OFF, c’est la mixtape qui présente le mieux l’univers nocturne et réfléchi du jeune Edge. Pour tenter de le comprendre encore un peu plus, nous avons discuter avec l’artiste. Son projet, son univers mais aussi ses connexions sont au programme de cette rencontre.
LFB : Comment tu te sens vis-à-vis de ton projet ?
Edge : Là, je me sens archi-bien. C’est un peu une libération, dans le sens où le projet va sortir, c’est l’aboutissement d’une aventure. De ce côté là, c’est super cool. Après, pour être totalement honnête avec toi, avant aujourd’hui, les jours qui ont précédés, j’était un peu plus focus, stressé, plus dans un délire où j’étais moins insouciant, je me prenais plus la tête. Alors que là, au contraire, je sais que je suis vraiment content.
LFB : Pour ceux qui ne te connaitrait pas encore, tu bosses avec Jazzy Bazz et des musiciens tel que Loubensky, Monomite et toute cette équipe là. Cela t’as t-il permit d’évoluer assez rapidement en travaillant avec des artistes expérimentés ?
Edge : Oui, forcément. Au delà de leur statut d’artistes, c’est des amis, c’est plus simple car il y a un truc ultra bienveillant de leur part, ils m’ont toujours poussé à bosser plus. En gros, c’est plus des collaborations et la personne avec qui je travaille réellement, c’est mon producteur Johnny Ola. C’est lui qui m’a vraiment poussé, dans le sens où c’est lui qui m’a fait confiance, il a investit son temps pour moi. En vrai, c’est un truc ultra familial dans le sens où Jazzy Bazz, Loubensky, Monomite c’est des amis de longue date, Johnny Ola, mon producteur, c’est mon frère, on bosse tous ensemble. Il y a une synergie entre nous. Donc, oui cela m’a facilité les choses parce que de base, dans ma nature, je suis quelqu’un d’assez réservé et c’est toutes ces personnes là qui m’entourent qui m’ont permis d’aller puiser de la confiance et d’être déterminé.
LFB : Du coup, cela a été naturel pour toi de signer dans cette structure vu que c’est des gens que tu connaissait déjà.
Edge : Carrément, c’est important. Pour que la musique elle soit la plus sincère possible et en accord avec ce que je suis et ce que je veux.
LFB : Ton nom circule déjà pas mal auprès des amateurs de rap, ça te mets pas la pression d’arriver et qu’il y ait de l’attente sur toi ?
Edge : Non, je le perçois même pas comme cela, j’estime pas qu’il y a de l’attente me concernant. Je suis bien trop jeune en tant qu’artiste pour estimer qu’il y a cela.
LFB : Maintenant, on va parler un peu plus de ta musique et du coup du projet qui a un univers musical assez étoffé, ce qui est du à des instrumentales très travaillées. Quel univers as-tu voulu poser avec ce premier projet ?
Edge : Cet univers là c’est dégagé naturellement dans le sens où c’est très familial. C’est le producteur Johnny Ola qui a capté l’émotion qui me correspondait le mieux, qui me permettait d’être le plus à l’aise et de donner le meilleur de moi même. C’est lourd de se dire que les instrumentales dégage un univers assez dense. Pour un artiste il y a rien de plus glorifiant que cela, de voir qu’il y a un univers qui se dégage. L’univers c’est une émotion et chaque être humain vit ses émotions.
LFB : En plus, quand j’ai écouté l’album la première fois, j’ai répété plusieurs fois sur le morceau Shelter, j’avais l’impression de n’avoir jamais entendu cela dans le rap francophone. Mais j’ai surtout été étonné par l’univers cohérent dans lequel il s’inscrivait.
Edge : Justement, là je suis avec Johnny Ola, qui a fait cette instrumentale. Il sera plus à même de t’expliquer un peu tout cela.
Johnny Ola : Cela fait plaisir parce que parmi les gens qui ont déjà écoutés le projet, c’est pas celui qui ressortait le plus. Et pour la petite histoire, c’est le dernier morceau qu’on a fait.
LFB : Pour revenir sur ton parcours, tu avais déjà sorti un EP, Interlude.1.9 et là t’arrives avec un projet plus conséquent, tu as remarqué la différence de travail entre les deux projets ?
