La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Embarquez avec nous pour l’épisode 62.
CHEVALREX – La tombe de Jim
Plus les extraits passent, plus le voile du mystère se lève et plus on se dit que Chevalrex a bien trouvé le nom de son prochain album : Providence. L’artiste dévoilera son quatrième album le 22 janvier chez l’excellent Vietnam Label. En attendant, il nous a dévoilé cette semaine La tombe de Jim, ballade crépusculaire, douceur lancinante et épopée dans laquelle la beauté et la mort se croisent et s’enlacent. Ce qu’il y a de parfaitement merveilleux chez Chevalrex, c’est cette capacité, cette facilité à nous offrir des morceaux qui nous surprennent à chaque fois, qui gardent en leur sein la classe et la douceur propre à ce garçon tout en allant se baigner dans des genres et des couleurs différentes.
Pour ce nouveau clip, sous la caméra de Marc Cortès, on retrouve Chevalrex seul face à son piano, dans une sorte de hangar désaffecté, et où il a pour seule compagnie un singe qui se promène dans ce lieu, sorte d’entre deux hors du temps, froissant sous ses pas ce qui semblent être des souvenirs et l’histoire d’un personnage disparu. Beau et poétique, à l’image de cette musique qui n’en finit plus de nous enchanter.
Moto – Pharaon
Cela fait un petit moment qu’on suit Moto, et on commençait un peu à désespérer tant l’attente de son premier EP semblait longue… L’attente est maintenant terminée, Moto nous présentera ses Chansons Grunge en février 2021. Et pour faire honneur au titre de son EP, elle nous offre une petite boule d’énergie en guise d’apéritif avec Pharaon. Comme sur ses précédents titres, Moto transforme son histoire en poésie tendre, bien qu’ici la réflexion intime s’offre un goût gentiment doux-amer. Moto nous raconte les mensonges qu’on croit sans importance et qu’on raconte, enfant comme adulte, pour rendre le monde plus beau, plus doux, plus attirant… Mais au final ces petits arrangements à la réalité ne font ils pas plus de mal que de bien ? La est toute la question… Aussi derrière la caméra, accompagnée de Linda Petrova, Moto nous offre une escapade campagnarde et colorée à l’esthétique aussi DIY que sa musique et qui tend par moments vers un psychédélisme bien senti. Bref on fond et on pardonne tout à Moto, tant ces mensonges nous font du bien. Alors on secoue la tête et on danse avec les pharaons.
Hoorsees – Videogames
Cette semaine le groupe Hoorsees a ravi ses fans en dévoilant un nouvel extrait de leur premier album prénommé également Hoorsees et qui sera dispo dès le 19 février 2021 sur Kanine Records, Howlin’ Banana Records et In Silico Records. Ils nous ont cette fois-ci dévoilé l’efficace Videogames à travers un clip avec des images qui nous rappellent les magnétoscopes de notre enfance, si bien sûr tu es né.e avant les années 2000. D’ailleurs cette vidéo a été tournée par Alexis avec une vieille caméra offerte par sa maman, on peut le suivre avec ses acolytes confinés chez eux avec des jeux vidéos, une chicha, mais aussi des images d’eux jouant et faisant du skateboard. Et si c’était ça les ingrédients pour survivre à un confinement ?
Arctic Monkeys – Arabella ( Live At The Royal Albert Hall)
Arctic Monkeys rendent cette fin d’année très douce pour leurs fans avec la sortie d’un opus prénommé tout simple Live At The Royal Albert Hall, comme son nom l’indique, cet album live a été enregistré lors de leur concert dans la salle mythique londonienne Royal Albert Hall le 7 juin 2018 lors de leur tournée pour leur dernier album Tanquility Base Hotel & Casino. Sur cet opus, on peut retrouver 20 des plus grands morceaux du groupe à ce jour, y compris le titre Arabella qui était illustré d’un clip. On peut y retrouver une compilation de vidéos enregistrées lors de leurs différents concerts, mais aussi des répétitions, mais aussi sur la route à boire des bières… bref ça nous rend très nostalgique des concerts cette histoire, et cet album live est peut-être un moyen de nous replonger dans l’esprit d’un concert. Et si vous hésitez toujours à acheter le vinyl, sachez que tous les profits de l’album seront reversés à War Child UK !
