Le monde est frappé depuis plus d’un an par l’épidémie de Covid 19. Un an que le monde culturel est dans une sorte de coma artificiel, réveillé par moment pour être presque aussitôt remis en sommeil. Alors que cela fait désormais plus de 100 jours que les lieux culturels sont fermés en France, La Face B s’associe à Dans Ton Concert pour proposer son nouveau projet : Not Dead. L’occasion de mettre en avant des artistes et des salles de la région Hauts-de-France afin de leur apporter soutien et visibilité. Pour ce 6ème épisode on découvre les photographies et les interviews de Weekend Affair et Esplanades au Grand Mix de Tourcoing.
Esplanades
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
Tim : Hello ! Esplanades est un trio art-pop qui croise les effluves du songwriting 80’s de Tears For Fears, The Police ou encore Kate Bush à une production plus moderne comme on peut la retrouver chez MGMT ou Gorillaz par exemple.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis un an, comment vivez vous cette situation ?
Tim : On apprend à ne plus la subir afin de l’apprivoiser. C’est dur, autant en tant que musicien qu’en temps qu’auditeur, de ne pas pouvoir vivre pleinement cette immersion organique dans du son.
Quel impact cela a eu sur votre projet ?
Tim : C’est assez particulier dans le cas d’Esplanades puisque Cucci, le batteur d’origine du projet m’a annoncé durant le premier confinement qu’il partait pour la suite bosser pour un super studio en Suisse puisqu’il est aussi ingé-son. Du coup, la situation actuelle n’a pas eu d’impact direct les premiers mois puisque j’ai relancé le groupe avec de nouveaux musiciens. Par contre, dès qu’on a été prêts à jouer un set, l’impact s’est fait sentir immédiatement, on était une nouvelle formation, et pour se sentir enfin un real fucking band, on crevait d’envie de faire un concert. C’est là aussi où le groupe prend vie. On a aussi la chance de continuer à être soutenu par Vailloline Productions et Make Me Sound Publishing, et à travers tout ça, ça fait une grosse différence.
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
Tim : C’est un concept qui ne peut que diviser. Si on essaie de voir les choses de façon équilibrée, on essaie de voir la société comme une société de services qui se complètent, et pas comme « ceux qui servent vraiment » et « ceux dont on peut se passer ». Tu vois, le fabricant de cafetières fait une cafetière qui fait le café que boit l’éboueur qui récupère la poubelle du médecin qui cherche un remède au covid, et celui-ci, exténué par tout ce bordel, va ensuite voir un concert, (même assis et masqué), et ça recharge et soulage l’âme.
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez vous ?
Jérémy : « Thousand » et « Michel cloup duo » au Grand Mix, c’était beau et ça faisait presque oublier les chaises, les masques et l’ambiance un peu trop sérieuse.
Tim : Il y en a eu 3, et les trois sont inscrits dans cette période intermédiaire entre les deux confinements. Le premier, au Centre Culturel de Lesquin d’Alex Melis, avec Sages Comme des Sauvages, qui prenaient leur date revanche. Ils étaient censés jouer là le premier jour du confinement et ils ont littéralement balancé avant qu’on leur disent « c’est mort, on confine ».
Le deuxième c’est le projet BLAM, organisé en partenariat avec Le Grand Mix et l’Asso Loud Her. C’était 10 musiciennes des Hauts-de-France (dont Accidente NDLR) en résidence de création quelques jours puis une restitution live. Non seulement les morceaux qui en sont sortis étaient excellents, mais ce qui s’est passé dans la salle ce soir là était vraiment unique, une putain de connexion entre elles, avec le public, et parmi le public aussi. Les âmes dansaient, à défaut des pieds.
Enfin, Piers Faccini au théâtre de l’Idéal à Tourcoing, qui nous a juste mis une claque de toute beauté.
Le point commun entre les trois : la beauté, la grâce, la vie. Ce qu’on recherche autant quand on absorbe un concert que quand on en joue un d’ailleurs.
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Tim : Aucune idée. On y a pas encore pensé. Dans l’absolu, chaque concert est un moment particulier. J’imagine que ce qui sera présent en tout cas, ça sera ce sentiment, autant sur scène que dans le public, que chacun se sent à sa place. On retrouvera du sens.
Avez vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Tim : Plein de souvenirs au Grand Mix qui se bousculent, une salle de concert, c’est autant ton histoire que la sienne. La première fois que j’ai vu Chris Garneau, seul, au piano. Shearwater, Woven Hand. Le son de Gojira. Un des meilleurs sons de concert metal que j’ai jamais entendu. L’accueil de dingue qu’on a eu avec Esplanades pour nos résidences, et avant avec mon projet en solo.
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter ?
