Après ses deux premiers opus King Shrimp et Queen Shrimp, pépites lo-fi enregistrées dans son appartement, Fantastic Mister Zguy revient avec Etats d’Âme, un album aux morceaux tour à tour enjoués ou bien tristes selon l’humeur, pour la plupart en français et enregistré en studio. Et si son obsession pour les crevettes semble un peu passée, l’opus reste à son image, spontané et rêveur. Il s’est accompagné entre autres de Gaëtan Nonchalant, TH The Freak et Pi Ja Ma et nous offre un album qui parle « de voyage, d’amour, de rêverie, de tristesse, des peurs qui peuvent parfois nous submerger »…
La pochette de l’album en dit beaucoup sur États d’âme. Le dessin/collage montre un gamin dans l’espace jouant de la guitare au milieu des planètes. Fantastic Mister Zguy a un monde bien à lui et certainement la tête dans les étoiles. Joueur et rêveur et fan de cartoons de surcroit, (activité qu’il pratique à côté de sa musique) il nous emmène dans son univers vignettes par vignettes, au rythme des chansons.
Il nous avait habitué à un style punk U.S arty et DIY, avec des chansons en anglais enregistrées chez lui, et on en retrouve quelques-unes sur l’album : notamment le génialissime I Want You In My Bed sur laquelle le musicien a collaboré avec le groupe de rockers bordelais super actif TH Da Freak. S’il aura fallu attendre deux mois pour matérialiser cette collaboration (le temps qu’a attendu Zguy avant d’avoir un retour du groupe), le résultat est un lumineux combo guitare / basse / batterie punk super catchy au refrain enjoué et entêtant : « I want you in my bed / And I want you in my heart » et à la bonne humeur communicative. Le morceau est accompagné d’un clip réalisé tout en collage par Margaux Jaudinaud où il y est question de nuages en coton, de grand huit ou d’arc en ciel dans la tête qui va de pair avec le style lo-fi du titre. If I Was A Super Hero surfe aussi sur cette vague, et vire au rockabilly spatiale parlant de super héros et de super vilains, un monde imaginaire pour s’échapper un moment : « Cause I’m tired of being human / We never stop judging each other ». Sous leurs aspects comics rigolos, les chansons sont souvent introspectives et cachent une fragilité sensible…
Les autres morceaux de l’opus s’éloignent un peu du genre et nous font découvrir d’autres facettes du musicien qui est aussi à l’aise à manier la langue de Molière que celle de Shakespeare. Plongé dans Mon Casiotone qui ouvre l’album, marie guitare et casiotone en une douce chanson rêveuse et nostalgique qui parle de plage et de voyage : « Je vais enfin quitter ma zone / Avec mon guide sur Amazon (…) J’aimerai plonger avec toi dans l’eau claire / sous la lune ». Sur Faire Tourner la Terre, le musicien parisien s’est allié à son pote à la ville, Gaëtan Nonchalant, et nous emmène en road trip à travers les États Unis et plus loin en un voyage perché au refrain catchy tout en apesanteur : « Mais non y a rien à faire / Non y a pas de mystère / T’as l’art et la manière / De faire tourner la Terre Terre Terre ». Le clip qui accompagne le morceau, réalisé par Clément Métayer, montre les deux compères parcourant le désert à bord d’une voiture rouge décapotable avant que l’engin ne s’envole dans les airs … où comment transformer la banale réalité en un monde magique… C’est Comme Ça est une chanson d’amour à la tendresse enfantine qui donne envie de faire des câlins à ses nounours. Composée et interprétée avec Pi Ja Ma, les paroles y prennent la forme d’une addition mathématique à la solution indéniable : « Mais toi plus moi je sais / qu’on s’aime / Toi plus moi / C’est comme ça ».
D’autres titres sont plus mélancoliques. The Other Guy, parle d’une fille que le chanteur/narrateur aimait et qui est partie avec un d’autre. Chantée en duo avec une musicienne islandaise que Zguy n’a jamais rencontré (et dont il aime à imaginer que cela pourrait être Björk) The Other Guy est une chanson d’amour lancinante dotée d’un solo lunaire minimaliste au casiotone. C’est Novembre nous transporte dans l’automne avec ses notes de guitare mélancoliques et Ce Jolie Tableau de Toi prend des airs post punk qui rappelle des groupes français 80s à la Indochine…
Avec Etats d’âme, Fantastic Mister Zguy enchaîne les vignettes d’humeurs et de sentiments, en mélangeant les styles et les émotions, nous faisant tour à tour bondir et danser ou écouter d’un air pensif et rêveur… À l’image des comics qu’il dessine, le musicien nous offre 9 titres, comme 9 histoires, et partage avec nous son univers pop et rêveur à la spontanéité enfantine qu’on ne se lasse pas d’écouter.
Découvrir Etats d’âmes :