La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, voici la première partie du soixante dix-neuvième rendez vous des clips de la semaine.
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Mathieu Des Longchamps – Là-bas
Vous vous souvenez sûrement de la première version du clip de Là-bas, de Mathieu des Longchamps ? Il s’agissait en fait de l’extrait d’un film qu’il a tourné à son retour à La Guaira, village panaméen dans lequel il a grandi.
Mais il faudra encore patienter avant de découvrir le film de l’épopée du chanteur québécois.
Dans ce nouveau clip, on suit l’histoire de deux jeunes enfants en quête de liberté. Vivre d’amour et d’eau fraîche serait leur crédo. Une aventure digne de deux jeunes amoureux livres à eux mêmes dans un monde pur et sauvage, c’est l’histoire qui accompagne ce très beau morceau de Mathieu des Longchamps.
Le chanteur a d’ailleurs réalisé ce clip lui-même, partant à la découverte de sublimes paysages avec deux jeunes acteurs, dont Théophile des Longchamps !
Bleu Toucan – Dans le mille
Des textes et des instru bariolées, des clips toujours plus déjantés, Bleu Toucan impose son style depuis quelques années maintenant.
Avec des sonorités toujours plus exotiques et des ondes toujours plus positives, le duo nous emmène cette fois du côté sombre de Toucanopolis.
Tout commence dans un quartier mal famé, un sous-sol sombre et quelques hommes à l’allure un poil revêche… De la drogue sur la table, d’un joli bleu toucan, quelques taffes et c’est parti pour un voyage encore plus délirant que ce que vous imaginiez.
Dans le mille, c’est un titre tout ce qu’il y a de plus guilleret, dans la joie, la bonne humeur et qui donne le smile. Un son idéal pour les beaux jours de printemps qui arrivent, qui parle d’amour et de sentiments naissants.
Des paroles misent en scène dans un clip qui casse totalement tous les codes existants, puisque c’est en reprenant tous les éléments de l’univers rap que Bleu Toucan illustre son nouveau morceau. Armes, drogues, rodéo sur les parkings et illégalité ambiante… Autant vous dire que le mélange est surprenant !
Inutile d’essayer de vous en dire plus, le mieux c’est clairement d’aller voir par vous-même ! En tous cas, nous, on aime, on adore, on recommande et on en redemande.
Les Louanges – Pigeons
Plutôt silencieux niveau sorties depuis l’EP Expansion Pack en 2019 (qui faisait suite à son excellent premier album La nuit est une panthère), le québécois Les Louanges effectue un gros retour en force cette semaine avec Pigeons.
Dans une sublime odyssée solitaire (réalisée par Soleil Denault) dans les recoins d’un hôtel façon maison-témoin abandonnée, Les Louanges fait le point.
Son introspection et ses résultats sont rudes, mais ils parviennent tout de même à être agréables (du moins pour nous à l’autre bout du fil) grâce à une mise en musique impeccable via ses talents et ceux de Félix Petit.
Ce nouveau bijou aux influences latines présage de bien belles choses pour la suite, et on les attend avec impatience de notre côté de l’Atlantique.
Chanceko – Bombastic (Freestyle)
La trilogie de freestyles commencée il y a peu par le parisien touche à sa fin avec ce dernier épisode nommé Bombastic.
Côté réalisation, on retrouve toujours lacuillère pour un visuel représentant bien le côté « home-made » des freestyles.
Le lieu n’a pas changé non plus, on retrouve la même maison que sur les précédents freestyles et qui devient un peu le liant entre les trois visuels. Si sur les deux premiers extraits, le rappeur avait laissé exploser son énergie à coup de gestuelles maîtrisées et de sourire immaculé, l’atmosphère est moins à la fête sur Bombastic.
Entre mélancolie et égo-trip, Chanceko parle un peu d’amour, un peu de sa carrière, le tout en reprenant la célèbre topline de Shaggy sur le morceau Boombastic histoire de quand même faire monter la température comme il sait si bien le faire.
L’heure de fermer les volets de la maison est arrivée, présageant peut-être l’arrivée soudaine d’un nouveau projet…
Leone – Pinocchio
Leone continue EP par EP à grimper tout en installant son univers aussi bien musical que visuel. Forcément liés, ils le sont principalement par une ambiance nocturne palpable. Et c’est à nouveau le cas dans Pinocchio son dernier visuel réalisé par Victor Laborde.
C’est naturellement que le rappeur va évoluer dans un clip se déroulant durant la nuit.
C’est en bas d’un bâtiment de sa cité qu’il commencera, derrière lui, des gens discutent mais c’est bien seul que le rappeur apparaît au premier plan, fixant la caméra d’un regard froid.
Effectivement, l’ambiance n’est pas à la fête dans ce morceau, mais plutôt à la réflexion. Lucide sur son choix de carrière et tout ce qu’il représente, le rappeur tente de peser le pour et le contre de tout ce qui lui arrive. C’est donc polarisé entre bien et mal qui va évoluer tout au long du clip. Les gars avec qui il traine doit-il s’en méfier ou sont-ils sincères ? Et cette fille qui lui tourne autour va t’elle lui briser le cœur ou le rendre heureux ? Autant de questions sans réponses qui ont été mise en image dans Pinocchio.
