Fin Janvier, les iNOUïS du Printemps de Bourges ont révélé la liste de leur présélectionnés. Pas moins de 138 artistes font partie de cette liste. La Face B a scruté la liste et en a retiré ses favoris. Voici la seconde partie de notre liste de chouchous pour les inouïs.
Lonny
Il y a des musiques qui ont la couleur et l’odeur d’une saison. La folk de Lonny se situe au coeur de l’hiver, mais elle est surtout la promesse d’un printemps à venir.
Après avoir joué pour les autres, puis une expérience anglophone en duo, Lonny est revenue au début de l’automne avec un nouveau projet, cette fois-ci en français.
Une gageuse pour celle qui porte la folk et ses héros au coeur de son ADN. Un pari réussi, tant la musique de la parisienne est un tourbillon d’émotions variées à travers une musique qui tire sa sève de son intime pour mieux toucher ceux qui l’écoutent.
Une sincérité et une douceur véhiculées par des mots simples qui se mêlent parfaitement à des mélodies discrètes mais fortes pour transformer chaque morceau en polaroid musical.
Des instants figés qui prennent vie dans nos oreilles et emmènent avec eux souvenirs et sentiments.
Après deux morceaux fabuleux, Incandescente et Avril Exil, Lonny nous offrira cette année son premier album. On la place forcément dans nos chouchous de cette pré-sélection mais on est aussi prêts à parier qu’elle ira bien plus loin que ça et nous, on suivra cela de très près.
Clavicule
C’est avec un album au titre coup de poing, que les quatre rennais de Clavicule déboulent dans la sélection des iNOUïS. A travers les dix pistes de Garage is Dead, le groupe fait éclater toute sa fureur. Une gigantesque bourrasque garage punk psyché dont l’énergie rappelle les chaudes fosses aux épaules dansantes et au sol imbibé.
On imagine aisément l’ambiance que les compères peuvent envoyer en live.
La recette est efficace, et nous tient en haleine tout du long. Le set est lourd et intense, sans pour autant oublier la partie mélodique, qui est aussi bien présente. Si on devine facilement les influences comme Ty Segal ou Fidlar, ils arrivent sans difficulté à se distinguer avec une esthétique survoltée et décomplexée.
L’avenir du garage punk français n’a rien à craindre avec cette nouvelle bande de breton et son rock d’auto-tamponneuses. Mais pour vous montrer que ce ne sont pas que des brutes qui roulent à toute vitesse, on vous laisse avec leur dernier clip Jericho, longue croisière musicale rock aux teintes orientales, à l’image tant colorée que torturée. N’hésitez pas à jeter un coup d’œil au reste : vibrations garanties !
Gargäntua
On vous en parlait en octobre, les voici maintenant sélectionnés pour les iNOUÏS 2021. Alors comme on les aime passionnément, on va vous faire une nouvelle petite promo spéciale Gargäntua. Quand la famine évènementielle fait rage, il faut réagir !
Voici donc un petit recap sur le duo infernal d’electro corrosive, au cas où vous l’avez loupé. Gargäntua, c’est deux loustics originaires d’Orléans, à la recherche du nirvana euphonique.
On retrouve d’un côté J4n D4rk au chant, posant sa voix tantôt suave tantôt tiraillée. Il nous parle d’amour, de haine, de belles choses et de barbarie. Ses textes torturés sont accompagnés par God3froy, une bête indomptable balançant une hardteck féroce. C’est cette complémentarité qui fait toute la force du groupe, nous transportant à travers une poésie brutale.
Une croisée des genres, où chanson française et techno ne font qu’un. Un chouette combo qui nous rappelle que oui, le hardore aussi a un cœur.
Rentrez dans la troupe des Thélémites en claquant des pieds, et lâchez prise; c’est tout ce dont vous avez besoin en ce moment.
KasbaH
Du côté Champagne-Ardenne, on vous présente KasbaH qui viendra défendre son projet à Reims lors des auditions régionales la semaine prochaine.
