ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. De retour avec leur nouvel album Ashamed, Mad Foxes passent sur la face B pour nous raconter leur ADN musical.
Green Day – When I Come Around (Lucas)
Mad Foxes : Green Day a été ma porte d’entrée vers le vaste monde du rock. Ma marraine m’offre en 2005 le live « Bullet in a Bible ».
Et la je deviens complètement fou de ce groupe, de son leader charismatique et de la messe fédératrice de ce double concert à Milton Keynes.
En réalité j’ai fait le gars consensuel en choisissant un morceau de Dookie – album que j’adore – mais mon vrai crush c’était American Idiot. Subir les railleries de mes potes à l’époque m’a jamais empêché d’affirmer haut et fort : « J’aime Green Day ».
Red Hot Chili Peppers – Apache Rose Peacock (Arnaud)
Mad Foxes : Quand j’ai commencé à jouer de la basse, on m’avait dit que les red hot c’était une tuerie. Alors j’ai commencé à apprendre leurs morceaux faciles et j’ai compris le génie de leur bassiste Flea.
Chaque ligne de basse de chaque morceau est unique et n’utilise pas le même procédé que sur un son précédent. Quelle aubaine pour apprendre l’instrument !
Et j’ai aussi découvert que derrière leurs morceaux connus se cachent des anciens albums aux couleurs si différentes !
En témoigne Apache Rose Peacock, issu de leur album Blood Sugar Sex Magik. True Story, un jour j’ai passé 11 heures d’affilé à jouer leur discographie complète, si ça c’est pas un vrai fan..!
Steve Waring – Le Matou Revient (Elie)
Mad Foxes :
Impossible de faire état de son ADN musicale sans remonter au plus loin.
C’est pourquoi je choisis de commencer par le premier souvenir, la première empreinte, la première photo auditive. Dans mon cas c’est Steve Waring. Encore aujourd’hui quand je l’écoute j’arrive à ressentir l’ambivalence des sentiments du mini-moi, assis dans mon rehausseur pas confortable, à l’arrière de la voiture de ma maman.
Steve Waring c’est un américain qui chante en français, à deux doigts de slamer, qui parle avec une clarté qui rend les mots crus. J’ai choisi de parler du titre “Le Matou revient” sorti en 1987 mais il y avait aussi “Les Grenouilles”.
Dans ces titres il y a: une instru qui ne prend pas de place mais qui est indispensable, composée de guitare uniquement, une ambiance construite d’onomatopées et de bruits de percus, et Mr Waring le conteur. Si j’ai parlé d’ambivalence, c’est parce que j’ai jamais su si j’aimais totalement que ma maman mette la cassette de Steve Waring, même si je le lui demandais. Je me souviens m’être senti un peu effrayé par sa voix qui raconte qu’on étripe un chat. Mais cette peur enfantine n’a jamais pris le dessus sur l’état de fascination dans lequel il me mettait.
C’est une prouesse pour un parolier, je trouve, que d’arriver à tenir en haleine un enfant pendant toute une chanson et même plusieurs. J’ai choisi de parler de cet artiste car je me laisse imaginer qu’il a éveillé largement mes sens auditifs et m’a préparé à écouter de la musique mais aussi ce que conte et raconte un chanteur. Il m’a probablement ouvert à l’idée de m’intéresser fort à des artistes tels que Alain Bashung, Thomas Fersen, ou Nino Ferrer qui manient ou ont manié les mots avec tant d’adresse.
The Beatles – Oh! Darling (Lucas)
Mad Foxes : J’aime les Beatles. Pire que ça, c’est une obsession. Ils ont façonné mon approche de l’écriture et de la musique. Ils représentent la création dans tout ce qu’elle a de beau, simple, spontané & en même temps extrêmement recherchée et intelligente.
Je conseille d’ailleurs très fort la lecture du livre de leur ingénieur du son Geoff Emerick qui s’appelle « En Studio avec les Beatles ». Masterclass ! J’ai choisi Oh! Darling car après avoir retourné 100 fois la question dans ma tête, Abbey Road est clairement mon album favori et ce morceau a la particularité d’être écrit pour une voix à la Lennon mais par McCartney. C’est le doux mélange de ces deux monstres.
Shame – Nigel Hitter (Arnaud)
Mad Foxes : Pour être honnête, ce sont les gars de Mad Foxes qui m’ont fait découvrir Shame l’année dernière. J’ai pris une claque incroyable ! Ils s’inscrivent dans le mouvement actuel du post punk britannique d’Idles et de Fontaines DC, et ont été pour Ashamed une grosse référence. Nigel Hitter est un parfait exemple de ce qu’ils savent faire, un gros tube aux sonorités hyper catchy !
