Avant la sorti de son EP, VEDA, il est important d’en savoir plus sur l’une des flèches montantes de la scène rap bruxelloise. C’est donc pour revenir sur son début de carrière et sur son processus créatif que nous avons donné rendez-vous à YG Pablo au OG Studio pas loin de la gare d’Etterbeek.
LFB : La sortie du projet approche, comment tu appréhendes la chose ?
YG Pablo : Je suis content, cela fait un moment qu’on bosse dessus. Je suis heureux de pouvoir enfin le partager. Cela a été un peu long mais là c’est lancé, ce projet là ce n’est que l’amorce, dans le sens où je vais sortir pleins de choses après. C’est une chouette ouverture, du coup je suis content.
LFB : Le projet te ressemble beaucoup, on y retrouve tous les thèmes qui te sont propres. C’était une volonté d’arriver avec quelque chose de concis mais qui te représente vraiment ?
YG Pablo : Ouais, le but c’était de faire un format plus compact mais efficace dans le sens où je voulais pas faire un dix titres avec des morceaux déjà sortis. J’ai préféré en faire six avec que des nouveaux. En plus, là on est dans une période avec le confinement où les gens consomment hyper vite la musique et ils peuvent vite avoir la flemme d’écouter plus que dix titres. Du coup je préfère en faire six et si les gens en redemandent j’en rebalance six plutôt que d’en faire directement dix ou quinze morceaux. Je suis un artiste émergeant, j’ai pas encore un public qui va me suivre même si je sors 18 tracks. C’était important pour moi de faire quelque chose de compact et efficace.
LFB : A tes débuts Damso t’as validé, ton titre AVM a eu de gros retours et qui tournent beaucoup alors que comme tu viens de dire, tu es encore émergeant. Tu étais préparé à avoir autant de visibilité si tôt ?
YG Pablo : Honnêtement non, cela m’est tombé un peu dessus, c’était inattendu. Je pouvais pas le prévoir, du coup je m’y attendais pas mais je l’ai agréablement reçu. C’est pas quelque chose que j’attendais mais cela fait plaisir.
LFB : Pour revenir un peu sur ta vie, tu étais proche de faire carrière dans le basket mais cela n’a pas su se faire. Comment tu as réussi à trouver la force mentale pour recommencer autre chose et rebondir dans la musique ?
YG Pablo : Parce que j’ai toujours fait plusieurs choses, dans le sens où même si j’ai toujours fait du basket, j’avais des projets sur le côté. Donc, toute l’énergie que j’avais mise dans le basket elle s’est juste transférée. Toute l’énergie que je mettais à aller aux entrainements, je me suis mise à l’investir en studio. En vrai, j’ai juste déplacé les énergies.
LFB : Le basket t’as aussi emmené à Chicago. Est-ce que la musique de là-bas a eu un impact sur ce que tu fais à l’heure actuelle ?
YG Pablo : Ce qui m’a inspiré, c’est le fait qu’en ayant vécu là-bas, déjà je suis bilingue, donc je comprends plus de sujets, ce qui fatalement m’ouvre à plus de sujets. J’ai pas envie de dire que dans le rap francophone, cela parle tout le temps de la même chose, mais en général les thèmes sont assez similaires. Donc, comprendre ce que les gens disent en anglais m’a ouvert aux niveaux des thématiques. Après, je dirais pas du tout que la musique de Chicago m’a influencé.
LFB : L’année passée, tu sortais Super, qu’est ce qui a évolué entre ce projet et celui qui arrive ?
YG Pablo : Déjà, j’ai beaucoup muri en tant que personne mais aussi en tant qu’artiste, en tout cas je pense. Super je l’ai sorti dans des conditions où je travaillais sur le côté, j’allais enregistrer au studio après le travail. Là, maintenant cela fait un an qu’on bosse de manière plus professionnelle, dans le sens où on va dans des studios, j’ai une équipe, on bosse avec des producteurs. Donc, là sur ce projet ci, la musique est vraiment mon métier, ce qui n’était pas le cas avant.
LFB : Tu as aussi la faculté de savoir chanter ou en tout cas de trouver de bonnes mélodies, ça te vient d’où cette mise en avant du chant ?
YG Pablo : Je pense que cela s’est fait tout seul. Au début quand j’enregistrais des morceaux, c’était juste rapper puis un jour j’ai essayé de chanter et j’au remarqué que cela sonnait bien. Donc j’ai juste refait et quand je sens que je dois plus chanter je le fais. Mais c’est pas quelque chose que j’ai découvert comme cela, c’est juste en faisant beaucoup de morceaux, que je me suis sent à l’aise avec ma voix que j’ai commencé à plus explorer ce côté là.
LFB : Sur ce projet là et même plus globalement dans ta musique, il y a le thème de l’amour et des relations amoureuses qui reviennent souvent. Quel place cela occupe dans ta vie quotidienne pour autant t’en inspirer ?
YG Pablo : Je pense que tout homme est inspiré par une femme en général et que du coup, cela a une place importante. Dans tous mes morceaux où j’en parle si les gens prennent aussi bien l’information, aiment autant et sentent les mêmes émotions, c’est parce que c’est des choses que j’ai moi même vécue et que j’ai réussi. Donc c’est important, cela prend une grande place.
