Shame : « A notre retour de tournée, nous avons vécu une vraie crise d’identité. »

Drunk Tank Pink, c’est un peu la surprise de cette nouvelle année. Les jeunes punks délurés ont pris un shot de maturité, enrichis de leurs expériences, cernés par l’anxiété, et isolés dans leur chambre rose. Ils signent ainsi un album expérimental, profond et sombre qui a le pouvoir de toucher chacun d’entre nous en cette période. Ils apportent des sons que l’on a rarement entendu dans le rock anglais, des structures étonnantes et vont dans des directions où l’on le ne les attendait pas. Une écoute distraite ne saurait rendre hommage à leur travail. Et afin d’en explorer quelques facettes, nous avons eu la chance d’échanger avec Charlie Steen. Rayonnant peu de temps avant la sortie de l’album, il partage les difficultés du retour à la normale ainsi que ses doutes, et comment le processus de création a réussi à les surmonter pour mieux les sublimer.

VERSION ANGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW

LFB: Salut Charlie! Enchantée de te rencontrer! Où es-tu actuellement?

Charlie: Je suis juste dans mon appartement, dans le sud de Londres. C’est très pluvieux aujourd’hui, un vrai temps anglais (rires)

LFB: Vous étiez adolescents lorsque votre premier album est sorti. Le son, la façon dont vous chantez et les sujets que vous abordez sont beaucoup plus «mûrs». Par exemple, lorsque le clip d’Alphabet a été lancé, tu as dit que lorsque tu as écrit la chanson, tu étais envahi de rêves surréalistes et un subconscient maniaque. Qu’est-il arrivé?

Charlie: Oh oui. Nous avons arrêté les tournées, une expérience qui nous avait ravi. A notre retour nous avons vécu une sorte de crise d’identité. A l’époque, j’avais des difficultés à dormir et je commençais à avoir des rêves très profonds qui me laissaient bizarre quand je me révaillais. C’est comme si votre subconscient te disait qu’il y a quelque chose que tu devais affronter. Toutes les nuits. Tout est question d’expériences de vie, je suppose. Il y a beaucoup de choses auxquelles j’ai dû faire face. C’est assez cathartique et thérapeutique d’écrire. C’était un processus complet, je pense. Je voulais quelque chose de vrai, qui sortait directement de mon esprit.

LFB: Peux tu nous expliquer d’où vient le nom de l’album, Drunk Tank Pink?

Charlie: Drunk Tank Pink est une nuance de rose, plutôt bubble gum. Il vient d’Alexander Schauss qui a fait des expériences sur la violence en Amérique en 1960. Plus tard, ils ont coloré des cellules de de dégrisement, les drunk tank, pour apaiser. C’est pourquoi il a fini par s’appeler drunk tant pink. Et c’était de cette même couleur que j’ai peint ma chambre quand j’ai déménagé dans le sud de Londres, là ou j’ai écrit les paroles de ce disque.

LFB: Pourquoi cette couleur? Tu avais déjà entendu parler de cette histoire?

Charlie: Non, c’était une pure coïncidence! Je n’ai pas découvert l’histoire du Drunk Tank Pink avant d’enregistrer l’album. Ce qui rend presque le nom encore plus fort. Je pense que c’était quelque chose de « subconscient », un signe de l’esprit. Tout était concordant et relié du coup !

LFB: Qui est l’homme sur la couverture de l’album?

Charlie: C’est le père de notre batteur, Lénine! Il a nommé le groupe et était avec nous depuis le début, les premières répétitions, etc. Et quand nous avons eu notre tournage pour Alphabet, avec le réalisateur Tegen Williams, il a juste apporté cette photo et ça marchait vraiment, vraiment bien.

LFB: C’est aussi un artiste?

Charlie: C’est un peintre en bâtiment. Mais il écrit beaucoup!

LFB: J’ai lu que tu avais perdu ton goût de jouer de la guitare pendant un certain temps. L’as-tu retrouvé?

Charlie: Oui ça a été comblé et le reste du groupe a écrit la musique. Et oui, c’est un peu cette période étrange de début d’écriture, c’est assez naturel que ça arrive. Mais il y a certainement plus d’expérimental sur le disque à cause de ça!

LFB: Je comprends que maintenant vous tous êtes devenus des experts en anxiété. Avez-vous des conseils car nous sommes nombreux à y faire face en ce moment avec toute cette tempête autour de nous?

