisqu’on peut voir le groupe en pleine performance au Soleil-Club.
Bref, tout est là pour prédire un bel avenir à Hoorsees, il leur manque plus qu’un couronnement au Ricard Live ! 

Extraa

Découvert le printemps dernier, Extraa a été notre petit rayon de soleil lors du premier confinement. Inclus dans la playlist de Fip, ils ont agréablement accompagné nos longues journées de télétravail. En effet, le ton enjoué de leurs mélodies fait qu’à l’écoute le temps est aux sourires. Assurément, il est un côté jubilatoire dans ce groupe qui distille une pop délicatement sucrée, parfumée de sonorités  des sixties/seventies. On pense, en se délectant, aux Beatles des Strawberry Fields, au Solsbury Hill de Peter Gabriel ou encore au Sunny Afternoon des Kinks. Derrière ce quartet se cache Alix, éminence grise et créatrice hyperactive, accompagnée de ses complices Antoine, Thomas et Pedro. Les compositions nous apparaissent claires et évidentes comme si elles avaient été écrites depuis toujours. Laissons-les-nous envelopper et nous réchauffer tout au long de cet hiver. Elles nous font un bien fou.  

Edgar Deception

Eva, Tessa et Valentin, trois âmes adolescentes pour un groupe à l’univers planant, touchant et percutant, rien de mieux que le clip et morceau A chérence tout risque pour les présenter. Un riff de guitare entêtant, un harmonica qui nous transporte, ajouté à cela un clip génial où l’on assiste à la cavalcade improvisée des trois protagonistes tantôt déguisés en anges et en voitures (oui oui) un goût pour le DIY que l’on retrouve dans leur musique et qui fait franchement du bien. Musicalement on est comme happés par cette musique qui semble familière à nos oreilles mais pourtant ces relents de punk ne font pas d’Edgar Deception un des ses nombreux groupes qui viennent s’affaisser dans les méandres de la musique adolescente, non loin de là, c’est un groupe qui innove, qui nous happe par son infinie délicatesse et tendresse que viennent contraster les riffs et percussions émancipateurs dans des morceaux comme Big Fat Train ou Egdgar ne reviendra jamais. Edgar Deception c’est touchant, attachant, et bien survitaminé, leur premier album Décès… est la conséquence artistique de la perte de leur poisson rouge, Egdar, que l’on retrouve à chaque strate du disque, un deuil et une créativité qui se marient pour nous donner un magnifique premier projet pour un jeune groupe, on a très hâte d’en découvrir plus sur ce mystérieux trio qu’on adore déjà.

Gaetan Nonchalant

L’un des visages de l’indie française, bien que né à Tokyo, s’appelle Gaetan Nonchalant. Il nous a été révélé en 2019 par un EP de Fantastic Mister Zguy ,Punk Love, dans lequel il collaborait à chaque titre. Cela n’a pas manqué de clairement influencer l’artiste qui se jette à l’eau en solo en nous proposant en mai 2020 un EP intitulé Tout ça pour ça. Un EP doux, tantôt cynique,sans en être non moins suave, tantôt lascif. On se laisse facilement bercer par la voix du chanteur, par son univers métaphorique, par la chaleur étrange qui se dégage de paroles empreintes de sincérité et de mélancolie. L’art de Gaetan Nonchalant, c’est de mélancoliser en douceur ou en rythme, c’est de manier cette brutale honnêteté avec une délicatesse poignante, c’est de manier le beau et le pessimiste à la fois, avec une telle maîtrise de soi, dans les paroles et dans les instrumentaux, qu’on l’envie et qu’on veut qu’il devienne ce modèle lyrique et mélodique. Mais au fond, il reste humble, serein, patient. Un artiste parfait pour survivre pendant ce deuxième confinement, un artiste parfait pour se plonger avec lui dans l’inconnu et l’incertitude en douceur, un artiste parfait pour méditer, pour calmer l’angoisse constante, pour s’évader pendant l’isolement. Alors vous aussi, découvrez un univers désabusé mais non moins coloré de vie, de beauté de l’existence. Découvrez Gaetan Nonchalant et sa philosophie de vie. Sans la moindre parcimonie.

Order89

Si la rédaction a été plutôt unanime sur le choix d’Order89...C’est que nous faisons partie de l’ordre. Et comment ne pas y adhérer ? Order89 offre, donne, un rock brut et sans aucun artifice. Celui qui nous prend par la main, nous regarde avec défiance et nous pousse à nous laisser aller. Fonction cathartique. Il y a une tension constante dans chaque morceau qui lorsqu’elle implose est libératrice tant pour le groupe que pour le public. Fonction universelle. Les rythmes sont dansants, entraînant : on aimerait bouger auprès de Barbara ou encore crier, hurler de tout brûler, en Perdition. Sur ce punk se pose des paroles millimétrées, aussi précises et rythmées que la musique, qui rappellerait Grand Blanc. Certains textes sont si puissants, si vibrants, qu’ils percutent quelque chose en nous. Nous ramenant parfois à nos tourments, nos vieux démons. Mais, en brisant ce sentiment de solitude, on nous apporte un certain réconfort de ne pas être seul. De faire partie d’un grand tout. Order 89 est un groupe plus que prometteur par sa force et sa sincérité. Alors, pourquoi n’êtes vous toujours pas dans l’ordre ?