LFB : Il y a aussi un autre thème qui revient souvent, et qui est illustré par le nom d’une track sur le projet, c’est l’univers de la mode. Quelle importance cela a pour toi d’avoir une esthétique travaillée ?
YG Pablo : C’est important parce que je pense qu’en 2020/2021 la mode et la musique c’est deux univers qui sont super liés. Pour moi, j’en parle beaucoup parce que c’est aussi des marques de réussites. Dans le sens où si je peux me permettre de m’acheter certains trucs c’est que j’ai bossé pour et que si on me voit rentrer dans une pièce et que j’ai ce genres de marques ou quoi, c’est que j’ai bossé pour. C’est un peu un message sans parler, ce côté là joue aussi. Mais, j’ai toujours aimé les vêtements et la mode, donc c’est important pour moi et cela reste omniprésent dans mes textes parce que, pour moi, la mode et la musique cela fait partie de la culture.
LFB : On va changer un peu de sujet, il y a peu, tu étais sur le projet Irréel de Geeeko, tout comme Frenetik, il a fait une grosse année alors qu’on n’entendait pas parler d’eux avant. Est ce que cela te donne aussi envie de faire partie de ce nouveau moment qui prend place en Belgique et qui apporte des choses différentes ?
YG Pablo : Oui, c’est motivant. Après, là c’est une année où j’ai sorti très peu de morceaux mais qui ont bien fonctionné. Quand je les vois sortir des morceaux fréquemment et que je vois les retours qu’ils ont, cela me donne juste envie de sortir plus de titres. Je pense clairement qu’on fait partie de cette nouvelle vague belge dont les gens parlent. Et je pense aussi qu’on se tire tous vers le haut et c’est cool qu’on soit potes en vrai, c’est tous mes gars, on fait des sessions, on a des morceaux à trois, des morceaux à deux, c’est une super bonne énergie donc je suis super content d’être dans cette mouvance.
LFB : Sur ce projet, il n’y a pas de collaborations. Est-ce que c’est quelque chose que t’aimerais bien expérimenté par la suite ?
YG Pablo : Ouais, là ce projet, c’est ma première véritable prise de parole, du coup je voulais que les gens m’entendent juste avec ma voix et ce que moi j’ai à dire. Mais clairement, m’ouvrir à d’autres artistes, c’est important pour moi. Je pense que la musique c’est le partage et y a beaucoup d’artistes que j’apprécie avec qui je serais super chaud de bosser et avec qui je suis sur qu’on pourrait faire des trucs de dingues. Donc ouais, c’est un côté qui m’intéresse.
LFB : Le dernier morceau du projet est court, énergétique, j’ai l’impression d’être un peu resté sur ma faim. C’était une volonté de ta part, d’un peu teaser la suite ? Parce q’on sent que tu aurais pu finir avec le son qui précède, qui correspond plus à une fin de projet et là t’as décidé de remettre une couche, comme si cela annonçait une suite.
YG Pablo : C’était intentionnel que cela ne soit pas un morceau avec une réelle structure, il n’y a pas de refrains, c’est juste un morceau qui va tout droit. Et c’est clairement pour introduire le prochain projet. Du coup, là en 2020, j’ai pas sorti beaucoup de choses mais j’en ai préparé beaucoup. Donc, je sais déjà ce qui va sortir après et dans la volonté de tout cela, c’était que le dernier morceau soit un peu une « introduction ».
LFB : Sur ce morceau tu as bossé avec Chuki Beatz, encore un belge. C’est une volonté de rester avec des artistes du pays ou en vrai tu laisses simplement la musique parlée ?
YG Pablo : Non, du tout, c’est juste que sur ces morceaux là c’est avec eux. Mais y a d’autres titres du projet où je suis avec des français et je bosse beaucoup avec des français. Si je dois bosser avec un espagnol ou un hollandais ou peu importe car pour moi la musique n’a pas de langues ou je me dis qu’on doit rester entre belges. C’est juste que celui qui est chaud de faire de la musique peu importe d’où il vient, je laisse la musique parler.
LFB : Avec le coronavirus, tu as eu des dates annulées, t’as quand même hâte de pouvoir faire de la scène ?
YG Pablo : J’ai déjà pu un peu expérimenté étant donné que j’ai commencé à sortir des choses en 2020. Du coup au début de l’année, j’ai pu un peu m’exprimer. Et avant cela j’ai fait Les Ardentes en 2019. J’en ai peu fait mais c’est quelque chose qui me plait énormément, de pouvoir rencontrer le public, partager l’énergie. C’est quelque chose de super important et j’espère que justement je vais pouvoir à nouveau le faire. Surtout que cela sera sur des nouveaux morceaux, un nouveau projet ce qui est important pour moi. Donc oui, c’est quelque chose que j’attends.
LFB : Pour clôturer, que peut-on te souhaiter pour la suite ?
YG Pablo : De la réussite, de la santé et espérer que ce p*tain de coronavirus se casse ! Moi, je vais continuer à faire ce que j’aime, continuer à faire de la musique et voilà. Donc juste de la santé et de la réussite.