Patti Smith – Gloria (Elie)
Mad Foxes : La suite de l’histoire, je la tiens toujours de mes parents. J’ai eu la chance d’avoir une enfance où il y a tout le temps de la musique à la maison. Beaucoup de blues, une énorme dose de Norah Jones et beaucoup de classiques à base de Beatles, Nirvana à fond, et tutti quanti. J’ai l’impression qu’on prend conscience de ses propres goûts musicaux et de son ADN musicale quand on commence à changer d’avis, qu’on retourne sa veste et que finalement on s’aperçoit qu’on est en train de connaître par cœur les structures, les enchaînements d’un album, les paroles, d’un artiste qu’on ne comprenait pas. Ça a probablement été mon cas avec Patti Smith. L’album “Horses” sorti en 1975 a tourné un nombre de fois incalculable dans le salon familial, et si je choisis le titre Gloria c’est principalement pour le doux souvenir de mon incapacité totale à prononcer “G-L-O-R-I-A” sans avoir l’air de faire un AVC.
J’ai écouté un beau jour, vers mes 12 ou 13 ans, l’ensemble de l’album en essayant de sortir de ma tête tout ce que j’y avais associé jusqu’alors. Et j’ai pris conscience de la frénésie quasi incontrôlée de Patti Smith, cette espèce d’urgence de délivrer son énergie. J’ai trouvé fascinant la versatilité à l’intérieur de certains morceaux, qu’elle entame avec une voix presque blasée, continue avec une euphorie contenue, et termine avec une joie libérée. Je me souviens m’être dit qu’elle était punk mais que ça ressemblait pas à du punk. Je pense avoir eu à ce moment là mes premières approches de “l’intention”, ce que je considère comme l’âme d’un morceau et qui ne répond pas à la simple « exécution » d’un morceau.
All Them Witches – Talisman (Lucas)
Mad Foxes : Le groupe qu’on adule tous les trois dans Mad Foxes. Ils ont une discographie impeccable et implacable : que des albums incroyables, avec chacun sa spécificité. All Them Witches c’est la classe poussiéreuse des plaines américaines avec un sens inné du son et de l’écriture. Le morceau Talisman est issu de l’album « Dying Surfer Meets his Maker » – un concept album incroyable – et probablement une des plus belles chansons que j’ai jamais écouté.
Black Country, New Road – Athens, France (Arnaud)
Mad Foxes : Encore une découverte récente pour moi. J’ai écouté énormément de post rock, de prog, d’expé et j’adore les groupes actuels qui prennent leur essence dans ces styles et apportent leur patte perso.
J’aurais pu mettre un titre de Black Midi, ou de Godspeed you ! Black Emperor, mais j’ai choisi un morceau de Black Country, New Road. Je trouve qu’il ont un talent incroyable. Ils créent une atmosphère si singulière, avec la présence des cuivres, cet espèce de spoken word.. Bref, je suis fan.
Rage Against the Machine – Guerilla Radio (Elie)
Mad Foxes : J’ai compris que j’avais des affinités avec le rock en écoutant mais surtout en éclatant ma batterie sur du Rage Against The Machine. Bon, rendons à César ce qui est à César, c’est Tony Hawk pro skater 2 qui m’a mis la puce à l’oreille avec “Guerilla Radio”. J’avais pas shazam à ce moment-là, alors il a fallu que mon prof de batterie me le propose en cours pour que je découvre réellement le délire. Après j’ai joué Killing in the name et j’ai découvert le bonheur de jouer du rock.
J’ai choisi de mentionner RATM car il représente peut-être le petit tournant dans ma façon d’appréhender la musique en tant que musicien, mais ce n’est pas l’influence d’une vie. J’y ai découvert comment moi-même j’avais envie d’être vénère si je voulais sur ma batterie, et comment mon intention de jeu pouvait changer, en ayant conscience que les gars de ce groupe étaient révoltés et survoltés, j’ai aimé cette attitude.
Mais en réalité, la plupart des artistes ou groupes étiquetés “rock” que j’écoute aujourd’hui, je les ai découverts tard, notamment grâce à ce qui s’est partagé dans Mad Foxes, Lucas Bonfils qui m’a ouvert d’autres portes du rock inconnues jusqu’alors pour moi.
Je ne finirais pas ce texte sans lâcher comme un cheveu sur la soupe le nom du meilleur groupe de mon coeur: All Them Witches.