Le monde est frappé depuis plus d’un an par l’épidémie de Covid 19. Un an que le monde culturel est dans une sorte de coma artificiel, réveillé par moment pour être presque aussitôt remis en sommeil. Alors que cela fait désormais plus de 100 jours que les lieux culturels sont fermés en France, La Face B s’associe à Dans Ton Concert pour proposer son nouveau projet : Not Dead. L’occasion de mettre en avant des artistes et des salles de la région Hauts-de-France afin de leur apporter soutien et visibilité. Pour ce 4ème épisode on découvre les photographies et les interviews de Accidente et Yolande Bashing au Métaphone et sur le site du 9-9bis à Oignies.
Accidente
Peux-tu présenter ton projet en quelques lignes ?
Accidente c’est de la sonate grunge, essorée au vibrato d’une guitare électrique, un pull de noël en guise de cotte de maille.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vis-tu cette situation ? Quel impact cela a eu sur ton projet ?
Le décollage a été quelque peu ralenti. Mon album est sorti en plein milieu du confinement vol1, c’est un peu…Dommage !
Se challenger dans un projet solo n’est pas toujours simple, particulièrement en ce moment. Moi j’ai toujours peur de déranger mes voisins quand je répète. Je me sens un peu en apnée.
Du coup j’essaie d’autres choses, d’autres moyens de m’exprimer, je génère de la matière, en me lançant dans des aventures parallèles et inspirantes, je sais que tôt ou tard, les choses se mettent à résonner. Ça me donne de l’énergie. Ou plutôt ça me permet d’en trouver.
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour toi cette expression ?
Si on parle de la fermeture des lieux culturels, du spectacle vivant, des salles de concerts, cette hiérarchisation du paysage artistique par rapport au reste des activités est révoltante. C’est l’affirmation pure et dure que l’art n’est pas nécessaire « tout le temps ». Et d’une certaine manière, c’est affirmer que ce pan d’humanité, « on s’en passe ». Que signifie fermer, ce qui peut ouvrir des portes, à son cœur, à son esprit ? C’est appauvrir les personnes, faire des moutons. Des non-humains. C’est catastrophique. En fait, je ne COMPRENDS PAS ce choix. Je pense qu’il y a moyen de trouver un équilibre pour permettre que des choses se fassent en ayant en tête qu’il y a une épidémie, mais sans éradiquer le milieu artistique à ce point. Comme si les domaines artistiques étaient rayés de la carte du jour au lendemain.
À quand remonte ton dernier concert ? Quel souvenir en gardes-tu ?
Dernier concert 24 septembre. Entre les deux confinements. Avec le concert « BLAM » mis en place par Loud Her en partenariat avec le Grand Mix – principe de groupe éphémère, 3 jours de résidence avec 9 musiciennes qui ne se connaissent pas et créent un set pour faire un concert à l’issue de ces 3 jours. Concert assis et spectateurs masqués. Jauge limitée. Pourtant l’ambiance était folle. Electrique. Pleine de tendresse. Tout le monde vibrait sur sa chaise, tout le monde était ému. Tout le monde avait la dalle. Ça m’a vachement touché de voir le sérieux de toustes, le respect des règles pour assister à un concert malgré les contraintes, on ressentait pleinement la présence et l’amour de chacun chacune, c’était très Beau ! Et nous sur scène on était très émues aussi. C’était vraiment un sabbat, mais un sabbat hyper sage.
Lorsque tu pourras remonter sur scène devant un vrai public, tu vas faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Ca va être un peu la tempête de joie. Faudra juste m’empêcher de prendre tout le monde dans mes bras.
As-tu un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
J’y avais vu Pigalle au 9-9, j’étais à Lille depuis pas longtemps. Il y a foooort longtemps en plein hiver. C’était la première fois que je venais au 9-9 et j’avais été impressionnée par le lieu. Je découvrais la vie culturelle du nord à ce moment-là. Je me disais que ça bouillonnait vachement dans les parages et je me suis dit que le Nord était une région très musicale. Quand j’y pense, je n’ai jamais vu autant de concerts que depuis que je suis arrivée dans le nord.