La kasbah, c’est la citadelle, le refuge. Et pour lui, ce refuge, il est collectif. C’est ainsi que KasbaH apporte à la scène electro une dimension multiculturelle grâce à ses savants mix de sonorités et rythmes africains, orientaux ou encore sud américains. Ses compositions sont de véritables carnets de voyages souvent remplis par des sons qu’il enregistre lui même, provenant d’objets parfois insolites mais inspirants à ses yeux.
Il y a là une envie évidente d’élargir sa (et notre) vision des choses et d’offrir un panorama plus large sur le monde qui nous entoure. KasbaH est bien plus qu’un musicien, c’est un chasseur de sons nomade(s) qui mélange avec brio tradition et culture club.
MSS FRNCE
Ils ont qu’une seule voyelle, mais mettent les points sur les i. C’est du punk, du vrai. Aussi engagés qu’ils sont efficaces dans leurs réflexions.
En moins de deux minutes, ils ont tout dit et ont balancé leurs poings dans votre tronche au passage. Ils vont pas s’emmerder à se lancer dans des argumentations, des intros de 5 minutes ou de ponts musicales planants, il y a une urgence, une vraie ! Tout est excuse au pogo, à la déconne, à la bière tiède renversée sur les vestes en cuir. Habitant la ville de l’amour,
Paris, ce sont pourtant de grands punks aux cœurs tendres qui se cachent peut être de façon un peu pudique derrière leurs vociférations et leurs guitares furieuses. Après un an sans cardio hardcore, franchement on se demande comment va résister le public restreint des Inouïs pour éviter crise cardiaque.
La Belle Vie
Il se passe toujours quelque chose à Saint Etienne. Après Terre Noire, Zed Yun Pavarotti ou Fils Cara, pour ne citer qu’eux, le nouveau groupe à suivre s’appelle La Belle Vie. S’il partage son patronyme avec la chanson de Sacha Distel, ce n’est sans doute pas innocent. On retrouve dans leurs chansons cet éloge de la beauté de la vie faite des choses les plus simples – moments passés entre amis, élans amoureux – mais les sujets abordés peuvent aussi s’avérer sérieux et réfléchis.
Musicalement, c’est un véritable kaléidoscope que ce groupe d’amis, formé pendant les années lycées, s’est construit. Les objets sonores qui s’y réfléchissent sont issus de leurs multiples influences – des arpèges de Debussy, un zeste de pamplemousse de Flavien Berger, des accords jazzy-funky al dente et un nappage auto-tuné à la sauce Damso. De son prisme se dispersent, tels des rayons lumineux colorés, les refrains chatoyants qui après les avoir entendus ne vous quitteront plus de la journée.
L’hiver est bientôt derrière nous. Le printemps qui arrive est la saison idéale pour faire bourgeonner dans vos écouteurs les mélodies dansantes et solaires de La Belle Vie, tempo parfait pour les Inouïs.
Bali Dou
On pourrait penser que, face à la position dominante actuelle du rap, le folk – fut-il teinté psyché – n’est plus vraiment à la mode. Pomme aux dernières Victoires de la Musique, nous a démontré que ce n’était pas le cas.
Alors qu’est-ce qui fait que notre intérêt pour ce genre musical reste toujours intact ? Peut-être par sa capacité à nous faire voyager. Et si le premier EP de Bali Dou s’appelle Paysages c’est bien parce qu’elle souhaite nous emmener en balade dans son imaginaire, dans les petites histoires qu’elle nous raconte et qui, le temps de la chanson, deviennent nôtres.
Musicalement Bali Dou c’est une voix organique – comme celles que l’on aime – avec ses aspérités qui lui donnent toute sa force et sa personnalité, un peu comme les grains d’une pellicule qui apportent aux photographies argentiques leurs textures si particulières. Une guitare qui égrène les notes presque comme une harpe et des percussions qui rythment les morceaux tels les battements d’un cœur. On pense alors à Joana Newsom, Ladylike Lily ou encore à Laura Cahen. L’environnement sonore est en place, le voyage peut commencer. Séduits, il ne nous reste plus qu’à nous laisser porter. Laissez-vous mener par Bali Dou.