Charlie: Fais ton lit quand tu te réveilles, essaie d’aller te promener, toutes ces choses banales… C’est très intéressant car l’album traite aussi beaucoup de la routine. Pour la nature humaine, cela peut être extrêmement important. Allez courir, préparez un bon repas, des trucs comme ça c’est ce qui nous motive!

LFB: Le son est beaucoup plus expérimental qu’avant, quelles sont vos inspirations dans celui-ci?

Charlie: Je pense que nous voulions faire quelque chose d’ «ambitieux» tu sais. Il y a beaucoup d’influences différentes parce que tous sont inspirés par des musiques différentes …

LFB: Vous avez enregistré l’album au Studio La Frette près de Paris. Comment était cette expérience? Vous avez eu l’occasion de profiter de la ville?

Charlie: Paris est définitivement mon endroit préféré au monde! Nous y sommes allés… pas mal de fois! Nous avons beaucoup joué à Paris. L’expérience au Studio La Frette a durée trois semaines et demie. C’était comme un rêve… Il n’y a pas d’autre moyen de le décrire! C’était le paradis. Nous avons eu trois jours de pause et nous sommes allés à Paris. Mon ex-copine est venue, nous sommes allés à Montmartre… Ce genre de conneries. J’adore vraiment Paris, j’ai hâte d’y retourner! C’était tellement incroyable de vivre ça.

LFB: Je t’ai vu au Lollapalooza, c’était super! Mais l’un de vous s’est cassé la jambes ou quelque du genre non?

Charlie: Oh merci !! Oh oui oui oui (rires) C’était Josh notre bassiste, il s’est cassé la cheville ou quelque chose comme ça. Bonne mémoire!

LFB: Du coup, quelle est votre vision de l’expérience live? Comment vivez-vous pour être coupé des concerts depuis presque un an?

Charlie: C’est difficile. C’est tellement frustrant de ne pas pouvoir jouer nos spectacles en direct. C’est vraiment un défi. Nous avons fait un enregistrement d’un concert live il y peu. Vous oubliez toute la joie que cela peut vous apporter. Pour moi, c’est une chose incroyable à avoir dans sa vie, de pouvoir s’exprimer de cette façon… Je ne sais pas, je dois juste me concentrer sur le positif en ce moment, nous reviendrons faire tout ça plus tôt qu’on ne le croie. En attendant, tout le monde est dans le même bateau.

LFB: Et donc pour toi et le groupe, qu’est ce qui positif en ce moment?

Charlie: Le positif c’est de sortir notre deuxième album en premier lieu. C’est génial d’être allé aussi loin déjà… Et nous sommes très fiers de ce disque… Nous le sommes vraiment!

LFB: As-tu de nouveaux artistes à nous conseiller?

Charlie: Oh…! Les nouveaux artistes pourraient être P.V.A, ou Black Country, New Road ou Tonny Njoku.

Je n’écoute pas tellement de musique ces jours-ci!

LFB: Tu n’as pas le temps?

Charlie: Eh bien, je ne sais pas, je regarde beaucoup de films! J’écoute généralement de nouveaux artistes dans le bus ou dans le train, et on fait plus trop ça en ce moment…

LFB: Que pouvons-nous vous souhaiter à l’avenir?

Charlie: Hum je ne sais pas… Un million d’exemplaires vendus (rires) Non, juste de pouvoir jouer !!! Faire tout ce que nous pouvons pour cet album, faire des concerts et que les choses reviennent à la normale, je suppose. J’en demande beaucoup! (rires)

LFB: On espère tous ça… Et j’ai vu que vous aviez déjà un spectacle de prévu à Paris cette année?

Charlie: Oui je pense en décembre… Au Bataclan !! Je suis très excité, j’adore jouer à Paris!

LFB: Merci pour tout!

Charlie: (en français) Merci beaucoup! Au revoir!!

ENGLISH VERSION

LFB: Hi Charlie ! So nice to meet you ! Where are you right now?

Charlie: I am just in my flat, in south London. It’s a very rainy day today, real English weather (laugh)

LFB: You were teenagers when your first album was launched. The sound, the way you sing, and the subject that you approach are much more “mature”. For example, when the clip for Alphabet was launched, you told that when you wrote the song you were invaded by surrealist dream and maniac subconscious. What happened? 