Nerlov

Nerlov. Un nom d’artiste un peu suspendu dans le temps. Néant dans le comparatif. Une vision misanthrope, défaitiste mais parfaitement analytique. Une couleur musical dont on ne distingue ni le genre, ni les contours. Et, disons-le, une sacrée moustache. On a écouté Nerlov pour la première fois cette année, en plein confinement, découvrant son premier EP sorti de nulle part, Je vous aime tous
Ce qui est frappant chez Nerlov, outre cette musicalité hors des codes, entre trappe gothique épique ou électro positive, c’est cette force analytique. Ces textes percutants qui laissent stoïques tant ils sont criants de vérité. Dans le titre éponyme, il dépeint les contradictions de l’humain, la contrariété des sentiments. Dans d’autres, il s’attaque à l’usage de stupéfiants pour survivre à ce monde qui ne tourne plus vraiment rond. 

On aime son côté apocalyptique, la noirceur des mots rehaussées par l’électronique qui donne envie de danser. On aime ce masochisme, cette crise d’angoisse sinueuse qui s’infiltre, exacerbée, noircie, mais déguisée sous cette musicalité hors norme, angoissante et sublime.
À la manière d’un corbeau venu d’ailleurs, Nerlov a posé ses valises sur la scène française, proposant un projet hors des codes et du déjà-vu, ne dépréciant ni les mots, ni les sons. Un premier EP maîtrisé, prometteur duquel ressort une seule certitude : celle que Nerlov continuera de faire entendre sa voix.

Structures

Il est de plus en plus difficile de ne pas encore connaître le nom de ce groupe amiénois. Depuis l’apparition de leur EP Long Life fin 2018, Structures a trouvé sans forcer son identité au sein de la nouvelle vague actuelle post-punk française, ou plutôt comme ils le disent : le « rough wave ». Leur son est effectivement brut, puissant et nerveux avec la voix autoritaire du crooner Pierre Seguin. Leurs aspérités renouvellent le post-punk moderne en lorgnant sur la noirceur ambiante et industrielle de Manchester qui navigue dans l’ombre de Joy Division. Par des rythmes accrocheurs et ces lignes de basse ubiquistes, l’accroche à leur univers est très immédiat et leur mélodie entêtante. Les différents clips sortis récemment, Robbery et Sorry, I Know It’s Late But…, affichent aisément leur folie communicative mais aussi les instants exutoires bienfaiteurs qu’ils procurent sur une scène qui leur manque terriblement. Les pensionnaires de Main d’œuvres ont réussi à convaincre très rapidement, il est temps pour eux d’avoir la reconnaissance tant méritée de leur talent.

Annie Burnell

En mars dernier, Annie Burnell avait comme rendu nos vies plus belles, plus douces. Avec la sortie de son premier single, All is Reborn, l’expatriée australienne désormais installée à Paris depuis quelques années, se présentait à nous telle la sœur cachée d’Alexandra Savior avec sa voix angélique venue d’ailleurs et capable d’apaiser nos moindres maux. Un tout premier clip qui sentait bon l’air iodé et la crème solaire, réalisé par Antoine Henault et très grandement influencé par le chef-d’oeuvre Pauline à la plage de Rohmer lui valait déjà un sans faute ainsi qu’une place dans nos cœurs de mélomanes avertis. Puis un second single il y a peu, a confirmé que l’artiste faisait déjà partie des grands. Poésie et mélancolie dictent la vie d’Annie qui mérite sans hésitation une place dans notre top 12. Un nom que l’on espère voir se hisser à la première place car on est certains que l’avenir lui sera grand et lumineux.

Charlotte Fever

Mais de quelle fièvre est donc victime Charlotte ? La question mérite d’être poésie : Fièvre pop ? Fièvre sensuelle ? Fièvre aventureuse ? Sans doute tout cela à la fois. Derrière ce nom mui caliente, se cache un duo : Cassandra et Alexandre. Les pieds bien plantés dans la grisaille parisienne, ces deux là sont bien décidés à nous faire voyager. La musique de Charlotte Fever porte la moiteur en son sein, et le rythme dans son estomac. Ces deux là s’amusent avec une pop faussement enfantine, portée par des chorégraphies et des rythmiques qui toucheront tout le monde, ils cachent dans leur musique des petits trésors cachés de sensualités et de sexualités. Si leur premier EP sorti il y a maintenant deux ans porté la couleur d’une adolescence insouciante, ces deux la sont bien décidés à nous surprendre. La preuve avec leur dernier morceau, La Fille du Ciel, qui ouvre la porte à l’arrivée d’un EP teinté d’érotisme et de vibes 80’s. Ici tout est plus explicite et adulte. Une nouvelle étape pour Charlotte Fever qui est bien décidé à nous faire aimer la musique à l’horizontale, à la verticale … Et dans toutes les positions possibles.

Pour vous aider à encore mieux découvrir nos douze chouchous, on vous a concocté une playlist dans laquelle vous pourrez découvrir deux titres de chaque projet :