Storm Orchestra : « on fait du rock comme on l’aime : en anglais, avec de gros riff »

Storm Orchestra nous avait habitué à du gros son, rock passionné, véritable cri du cœur ou appel au secours, chargé d’une énergie électrique. Aujourd’hui ils reviennent avec une version Deluxe de leur EP éponyme sorti en décembre. On y découvre en plus de ces chansons, leurs versions au piano, présentant une autre facette du groupe, toujours aussi passionnée, mais plus romantique cette fois. Ils ajoutent aussi à Storm Orchestra Deluxe, un morceau inédit, Never Let You Down, une chanson d’amour sous forme de déclaration brûlante où ils renouent avec leurs soundscapes de guitare monumentaux avant de finir en douceur sur quelques notes de piano. Maxime Goudard et Adrien Richard nous en disent plus sur Storm Orchestra ainsi que sur leur EP Deluxe qui vient de paraître…

LFB : Salut ! Comment ça va ?

Maxime Goudard :
Ca va et toi ? Autant que possible en ce moment en tout cas !

LFB : Pour ceux qui ne vous connaîtraient pas, pouvez-vous nous parler de vous et de votre musique ?

MG : Alors Storm Orchestra c’est un groupe formé par Adrien et moi à l’origine il y a quelques années. C’est un combo guitare basse batterie, structure assez simple quand on fait du rock.
Après quelques belles aventures sous une première forme, on a décidé de repartir de zéro pour un nouveau chapitre à partir de 2019, avec un premier EP sorti en décembre 2020.

Pour la musique, on fait du rock comme on l’aime, en anglais, avec de gros riff, et on se permet quelques passages ou morceau piano voix car c’est souvent la base de nos compos. Pour les influences il y a du Royal Blood, du Muse, du Bring Me The Horizon, du Post Malone… C’est varié !


LFB : Vous sortez en ce moment une version deluxe de votre premier EP éponyme sorti en décembre avec des versions des morceaux au piano et un titre inédit. Pourquoi avoir choisi de sortir cette nouvelle version de l’EP ?

MG : L’idée c’était de proposer un peu plus qu’un simple EP 5 titres. On a enregistré ces versions cet été, et puis quelques inédits depuis, et on s’est dit que ça serait sympa de rentrer dans 2021 en affirmant à nouveau « voilà ce qu’on propose, voilà ce que c’est Storm Orchestra », qu’on aime ce qu’on fait ensemble, et en assumant pleinement une autre facette du groupe.

Adrien Richard : Et puis la période actuelle laisse le temps d’être créatif et productif, donc autant donner un maximum de choses, tant que ça nous correspond.

LFB : Les versions au piano sont toutes aussi intenses, et montrent une autre facette du groupe plus « romantique » … était-ce important pour vous de montrer une seconde facette à Storm Orchestra moins «

MG : C’est important de montrer cette facette car le piano voix c’est en fait souvent la base de nos compositions. Et puis un piano voix, c’est pur, c’est l’essence même d’un morceau, l’émotion à nu. C’est pour moi le moment de me concentrer uniquement sur le chant et de donner l’émotion même de mon texte qui n’est pas forcément la même que sur la version électrique.

AR : On essaye de faire des chansons avant de faire une « prod ».

MG : Ouais et le fait de commencer piano voix, ou alors à un moment de « réduire » le morceau à ce duo pour le bosser, ça permet de se rendre compte s’il nous plait vraiment et qu’il raconte ce qu’on veut transmettre.

AR : Et ça montre aussi qu’un groupe de rock ça n’est pas forcément que des grosses guitares et des decibels, c’est important pour nous de ne pas s’enfermer dans un truc un peu dogmatique de ce que devrait être un groupe de rock en France.

MG : Mais bon à un moment on y revient, c’est pour ça aussi qu’on sort un inédit (« I ‘ll Never Let You Down ») en mode trio rock énervé, mais on a tenté de nouvelles choses sur celui-là aussi.

LFB : Le morceau Drown dépeint un monde sombre qui va vers sa fin chaotique et destructive inévitable. Malgré la noirceur il y a une soif de vivre et une urgence derrière ce titre qui se retrouve aussi dans la version au piano. Pouvez-vous nous parler de cette chanson ?

