Cela fait presque deux ans que nous partageons la musique des Dogs For Friends sur La Face B, il était temps pour nous d’échanger quelques mots avec eux sur leur parcours, leur façon de composer et sur la suite du groupe. Après un magnifique second EP « I’ll Pet U 4Ever », nous sommes allés leur poser quelques questions sur leur évolution en cette période bien étrange pour un jeune groupe. Morceaux choisis…
LFB : La première question qu’on pose à chaque fois, comment ça va ?
Dogs For Friends : Disons que ça va, on travaille sur des nouveaux morceaux, on s’occupe comme on peut mais ça commence à être un peu long, bientôt un an quoi…
LFB : Vous n’avez pas fait de live depuis un an là ?
DFF : On a fait deux captation sur Angers, mais on a pas fait de vrais concerts depuis l’été dernier et encore c’était pas l’idéal..
LFB : Vous arrivez quand même à composer malgré la période ?
Dogs For Friends : ça par contre on y arrive plutôt bien, faut dire qu’on a que ça à foutre, on a pas mal de maquettes pour la suite, au début de la pandémie c’était plus facile de créer parce qu’on avait vraiment du temps qu’on avait pas avant, mais plus ça va et moins on a de chose à raconter, ça devient un peu compliqué, tu tournes un peu en rond quand tu vois pas de nouvelles choses. Mais bon, on y arrive quand même, on fait avec disons.
LFB : Pour composer comment fonctionnez vous en termes de répartition ?
Dogs For Friends : Pour l’écriture c’est surtout moi (Charles) même si ça reste ouvert aux propositions, sinon pour la prod ça dépend, souvent c’est l’idée de quelqu’un au départ, souvent tard le soir dans sa chambre (rires) sans faire de bruit
LFB : Une question que je me pose depuis un moment, cette figure du chien elle vous évoque quoi ?
DFF : C’est un truc assez con, le rapport entre le chien et l’homme c’est un des trucs les plus simples, naïfs et un peu débiles, il y avait aussi un histoire avec la racine du mot chien qui est la même que celle du mot cynisme.
LFB : Beaucoup de gens vous compare à Motorama mais pour moi ça reste trop dark, chez vous il ya cette teinte d’espoir et même si c’est très mélancolique ça reste positif et c’est d’ailleurs pas un hasard pour moi si le morceau qui a le plus de succès ce soit le plus enjoué et positif.
DFF : On a remarqué ça en effet, c’est aussi le moment où on s’est dit qu’on allait arrêter de se prendre la tête avec ça, c’est un morceau qu’on a enregistré de suite après l’avoir composé et quelques mois après il sortait.
On se revendique nous même de Motorama dans nos influences, mais c’est pas une comparaison totale, si c’était le cas on ferait autre chose en fait.
Disons qu’on a un peu plus d’espoir qu’eux, en même temps ils sont en Russie (rires)
LFB : Ce qui est fort avec votre musique c’est cette facilité à mettre des mots sur la vulnérabilité, un peu comme le ferait Damon Albarn, votre processus d’écriture il se passe comment ?
DFF : C’est compliqué à formuler parce que j’ai pas de recette, souvent il faut que je sois tout seul, j’ai des phrases qui me viennent et je les note sur mon portable, souvent on va essayer de chanter la mélodie avant de faire le texte pour être sur que ça marche, comme font beaucoup d’artistes en fait.
C’est rare que ça me prenne trop de temps, des fois j’ai tout d’un coup ou alors ça prend deux trois jours, mais c’est assez rapide, si c’est pas le cas c’est qu’il faut changer de thème parce qu’on veut pas forcer dans la création non plus.
LFB : Dans les thématiques des textes, j’imagine que c’est des choses dans lesquelles vous vous retrouvez tous les quatres…
DFF : J’espère, personne ne s’est plaint encore en tout cas (rires)
LFB : J’aurais aimé parler de ce que vous vous apportez mutuellement parce que quand j’écoute les paroles de Fatboy notamment, je me dis que ce groupe c’est bien plus que de la musique. “I’ve Got a face to show, a face to show” comme si avant de faire partie du groupe vous ne vous sentiez pas entier et que c’est cette relation qui vous permet d’être plus en phase avec vous même maintenant.
