Chez La Face B, on adore les EPs. On a donc décidé de leur accorder un rendez-vous rien qu’à eux dans lequel on vous présentera une sélection d’EPs sortis récemment. Aujourd’hui, on revient sur ceux de Assaf, Duss et Sagat qui passent sous le radar de La Face B.
Assaf – Assaf
Assaf et le rap cela ne date pas d’hier. D’abord actif dans le collectif Panama Bende sous le pseudo ASF, il a ensuite lancé une carrière en duo, avec Elyo également membre du collectif parisien. Avec Changerz, il a, pour le moment sorti un EP. En parallèle tout cela, il vient de reprendre sa carrière solo entamée en 2017 avec le morceau Je m’évade. Trois ans plus tard, il arrive avec un EP qui a pour but de montrer sa musique de manière plus personnelle. Dès l’entame du projet, Radiobabyo le travail sur l’écriture et la technique se fait sentir. Pas étonnant, au vue du parcours de l’artiste qui a toujours été entouré par une équipe qui manie la langue de Molière avec une aisance remarquable et il le confirme dans les quatre titres de ce projet.
Le choix d’avoir appelé son projet par son nom de scène, montre bien l’envie qu’à le rappeur de se présenter en solo au public. Ce qui se ressent aussi dans les thématiques abordées tout au long du projet. Le morceau éponyme, qui clôture le projet revient notamment sur son aventure en duo avec Changerz. Il en profite même pour annoncer qu’un deuxième projet du groupe devrait bientôt voir le jour.
Duss – Cliché
Rappeur et beatmaker, Duss fait partie de cette génération de rappeurs qui a du se servir lui-même des moyens à sa disposition pour se lancer dans la musique. Membre d’une scène rap belge qui a tendance à fort se concentrer sur la capitale et les nombreux talents bruxellois, lui est originaire de Namur, une ville bien moins grande. Il est donc plus difficile pour lui de faire résonner sa musique, même s’il a, à juste titre l’ambition de monter les étages petit à petit et cela passe par son premier EP, Cliché.
Dedans, on y ressent tous les sentiments qui traversent l’artiste. L’introduction, Savais semble symboliser à la fois le dégout et l’amour que l’artiste voue au rap et à son industrie. Un milieu où il est devenu difficile de s’intégrer, et où la détermination et l’auto-critique permettront d’aller plus loin, une chose que Duss semble avoir bien compris. Tout comme, le fait que s’il devait monter, il est possible qu’il côtoie la trahison, chose à laquelle il semble préparé. A travers ses thématiques, on ressent toute l’authenticité de l’artiste, permettant de bien faire au public qui il est.
Musicalement, même si c’est dans la trap qu’il semble se complaire le plus facilement, il n’hésite pas à livrer quelques mélodies qui viendront élevé son rap dans une autre dimension musicale et apporte une touche de luminosité à une musique globalement plus obscure. Une obscurité qui atteint son paroxysme sur En Effet, qui est aussi le seul morceau en featuring avec Batosaï comme invité.
Le potentiel de Duss semble imposant, s’il arrive à bien l’utiliser tout en diversifiant sa musique, il y a peu à parier qu’il monte petit à petit les échelons.
Sagat – Etape 5
Avec deux projets court sur cette année, le bruxellois Sagat semble avoir compris comment fonctionner l’industrie musicale en 2020. Les plateformes de streaming ont changés la manière de consommer de la musique et les artistes doivent faire avec. Cela passe par faire des projets plus courts, plus concis et donc plus efficaces, quitte à en proposer plusieurs sur la même année. La productivité est aussi une bonne chose pour ce jeune artiste, en tant que jeune arrivé sur la scène rap, il doit se faire une place et le fait de livrer de la musique permet de ne pas oublier son nom. En tout cas, il est conscient de son statut, comme le prouve le second morceau du projet, Rookie qui montre toute la confiance qu’il a en lui et qui est importante pour graver les marchés vers des sphères plus hautes. Un autre thème est aussi très présent dans le projet et c’est celui de l’amour qui se retrouve sur Mi amor ou encore Nous deux.
Sortie en décembre, les rythmiques chaudes du projet font plutôt penser à l’été, ce qui n’est pas de refus étant donné la situation qui empêche à tout à chacun de voyager. Sagat propose une expédition ensoleillée avec ce projet. Qui navigue entre la trap, les sonorités latines et maghrébines, le tout agrémenté d’une voix autotunée qui se fond assez bien dans l’esthétique du projet. Cela lui permet de moduler sa voix à sa guise, ce qu’il a bien compris et exploité sur A ma gauche.
A voir s’il continuera sur le même rythme en 2021.