Avec Vivo En Panama, Mathieu des Longchamps livre un album qui fait beaucoup de bien au cœur. Une musique solaire qui navigue entre français et espagnol, porté par une douce mélancolie. On a rencontré l’artiste à l’occasion de la sortie de ce premier album. L’occasion de parler de musique, d’amour, de voyage et de transmission.
La Face B : Bonjour Mathieu, chez La Face B, on commence toujours par une question importante : comment ça va ?
Mathieu des Longchamps : C’est une bonne question (rires). Comment ça va ? Ça va pas mal. Il y a des sentiments contraires, il y a le covid, pas mal de choses comme ça et de de l’autre côté ma promo qui commence pour l’album donc pour moi c’est une excitation, une joie, c’est quelque chose que j’attends depuis longtemps. Donc ça va quand même,il y a ça qui me fait du bien.
LFB : Pour moi ton album est essentiellement nourri par le mouvement et le voyage, comment tu avais vécu cette année où on a tous eu la sensation de faire du sur place ?
Mathieu des Longchamps : Tu sais, en parallèle de l’album, j’ai fait un documentaire qui me ramène au village de mon enfance et je suis rentré de cette aventure au moment où commençait le covid. Je suis arrivé tout le monde m’a dit il y a un virus etc … je n’étais pas au courant. Et finalement comme j’ai fait ce voyage avant, je me suis rechargé on va dire d’aventures, de voyagse et après j’ai pas mal travaillé sur le montage, la voix off du documentaire, ensuite j’ai réalisé un clip dans la nature en Espagne, j’ai réussi un peu à m’échapper du confinement etc… Disons que la création m’a aidé un peu à ne pas trop souffrir du confinement.
LFB : Depuis le début, tu affiches un rapport très important à la nature. Est-ce que cet album est un moyen pour toi d’aller chercher tes racines, à la fois celles qui t’ancrent et celles qui viennent de toi ?
Mathieu des Longchamps: Bien sûr. On est fait de nos racines et on s’en rend compte en grandissant. Moi j’ai réalisé que plus j’étais loin du Panama, géographiquement dans ma vie, plus parfois dans des moments difficiles, le panama, l’enfance et la nature m’étaient revenu très fort. Comme un paradoxe, en réalisant qu’on était fait de ça au moment où on en était le plus éloigné.
On revient à ce qu’on est profondément et effectivement il y a un fil tendu entre les origines, la nostalgie profonde de l’enfance, l’enfance un peu idyllique que j’ai eu au Panama, et à l’autre bout l’envie de continuer sur cette lancée.
Il y a à la fois une nostalgie du passé et l’espoir de retourner un peu à cette vie là parce que j’ai au fond de moi ce rêve un peu de tout lâcher, de retourner vivre dans une cabane de pêches et de fruits comme on fait mes parents et comme j’ai fait tout petit.
LFB : Si je te parlais de celles qui poussent c’est que je trouve sur certains morceaux, il y a un vrai rapport à la transmission. Pas uniquement revenir en arrière mais aussi se rapprocher à travers des chansons sur ton fils, lui ramener ses racines à lui aussi et lui ouvrir le chemin sur quelque chose
Mathieu des Longchamps : Oui, tu as raison. Je pense qu’il y aussi cette envie de transmettre ce que moi aussi j’ai vécu même si je suis dans une frustration parce que je ne vis plus comme à cette époque et je me rends compte que mon fils à 7 ans est passé à côté, en tout cas cette enfance que j’ai eu moi.
Et effectivement il y a cette envie de transmettre, d’essayer de transmettre en tout cas cette idée que le plus important n’est pas dans ce que nous fait miroiter le monde consumériste occidental et les grandes villes mais que tu peux trouver l’essentiel dans la nature, dans peu de chose en fait.
C’est aussi une tentative de transmettre ça, encore une fois de passer les origines au futur.