Squidji – Oxygène
A nouveau réalisé par Léo Joubert, ce nouveau clip de Squidji s’impose un peu comme une suite au précédent visuel, Insta.
Si c’est seul qu’il scrollait sur ce réseau social, l’histoire n’est visiblement pas prête de se terminer en solitaire. On retrouve à nouveau ce luxueux appartement dans lequel il n’est plus seul.
Les nuits à faire défiler son feed Instagram auront donc fini par payer. Grand romantique, c’est donc à cette nouvelle âme soeur que Squidji dévoile son amour dans Oxygène.
Entre intimité et chaleur, les deux protagonistes ont du mal à se quitter des yeux, rappelant la beauté des débuts de relations où le couple se découvre avec passion.
Une passion peut-être trop forte qui se transforme vite en dispute. L’occasion pour Squidji de sortir de cet appartement pour arrêter le temps dans les rues de sa ville pour faire le point. Cette suite de clip laisse entrevoir une direction artistique assez intéressante pour la suite…
Le Sid – Hypnotise
Ces précédents visuels avait laissé transparaître une certaine esthétique et ce n’est pas ce dernier clip réalisé par 8.125 Studio qui viendra affirmer le contraire.
Comme cela a déjà pu être le cas par le passé, on retrouve l’artiste en soirée, dans un appartement accompagné de ses amis. Pendant que ses derniers sont sagement installés dans les canapés, lui trône seul au milieu de la pièce, le regard charmé par celle qui se dresse devant lui et semble avoir mis le rappeur sous hypnose par son charisme.
A tel point, qu’il ne lui faudra pas longtemps pour s’en aller avec elle de la soirée. A eux deux, ils vont vivre leur meilleure vie, seul, comme si le monde (ou en tout cas les ruelles parisiennes) leur appartenait.
Une ballade rythmée par la voix envoûtante du rappeur qui se marie à merveille avec l’instrumentale de Mookice et qui se finira dans la plus pure intimité.
Jeanjass – Go JJ/Ovni
Un retour en solitaire qui a pour but de faire découvrir à la grande fanbase du duo belge Caballero & Jeanjass l’univers un peu plus intime de chacun des membres.
Si la plume de Jeanjass n’a jamais manqué d’être affûtée, il a l’art de la manipuler pour passer par le second degré pour transmettre un message. C’est cette carte là qu’il emploie sur Go JJ, première partie de ce double clip qui donne un rapide aperçu de l’ambiance qui balise Hat Trick, son projet sorti ce vendredi. Un double clip réalisé par Raia Maria Laura qui commence donc avec l’énergie et l’autodérision de Go JJ.
Jeanjass y prend la posture d’homme du show-business qu’il est devenu en passant du maquillage au paparazzi pour finir par prendre tout le monde à revers en n’arrivant non pas sur un plateau télé comme on aurait pu le penser mais sur un canapé accompagné de son fidèle DJ, Eskondo. Après ce court extrait, il switch sur une atmosphère plus planante avec Ovni.
Également plus réfléchi, c’est dans une cabine téléphonique qu’il trouvera repère pour se confesser au téléphone. Avec ce double clip, Jeanjass montre également l’étendue de sa plume qui le suit depuis déjà un petit temps maintenant.
Gurl – Friends
Rien n’est autant excitant que de voir un nouveau groupe décoller, sortir ses premiers riffs déchainés, teintés de la spontanéité de la jeunesse.
Esprit DIY, l’envie de dévorer tout sur leur passage et de vivre à fond le fantasme rock, Gurl sortira son premier EP Garden Party fin mai. Patchwork vintage de souvenirs d’été, le groupe met en scène ses potes, leurs premiers soutiens, leurs délires et leur insouciance.
En cette période, le clip résonne de
façon un peu touchante et nostalgique. Mais c’est avant tout une énorme ode à la liberté et l’envie de s’éclater ! Avec cette rafale d’énergie que l’on ne trouve que dans les groupes teenagers, ils viennent abreuver vos oreilles de surf punk et de guitares garages. Ultra positif, bourré de soleil et de pogos, c’est le genre de sons dont on se délecte comme une bière fraiche avec ses meilleurs potes.
FAIRE – La Gaule
Ça fait un peu plus d’un an qu’on ne s’est pas jetés dans des pogos survoltés, qu’on a pas renversé sa pinte sur le voisin dans un excès d’enthousiasme et cassé le dos de ses potes avec un slam.
Le groupe de punk psyché Faire, connu pour ses shows dantesques l’a parfaitement compris. Ils ont décidé de nous filer une gaule monstre parce qu’il faut se l’avouer, en ce moment les images de concerts nous excitent autant qu’un porno. Leur titre La Gaule est remixé pour l’occasion par Nick Launay (Nick Cave, Arcade Fire) pour balancer cette bombe de punk synth wave complétement barrée.
Entre l’égo trip et l’auto dérision monstre, le groupe balance ses images de concerts les plus furieuses, ses solos de pianos absurdes et ses filtres psychés.
