Glowing in the Dark, l’oscure clarté timbrée de django django

De Rembrandt à Paul Strand, en passant par Leonard de Vince ou encore le photographe Degas, de nombreux artistes ont réussi à apporter une profondeur dramatique à un instant donné à partir d’une seule source lumineuse plongé dans l’obscurité. En corrélation avec cette idée et sans avoir tout de même la prétention de s’aligner sur ces illustres artistes, le quartet anglais s’élance dans un défi musical qui explore des contrées ambivalentes avec la sortie de leur quatrième album : Glowing In The Dark.

Décidément, c’est avec une certaine régularité que Django Django sort ses nouveautés : tous les 3 ans.  Et toujours sur le même label, Because. Leur premier tout premier album éponyme a été reconnu par ses pairs en étant nominé aux Mercury Prize puis s’ensuit des apparitions remarquées dans les jeux-vidéo AAA (Fifa, GTA V). Toujours aussi inclassables, le groupe continue de naviguer entre de l’indie dance et un rock psyché et spatial. Cette année, il tente dans cette période sombre une percée lumineuse.

L’effet est immédiat puisque Spirals, le premier single de l’album, est le parfait entracte pour un dancefloor avec sa basse menaçante et ses synthés eighties retentissantes et spatiales. Une réelle intensité est créée pour se laisser entrainer sans temps mort au bout de ces cinq minutes. On conseillera fortement le remix de MGMT qui propose une version plus dark et encore plus tapageuse. Il s’agit d’ailleurs d’un atout majeur du groupe, c’est-à-dire savoir créer un embryon musical breveté qui ouvre la brèche à différentes formes d’appropriation de leurs compositions. Comme leur style se résume souvent à un patchwork sonore, il en génère des sources d’inspirations. Ainsi, Glowing in the Dark est celui qui a surement le plus bénéficié de retouche d’autres artistes (Hot Chip, Dance System et aussi eux-mêmes !). Il faut dire que le titre éponyme de l’album se repose sur des éléments simples et accrocheurs, comme un beat grave qui se scratch régulièrement sur un refrain beuglant.

Right to Wrongs est le titre « Beach Boys » des temps modernes. Un surf rock aux échos électroniques, rapide et vif qui nous rappelle aux premiers essais du groupe londoniens. Assurément, dans cette branche là ; le quartet est irrésistible. Sur la piste suivante, le groupe pousse le délire estival un peu loin, en nous proposant quelques pas de danses sambas sur du chant ibérique. Si les sonorités peuvent nous égayer, les paroles semblent plus sombres. Django Django joue sur cette ambivalence inquiétante, cherchant à atténuer des situations aux allures intimistes : « My ego’s shrinking, I’m sinking, I’m down on the floor ».

Cette excentricité des genres sur des pensées instables tend à nous perdre parfois sur leur conviction et peuvent se réduire à des essais superflus. The Ark pourrait ainsi servir de trou noir dans l’album.  Fort heureusement, il s’agira de quelques parenthèses qui attireront l’attention de quelques braves curieux. Glowing In The Dark contient une ossature convaincante qui permet de le classer comme l’une des meilleures réalisations du groupe.  Django Django parvient à fournir une pop dansante et finalement charmante, notamment dans le dernier quart de l’album. L’une des pistes les plus abouties pourrait être Hold Fast aux résonnances colorées de Hot Chip qui soufflent un vent de liberté venant raser la morosité.

Les parallèles sont criants mais prenants. Il est impossible aussi de faire l’impasse sur l’endiablé Kick the Devil Out qui se termine sur un gospel à la Primal Scream et le plaisant final Asking For More qui aurait pu s’incruster dans une compil’ de Metronomy. Dans cette folie de joie et d’alégresse, le groupe londonien a réussit à garder de la légèreté là il aurait pu gagner en lourdeur en laissant de côté quelques instants l’électronique pour des pistes acoustiques. Le plaisir auditif en devient plus solitaire. Notamment avec le folk The World Will Turn qui s’accompagne du violon de Raven Bush, le neveu de Kate Bush. Mais on retiendra forcément la collaboration de Charlotte Gainsbourg sur Waking Up pour un road-movie musical entrainant. C’est par ailleurs grâce à leur label en commun, Because, que ce duo a pu s’opérer ! Une bien belle idée !

Finalement, le groupe continue à vadrouiller vers tous les airs qui les enchantent et rien ne semble les en empêcher puisque ces quatre gars sont portés vers l’exploration de mélodies pop et psychés. Ce nouvel album se révèle très éclectique et enjoué avec des arrangements beaucoup plus épurés que sur les précédents. Assurément, leur force réside sur les pistes les plus dynamiques et enivrantes. Soyez parés, Django Django s’apprête à vous faire danser prochainement en live.

Coups de cœur de l’albums : Spirals, Kick the Devil Out, Glowing in the Dark, Hold Fast