LFB : Vivo en panama n’est pas à proprement parler un album mélancolique. Si tu regardes le passé, c’est pour mieux envisager le futur
Mathieu des Longchamps: C’est drôle que tu me dises ça parce que peut-être que parfois je ne m’en rends pas assez compte moi même. Parfois quand on écrit des chansons c’est presque notre inconscient qui parle, on ne réalise pas toujours ce qu’on écrit sur le coup.
On le voit parce qu’on travaille les textes mais il y a certains textes qui viennent très naturellement au départ. Le fond vient du cœur et effectivement il y a toujours presque un devoir, un effort parfois de regarder devant.
Moi j’ai souvent ce sentiment là, parfois j’aurais envie de me morfondre dans la nostalgie et le passé et je m’en empêche un peu, je me fais même un peu violence de regarder devant parce que en fait c’est trop facile de n’être que nostalgique. Même si j’écris seul avec mon crayon et ma guitare, au final une chanson doit créer un lien, quelqu’un va l’écouter derrière. Ca paraît bête mais c’est un peu mon devoir d’artiste à la fin de regarder devant pour que la personne qui écoute en fasse de même et pour transmettre une note d’espoir. Pour ne pas finir une chanson toujours sur un constat triste et basta. Je me dis que ce n’est pas possible
LFB : Ce côté solaire et chaleureux, on le ressent vraiment à l’écoute, c’est donc voulu d’envisager ta musique pour l’auditeur ?
Mathieu des Longchamps: Comme dit précédemment, faire sourire ceux qui écoutent et leur donner de l’espoir, ça dirige ma chanson à un moment donné, ça me rappelle que je ne peux pas finir sur une note négative.
En revanche, quand j’écris les chansons, la première impulsion c’est quand même quelque chose de très personnel dans le vécu, qui vient du cœur. C’est un peu ce qui arrive aux auteurs-compositeurs en tout cas moi c’est comme ça que je fais mes chansons mais je pense c’est propre à l’auteur-compositeur, mettre un peu sa vie en scène.
C’est très personnel et finalement une chanson d’espoir ou de joie va venir car il y a eu un moment d’espoir ou de joie et inversement. Donc finalement on est un peu soumis aux évènements de notre vie et on essaye de les transcender. Mais, voilà pour répondre plus concrètement, je n’ai jamais fait de chansons en me disant je vais faire une chanson pour donner de l’espoir aux gens et pour les faire kiffer, ce n’est pas le processus. Le processus c’est plutôt de libérer ce qu’il y a en moi, de libérer une émotion, une sensation et à partir de là donner l’espoir aux gens.
LFB : Il y a un côté très visuel dans les mots et les expressions que tu emploies. A certains moments on peut presque voir le fil que tu es en train de dérouler à travers ce que tu racontes Est ce que tu envisages tes chansons comme des courts métrages, des petites histoires ?
Matthieu des Longchamps : Encore une fois c’est drôle parce que tu n’es pas la première personne à me le dire et je ne m’en rendais pas compte au début. C’est vrai que beaucoup de chansons que j’ai écrite,je vois les scènes que j’ai vécues, parfois elles sont même comment dire …idéalisées avec le temps.
Je fonctionne beaucoup en termes de vision, de souvenirs visuels et du coup j’essaye de décrire ça, que l’auditeur soit tout de suite dans un décor et qu’il voit où que j’étais au moment où j’ai vécu ça.
Encore une fois ce n’est pas prédimité, je pose un décor de manière naturelle et puis ça fait peut-être le lien… c’est assez beau parce que la vie, quand on se laisse porter comme ça en confiance, nous amène peut-être là où on devait aller.
Et ça va avec le documentaire qui est vraiment quelque chose de nouveau pour moi.J’ai réalisé pratiquement tous mes clips jusque ici mais bon un clip c’est trois minutes d’images pures donc finalement c’est la première fois que je réalise quelque chose d’un peu plus long, d’un peu plus sérieux, avec une voix off, qui raconte une histoire. Et finalement je réalise que j’avais vraiment ça en moi depuis longtemps.
