Suite de la consécration BLO pour le groupe de rap sevrannais ? Le premier opus sortait il y a environ un an et demi avant ce retour en force de Zed, Stavo, Zefor et Sidikey. On revient sur le 6ème projet de 13 Block.
Pratiquement une tête d’affiche du rap français, les quatre rappeurs peuvent se targuer d’un succès d’estime presque unanime sur la scène française. 13 Block naît dans l’une des capitales du genre : Sevran. La différence avec leurs collègues tels que Maes, Kalash Criminel ou encore Kaaris, c’est bien évidemment la notion de groupe. En effet, comme une fiction digne d’un shōnen, les fans de 13 Block peuvent observer l’évolution en technique et en identité des quatre artistes, chacun ayant leurs propres points forts, et ce depuis maintenant 2014.
Sorti un an et demi plus tôt, BLO, premier vrai album du group, fut salué comme l’un de leurs meilleurs projets : direction artistique, musicalité, cohérence et alchimie entre les différents artistes, tout y était. Beaucoup de titres emblématiques, comme l’hymne Fuck le 17, qui traite d’un sujet plus que jamais actuel. On peut alors parler d’une consécration pour ce premier album réussi.
La barre était donc haute pour un second album portant le même nom que le premier, ce second volet est-il une réussite ?
Impossible de nier que l’énergie de 13 Block est toujours bien présente, même si BLO II souffre de déséquilibres : celui-ci met surtout en lumière des performances de Zed et Stavo. Pour cause : ce sont les deux membres ayant le plus développé dernièrement leurs carrières individuelles, leur permettant d’affiner leur style, s’affirmer en tant qu’artiste en somme. C’est évidemment une caractéristique à double tranchant dans le rap français : être un groupe permet d’avoir plus de poids dans la dynamique d’une carrière, mais il y a un risque d’invisibiliser les identités propres de chacun des membres.
Si l’on regarde les dernières apparitions des membres hors de 13 Block, il y a beaucoup à dire : coup de maître cette année pour Zed et son tube Jauné avec Booba, qui le place directement comme la voix chantante du groupe, celui capable de pondre ces mélodies si accrocheuses. Celles-ci sont rapidement devenues propres à 13 Block qui avaient déjà redonné un nouveau souffle à la trap en 2018 avec la mixtape Triple S. Zed sublime alors sa maîtrise du refrain dans BLO II : le single Babi, produit par Heezy Lee, montre toute la puissance musicale de l’artiste. Néanmoins, les ficelles se font parfois un peu trop grosses, notamment cette manie de la répétition d’un même mot sur le refrain, technique déjà trop identifiable chez Zed.
Quant à la mascotte du groupe, a.k.a Stavo, sa présence est toujours plus décisive sur chaque morceau de BLO II. Il s’est illustré en solo dans des featurings remarquables comme Numérologie avec Freeze Corleone, ou encore le surréaliste CODE 46, produit par Ikaz Boi en 2019. Antithèse vocale de Zed, son flow est encore plus brutal et haché, mais toujours aussi cryptique dans le texte, mention spéciale à ses références mathématiques (tout cela est très métagorique). Peu de prises de risque de son côté, mais une efficacité avérée, à tel point que c’est SCH qui rentre dans son univers sur le morceau Pavel, véritable banger dont Stavo est le seul à participer en compagnie du rappeur marseillais.
Pas d’inquiétude, Zefor et Sidikey (anciennement OldPee) sont présents en même quantité sur le projet, leur évolution est simplement moins ressentie.
Le premier partage notamment l’affiche avec Zola sur Kobe, featuring remarqué tant le rappeur d’Evry ne s’était pas mélangé depuis un petit moment. Malgré son évolution musicale moins ressentie, les couplets de ce dernier font mouche : un étrange storytelling sur Diplomatico, mais aussi avec un couplet dénonciateur sur Traîtres, où il revient notamment sur la polémique causée par Fuck le 17.
Sidikey présente toujours de vraies qualités vocales avec un timbre grave et fluide à la fois, mention spéciale à son arrivée plus que charismatique sur Tieks, avec Niska. Il prend toute son ampleur sur des couplets comme celui sur Heps ou Plata ou encore Aminata, avec PLK. Il est d’ailleurs toujours bon de rappeler que le groupe sevrannais maîtrise toujours autant les morceaux plus légers et dansants, sans qu’ils dénotent trop de l’album, comme c’était le cas avec Bombarder sur le premier opus de BLO par exemple.
Même si l’on constate ces différences individuelles, le succès de 13 Block et la réception positive de BLO II s’explique par une alchimie évidente entre les quatre rappeurs. On pourrait d’ailleurs convenir qu’il n’est pas juste de différencier les artistes d’un même groupe sur un album, puisque c’est cette fusion entre eux qui fait la force du projet… Mais Zed, Stavo, Zefor et Sidikey sont victimes de leur succès : étant donné leurs collaborations individuelles, on se rend vite compte qu’il y a un potentiel de carrière solo pour chacun ! L’alchimie est un élément essentiel qu’on ne peut pas retirer encore une fois sur ce 6ème long-format du groupe. Même si l’album n’est pas exempt de défauts, l’intégration de featurings avec d’autres rappeurs dynamise l’univers de 13 Block. Il s’agit là d’un renouveau puisque le premier disque ne présentait aucune collaboration hors du groupe, c’est une ouverture appréciée et qui fait sens.
En clair, BLO II contient une fois de plus de très bons morceaux qui, s’ils ne révolutionnent pas leur propre style, ont le mérite d’être un bouffée d’air frais dans le rap français, et plus particulièrement la trap.