Edge : Alors, c’est deux choses différentes. Ce qui faut savoir, c’est que l’EP, chronologiquement, je l’ai fais après OFF c’est un projet sur lequel on a bossé pendant deux ans avec Johnny. Interlude.1.9 on l’a travaillé après, pendant le premier confinement au mois de mars. En fait, j’ai posté quelques capsules sur Instagram d’une minute. Je me dis que cela serait cool de les allonger et d’en faire un petit projet. Donc, c’était pas la même manière de travailler, Interlude.1.9 c’était beaucoup plus spontané, c’était sur l’instant. J’ai juste voulu ne pas trop me poser de questions, je kiffe l’instrumentale, je kiffe le son, je vais faire un morceau. Et pas, chercher à avoir une « cohérence » entre les morceaux, contrairement à OFF où on s’est beaucoup plus cassé la tête.
LFB : Justement, sur OFF, j’ai vraiment l’impression qu’on t’accompagne durant une ballade nocturne avec des moments plus dark que d’autres, plus pensif. Est-ce que t’es quelqu’un qui réfléchit beaucoup ?
Edge : Ouais, à fond. Je suis quelqu’un qui se pose énormément de questions. Je suis assez empreint au doute parce que de base je suis quelqu’un de réservé. Je suis pas un mec avec une confiance de ouf dans ce que je peux faire en temps normal. Mais, quand je fais du son, j’oublie tout cela, tous les doutes que je peux avoir sur le monde qui m’entoure. En fait, OFF, c’est carrément un délire de ballade nocturne, parce que moi, j’adore apporter mon intention sur des petits détails. Je kiffe marcher, écouter du son et à chaque fois que je marche j’aime tout contempler. Le projet je le vois un peu comme cela, dans le sens où c’est un projet que tu peux écouter si tu dois marcher pendant une heure et où t’es dans un mood. Mais oui, je réfléchis énormément, je regarde ce qui m’entoure. Je suis à Paris, la ville lumière et là-bas, si t’ouvres vraiment les yeux tu vas toujours avoir quelque chose qui va attirer ton attention. Une allé, tu peux la connaitre comme ta poche, y aura toujours un moment où tu vas découvrir un petit truc et c’est un truc que je kiffe.
LFB : Sur le projet, il y a aussi un featuring avec Esso Luxueux, il est assez discret, comment c’est fait la connexion entre vous deux ?
Edge : Esso c’est un ami de longue date et la connexion s’est fait ultra naturellement. De base, il y a pas beaucoup de morceaux de lui qui sont sortis mais en vrai dans les disques dures du studio, il y a une floppée de maquettes de lui. Et à chaque fois que je les écoutes, je me mange une gifle de l’espace. Pour moi, avoir réussi à avoir un feat avec Esso, je vois cela comme un accomplissement musical. Parce que au-delà d’être mon ami, c’est aussi un artiste que je surkiffe. Il me tarde qu’il puisse enfin sortir des choses et que les gens comprennent enfin qui est ce Esso et à quel point il est fort.
LFB : C’est drôle, parce que je regardais l’interview de Mehdi Maizi avec Deen Burbigo et il disait exactement la même chose.
Edge : Mais c’est exactement cela, Esso, il faut vraiment le temps pour que les gens prennent conscience qu’il a un talent incroyable et qu’il a pas encore livré tout cela. Vraiment, il est incroyable. La prochaine fois c’est avec lui que tu parleras.
LFB : Tu dis que cela fait longtemps que tu côtoie Jazzy Bazz, Esso Luxueux,… Tu es aussi sur l’album Cercle Vertueux de Deen Burbigo. Comment cela se fait qu’on t’as pas entendu avant ?
Edge : J’étais pas prêt, cela ne fait pas longtemps que je fais du son et il m’a fallut une période pour digérer le fait de faire de la musique. Ensuite, il m’a fallut une longue période pour accepter que c’est ce que je voulais faire et qui fallait que je prenne confiance.
LFB : Pour revenir, une dernière fois avant de clôturer sur ton univers qui est assez nocturne. Il est bien représenté dans tes visuels, tu passes beaucoup de temps à réfléchir à cette esthétique ?
Edge : Photos oui, vidéo un peu moins pour l’instant. Ce projet là, c’était mes premiers clip donc j’ai laissé plus libre court aux idées des réalisateurs. Mais dans le futur, c’est quelque chose qui tend à changer. J’ai envie d’avoir un plus gros investissement à ce niveau là.
LFB : Que peut-on te souhaiter pour la suite ?
Edge : De souhaiter à mon label, le Goldstein Records de continuer de bosser et que les gens se prennent notre univers. C’est tout ce qu’on peut nous souhaiter.