J’avais besoin de passer par l’image aussi donc l’image a toujours été importante pour moi, j’ai toujours rêvé un peu de cinéma. Même si je préfère me concentrer sur un domaine, à savoir la musique,on y vient finalement assez naturellement.
Et ça fait sens car effectivement car j’ai toujours eu des images dans ma vie et je réussis à faire ce documentaire et j’espère qu’il y en aura d’autres. Dans mes chansons il y a des images aussi parce que je fonctionne beaucoup par paysages, par décors… Et puis le panama ce n’est que le souvenir de paysages sublimes, de couchers de soleil, de rayons de soleil qui traversent les palmes. Que des visions comme ça que j’ai et c’est ça que je raconte effectivement
C : Concernant le documentaire. Est ce que tu as envisagé l’album et le film comme des “brins d’ADN” ? Ils se touchent à certains moments mais ils ont leur vie propre.
Mathieu des Longchamps :En fait le documentaire est venu quand l’album était presque terminé. Il s’est presque fait par lui-même petit à petit, c’est ça qui est drôle. J’ai eu l’idée qui est devenue de plus en plus précise et de plus en plus concrète mais au tout départ c’était juste l’idée de dire j’aimerais tellement retourner à La Guaira, le village de mon enfance.
Mais de le faire par une expédition parce que j’adore l’aventure. C’est un peu mon rêve perdu d’être explorateur et ça faisait des années que je voulais traverser la jungle et je me disais ça serait beau de retourner à La Guaira, en faisant cette expédition. Et puis je me suis dit que je pourrais chanter mes chansons sur la route et comme ça créer ce fil conducteur entre l’album et le réel, raconter mon histoire.
Les choses se sont faites petit à petit et en montant les images je me suis dit qu’il faudrait que j’aille plus loin et que je raconte mon enfance. Je n’avais pas prévu de faire cette voix off et finalement c’est qui raconte, qui donne un peu une double dimension parce qu’on voyage dans le présent mais on est un peu dans le passé avec ce que j’ai vécu.
LFB : Quand on regarde le documentaire,’on voit que tu avais bien préparé la chose mais finalement c’est un peu comme la vie, tu t’es mangé plein d’imprévu tout au long de l’histoire ce qui fait la beauté du truc
Matthieu des Longchamps : Oui oui, c’est exactement ça. Je pensais avoir bien préparé le truc, je pensais que tout était un peu cadré puis je suis arrivé et comme d’hab j’ai envie de dire tout se casse la gueule le jour où j’arrive.
Tout ce que j’avais prévu, où j’avais passé des plombs depuis Paris à faire un itinéraire à prévoir etc… tout tombe à l’eau et j’ai souvent tendance à croire que dans ces moments-là tu peux faire quelque chose de beau, d’encore plus authentique, tu peux trouver la magie d’un moment inattendue.
Un peu comme sur scène, parfois sur scène il peut arriver des galères techniques et là l’artiste se met en guitare voix à faire une chanson en acoustique et ça crée un moment de magie parce que on est dans l’authenticité pure, dans un moment qui n’est pas prévu.
Et c’est ça qui est arrivé un peu avec ce voyage, j’ai un grand itinéraire prévu, tout est tombé à l’eau quand je suis arrivé et j’ai dû improviser et de cette improvisation est sorti ce film qui je pense a au moins la valeur d’être vraiment sincère. Tout est sincère dans ce film (rires)
LFB : Au final quand tu arrives sur ta destination, ton « terminus » est-ce que la réalité était à la hauteur de tes souvenirs d’enfance ?
Mathieu des Longchamps: C’est une très bonne question. En fait à la fin je voulais presque en dire plus sur la voix off mais il n’y avait plus de place, j’ai vraiment exploité toutes les images. J’avais écrit un truc plus long, je mettais un peu, je posais ce contact un peu du comment dire…du réel. Entre l’image de ce qu’on fait , idéalisé, édulcorée des souvenirs d’enfance et du réel, du temps qui passe où toutchange quoi.
