Ausstellung, c’est la traduction en Allemand du mot « exposition ». Le duo nordiste nous offre un premier EP à cheval sur 2020 et 2021, comme une première pierre posée dans la construction de leur projet. À ceci près que, bien qu’il s’agisse du premier disque produit par le groupe, on les avait déjà entendus en live ou sous forme de singles. On part donc vivre le Crépuscule d’Ausstellung, à la croisée de la musique club et de la pop contemplative.
Ausstellung, c’est le genre de formation qu’on peut difficilement ne pas aimer, forcés de reconnaître que le duo est bourré de qualités. Pierre-Antoine Naline et Antoine Vienne, pour ne pas les nommer, sont deux personnalités multi-compétences et presque tout-terrains. Originaires du Nord de la France, repérés dans un premier temps par le festival Les Nuits Secrètes et désormais suivis par Title Records, ils proposent sans cesse des projets innovants, du mapping à la réalité augmentée, tout y passe pour ces deux touches-à-tout. On les avait par exemple aperçus au Métaphone de Oignies cette année pour créer une exposition explorant le lien entre les sens en compagnie de Samy Barras du collectif Mamatus. Malheureusement, la crise sanitaire ne nous a pas permis d’explorer le fruit de leur travail.
Bien que Crépuscule soit un acte de naissance sur le terrain des disques, le groupe se produit en live depuis déjà 2016. Leur électro s’est donc affinée au fil des années et ils nous proposent aujourd’hui un premier EP de 5 titres, après quelques singles dont la belle réussite Ère Numérique, aux synthés agressifs et rageurs. Le numérique, c’est justement un des fils rouge du groupe, un thème de prédilection. Tantôt futuriste, tantôt rétro, parlant de Minitel comme d’exploration spatiale, on est captivés par cet univers que l’on retrouve également dans les créations visuelles, qu’ils conçoivent et réalisent eux-mêmes, remplies de classe et de géométrie immaculée, sans défaut à l’image du numérique et de la perfection qu’il permet. On ne peut que vous inviter à aller parcourir leurs affiches de concert faites maison ou les visuels de leur singles.
Côté ambiances, le début de l’opus est très électronique. Appuyé par des textes plus scandés que chantés, Crépuscule ouvre l’EP qui porte son nom avec force majesté et son tempo à 90 battements par minute qui porte le morceau de façon inébranlable, presque monolithique. Les deux voix prennent peu à peu place au milieu des synthés et des effets jusqu’au climax final. Mais notre coup de coeur, c’est La Fille Du Minitel, dont le thème nous fait frissonner et dont on a l’air en tête depuis sa sortie (essayez, vous verrez). La simplicité du titre est une leçon d’efficacité et s’intègre parfaitement comme une pause après deux morceaux plus électroniques. L’autre morceau qui nous a beaucoup plu, c’est Dérives Célestes. Comme une surprise au sein de ces cinq titres, avec des influences plus proches de L’Impératrice ou Daft Punk (Comme un mélange entre Odyssée des uns et Veridis Quo des autres) mais qui prend une épaisseur folle par sa singularité.
Bref, on continuera à surveiller le travail de ces deux artisans de l’audiovisuel, parce qu’ils n’ont sans doute pas fini de nous surprendre.