Tim : On va pérenniser la nouvelle formation et peaufiner notre nouveau set, on bosse sur beaucoup de nouveaux titres et c’est assez dingue de se dire qu’on a été en mouvement et que notre direction s’affine mais que pour l’instant, personne n’en sait rien ! Vous pouvez nous souhaitez une belle éclosion telles des fleurs exotiques.
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. Avez-vous un message pour ce lieu ?
Tim : On vous aime ! Merci. Merci pour tout, tout le temps, pour Esplanades, pour le projet qu’on monte ensemble en partenariat avec la SACEM dans les écoles, pour la programmation au top et les putains de valeurs qui sont transversales à chaque membre de l’équipe. On arrive tous à la fin de notre pot de résilience et on gratte ce qui reste mais on a pas finis, courage. On sera là en sortant, on vous attends autant que vous nous attendez.
( Et merci à vous aussi La Face B pour votre mobilisation sur ce chouette projet et la parole accordée ! )
Weekend Affair
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
Weekend Affair, c’est Louis Aguilar à l’écriture des textes en Français et au micro et moi même, Cyril, à la composition en studio et à la batterie sur scène. On pourrait parler de chanson française moderne.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis un an, comment vivez-vous cette situation ? Quel impact cela a eu sur votre projet ?
Cyril : En tant que spectateur déjà, c’est déjà compliqué. Évidemment que la priorité doit être la santé du plus grand nombre. Mais plus d’une année sans voir un seul concert, c’est très difficile à vivre. On brûle des cierges et on invoque toutes sortes de divinités pour que ça revienne vite. Et en tant qu’artistes, on était sur le point de sortir notre nouvel album. Du coup, on attend patiemment. Ça va tout décaler d’une très grosse année.
Louis : le premier confinement nous a un peu pris de cours et on a été obligé de s’adapter très vite. Comme on était sous le choc de ce changement je pense que ça a permis de pas trop se prendre la tête au début. C’était comme des petites vacances finalement. Mais maintenant que ça fait un an qu’on est là dedans, ça commence a faire long. J’ai vraiment hâte qu’on puisse refaire des concerts et évidemment en revoir.
On parle souvent de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
Cyril : Si on s’en tient à la définition du mot essentiel c’est ce ‘qui est indispensable pour que quelque chose existe’. Alors oui, à part l’eau, l’oxygène et la nourriture et un foyer chauffé, tout le reste est non essentiel. Y a des gens qui ne vont jamais voir de concert et qui vivent très heureux. Moi non mais j’ai plutôt envie de me demander pourquoi aller acheter un tee-shirt est plus essentiel qu’aller à un concert. C’est l’échelle des choses essentielles dans ce contexte de crise sanitaire avec lequel je ne suis pas vraiment d’accord.
Louis : bien sûr que c’est essentiel, mais comme ceux qui décident de ce qui est essentiel ou pas n’ont pour la plupart jamais mis les pieds dans le monde réel c’est compliqué pour eux de se faire une idée.
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez-vous ?
Cyril : C’était le 18 janvier 2020, c’était une grosse soirée UK bass dans le centre de Lille. Des basses, des corps, de la sueur. C’était top.
Louis : j’ai eu la chance de pouvoir aller voir Norma à la Lune des Pirates à Amiens en octobre, la salle était en version covid évidemment et tout le monde était masqué etc, mais c’était quand même de la musique dans une salle. Et on me fait signe dans l’oreillette qu’aucun cluster n’est apparu dans les salles de concerts, théâtres ou cinés entre les 2 confinements. Ça mérite d’être martelé.
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Cyril : On va essayer de se rappeler comment ça marche, ça sera déjà pas mal. (En vrai, on bosse en résidence sur la création d’un nouveau spectacle qui doit accompagner la sortie du disque).
Louis : je pense qu’on aura la banane comme des enfants à Noël et qu’on fera une soirée du nouvel an ce soir-là. Peu importe quand ce sera.
Avez-vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Cyril : J’ai un grand souvenir d’un concert de The Rapture en 2011. Quelle tarte je m’étais pris ce jour-là.
(Je ne vous parlerai pas de la fois où je suis tombé dans les pommes lors d’un concert de K2R Riddim en 2004, impossible que je vous parle de cette gène ultime de se faire réveiller par des grandes claques d’un pompier.)
Louis : J’avais pris la claque du siècle le soir où j’avais vu Bon Iver, à l’époque du premier album c’était hallucinant.
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
Cyril : Un album prêt à sortir. Souhaitons nous à tous de pouvoir revivre la culture comme au bon vieux temps.
Louis : pareil, vivement qu’on puisse s’y remettre pour de bon.
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et sans perspective de réouverture rapide. Avez-vous un message pour ce lieu ?
Cyril : Gardons le moral, le temps fait son ouvrage, la vaccination aussi. Bientôt ça ne sera qu’un mauvais souvenir.
Louis : tout pareil.