Gaël Faye – Lueurs
Gaël Faye nous propose cette semaine un clip pour Lueurs qui s’inscrit directement dans la lignée de celui de Kerozen qu’on vous a présenté le mois dernier. À travers ce titre fort, puissant, court et intense, il met en lumière une réalité amère et violente dont on ne parlera jamais assez : les ravages du racisme, du colonialisme et de l’esclavage ont modelé notre société actuelle et sont encores bien présents. Sous la caméra de Raphael Levy, l’artiste et les danseur•euses (dirigé•e•s par Moustapha Sarr) en rotation autour de lui s’éloignent de ruines enflammées et sont un portrait fidèle du morceau : lumineux•ses malgré l’ambiance sombre. Et c’est bien là que l’œuvre de Gaël Faye est habile : ces Lueurs percutantes nous prennent à la gorge et nous éblouissent malgré la noirceur dans laquelle elles sont nées.
Chiloo – Vilain
Faire un parallèle entre la boxe et le rap, voilà l’objectif de Vilain, le dernier clip de Chiloo réalisé par Célestin Soum. C’est logiquement que l’on retrouve l’artiste sur un ring, pensif en faisant ses bandages. Un combat contre lui-même qui transparait dans un texte sombre authentique et sincère. Le rappeur y incorpore de la rage, comme s’il ne devait pas perdre ce combat. Une ambiance sombre confirmée par la couleur noir oppressante tout au long du clip. Ce dernier coup de Chiloo devrait frapper un plus grand public, ce qu’on lui souhaite.
Jäde Ft JMK$ – Bisous
Toujours plus envoutante, Jäde a décidé de s’accompagner du marseillais JMK$ pour son dernier clip réalisé par Neeno. Dans Bisous, les deux artistes se retrouvent dans un lieu classe et élégant pour livrer une ballade romantique d’un nouveau siècle. Jäde assise au second plan et JMK$ attablé au premier, permettent une focalisation plus nette sur chacun de deux performances. Un titre diversifié mais cohérent, la connexion entre les deux artistes se fait naturellement et cela se ressent.
Geeeko – Noche
Attiré par le nuit depuis ses premiers morceaux, il n’est pas étonnant de retrouver Geeeko livrer un clip nocturne, réalisé par Johann Dorlipo. Dans Noche, l’artiste belge va à la rencontre d’une femme. Une rencontre qui ne leur laisse que 24h devant eux. Ils n’ont donc qu’une journée à passer ensemble. Cette journée ne fait que de les rapprocher et un amour sincère commence à s’installer entre eux. Une esthétique visuelle bien travaillé qui donne au clip un aspect filmographique scénarisé par la plume de Geeeko et l’instrumentale de Chuki Beats.
Sabrina Bellaouel – Float
Artiste aux influences multi-culturelles et donc multi-diversifiées, Sabrina Bellaouel livre un des clips de son nouvel EP, Libra réalisé par Aelred Nils. Un clip à l’image de l’artiste où moments de vie et flex plus ego-trip se côtoient dans un univers nocturne et urbain. Le jeu de lumières illustre d’ailleurs plus tôt bien cette ambiance. Une esthétique travaillée jusqu’au bout car elle se retrouve aussi dans la musique de la chanteuse, qui est un mélange savoureux d’électronique et de R’n’B saupoudré d’ambiances arabiques. Un parfait mélange qui résume bien Sabrina Bellaouel.
BFG – Aya Nakamura
Artiste de plus en plus importante, il n’est pas étonnant de voir Aya Nakamura avoir un titre à son nom. Un titre que BFG a décidé de clipper avec l’aide du réalisateur Humain Prod. Bien évidemment, le morceau comporte des ambiances africaines dansantes sur lesquelles le rappeur évoque l’amour à sa manière. Concernant le visuel, une dualité s’opère, on voit le rappeur pensif, casque sur les oreilles mais on le voit aussi s’ambiancer dans le salon avec une femme. Une dualité qui représentent bien ce que peuvent être les relations amoureuses.