MG : C’est le choc de deux sentiments, celui de voir tout s’effondrer et d’être fataliste, mais aussi celui de l’espoir qui donne cette rage de vivre. C’est très conflictuel et je pense que beaucoup de gens ressentent ça. C’est assez intéressant de comparer la version électrique et celle en piano voix, la rage n’est pas la même. C’est un titre difficile à chanter, autant dans la technique que dans l’émotion. Lors de la session chez Alias Studio, on s’y est repris à plusieurs fois avant d’atteindre la bonne émotion, il a fallu aller puiser un peu plus profond pour se mettre vraiment dedans.

LFB : Vous ajoutez à cette édition deluxe un nouveau titre, votre dernier single, Never Let You Down, une chanson tout aussi rock mais qui parle d’amour cette fois…

MG : Ça reste le thème qu’on aborde le plus volontiers. Mais c’est une énergie différente, cette chanson c’est une déclaration brulante, un peu excessive, comme ce morceau qui est peut-être le plus énervé jusque-là. On l’a enregistré pendant le deuxième confinement, au moment où on en avait vraiment marre de rester enfermé et de ne pas pouvoir vivre pleinement.

AR : Il y a aussi un message important dans le fait de dire « je ne te laisserai pas tomber » en ce moment, parce qu’avec les restrictions qu’on connait depuis quasi un an, certaines personnes ont pu se retrouver plus isolées, plus seules. Il faut se dire ce genre de choses en ce moment, même si ça doit passer par message ou quoi, comme on a voulu l’illustrer avec une petite vidéo.

MG : Hyper important de se dire les choses, surtout quand on tient à quelqu’un.

LFB : Votre univers est principalement sombre et viscéral et contraste avec la couverture plutôt disco de Storm Orchestra et de la version deluxe qui montre des lunettes de soleil sur un fond de paillettes. Pouvez-vous nous parler un peu de cette couverture ?

AR : C’est une pochette réalisée à partir d’une photo de notre pote Théo (teodk8) qui nous accompagne souvent sur les tournages et dates. C’est un clin d’œil au goût un peu chelou de Max pour les trucs flashy, vestes à paillettes etc. Il a toujours porté des trucs un peu excentrique comme ça sur scène, donc ça fait parti de l’univers du groupe.

MG : En fait je m’imagine toujours que quand on vient voir un groupe de rock comme Storm sur scène, on vient passer un bon moment et faire la fête à fond. Moi j’aime bien en prendre plein les yeux, voir un vrai spectacle, pas seulement mettre en scène l’ordinaire ou la normalité. Tu me verras rarement avec juste un t-shirt, ou alors c’est parce que j’aurai mis des boots motif serpent. J’ai envie de voir et de montrer de l’extravagant ahah !

LFB : Les vidéos qui accompagnent vos morceaux sont intenses et sombres. Celle de Drowned notamment où l’on voit ce liquide noir visqueux couler, et celle de Through the Motion où l’on vous voit tous attachés pieds et poings liés. Pouvez-vous nous parler de ces clips ? Est-ce que vous participez à la direction artistique de vos vidéos ?

MG : Les idées de base d’un clip et sa DA viennent toujours de nous. Généralement, il y a une petite idée, un délire, et puis on réfléchit ensemble et à partir de cette petite idée on a un concept de clip qui se développe.

AR : Après une fois qu’on a posé les bases de ce qu’on voulait faire on fait beaucoup confiance à l’œil des cadreurs et réalisateurs avec qui on bosse. On a eu la chance de travailler avec des gens qui ont toujours capté ce qu’on voulait faire et avec qui on a passé des moments de fou.

MG : Parfois c’est juste un délire, comme par exemple sur Lose où est allé démolir une voiture dans une casse auto avec un petit chien dans les bras.

Et puis parfois on a besoin de donner du sens, comme sur Drowned et Through the Motions dont les textes sont assez sombres. Ça collait aussi à la période et sans doute à notre moral du moment qui n’a pas toujours été excellent cette année. On a un peu mis en image le noir qu’on a broyé ces derniers mois.