DFF : Dans nos relations amicales on ne se cache pas ce qu’on ressent déjà, il ya toujours des non dits ou des choses qui sont pas facilement exprimées mais pas dans la musique, pour moi ça sert justement à sortir ça et de le dire d’une manière un peu jolie et ne pas se fermer et rester dans son coin. Après on se dit pas mal les choses, on se fait des câlins des fois aussi.
Je pense que c’est la musique en général qui permet ça, c’est un bon exutoire, les meilleurs morceaux à mon sens c’est quand j’arrive à exprimer ce que je ressens réellement et que je n’arrive pas à formuler autrement qu’à travers la musique, ça fait beaucoup de bien et c’est une chance d’avoir ça pour ne pas se taper dessus au final.
Plus que dans les textes, juste s’exprimer par des sonorités et partager ça avec ses potes ça fait grandir et c’est quelque chose de fort, c’est que de l’amour en fait.
Dès fois on essaye de s’auto motiver, dans Fatboy on dit qu’on est pas en train de fumer par terre, de ne pas rien faire dans notre chambre. C’était surtout pour nous fixer un objectif donc j’ai écrit ça pour que tout le monde écoute et qu’on finisse par se bouger et faire des choses.
LFB : Un truc vraiment intéressant que j’ai remarqué c’est le travail sur vos voix, il y a une vraie complémentarité et vous n’hésitez pas à les mettre en avant comme sur Great ou même sur la reprise de It’s Ok de Tom Rosenthal, ça accentue vraiment le propos de certains textes, est ce que c’est quelque chose que vous recherchez ?
DFF : Avant le groupe tout le monde ne chantait pas et on galère toujours aujourd’hui mais c’est vrai qu’on aime bien se faire chier avec ça, dès le départ on s’est dit que la voix c’est l’instrument le plus unique que l’homme peut avoir, chacun a son timbre, ça nous faisait kiffer de chanter à plusieurs.
On prend le temps de bien bosser les voix et de mettre l’accent dessus.
LFB : J’ai vu deux de vos prestations en vidéo, au Joker Pub et ensuite à l’université d’Angers, ça rend super bien en concert.
J’imagine que comme tout le monde vous êtes frustrés de ne pas trop pouvoir défendre votre musique en live, est ce que malgré tout vous arrivez à avoir des retours sur ce que vous faites ?
DFF : C’est un peu la merde, comme tu dis on peut pas avoir beaucoup de retours alors qu’on sait que sur la partie live on a encore pas mal de taff.
Il y a aussi le fait que le live c’est l’aboutissement de tout le travail qu’on a fourni, le bout du chemin en fait, tu joues la composition devant des gens en live, c’est un moment à vivre et on est coupés de tout ça. ça joue pas mal sur la confiance, sans retour des autres c’est plus dur de se motiver.
LFB : Vous continuez de travailler encore l’aspect live malgré le manque de visibilité sur les prochains concerts ?
DFF : Pas trop en ce moment, on va s’y remettre mais c’est vrai que sans deadline c’est difficile. Faut pas qu’on lâche ça parce que sinon on fera notre musique en studio mais on sera des merdes en live.
LFB : Il y a quelque chose d’assez impressionnant avec la scène d’Angers, comme une émulation collective entre les différents projets, est ce que ça a un effet sur votre dynamique ?
DFF : Je ne sais pas, ça motive un peu certainement, on se connait quasiment tous, il y a pas mal de projets avec qui on échange, dans notre style globalement pop notamment. C’est beaucoup de gens cool et on s’envoie nos morceaux et on se conseille, le soutien collectif c’est cool.
Après on a tous nos cercles respectifs pour porter nos projets en dehors d’Angers.
LFB : Oui parce que c’est quand même l’objectif, s’exporter ailleurs qu’à Angers.
DFF : C’était l’objectif disons, il y a un an on allait partir pour notre première petite tournée, on avait 3,4 dates en dehors d’Angers et puis la suite on la connaît.
