Di-Meh : « Partager c’est gagner »

Après nous avoir confié son ADN musical, le suisse Di-Meh nous a accordé une discussion autour de la sortie de son premier album Mektoub. De ses débuts à cette étape qu’il vient de franchir, il s’exprime sur les éléments qui ont constitué une carrière déjà bien garnie.

Di-Meh
Arthur Couvat

LFB : Le projet arrive, comment te sens-tu vis-à-vis de cette sortie ? (interview réalisée avant la sortie de l’album ndlr)

Di-Meh : C’est cool, j’ai hâte de voir les ressentis des gens. On a travaillé dur, ça va être cool.

LFB : Passage obligé, on va revenir un peu sur ton parcours, tu as évolué au sein de collectifs, cela t’as apporté quelque chose de travailler en équipe ?

Di-Meh : En vrai, j’ai évolué au sein de plusieurs groupes. J’ai été dans les 13 Sarkastick, c’est le premier groupe dans lequel j’ai commencé à évoluer. Après, j’ai été avec les gens du Dojo, la 75ème Session et après par la suite, la Superwak Clique. Du coup, j’ai toujours été placé dans cette énergie de groupe et ça m’a permis d’emmagasiner des années de rap. Du coup, oui ça m’a aidé, c’était de chouettes années.

LFB : Depuis tes débuts, que cela soit en groupe ou en solo, tu as toujours eu une réputation liée à tes performances sur scène, comment vis-tu cette période ?

Di-Meh : Je le vis comme tous les artistes du monde je crois, c’est relou. Surtout que là, le projet va sortir et je vais pas pouvoir le défendre sur scène. Mais voilà, c’est le même cas de figure pour tout le monde et je me suis préparé à l’idée que j’allais peut-être pas défendre le projet au maximum.

LFB : On te sait assez proche de la scène parisien, notamment du à ton passage au sein de la 75ème Session, tu es aussi proche de certains rappeurs bruxellois, comment se sont faites ces connexions en dehors de la Suisse ?

Di-Meh : Quand j’étais petit, je prenais le train, j’allais à Paris, dans le 18ème arrondisement chez mon cousin à Barbès. C’est comme ça que j’ai pu créer un pont entre Genève et Paris.

LFB : Quel impact ça a eu sur ta musique ?

D : En fait, comme Pharrell Williams dit, « le succès et la musique c’est que des rencontres ». C’est que des collaborations entre des personnes, c’est ça le succès, sans cesse vouloir progresser, se surpasser et faire des connexions. Ce que je pense avoir fait.

LFB : Sur le projet, on ne retrouve aucun de ces artistes avec qui tu as souvent collaboré, ont-ils quand même eu un regard sur ce projet ?

D : Non, pas vraiment. J’ai été le seul décisionnaire sur Mektoub avec Klench Poko qui s’est occupé de quasiment toutes les instrumentales du morceau et qui est même sur le morceau Week-End. Il a un peu eu un rôle d’architecte sur ce projet. De base, c’est mon DJ, il est là depuis Focus Vol.2, c’était la suite logique qu’il soit aussi sur mon premier album.

LFB : Que ça soit sur scène ou sur tes morceaux, tu dégages une grosse énergie. Elle n’a pas été dure à tempérer parfois cette énergie ?

D : Pour le moment, avec l’âge je m’économise un peu. Je sais quand je dois la donner et quand je dois la canaliser. Je sais aussi à qui la donner, quand je suis sur scène par exemple.

LFB : Sur le projet, on retrouve cette énergie, mais j’ai ressenti aussi une volonté de t’ouvrir un peu plus musicalement, de tenter des choses, je me trompe ?

D : Oui, c’était aussi une des volonté avec ce projet, de justement ne pas rester basé que sur mes facilités mais aussi de me surprendre moi-même. C’était ça un peu le but de ce premier album.

LFB : C’est un projet qui arrive après plusieurs mixtapes, à quel moment tu t’es dit que c’était le moment pour passer ce palier symbolique du premier album ?

D : C’est symbolique, quand je dis premier album, c’est parce qu’on va sortir le projet en physique aussi. Donc là, il y a du physique qui va partir, on va le sortir dans les normes, le vendredi, comme les sorties en France. C’est plus symbolique qu’autre chose. Du coup, c’est pour ça que j’ai décidé de ne pas le sortir le dix mai comme les précédents projets. C’est pour marquer un temps aussi, dire que voilà, maintenant on est sérieux dans le milieu, on sort un album et plus des mixtapes.

LFB : C’est un projet qui a été fait en totale indépendance, c’était important pour toi ?

D : Ouais c’est important d’être indépendant et d’être propriétaire de ma musique.

LFB : T’as travaillé longtemps sur ce projet ?

D : C’est toute cette période de transition, ça fait deux ans que je n’ai rien sorti et tout ce temps là a été mis dans la confection de Mektoub.

LFB : Tu viens de le dire, le projet s’appelle Mektoub qui est un nom assez significatif (signifié « tout est écrit » en arabe, ndlr). Penses-tu vraiment que tout était écrit ?

D : Oui, tout était écrit (rires). Non je rigole, tout n’était pas écrit mais je suis toujours resté focus, déterminé, j’ai toujours eu des envies de réussite.

LFB : Justement, tu penses qu’avec ce projet tu peux passer un step ?

D : Ouais, j’ai envie de casser le plafond de verre, c’est sur.

LFB : Avec ce nom de projet et même avec la construction et la musicalité du projet, on sent que tu en places une pour tes origines, c’était essentiel pour toi ?

D : Ouais exactement, c’était un peu le thème de l’album. C’est Mektoub, le destin mais avec justement ces consonances arabiques de là où je viens. Donc, c’était important aussi de faire des morceaux dans le thème, de développer ces sonorités arabiques. C’est des choses qu’on a pu bien faire dans le projet, que je pense avoir bien représenté et c’est vraiment cool.

LFB : La cloture du projet se fait avec le titre 4×4 Diplomatique qui est un des morceaux les plus énergétiques. Pourquoi avoir voulu finir le projet avec cette énergie ?

D : Pour moi, c’était comme pour un concert, je l’explique comme ça. Les concerts je les finis avec le morceau le plus énergique, c’est un peu ma direction artistique. J’ai vraiment réfléchi la tracklist comme si j’étais sur scène. Et c’est toujours comme ça, quand je fais mes tracklists, je les pense comme si je faisais un set sur scène.

LFB : Pour terminer, que peut-on te souhaiter pour la suite ?

D : Du bonheur, que du bonheur, de la positivité. Et partager c’est gagner.

Pour retrouver l’ADN musical de Di-Meh, c’est ici.