Dirlo – Jalouse
Premier extrait du projet Opération Séduction, le titre Jalouse est accompagné par un clip réalisé par Roxane Gilly-Roux & Hugo Boireau. C’est sur un beat entrainant rappelant son lieu de vie ensoleillé qu’est Marseille que Dirlo commence le morceau. Dans un clip où on le retrouve coiffeur, il livre une ôde à l’amour mais aussi à toutes les femmes. Un clip joyeux par son instrumentale mais aussi par les lumières colorées. L’artiste y incorpore sa touche personnelle, ce qui le démarque d’autres visuels.
M le Maudit – Sex Focus
Le collectif de la 75ème session continue de produire des artistes à fort potentiel, à l’image de M le Maudit qui vient de sortir son dernier clip, Sex Focus réalisé par Paul Maillot. Nocturne et festif, le visuel représente bien une facette du large univers du rappeur. Réanimé par ses potes en début de clip, il part kicker dans les rues de sa ville avec une énergie et une aisance remarquable. Une énergie qui le suivra toute la nuit accompagné par son équipe. Le morceau laisse présager une arrivée attendue pour le jeune rappeur parisien.
Ucyll & Ryo – 318
Duo de rappeurs à l’univers singulier, Ucyll & Ryo livrent le clip 318 réalisé par APT151. Comment souvent avec les deux artistes, ils plongent leurs spectateurs dans un univers nocturne et urbain. On les retrouve donc à errer dans les rues de leurs villes mais aussi à trainer dans leur chambres étonnantes de froideur, ce qui vient sublimer l’obscurité de leurs univers. Le montage rythmé et au bord du psychédélisme permet une immersion plus profonde dans le monde d’Ucyll & Ryo. Leurs mélodies teintées d’égo-trip et de mélancolies vient parfaire la partition.
Vicky R – Ice
La trap, Vicky R connait et maitrise, comme le prouve son nouveau morceau clippé Ice. On y retrouve Deux Mecs En Short à la réalisation. Un clip à l’univers japonisant et digitale qui correspond avec le propos égo-trip de la rappeuse. Les mélodies de l’artiste contrastent avec son propos et pourtant elle a réussi à rendre le tout cohérent. Avec ce morceau et ce visuel, Vicky R ne cache pas son ambition de gravir les sphères unes à unes et le plus rapidement possible.
Thx4Crying – Le Concert
Il y a un peu plus d’un an, Thx4Crying a émergé sur les Internets avec “Fête Triste”. Vêtements noirs, rayures noires et blanches, mascara dégoulinant, rouge à lèvre prune… Un style qui rappelle la période emo, une manière de chanter très aigu et nonchalante qui fait penser à Mylène Farmer… Une esthétique un peu dark, invoquant en nous la nostalgie des années 2000’s mais aussi des tonalités des années 80’s ou 90’s de Desireless à Evanescence… Depuis, Thx4Crying a enchaîné les reprises : “Vu d’en face” de YELLE, “Splash” de Muddy Monk, “Loves Goes On” de Hannah Diamond, et bien évidemment “Désanchanté” de Mylène Farmer.
Et en ce beau mois de décembre, comme un cadeau du calendrier de l’avent, Thx4Crying nous révèle – enfin – un tout nouveau titre de sa composition “Le Concert”, un titre d’autant plus fort qu’il n’y a plus de concerts en ce moment… Alors pour son clip, Thx4Crying a très justement utilisé des vidéos de ses concerts, voire même des stories que des personnes lui ont envoyés, entrecoupées de scènes face caméra où il chante dans un noir complet, des strass plein les yeux.