Et effectivement, je disais quelque chose comme quoi tout a changé et que tout était mieux avant, mais vous le savez déjà. Jepense que c’est ça; on sait finalement que c’était toujours mieux avant parce que ce qui est avant est encore une fois idéalisé dans notre tête donc de toute façon c’était forcément mieux avant et concrètement les choses ont changé. La plage a beaucoup reculé, il y avait des plages magnifiques et la mer a bouffé des plages et puis le béton. Il y avait des maisons en béton qui se sont faites, les touristes qui sont arrivés, la route … et ça a véritablement changé La Guaira.
LFB : Dernière question sur le documentaire. Il y a une scène en écran noir et je me demandais si vous n’avait pas eu peur de tout perdre ?
Mathieu des Longchamps : Bien sûr. C’était la grande angoisse parce que je me disais tu fais tout tomber à l’eau ou tu perds tout et le voyage foutu. On m’a fait confiance, on a cru en moi, ma manageuse m’a permis en grande partie de partir puisqu’elle est à moitié productrice de ce voyage.
Il y a des gens qui me faisaient confiance, ça met encore plus de pression, on n’a pas le droit à l‘erreur et et moi j ‘ai souvent des galères techniques; c’est un grand classique chez moi et je me disais surtout c’est le truc à éviter à tout prix.
Et il y avait un peu cette angoisse effectivement de tout perdre et heureusement ça n’est pas arrivé grâce à dieu je suis arrivé avec tout.
Mais pour l’anecdote, le pote qui est venu avec moi, il est venu au dernier moment, encore une fois c’était un truc un peu improvisé. Et Pierre avait ramené un 5D, tu vois ces appareils top parce qu’il voulait faire des belles photos pendant le voyage et il a glissé sur un rocher dans la jungle, dans une rivière et il a foutu le 5D en l’air donc on a la moitié du voyage en belle photos et après tout est à l’Iphone.
Mais voilà, le seul truc qu’on a perdu c’est le 5D et mon zoom qui m’a lâché dès le troisième jour, heureusement on en avait de secours, il y a eu des galères mais on est revenu avec l’essentiel et ça Je remercie le ciel.
LFB : Je vais revenir sur l’album. On parlait de passé, présent tout ça mais il y a une chanson qui est exception : Les Anges. Je trouve que c’est une chanson où là justement la mélancolie ressort le plus et j’aimerai bien que tu me parles de cette chanson
Mathieu des Longchamps : c’est vrai que c’est une chanson un peu.à part déjà parce qu’elle est dans cette tradition je dirai de chanson française. Même si elle sonne plus folk, il y a vraiment un texte qui raconte une histoire du début à la fin en détail et c’est la seule chanson qui est comme ça de l’album.
Puis elle parle concrètement d’une rupture donc forcément la rupture c’est toujours triste. Enfin, elle parle plutôt de la déception de l’espérance déçue de croire pouvoir remettre le couvert.(rires)
Je ne sais pas si c’est la bonne expression mais essayer de se rabibocher quand le typique dîner des exs qui se sont séparés et qui décident de se revoir un peu le coeur en paix, on va se voir ça va être sympa et en fait il y en a un des deux qui n’a pas fait ce cheminement de guérison de la relation qui et va avec d’autres espérances.
Puis il arrive puis il tombe complètement des nues qu’en fait non de l’autre côté c’est réglé et c’est cette déception, cette souffrance. C’est de ça que parle la chanson très concrètement et c’est vrai qu’elle est un peu à part car c’est la fin d’une histoire d’amour assez concrète avec un texte détaillé, très détaillé vraiment un début une fin et une conclusion. Voilà. C’est que je peux te dire sur ce titre.
LFB: Pour moi il y a cette espèce de trinité des éléments dans cet album car ça tourne autour de l’amour, voyage et transmissions. Une espèce de triangle.
Mathieu des Longchamps: D’est vrai. L’amour forcément, c’est un grand classique, qui n ‘a pas écrit une chanson d’amour ? Je dirai même que c’est celui qui inspire le plus et le plus rapidement. Et j’ai même fini par penser que si tu fais que des chansons d’amour, c’est que c’est celles qui te viennent le plus naturellement alors que d’autres demande de se poser, avec un vrai travail d’introspection .