Scuffles
OUAI OUAI OUAI
Scuffles fait évidemment partie de nos chouchous parmi les présélectionnés des inouï du printemps de Bourges ! Idéal pour accompagner vos apéros enflammés ou pour taper le plus beau sprint de votre vie, leurs titres sauront vous motiver à n’importe quel moment de la journée.
Il suffit d’appuyer sur play pour recevoir un shooter d’énergie imminent : le corps ne répond plus au cerveau et se met à se mouvoir frénétiquement. Ici, l’alliance de la fièvre du rock garage aux sonorités électroniques s’avère plus que fructueuse et les guitares dansent au milieu des synthés comme s’ils avaient toujours été associés.
Scuffles c’est 2 angevins, 1 EP, 4 titres, 1 single et 1 carrière prometteuse.Bref, c’est de la frappe.
2PanHeads
Fan depuis la première heure , c’est avec fierté que l’on a appris la présélection de 2PanHeads aux Inouïs.
Le duo du Grand Est envoûtera le Printemps de Bourges comme il a pu le faire avec La Face B. Par leur Rock’n’Rave : un punk libéré et des sonorités électro à la fois envoûtantes et transcendantes. Leur univers s’est incarné et formé au travers de deux EP Suprematism et Moscow & Jerusalem, qu’on vous a partagé en exclusivité. Le premier pouvait partir dans tous les sens, provoquant l’irrésistible envie de danser, sauter et tout casser chez l’auditeur.
En nous rendant fou (Mad Mad) voire énervé (Nvr Lie) par des titres qui nous emportent loin, vers des univers abstraits et défoulatoires (Suprematism) ou des boîtes de nuit soviétiques (Party Dance Slaves). Alors que le second semble plus ordonné, plus carré (Square) voire peut-être plus intime avec le titre Moscow & Jerusalem, faisant référence à un hameau dans les Vosges, région chère au duo, où il est question de tout réinventer : « It’s a new place for a new kind of people. Feeling the future […] Making new friends, making new faces on a new story » Un peu comme peut le faire 2PanHeads.
On espère les revoir en finale, et surtout sur scène soutenu au son et au Vjing par leurs amis Morse et HighC. Pour nous faire patienter dans cette insoutenable attente, le duo nous a récemment partagé un nouveau titre Cockroach, accompagné d’un titre, et bientôt, d’un premier album.
Siau
Siau est un chouchou depuis maintenant plusieurs années. Précisément depuis 2017 avec son single Ce soir je sors. Un hymne aux virées nocturnes, qu’on imagine dans des bars parisiens, entre Bastille et République.
A travers ce titre, Siau affirme une pop electro tant puissante, prenante, qu’élégante. Il nous parle également d’écrans qui nous hypnotisent (Hypnotisé) de tristesse lumineuse, “son besoin de tendresse rien de plus” sur une balade organique (Mélancolie). Le titre A la lueur, donnant son nom à un premier EP, marque nos esprits par sa composition, autant vibrante qu’envoutante, dont les sonorités ne seraient pas sans rappeler MGMT et les harmonies celles de James Blake. Les paroles aussi marquent par leur mélodie. Par exemple, on peut l’entendre parler d’amour et de métaphore maritime, avant de susurrer : “Douleur douleur, comme un cri dans mon coeur” (Port Marianne)
Et visiblement, nous ne sommes pas les seuls pour qui Siau a tapé dans l’œil. En 2019, il remporte le prix Georges Moustaki récompensant un album indé, et participe même au Off du Printemps de Bourges….Alors, on espère que cela lui portera chance pour les Inouïs. En attendant, on peut l’entendre reprendre les titres de Christophe – pour le chantier des Francos- ou encore Chercher le garçon de Taxi Girl. Puis, il semblerait qu’un premier album soit en préparation. Affaire à suivre.