Ce titre, “Le Concert”, semble être une déclaration d’amour à la scène, mais dessine également une romance avec comme théâtre un concert. Vous vous souvenez de ces instants où on espérait croiser la personne qui nous bouleverse en concert, que l’ambiance toute particulière d’une salle sombre animée par la musique rendait la proximité beaucoup moins gênante, et que dans ce petit huis-clos pouvaient émerger des moments magiques et poétiques… Mais les rendez-vous de crushs en concert c’est aussi se manquer ou perdre l’autre de vue un instant, ne pas le retrouver ou le voir boire avec d’autres silhouettes dans le noir… Alors il est temps de rentrer, « le taxi est déjà commandé » et espérer se revoir au prochain concert…
Pléthore – You walk away
On vous a déjà parlé de Pléthore, mystérieuse formation d’Architectural Soul notamment au moment la sortie de leur premier EP L paru l’an passé. Depuis, ils nous ont présenté Home et c’est aujourd’hui au tour de You Walk Away d’arriver dans nos horaires et sur nos écrans. Entre nappes aériennes et section rythmique pleine de groove, le morceau nous invite à l’envol tandis que l’image reste contemplative tout au long du clip. Monde vivant à basse vitesse, empreint de passivité, observant et observé, où les interactions n’existent plus et où chacun reste replié sur lui-même. C’est peut-être ça la signification de ce titre, You Walk Away, se désoler de l’éloignement que l’on s’impose progressivement. Et si la réflexion est pertinente, elle ne nous empêchera pas de danser au son du saxophone et des synthétiseurs de Pléthore.
Estelle Meyer – Donne-moi une chambre orientale
Si l’on connaît Estelle Meyer pour son talent d’actrice et de chanteuse, elle se dévoile ici en sorcière orientale, tant sensuelle qu’envoûtante. Parée de sa chevelure brune, habillée de doré et de bijoux luxuriants; elle aborde pourtant un sabre – symbole de force et de puissance. Un aspect qu’elle partage avec toutes ses sœurs, puisque la réalisatrice Caroline Deruas inverse les rôles dominants-dominés. Chacune des Amazones, qu’elle soit guerrière rouge ou sirène incandescente, inverse les rapports de force avec l’homme jusqu’au point de le manger. On pourrait aussi voir une ré-appropriation de son identité, de part les aspects orientaux au sein de la musique et de l’esthétique sortie d’un conte des Milles et une nuits. Venant renforcer toute la sensualité du clip et pour cause l’artiste écrit « On la voulait puissante, hiératique, la force d’une reine immédiate, belle, étincelante comme le soleil lui-même, astre cuivre, or et nuit, éclat d’éclair du jour. Archaïque sauvage et grande prêtresse. Pénétrante, désirante, libre.» Alors, qu’on leur Donne une chambre orientale !
S+C+A+R+R – IN MY HEAD
S+C+A+R+R, c’est le nouveau petit protégé de Dan Levy. Cette semaine, le chanteur nous présente son nouveau morceau IN MY HEAD, accompagné d’un lyric visualizer.
IN MY HEAD, c’est l’histoire d’une relation amoureuse qui prend, visiblement, beaucoup de place dans la vie et dans la tête de S+C+A+R+R. Sa voix puissante, dense et envoûtante se mêle aux sonorités mélancoliques créées par un auto-tune bien maîtrisé.
Au final, personne ne connaît le chanteur. Il pourrait être un anonymous 2.0, toujours coiffé de son masque, une voix toujours modifiée… S+C+A+R+R attise les curiosités, d’autant plus par sa musique et le visuel de ses clips, que par le mystère autour de sa personne.
Pour le lyric visualizer de IN MY HEAD, le chanteur a collaboré avec Jack Antoine Charlot, qui a su mettre S+C+A+R+R au premier plan, tout au long de la vidéo, en dévoilant les contours de son profil mais jamais son visage.
Le mystère qui plane sur S+C+A+R+R reste entier, mais après les titres IN MY HEAD et The Rest Of My Days, on est bien curieux de découvrir tout ce que l’artiste peut nous proposer.
The Coathangers – Nestle In My Boobies
À un moment où les contacts physiques se font rares et que le manque nous gagne, The Coathangers nous réveillent de notre léthargie automnale en sortant la vidéo de Nestle In My Boobies, un morceau de pur punk aux paroles aussi déjantées que réconfortantes : « Nestle in my boobies, it’s so comfortable !» (« Viens te blottir dans mes seins, c’est si confortable !». Le clip qui accompagne le morceau du trio garage féministe d’Atlanta nous réchauffe le cœur, montrant un live super énergique dans une petite salle, nous rappelant les temps où tout cela était encore possible… Une bonne dose d’énergie punk en attendant de les revivre en vrai.