AR : Et c’est drôle que tu relèves Drowned et Through The Motions car ce sont aussi ceux qui ont été le plus éprouvant à tourner. Max avait souffert dans la baignoire d’eau noire car c’était une vraie maison abandonnée, pas d’eau chaude, il devait faire 10/12° dans la baraque. Through the Motions on est resté attaché dans le noir les yeux bandés avec des cordes hyper serrés pendant plusieurs heures. On aime se faire du mal je crois.

LFB : Quand avez-vous composé et enregistré l’EP et la version Deluxe ? Est-ce que les temps dans lesquels nous vivons ont eu un impact sur vos compositions et sur leurs enregistrements ?

AR : L’EP c’était à l’été 2019 déjà. Les piano voix ont été fait en juillet 2020 pendant un week-end chez Alias Studio, I’ll Never Let You Down ça a été composé à la fin de l’été, et enregistré plus tard en décembre.

MG : Sur la composition je crois que la période actuelle nous a poussé à nous autoriser davantage de noirceur et aussi à tenter de nouvelles choses, de nouvelles sonorités. La suite qu’on prépare reflète bien ça. Mais il y aura toujours cette volonté de faire danser et bouger avec du rock et du groove.

AR : Sur le processus de composition je dirais que ça n’a pas changé grand-chose, on a l’habitude de travailler un peu chacun de notre coté avant de se retrouver pour mettre en commun. On n’est pas encore passé par la case répétition pour faire tourner tout ça mais c’est pour bientôt.
Sur l’enregistrement on va faire en sorte de faire comme d’habitude, on passera quand même en studio pour enregistrer ce qu’on ne peut pas faire à la maison. On enregistrait déjà pas mal de pistes de notre côté, en étant ingé son de formation ça aide.

LFB : En quoi les événements de ces derniers temps affectent votre travail en tant que musiciens ?

AR : Storm Orchestra ça n’est pas vraiment un travail pour nous, on a tous du boulot à côté. On le fait parce qu’on aime créer et jouer de la musique, partager des moments, voyager… Donc le fait de ne pas répéter régulièrement, de ne pas faire de concerts et de ne pas pouvoir en programmer de manière certaine enlève beaucoup de sens à tout ça. On travaille à préparer la suite en attendant.

MG : On se soutient mutuellement pour garder la passion intacte, c’est le plus important.

LFB : Avez-vous des nouveaux projets/projets en cours pour 2021 ?

MG : On est actuellement en train de finir la composition de notre premier album. On teste plein de choses sans se donner de limite. On va continuer nos challenges Youtube, parce que c’est très marrant, en essayant de trouver un concept diffèrent et un nouvel invité à chaque fois. Et en attendant l’album on va sortir des singles et des clips.

LFB : Avez-vous découvert des choses (musique, films ou autre…) ces derniers temps que vous souhaitez partager avec nous ?

MG : J’ai énormément écouté le dernier album de Biffy Clyro qui est vraiment puissant. J’avoue que je regarde pas mal de concerts sur Youtube pour me remonter le moral. Et puis, vu qu’on est bloqué chez soi j’ai décidé de me refaire les 9 Star Wars, parce que c’est l’une des meilleures épopées cinématographiques qui n’aie jamais existé !

AR : Je me suis récemment penché sur l’artiste Lil Peep, hip hop / emo rap appelez ça comme vous voulez, et je trouve son univers musical très intéressant, ça me fait toujours beaucoup de peine à chaque fois qu’un artiste décède aussi jeune.

LFB : Y a-t-il quelque(s) chose(s) que nous n’avons pas abordé et dont vous souhaiteriez nous parler ?

MG : Un petit mot sur ce qui se passe depuis quelques temps dans la musique et la société en général sur la dénonciation de comportements dégueulasses et toxiques, notamment harcèlement et violences sexuelles. Très content que ça arrive enfin et que le ménage commence à être fait, aussi bien coté professionnels que coté artistes. Séparer l’homme de l’artiste c’est une hypocrisie incroyable et complice. On espère que ça amènera de vrais changements de comportements et de valeurs. Big up à Music Too et Balance Ta Major.

LFB : Merci.

SO : Merci à toi !

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