Quels sont tes projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
On est en train de monter un girlsband avec des copines – je ne dévoile pas encore l’identité de ces reusta pour garder la surprise – dont nous sommes en train de concevoir les morceaux. Même si les concerts ne seront pas pour tout de suite on patiente, on bouillonne… tranquillement. BLOUP-BLOUP. On fait des gros bouillons. On a confiance et on a espoir. Il ne saurait en être autrement. On a trop envie de ça.
Je suis actuellement sur un projet de documentaire dont je suis la réalisatrice et qui m’excite beaucoup.
Accidente a besoin de se nourrir de nouvelles expériences, et d’oser Joséphine.
Les chorales dont je fais partie regorgent aussi d’idées et d’ingéniosité pour ne pas perdre le fil.
Ce qu’on peut me souhaiter de meilleur, c’est de garder le feu. Ce que je souhaite à toustes.
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. Avez-vous un message pour ce lieu ?
Soyez Pit-bull et ne lâchez pas. Soyez assurés qu’on a hâte de vous retrouver, qu’on vous trouve courageux et qu’on pense à vous.
Yolande bashing
Peux-tu présenter ton projet en quelques lignes ?
Depuis trois ans j’incarne Yolande Bashing, un anti héros marginal et poétique. Dans les chansons je décris le monde auquel il est confronté : froid, drôle, absurde, cruel, petit… Je parle de ses rencontres, avec des gens, des ami(e)s, des stars d’une autre époque, celle du JT de JPP, messe journalière du diner chez pépé et mémé.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vis-tu cette situation ? Quel impact cela a eu sur ton projet ?
En un an, on a fait trois concerts, c’est pas beaucoup. J’ai quand même la chance d’avoir mon studio à la maison, avec Aurélien (Gaïnetdinoff) on profite du gel pour travailler sur de nouvelles chansons.
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour toi cette expression ?
Ça signifie que les gens qui emploient cette expression méprisent les artistes. Moi de ces gens là, j’en ai rien a foutre, c’est leur problème.
À quand remonte ton dernier concert ? Quel souvenir en gardes-tu ?
C’était le 21 novembre, l’année dernière au FGO BARBARA a Paris. Un concert en ligne dans le cadre du festival ICI DEMAIN. On y jouait avec Aurélien et j’ai eu la chance de voir BELVOIR : grosse basse, gros synthés, c’était bien. L’exercice était pourtant pas facile, on jouait devant les cadreu(ses)res de Sourdoreille, y’avait pas de public, nous notre live on l’imagine beaucoup en contact avec le public, on cherche l’accident, y’a toujours une connerie a faire. Sur internet c’est vachement moins stimulant. Mais gros big up a toute l’équipe du FGO et de Sourdoreille.
Lorsque tu pourras remonter sur scène devant un vrai public, tu vas faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Rien que le fait de partager un moment de spectacle avec Manu et Aurelien, c’est célébrer. J’vais essayer de profiter un max avant la prochaine épidémie.
As-tu un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Oui, avec Mardi Midi aka Romain du label Bruit Blanc, on a fait un concert dans la salle des pendus. J’ai l’impression qu’on a encore la corde au cou ?.
Quels sont tes projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut te souhaiter ?
Là avec Yolande Bashing on se prépare a enregistrer des nouvelles chansons. Avec mon frère on a un groupe qui s’appelle Les dents, on vient de sortir un EP chez Bruit Blanc on voudrait enregistrer d’autres chansons et tout. Et puis avec Damien (Demain Rapide) on va se remettre au boulot sur notre bb UNSS. On voudrait sortir des choses prochainement, mais faire aussi les choses bien. Et puis y’a aussi le théâtre, et tout. J’ai quand même beaucoup de boulot, mais rien de très essentiel disons… ?
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. As-tu un message pour ce lieu ?
Je pense beaucoup aux équipes des lieux de représentations, aux programmatrices(eurs) dont l’activité consiste maintenant plus en la déprogrammation. Aux technicien(nes), aux chargé(es) de prod, de diff, RP(s), aux photographes, aux bénévoles… Je les remercie d’ouvrir leurs lieux aux groupes, compagnies qui malgré leur manque d’essence, continuent de créer des spectacles et des lives pour demain car, quand nous réouvrirons, j’vous le promet que ça va être la teuf. ️❤️