Nesle In My Boobies apparaît sur The Coathangers (Deluxe Edition) une nouvelle version de leur album du même nom sorti en 2007.
W!ZARD – Quick Violence
De nouveaux monstres terribles sont apparus sur la scène post punk. D’une brutalité folle, d’une rage absolue et surtout d’une voix qui se déchaine avec un désespoir qui prend aux tripes. La batterie et la guitare hurlent tel un seul homme, à coups de riffs saccadés ultra violents qui ne peuvent que rappeler la puissance de Metz. W!ZARD ménage à la perfection son suspens à coups de temps morts plus psychédéliques qui ne sont que tromperies pour en remettre plein la gueule quelques secondes plus tard. Dans la tendance actuelle, les sorciers ont choisi d’évoluer dans leur environnement naturel : la scène. Lumières épileptiques, couleurs saturées, musiciens possédés, sans nul doute que W!ZARD fera parti de ces artistes concerts sur lesquels on se jettera afin de se sentir revivre.
IDLES – Kill Them With Kindness
Le groupe de punk a accompli l’exploit de se hisser au top des charts anglaises. Afin de continuer sur cette lancée, nouveau clip pour Kill Them With Kindness, dans une esthétique qui n’est pas sans rappeler un certain Model Village… Animation en noir et blanc, ultra enfantine, décidément IDLES a fait de sa marque de fabrique ce style de plus en plus décalé. Une intro au piano inédite vient nous embarquer dans un univers d’adorable cartoon. Un soleil mécontent vient briser l’harmonie, et on se retrouve en compagnie de skinheads obèses dans un bar miteux. Les avatars des punks arrivent y déverser l’amour à coups de poings, et de sacs plastiques sur la tête et de sirops magiques. C’est hautement politique, décalé, et en ce moment c’est clairement cela dont on a besoin, c’est-à-dire le retour de musiciens qui n’ont pas peur du parti pris et qui veulent changer le monde à leur manière, c’est à dire à coups de poings et de punchlines sanglantes.
Viagra Boys – Creatures
Comme ils l’avaient annoncé, Viagra Boys est de retour pour la suite de Ain’t Nice. Nous avions laissé notre punk suédois Sébastian Murphy, au bord de la piscine de son château entouré de ses serviteurs versaillais. Il décide de s’adonner à des activités princières telles que le placement de produit, le saxophone aquatique ou le tir à chien. Lors d’un fast diner, il se retrouve invité à dévorer sa propre tête, ce qui le fera revenir de son trip psychédélique. Loin de ses instants royaux, il n’est qu’un looser affaissé sur un banc public. Beaucoup moins rageur que les précédents titres du groupe, Creatures laisse entendre des sonorités que l’on ne leur connaissait pas. Une voix superbe dans sa gravité qui laisse place à une mélodie mélancolique très eighties, ainsi que des synthés scintillants et des saxos romantiques. C’est ultra accrocheur et ne fait que démontrer l’étendu du talent des Viagra Boys. Loin de se cantonner à des caricatures de punk, ils laissent s’exprimer des vibes des plus nostalgiques et entrainantes.
LA CHICA – LA LOBA
Quel bonheur de retrouver LA CHICA, l’artiste vient de nous délivrer son nouvel EP qui porte le même nom que ce morceau, LA LOBA, et pour accompagner cette sortie elle nous livre un clip pour ce morceau éponyme.
C’est donc dans une vidéo ou la couleur rouge prédomine qu’on retrouve l’artiste, déterminée elle joue du piano en récitant avec assurance son texte, avant de pousser des cris de rage.
Bien entourée par deux loups, elle nous hypnotise par cette ambiance mystique, teintée de sang et d’étrange.
On la quitte avec ce visage couvert de sang, le regard plongé dans l’ailleurs et une certitude qui nous colle désormais à la peau, la musique de LA CHICA n’est pas seulement de la musique, c’est une expérience.