Donc il y a effectivement l’amour qui est présent mais c’est universel; si tout le monde écrivait des chansons tout le monde écrirait des chansons d’amour, ça c’est sur. Avec toujours en toile de fond quand même le regret, l’amour jamais accompli comme il faudrait comme la chanson mon étrangère où je parle de cette relation où finalement j’ai l’impression d’être avec une étrangère. De fait c’était une étrangère mais c’était une étrangère humainement aussi.
Le voyage parce que ma vie c’est beaucoup de voyage, c’est mes deux grandes nostalgies je dirai, c’est l’amour déchue et les voyages, l’envie d’épopée, jamais rassasié.
Et puis effectivement il ya une troisième dimension je dirai une dimension pas si profonde mais un peu plus obscure, peut être pus tragique qui est celle de la paternité, quelque chose qui est plus de l’ordre de la vie adulte, des devoirs et du réel qui nous empêchent de partir la guitare dans le dos et de ne pas savoir quand tu reviendras et qui aussi réduit beaucoup ces historie d’amour un peu comme ça tout à fait romantique et éthéré correspondant à un certain âge …Puis on grandit on a un enfant et on construit sa vie adulte avec le sacrifice qu’elle comprend, les devoirs et parfois les moments un peu tragique de sa vie parce qu’on est beaucoup à avoir des tragédies intimes.
Il y a cette triple dimension : voyage, amour jeune, idéalisé et déçu et vie adulte devoir et l’amour filiale qui est tellement fort tellement important, l’amour de ses enfants.
LFB : Cette troisième partie ancre le tout dans le réel, c’est un peu ce qui te pousse à parler dans quelque chose d’ onirique, métaphysique et vaporeux. Finalement tes pieds sont bien ancrés dans le maintenant.
Mathieu des Longchamps: ouais ouais c’est ça. Encore une fois c’est l’aspect plus adulte et en même temps avec toujours un équilibre à trouver là dedans. Même quand je parle du réel j’essaye de le faire poétiquement et de façon pas trop trop précise et trop claire parce que je considère que dans une chanson, il faut arriver à que les gens puissent s’identifier.
On kiffe une chanson quand on l’écoute et qu’on découvre une histoire mais ça peut être un peu notre histoire. Donc quand tu racontes ton histoire de manière trop précise et trop personnelle,je pense que tu touches moins les gens et tu les perds un peu.
Le rôle de l’artiste c’est d’élever, de faire rêver, de nous sortir du réel et du quotidien donc parler du réel mais il faut laisser des ouvertures et des possibilités vers l’imaginaire sinon c’est du réel pour du réel et c’est ce qu’on vit tous les jours et on n’a pas besoin d’écouter des chansons pour ça. (rires)
LFB : Tu chantes en français et espagnol sur l’album. Je me demandais si ces moyens d’expressions pouvait t’influencer dans ta manière de chanter ?
Mathieu des Longchamps : Tout à fait.. Déjà mes chansons en espagnol je les ai presque tout écrite au soleil soit en Espagne soit au Panama. Elles naissaient toujours dans des inspirations qui venaient de moment en été en Espagne donc forcément ces chansons ont un autre univers, parfois plus léger, plus solaire excepté Vivo En Panama, la dernière chanson de l’album, qui elle est une chanson en espagnol nostalgique parce qu’elle parle dans le détail des souvenirs d’enfance de joie de vivre au Panama donc c’est peut-être la seule chanson en espagnol nostalgique dans l’album mais le reste des chansons sont plus gaies et ensoleillées.
Et à côté ça le français qui est une autre facette effectivement de ma personnalité qui est de la vie en occident, en France à Paris; l’hiver parisien, les lampadaire le froid et encore une fois cette vie réelle avec l’idée de ce qu’on parlait tout à l’heure les devoirs, les contraintes et c’est en français que j’exprime ça. Ces deux langues correspondent à deux facettes de ma personne et à deux réalités de ma vie. Puis pour finir les langues tu ne peux pas les chanter de la même façon
LFB : Il y a quelque chose de plus prononcé avec le chant espagnol peut-être.