LFB : Un mot sur vos différents clips, vous avez aussi bien fait du selfmade sur Coldsun et Looking Fine, vous avez fait participer beaucoup de gens sur Sorry I Quit et puis vous avez fait des clips plus professionnels avec de vrais réalisateurs, qu’est ce que vous pouvez en dire ?
DFF : Pour Make it your Own ils devaient le faire avec un autre artiste mais ça ne s’est pas fait, du coup ils nous ont proposé l’idée, ça collait avec la sortie et avec ce qu’on voulait donc c’était parfait et sur le dernier c’est pareil, on s’est un peu concertés mais on a laissé beaucoup de liberté à Josic pour faire son truc et on s’en sort avec des clips pas trop mal je crois.
LFB : On s’est quand même pas mal attachés au personnage de ton père (Charles) dans les clips et on se demande quand est ce qu’on le reverra dans une vidéo..
DFF : Pour les deux clips self made, c’est nous qui les avons écrits, on voit mon père dans les deux et pour le deuxième on avait fait un petit scénario avec la suite de Coldsun. Sauf que mon père a des soucis de santé et il y a eu le confinement donc on a été obligé de le mettre dans le Jacuzzi, c’était un peu un clip de secours au final, il y avait moins d’idées aussi.
Peut être qu’on y reviendra, moi (Charles) j’aime toujours écrire des petits scénarios donc refaire ça avec d’autres personnages pourquoi pas, on ne s’interdit rien.
LFB : 2 EPs, c’est quoi la suite, un album ?
DFF : Si seulement … On aimerait bien faire un album mais niveau tunes et la période actuelle c’est compliqué. On a financé avec notre propre argent le deuxième EP et on se dit que ce serait un peu se griller que de balancer un album de 10 morceaux sans partenaires, que ce soit un label, un éditeur etc.
La prochaine grosse sortie ce sera un EP ou un album mais avant ça on fera des singles, on se donne déjà du temps pour composer et on verra après comment on sortira les différents titres, plusieurs singles avec des clips, des éléments un peu fort mais séparés dans le temps avec l’objectif de trouver un label, un partenaire pour nous accompagner.
L’idée c’est de montrer tout ce qu’on peut faire, on a des morceaux plus matures que ce qui est déjà sorti, c’est plutôt éclectique. On a déjà une bonne team mais c’est plus un rôle de producteur qui nous manque quelqu’un qui pourra être là en studio à diriger le truc en fonction des idées qu’on a et des maquettes qu’on aura produites.
C’est casse gueule financièrement surtout sans les lives, faut essayer de se faire remarquer sans se ruiner, le deuxième EP on a pas pu l’amortir un minimum comme on a a pas fait de concerts pour le défendre, disons qu’il faut trouver des astuces pour s’en sortir.
Les deux EP ce sont des morceaux qui datent de la même période, on les a fait il y a un bon moment donc on a quand même hâte de sortir la suite parce que c’est nettement mieux en terme de qualité.On entend tous les défauts de ces anciens morceaux, donc vivement qu’on sorte ce qu’on considère comme un peu plus mûr.
En live on les a retravaillé notamment sur celui de l’UA mais les versions studios on ne peut plus y toucher, donc c’est important aussi d’arriver à passer à autre chose et proposer autre chose.
LFB : Est ce que vous avez des artistes à nous conseiller ?
DFF : Le dernier album de The Staves que je viens tout juste d’écouter, c’était bien sympa, j’ai vu que c’était quelqu’un d’autre qui produisait et j’ai bien kiffé, ça va un peu partout et les voix sont tops.
On écoute pas mal Bakar en ce moment, c’est pas son dernier album qu’on écoute en plus, tous les morceaux sont cool, ça ressemble un peu à slowthai mais c’est un peu plus vieux je crois, c’est du rap, ça chante beaucoup, il y a de la guitare, des synthés, c’est assez positif et enjoué et on aime beaucoup.
Ah sinon, j’écoute les maquettes de Dogs For Friends pour la suite et c’est vraiment pas mal (rires)
(Re)découvrir Dogs For Friends :
La chronique de l’EP de Dogs For Friends c’est par ICI.