Beach Youth – In My Chest
C’est un clip à peinture que nous propose aujourd’hui Beach Youth. On assiste à un déluge de couleurs et de formes, autant de visages, de larmes et de mouvements qui viennent alimenter les riffs de guitare incessants du morceau, comme une frénésie artistique sans fin. C’est une peinture qui vit, elle bouge, se transforme, au delà d’une simple image ce sont des textures qui nous happent et nous transportent.
C’est un extrait de plus après la sortie de Two Bedrooms et Love Yourself II pour annoncer la sortie de Postcard leur premier album qui sortira début 2021 et autant dire que la musique si émancipatrice du groupe est très attendue de notre côté, vivement la sortie…
New Order – Be a Rebel
Il a fallu plus de cinq ans au groupe de New Wave pour sortir un nouveau titre. 40 ans de carrières, des mélodies iconiques, un impact sur le monde de la musique incontestable, chaque sortie de New Order mêle ces sentiments partagés d’excitation et d’appréhension…
Be a Rebel ne sera pas une révolution, mais trouvera sans nul doute sa place pour faire danser nos fesses d’émo renfrognés. Un clip ultra pop signé NYSU avec lequel ils avaient déjà collaboré pour Restless, illustre ces vibes de synthé maniaco-dépressifs. Un couple étendu sur le sol, la phrase fatidique « I met someone else » déclenchera un délire pop psyché. Le clip est une vraie petite œuvre d’art avec son couple ultra glamour, ses personnages déclinés à l’infini et ses très jolies allégories de l’amour perdu. Une série de scènes et d’images qui méritent un temps de pause sur chacune afin de déguster ces plans sous forme de tableaux surréalistes.
L’Ambulancier – Anti-Système Solaire
Si vous êtes un habitué du Supersonic, son visage et son énergie vous sera familier… Leader du groupe de tributs Les Reines du Baal (avec deux a), Palem Candillier revient cette fois-ci avec son projet solo L’Ambulancier. Premier single, Anti-Système Solaire fleure bon la nostalgie rock française des années 90, la revendication et l’énergie post-punk en plus. Palem se transforme en conférencier charismatique, qui n’est pas sans rappeler l’Exoconférence d’Alexandre Astier, dans un thème qui remet en question nos certitudes dans un délire conspirationniste des plus prometteurs. Critique des puissants, invitation à la rébellion, sans nul doute que ce titre trouvera sa place à grands coups de coudes tellement il est actuel.
Grandma’s Ashes – Daddy Issues
En trois ans, vous avez pu les croiser dans les nombreuses salles de concerts parisiennes. Leur look chiadé, leur aura transcendante, leur énergie violente, elles ne passaient pas inaperçues et ont pu ainsi se créer une petite bande d’amateurs qui attendaient leurs sets comme le messie. Car leur style incomparable sonne en effet comme un vrai renouveau du genre stoner, entre mélange de riffs ultra violents, de batterie qui virevolte sur les tempos sophistiqués, et d’une voix claire et mélodique qui embarque immédiatement. C’est sur cette base solide que Grandma’s Ashes sort enfin son premier EP, dont Daddy Issues en sera le premier single. Un titre qui oscille entre la lourdeur d’un Queens of The Stone Age que l’on aurait combiné à un Muse de la glorieuse époque. Envolées vocales gothiques dans un corbillard, un mystérieux corps kidnappé, des visages graves comme si un plan sordide se préparait… C’est ensorcelant de beauté et de suspens. Les trois beautés fatales relâchent leur proie sur une plage glauque, dont seul la couleur des ballons éclaircira l’environnement. S’ensuit une bataille juvénile sur le sable gris avant de relâcher des cendres sur le bord d’une falaise… Tout un programme.