Ottis Cœur
Lorsqu’on parle de chouchous, on peut imaginer des artistes que l’on suit depuis un moment, d’artistes dont on sait déjà des choses. Et puis il y a une autre catégorie, celle du coup de cœur, brut, immédiat, obsédant d’un.e artiste dont on ne sait pas grand chose et qui pourtant prennent la forme d’une belle promesse dont on a envie de parler.
Ottis Cœur fait pleinement partie de la seconde partie. Un groupe tout jeune, tout frais, pas encore de titres disponibles sur les réseaux et pourtant … Pourtant il y a eu cette session au Ici Demain Festival qui nous aura mis sur le cul.
Deux voix à l’unisson au service d’une musique pleines d’influences complètement digérées qui donnent un rock entre douceur et brutalité, sec mais toujours parfaitement mélodique.
On se laisse emporter par leur musique et les sentiments qu’elle nous amène et on se dit qu’on tient la une belle petite pépite, du genre à tout défoncer sur son passage.
Et dire que ce n’était que leur premier concert …
Clara Ysé
Il aura simplement fallu un EP Le Monde s’est dédoublé pour être envoûté par Clara Ysé. Elle y prend la forme d’une déesse parvenant à guérir certaines de nos peines et blessures comme l’absence d’un être cher, nous emporter dans des plaines calmes d’Amérique latine.
Car la musique de Clara Ysé est riche allant de la chanson française par des textes littéraires métaphoriques et poétique, chantés avec lyrisme, soutenus et soulevés par des sonorités classiques avant dêtre emportés dans un tourbillons de sons latino-américains. Un disque comme hanté par les fantômes de Maria Callas, Mercedes Sosa, Janis Joplin et Barbara. Cette ancrage dans une musique du monde s’explique aussi par l’entourage musical de la chanteuse. Car cette dernière est accompagnée des musiciens Yulian Malaj et Marc Karapétian bercés par la musique arménienne, Camille el Bacha, pianiste prodige et Naghib Shanbehzadeh, d’origine iranienne.
L’univers de cet EP nous subjugue par sa puissance tant dans les paroles, la musique et les thèmes abordés. Puisque la poétesse nous évoque la liberté (Libertad) le clair-obscur de la douleur, du deuil avec le titre réconfortant Le monde s’est dédoublé nous rappelant que “la joie est toujours à deux pas”, d’êtres célestes qui nous guident et nous aident (Fées magnétiques) ou encore de cet amour qui nous rend tant fragile, vulnérable que fort comme un Soldat, voire celui à la lisière de l’onirisme (Voyage équinoxial). Alors, on attend avec hâte d’autres projets et sûrement une sélection en finale.
KLON
Difficile pour nous de ne pas inclure KLON à nos favoris de cette édition des INOUÏS. Un collectif guidé par l’espoir et le rêve qui n’a cessé de nous ébahir depuis leurs débuts. Quand leur premier single Noise sortait en juillet dernier, nous étions comme subjugués par tant de justesse et de beauté dans les mots et les mélodies choisis.
Ce qui nous fascine par-dessus tout chez eux, outre les synthés à gogo, les rythmiques captivantes et cet électro new wave aux influences certaines, c’est qu’il se dégage de ces sept jeunes créatifs, une énergie positive communicatrice et une aura lumineuse qui nous éblouit, nous ensorcelle presque.
Des deux singles sortis, ils en ont fait des sessions live. Des captations qui n’ont fait que confirmer les propos que l’on tenait à leur égard. L’osmose et la complicité entre chacun y est presque toujours absolue, l’excellence presque toujours atteinte.
KLON c’est une envie ardente de découvrir l’infini des possibles, de se saisir du temps, des instants, de faire d’aujourd’hui, de demain quelque chose qui en vaille la peine et de colorer la vie, nos vies. Une fureur de vivre qui ne nous aura pas laissé de marbre et qu’il nous tarde de découvrir sur scène un jour ou l’autre.