Le monde est frappé depuis plus d’un an par l’épidémie de Covid 19. Un an que le monde culturel est dans une sorte de coma artificiel, réveillé par moment pour être presque aussitôt remis en sommeil. Alors que cela fait désormais 100 jours que les lieux culturels sont fermés en France, La Face B s’associe à Dans Ton Concert pour proposer son nouveau projet : Not Dead. L’occasion de mettre en avant des artistes et des salles de la région Hauts-de-France afin de leur apporter soutien et visibilité. Après Lydsten et Adam Carpels la semaine dernière, pour ce 2ème épisode on découvre les photographies et les interviews de Dear Deer à la Maison Folie Wazemmes de Lille et BAASTA! à La Cave Aux Poètes de Roubaix.
Dear Deer
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
Dear Deer est né en 2015 avec l’envie de travailler sur un son à la fois dansant, noisy et électronique. Claudine est au chant et à la basse. Fred au chant, guitares et programmations.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vivez vous cette situation ? Quel impact cela a eu sur votre projet ?
La crise pandémique nous a stoppés net dans une optique de développement professionnel. Nos tournées et concerts prévus un peu partout en Europe (Islande, Allemagne, Espagne etc) ont été reportés comme pour tout le monde, sans aucune perspective claire pour la suite.
Tout cela nous a poussés naturellement à travailler sur des concerts à la maison, juste parce qu’on avait besoin de jouer, et c’était la seule façon de retrouver un semblant d’échange avec le public. Cette “pause” longue durée nous a permis de travailler plus en profondeur les arrangements studio de nouveaux morceaux, de peaufiner notre son live en résidence (merci le dispositif Tour de Chauffe). Nous avons sorti un split vinyle en janvier 2021 avec le groupe belge Embers, et nous nous attelons au nouvel album qui devrait sortir à l’automne…
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
Cette question est presque trop philosophique et politique pour y répondre à la légère.
Qu’est-ce qui est non essentiel pour qui ?
La musique est sûrement non essentielle à une société capitaliste libérale. C’est presque une certitude. Cependant la musique est essentielle pour nous, elle est une manière d’exister et non de survivre.
Ce qui semble non-essentiel dans une société où le plus important et le plus sérieux est la génération de valeurs monétaire, la non essentialité de ces activités artistiques (désignées par le gouvernement) qui génèrent une autre économie (enfin… pas toujours…), devient essentielle à l’existence des individus écrasés par un devoir imposé qui nuit à leur existence.
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez-vous ?
Les derniers concerts pré-covid ont eu lieu en janvier 2020 à Riga (Lettonie) et Vilnius (Lithuanie). Excellents souvenirs ! C’était la première fois qu’on jouait là-bas et nous y avons découvert un public très dynamique et réactif. Vilnius possède une vibration vraiment particulière !
Nous avons eu la chance de jouer à Varsovie et Liège en été 2020, en pleine pandémie. Une vraie bouffée d’air frais, même si les conditions étaient adaptées à la distanciation… Nous avons senti chez le public, une réelle envie de renouer avec le live, un besoin vital.
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
L’acte de remonter sur scène sera en soi quelque chose de fort. Le public aura des émotions certainement décuplées (ou alors complètement amputées… ne l’espérons pas !) Nous éprouvons tellement de frustration à ne pas avoir de perspective de retour sur scène, que la prochaine fois où le live sera possible, il va y avoir de l’électricité c’est sûr !
La musique live n’a besoin de rien d’autre qu’elle même pour se célébrer.
Avez-vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Oui à la Maison Folie Wazemmes (MFW) nous avions pu faire notre release avec les truculents Komplikations.
C’était vraiment une belle soirée, il y avait le feu ce jour-là (avec en special guest une angine pour Claudine). Le public était au rendez-vous, la qualité d’accueil de la MFW était au top ! Ah Bon Productions avait vraiment bien fait les choses. C’est exactement ce genre de soirée qui nous manque. De l’amour, de la musique live, un DJ set bien ficelé, et de l’amour parsemé de miettes de chips au vinaigre.
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter ?
Nous espérons deux clips à venir, la sortie de notre album à l’automne 2021 avec une vraie release party 😉
Vous pouvez nous souhaiter de trouver un tourneur qui aurait également trouvé un vaccin anti-covid… Et un souhait pour toute la scène alternative : que les USA – et maintenant le Royaume-Uni – arrêtent de faire payer les groupes indés pour venir jouer, c’est ridicule !
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. Avez-vous un message pour ce lieu ?
Gardez votre passion, votre enthousiasme, votre professionnalisme et votre dynamisme !
Courage, on fera bientôt la bamboche <3
BAASTA!
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
BAASTA! est un duo d’électro sans la mèche, de punk sans les chiens, de rap sans vocodeur et de rock SANS l’air Français !
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vivez vous cette situation ? Quel impact cela a eu sur votre projet ?
On a sorti notre 1er album « PAANIC » le 14 février 2020 et 1 mois après c’était le début du confinement… Timing parfait, rien à dire ! On a eu le temps de faire 2 release party avant que tout ne ferme, une à Bruxelles où on avait affrété un Bus pour emmener 50 personnes, un peu comme un match de foot en déplacement. Et une deuxième à Paris au Supersonic qui était vraiment bien, on était sur une belle montée… ça n’a pas duré…
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
C’est vrai qu’à part Hanouna et Netflix pour nous divertir en rentrant du boulot (pour ceux qui en ont encore un), le reste n’a pas grand intérêt et n’est pas si essentiel visiblement. Le cinéma, le théâtre, les spectacles… et pourquoi pas les concerts tant qu’on y est.
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez-vous ?
Le dernier remonte au 9 octobre 2020 ! C’est la seule date qu’on ai réussi à maintenir de toutes celles qui étaient prévues jusqu’à aujourd’hui. C’était à Sucy En Brie avec Skip The Use, devant un parterre de gens assis et masqués, c’était assez particulier car on ne savait pas trop comment le public vivait ça, et sans voir les visages et les réactions c’est quand même un autre exercice.
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
On a eu le temps de bosser pas mal de choses, on a fait un peu de résidence… On aura en tout cas des nouvelles choses à proposer. Putain vivement !
Avez-vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ?
La seule fois où l’un de nous a joué à la Cave aux Poètes c’était il y a déjà pas mal d’années avec d’autres groupes. Et on se souvient surtout de la proximité du public avec la scène et du son que la promiscuité de ce lieu procure. C’était lors d’une première partie du groupe Cocoon, ils avaient fait passer l’ordre de ne pas parler pendant le concert ni entre les chansons, l’agent de sécu nous avait même demandé de nous taire ! Je peux te dire qu’ils ont pas été déçus du voyage ! Haha ! Quelle bande de tocards !
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter ?
Comme on le disait plus haut on a pas mal de nouveautés, les lecteurs devront suivre la Face B pour en être informés, mais en tout cas on a pas chômé depuis 1 an (Live, enregistrement), en attendant on a fait un Feat avec Enzo Gabert le batteur de Skip The Use qu’on avait rencontré lors de notre dernier concert.
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. Avez-vous un message pour ce lieu ?
On viendra jouer chez vous bientôt et on fera la fête sans distanciation, on se fera la bise en arrivant et on partagera nos bières… D’ici à ce que les nouvelles peintures de la Cave aux Poètes soient sèches ! Tenez bon ! Le retour va être terrible !