Dude Low – Purezza
Bienvenue dans la dystopie de Dude Low ! Le rennais a dégainé cette semaine son premier clip pour son nouveau projet My Days In Cosmos dont on vous avait parlé ici. Pour l’occasion il a décidé de mettre en image Purezza, morceau qui s’amuse à distiller un nombre d’ambiances assez incroyables, entre moments purement pop, phases aérienne et pulsations légèrement plus inquiétantes. C’est du côté de ces dernières qu’il a décidé de définitivement pencher avec Simon Barrau. Dans ce monde parallèle, les hommes n’ont plus de visages, le ciel vire à l’orange et notre conscience nous observe de loin avec des jumelles avant de nous parler à travers un téléphone. Héros malgré lui de cet univers onirique, Dude Low se retrouve malmené, violenté avant d’avoir une étrange révélation qui le pousse à fuir afin de retrouver la pureté tant recherchée. Un clip affirmé, un brin étrange, et qui traite en son sein tout un tas d’obsessions propres à l’univers du rennais. Une vraie proposition à la fois musicale et cinématographique qui obtient toute notre adhésion.
Laura Cahen – Cavale
On vous parlait juste au dessus de monde parallèle. On reste dans cette ambiance avec le nouveau clip de Laura Cahen pour Cavale. L’artiste qui sera de retour en 2021 avec un second album fait de nouveau vibrer la corde sensible avec ce superbe nouveau titre, classieux et habité dans lequel on se laisse guider par cette voix sublime et unique. Visuellement, la jeune femme s’est associée avec Edie Blanchard pour nous proposer un vrai court métrage (preuve en est : le véritable générique qui défile sous nos yeux à la fin du clip). Nous nous retrouvons donc ici dans une sorte de dictature militaire. Et la vidéo commence par du sang, un meurtre commis comme une trahison, une jeune femme qui se révolte et assassine un dirigeant de son organisation. Arrive alors un second personnage, venue elle aussi pour accomplir ce funeste dessin et qui se retrouve bien surprise face à ce corps gisant dans son sang. En résulte alors une confrontation, axée sur la puissance des regards, jouant tour à tour sur la colère, la tristesse et abnégation. Une connexion étrange se noue alors entre ces deux personnes que tout opposent et qui finissent par se réunir et s’enfuir ensemble. Un clip beau et donc très cinématographique qui joue et adapte à la perfection les paroles de la Cavale de Laura Cahen.
Seasonal Affective Disorder – On Skin
Alors que l’on visionne la vidéo qui accompagne le titre On Skin de Seasonal Affective Disorder, une sensation de malaise nous envahit. On ne sait pas très bien ce qu’on regarde, ou plutôt, on a pas envie de réellement le comprendre. Cette histoire, qui clôture un triptyque sur l’amour entièrement réalisé par Lucie Chédru et Fabien Haudiquet est tout à la fois fascinante et malaisante. Entièrement réalisé en noir et blanc, à l’exception de touches de couleurs bleutées ici et la, la vidéo nous entraîne dans une nuit dont on voudrait rapidement sortir, sorte de cauchemar où la caméra nous donne tour à tour le rôle de suiveur, d’acteur principal et de voyeur. Oui clairement, cette vidéo nous frappe par tout ce qu’elle a à la fois de fascinant et d’écœurant, d’esthétique et de violent. On se trompe peut être, alors la meilleure des choses à faire est sans doute de vous laisser juger par vous même.
Mansfield.TYA – Auf Wiedersehen
Pour leur retour plus qu’attendu, Mansfield.TYA nous emportent dans une atmosphère médiévale par son image granuleuse, sa typographie gothique et surtout son décor. Le clip s’ouvre sur la cour d’un monastère, au sein duquel on suit un cortège. Il y a de la tension dans les bruits de tonnerres et les élévations d’un orgue. Puis s’enchaîne un sermon et le prononcement des vœux de chasteté… Un “Non” résonne, on reconnaît le duo. La musique déboule avec force et puissance. Un aspect que l’on retrouve à travers les tableaux symboliques créés par Nicolas Medy. Dans un clair-obscur épuré tel un Caravage, on rencontre des icônes pécheresses, incarnant l’érotisme, la colère, le combat. Toute cette force se ressent à travers une musique au motif minimaliste et électronique, qui nous happe. Puis, cette phrase qui résonne en nous : « Je ne me retourne pas, Ca n’est plus mon problème.» Ode à l’indépendance et la liberté. Merci, et Auf Wiedersehen – au revoir- Mansfield.TYA (mais revenez vite toute même).