Mathieu des Longchamps : C’est une chance de pouvoir chanter en espagnol parce que ça me permet de libérer des choses que je ne pouvais pas chanter en français.
C’est un des problèmes, les langues sont leur limite car elles sont ancrées dans leur culture et tu ne peux pas chanter de la soul, tu ne peux pas faire de la salsa en français… enfin tu peux mais ça sonne vite moins bien.
Donc il y a un équilibre en français il y a des choses en espagnol que je ne peux pas chanter en français, musicalement ça ne serait pas beau et pas crédible et inversement ce que je chante en français est compliqué à chanter en espagnol. Donc pour moi c’est une chance de pouvoir chanter en espagnol parce que ça me permet d’exprimer des choses différemment.
LFB : On est dans une époque où on cherche absolument à nous diviser et à pointer nos différences. Il n’y a pas quelque chose d’important à faire une musique qui pousse à l’unité ?
Mathieu des Longchamps : C’est une bonne question. Pour moi il y a des paradoxes là dedansc’est une question complexe. Moi de fait par mon vécu, de part le panama, le fait que je vive à moitié entre Italie l’Espagne et tout ça.. Mon vécu m’a porté à rencontrer des gens et finalement être ouvert à plusieurs cultures. Et en même temps je réalise que chaque culture est tellement riche et surtout est tellement personnelle, je réalise en même temps qu’ il faut respecter les cultures telles qu’elles sont, respecter leur limites aussi.
C’est un paradoxe car j’ai réalisé qu’on a tendance à dire que tout ce mélange et c’est super cool, il y a juste les fermés d’esprit qui sont contre le mélange, même le mot du métissage. Mais quand tu as un peu expérimenté des cultures différentes c’est justement parce qu’on est différent et c’est ça qui est beau. On ne peut pas non plus prendre un shaker et faire comme ça un cocktail à la fin car ça ne serait pas bon. C’est toutes nos différence qui nous font riche et qui créent la difficulté parfois à se comprendre.
C’est toute la difficulté du monde moderne où tous les gens se mélangent pour des raisons géopolitique et ça a sa richesse notamment pour la musique.. Et en même temps c’est au prix de beaucoup de souffrance. Donc je n’ai pas de réponses définitive la dessus. En tout cas j’espère que ma musique voue à l’ouverture et en même temps à la réflexion profonde ce que sont nos culture et ne pas se juger si les gens ne sont pas comme on voudrait qu’il soit
LFB : Qu’est ce qu’on peut te souhaiter avec la sortie de cet album ?
Mathieu des Longchamps : J’espère que ma musique touchera les gens, qu’elle les rendra un peu heureux, qu’elle puisse au moins les accompagner comme moi des albums m’ont accompagné à une période ma vie et que ça puisse me donner l’opportunité de faire une deuxième album, de repartir en voyage et refaire un autre documentaire, de refaire une expédition comme je la voulais au départ un au fond dans la jungle et de la filmer avec plus de moyen. Et faire beaucoup de scènes évidemment. J’espère que cet album est un tremplin pour la suite, pour continuer à faire des chansons et m’exprimer.
LFB : Est ce que tu as des coups de coeur récents à partager avec nous ?
Mathieu des Longchamps : Ces derniers jours j’ai écouté Arlo Parks , j’écoute ça avec mon skate quand je me balade dans Paris. Récemment j’ai relu un bouquin qui s’appelle la piel fria d’Albert Sánchez Piñol. Je crois que ça été traduit en français la peau froide qui est un bouquin qui parle d’un gardien de phare qui devient fou et est assailli par des créatures. J’ai kiffé ce livre car je l’ai lu à l’époque en Espagne et en hiver il y avait la montagne qui était une ambiance très austère comme en Bretagne. C’est un livre kiffant, si tu peux le lire dans milieu austère encore mieux.
Crédit photos : Inès Ziouane