Charlie: Oh yes. It’s all about stopping touring and when we go back we were like ecstatic I think. We experienced a kind of identity crisis. At the time I had difficulties sleeping and I begin to have very deep dreams which left me weird when I woke up. It’s like your subconscious telling you that there is something you have to confront. Every night. It’s all about life experience, I guess. There is a lot of thing I had to deal with. It’s quite cathartic and therapizing just writing. It was an all process I think. I wanted something that I feel true, that was on my mind. 

LFB: Can you explain to us where come from the name Drunk Tank Pink?

Charlie: Drunk Tank Pink is a shade of pink, quite bubble gum. It came from Alexander Schauss which made some experiments on the violence in America in 1960. Later they colored some confinement cells, drunk tank, it’s why it’s called drunk tank pink, to appease. And it was the same color that I painted my room when I moved to South London and I wrote the lyrics of this record. 

LFB: Why this color ? You already heard about this story?

Charlie: No no pure coincidence! I didn’t find out about Drunk Tank Pink before we recorded the album. Which almost makes the name more important. The ideology behind it is something “subconscious”, address to your mind. It’s just all came together!

LFB: Who is the man on the cover of the album? 

Charlie: That is our drummer’s dad, Lenin! He named the band, and was with us since the beginning, the practice base etc. And when we were getting our shoot for Alphabet, with director Tegen Williams, he just brought that photo and it really really work. 

LFB: He’s an artist also? 

Charlie: He is a painted decorator. But he does a lot of writing !

LFB: I read that you lost your taste of playing guitar during a certain time. Did you find it back? 

Charlie: Yes so I mean that was like shored and the rest of the band wrote the music. And yeah it was like an initial period when we came back writing, it’s quite natural. But there is definitely more experimental on the record !

LFB: I understand that now guys are becoming expert in dealing with anxiety. Do you have any tips as many of us are dealing with it right now with all this storm around us? 

Charlie: Make your bed when you wake up, try to go for a walk, all of those things… It’s very interesting that the records deals a lot with routine as well. As seen from human nature, it can be incredibly important. Go for a run, cook a nice meal, stuff like that is what motivates us! 

LFB: The sound is much more experimental than before, which are your inspirations in this one ? 

Charlie: I think we wanted to make something for “ambitious” you know. There is a lot of different influence because are all inspired by different music… 

LFB: You recorded the album in La Frette Studio near Paris. How was the experience? You had the opportunity to enjoy the city? 

Charlie: Paris is definitely my favorite place in the world ! We went there… quite a lot! We played a lot in Paris. The experience at La Frette Studio last three and a half weeks. It was like a dream… There is no other way to describe it! It was paradise. We had three days break, and we went into Paris. My ex-girlfriend came over, we went into Montmartre… Some craps. I really love Paris, I can’t wait to get back ! It was so incredible to went there.

LFB: I saw you at the Lollapalooza, it was great! But one of your mate break is leg or something no? 

Charlie: Oh thank you !! Oh yeah yeah yeah (laugh) It was Josh our bassist, he broke his ankle or something like that. Good memory !

LFB: So what is your vision of the live experience? How do you live to are cut from concerts since almost one year? 

Charlie: It’s difficult. It’s so frustrating to not be able to play our live shows. It’s a lot more a challenge. We have done a recording live show to that again. You forget how much joy it can bring you. For me it’s an incredible thing to have in your life to be able to express yourself in that way… I don’t know, I just have to focus on the positive on the moment, we will back doing that thing sooner that we think. In the meantime, you have everyone in the same boat. 

LFB: And so for you, what is the positive on the moment?

Charlie: The positive thing is even releasing our second album in the first place. Be able to going this far… And we are very proud of this record… We are ! 

LFB: Do you have any artist to advice to us? 

Charlie: Oh …! New artists could be P.V.A, or Black Country, New Road or Tonny Njoku.

I haven’t been listening so much music these days !

LFB: You don’t have time ?

Charlie: Well, I don’t know, I am watching a lot of movies! I am usually listening to new people in the bus or the train, and we don’t really doing this anymore…

LFB: What can we wish to you in the future?

Charlie: Hum I don’t know… A million records sale (laugh) No, just that we can play !!! Do what we can do for that record, we can do live shows, and things go back to normality I guess. It’s a lot to ask for! (laughs)

LFB: We are all hoping that… And I saw that you already have a show planned in Paris this year?

Charlie: Yes I think in December… At the Bataclan!! Very excited, I love to play in Paris!

LFB: Thank you so much for everything !

Charlie: Merci beaucoup ! Au revoir !!