C’est un son absolument acharné qui fait exploser le rythme cardiaque. Complètement délirant, ça va faire bouger les corps (et on précise pas comment).
Chubby and the Gang – Lightning Don’t Strike Twice
Ils ont échangé les doc martens pour des santiags. Le groupe de punk anglais Chubby and the Gang revient avec des riffs traqués dans l’Amérique profonde. Combos ultime entre le rock n’ roll et ses solos cinglants avec la rage des rebelles.
Profondément old school début 90’s, ils se retrouvent dans une caravane dans le désert blindés d’ordinateurs obsolètes.
Délire furieux, ils se mettent à tout saccager façon rock star en démonstration de force. Une bombe d’énergie à la croisée de genres, entre road trip décalé et le délire sauvage.
Lulu Van Trapp – Les Mots d’Amours
Ils sont définitivement barges ! En plus d’être des excellents musiciens, les membres de Lulu Van Trapp se révèlent d’excellents comédiens dans ce gipsy wedding totalement caricaturale mais tout en tendresse.
Le clip Les Mots d’Amours, réalisé par Clifto Cream, fait écho aux photographes de l’iconographie extravagante et à tendance fictionnelle telles Nadia Lee Cohen et Cindy Sherman.
Chaque personnage joué par la bande apporte son lot de dérision dans cette mise en scène burlesque où deux situations diamétralement opposées font face. D’un côté, Rebecca et Nico se jouent un couple en pleine déchirure, de l’autre côté, Max se marie avec sa belle Esmeralda, et entre les deux Manu, jeune voyeur du groupe, garde en souvenir cette histoire.
Au final, c’est par un chaos final que l’amour finit par triompher dans les champs de ruines de nos vies. Entre la mélancolie scintillante de Niagara et le punch psyché des synthés à la sauce Suicide ou encore de La Femme, le groupe nous délivre un bijou pop dont lui seul a le secret.
Les Mots d’Amour est le troisième et dernier clip de leur premier album I’m Not Here To Save The World qui sortira le 23 avril prochain.
Dye Crap – Daily Routine
Le jeune groupe Rouennais dévoile son troisième et dernier clip avant la sortie de son premier album Dye Crap qui sortira le 30 avril prochain chez Le Cèpe Records, Kids are Lo-fi Records et Time Room Record.
Réalisé, filmé et monté par le groupe lui-même, la vidéo nous plonge dans un décor ninety où un homme, au visage maquillés de paillettes aux couleurs sombres, observe avec d’un air blasé le cierge magique qui orne sa tartelette aux framboises. Sa folie routinière l’emmène à se glisser dans une mare et à commettre l’irréparable pour son bien.
La réalisation est aussi délirante et irrévérencieuse que les promesses de leur futur LP assurément envoutés de guitares vaporeuses et d’énergie power-pop.
Tirzah – Send Me
Tirzah revient cette semaine avec Send Me, son premier titre depuis Devotion, son premier album aussi touchant qu’énigmatique sorti en 2018. La musicienne expérimentale anglaise s’est entourée de ses collaborateurs de longue date, Mica Levi et Coby Sey et pour nous offrir un titre cru et à fleur de peau.
Le morceau à la batterie lente et pénétrante tel un cœur qui bat, au riff de guitare répétitif et à la voix éthérée, évoque la guérison et la gratitude. Pour la vidéo – qui est accompagnée des mots : « as i hold, i’m held as you heal, i heal » (« pendant que je tiens, je suis tenu.e pendant que tu guéris, je guéris » – Tirzah a fait appel à ãssia, une « movement artist »/ praticienne somatique et directrice de mouvement pour coordonner ceux-ci.
On y voit cette dernière exécuter des mouvements lents, intimes et guérisseurs sur la musicienne allongée à terre pendant que les trains passent derrière sans qu’on ne les entende ou les ressente. Send Me est un titre intime et épuré aux aspérités délicates et aux notes réparatrices et on ne se lasse pas de l’écouter.
Adrian Crowley – Bread and Wine
Adrian Crowley sort cette semaine Bread and Wine, un titre folk sombre sous forme d’ode aux outcasts.
L’histoire d’un personnage au passé en dents de scie, se retrouvant dans une petite ville côtière avant de décider où aller ensuite. L’air marin souffle dans les violons lancinants aux sonorités irlandaises, la guitare est douce et les harmonies vocales de Katell Keineg, qui l’accompagne sur ce morceau, donnent un air éthéré à celui-ci. Le musicien irlandais aime raconter des histoires et cette chanson, écrit-il, « C’est une sorte de scénario de film en quatre vers ».
Et c’est lui-même qui a mis ce « scénario » en images. À partir de dessins montés et filmés sur la table de sa cuisine : un personnage qui lui ressemble à l’intérieur et de nombreuses bêtes et personnes qui viennent le regarder par la fenêtre, « tels les fantômes du passé de quelqu’un ». Une chanson envoûtante et habitée.
Bread and Wine est le second single de The Watchful Eye of The Stars, le 9ème album en studio d’Adrian Crowley, qui sortira le 30 avril.