C’est l’étoile montante du rock indé britannique. Très inspiré par les BO de western spaghetti et de Tarantino, le quatuor Black Honey a sorti récemment son deuxième album Written & Directed. En côtoyant Lana Del Rey, Justin Bieber et Dua Lipa au sommet des charts, ce deuxième opus a déjoué les pronostics et a boosté la confiance du groupe de Brighton. Suite à ce succès, nous avons interrogé Izzy (la chanteuse) et Chris (le guitariste) pour en savoir plus sur les dessous de ce carton et sur leurs ressentis. Restrictions sanitaires obligent, c’est sur Zoom que l’entretien s’est déroulé. Mais n’ayez crainte, leur esprit rock & roll n’a pas eu de peine à traversé la Manche par écrans interposés.
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VERSION ENGLAISE PLUS BAS / ENGLISH VERSION BELOW
La Face B : Salut ! Comment ça va ? Comment ça se passe au Royaume-Uni au niveau des restrictions et compagnie ?
Izzy : Nous avons annoncé des dates de festival pour cet été, ce qui me semble un peu ambitieux. Mais il faut rester optimistes, on espère que tout va pouvoir reprendre et rouvrir comme il faut.
LFB : En France, ils nous disent « il y aura des festivals, mais assis ».
Chris : Oh wow, c’est bizarre !
LFB : Bref, entre Black Honey et Written & Directed, vous avez sorti un single : I Don’t Ever Wanna Love… Quand vous êtes-vous dit qu’il était temps de sortir un deuxième album ?
I : Je crois que c’était à peu près en même temps que la sortie de [I Don’t Ever Wanna Love]. La plupart des morceaux étaient déjà écrits à ce moment là et ce titre était plus ou moins là pour combler le vide au milieu de tout ça. Puis on a commencé à enregistrer en octobre 2019.
C : Ouais, c’était seulement quelques mois après, hein ?
LFB : Donc c’était déjà enregistré avant l’expansion du Covid-19 ?
I : Ouais, on a terminé genre la semaine où le confinement a commencé, donc on a plutôt eu de la chance à ce niveau-là.
C : On a eu beaucoup de chance, ouais, on a fini d’enregistrer juste avant qu’on soit touchés par le confinement. Mais je crois qu’on était censés sortir l’album un peu plus tôt, on avait l’intention de le faire en 2020 mais évidemment, à cause du Covid, il y a eu beaucoup de retards avec la fabrique de vinyles et tout, donc on a décalé à cette année, ce qui semble avoir plutôt bien marché parce que si tout rouvre, que si les festivals et les tournées reprennent, le timing joue plutôt très bien en notre faveur.
LFB : Parce que les morceaux seront encore « frais ».
C : Exactement. J’ai beaucoup de peine pour quelques amis artistes, qui ont sorti un album à cette période l’an dernier en pensant qu’ils allaient tourner, mais ils n’ont toujours pas pu faire de concerts et ça doit vraiment être naze pour eux.
LFB : En parlant de concerts, est-ce que vous avez pensé à la scène en enregistrant cet album ?
I : Ouais, je pense. En écrivant, on a beaucoup réfléchi sur comment ça allait rendre en live, on voulait apporter un certain esprit, mais une grande partie des instrumentations n’allait pas être faisable sur scène donc a dû faire quelques adaptations après avoir terminé.
LFB : Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire un album plus « brut » que le précédent ?
C : Je pense que c’est dans notre ADN. On a grandi en écoutant de la musique plus lourde, comme Nirvana, Queens of the Stone Age et des groupes de la même vaine. Donc c’est comme si on retournait un peu à ce que nous étions plus jeunes. Puis aussi, après avoir fait le premier album, fait des tournées et joué plein de concerts, on s’est rendus compte de ce qui marchait en live pour nous, on a appris de ce que nos fans aimaient et on s’est fait une certaine idée de ce qui marcherait en live et de ce qui serait sympa à jouer. Donc on a un peu plus bossé là-dessus.
LFB : Si votre premier album était une espèce de digression par rapport à vos premiers EPs et singles, on peut dire que Written and Directed est un « retour aux sources » ?
I : Absolument !
C : Oui, absolument. J’ai l’impression qu’on était partis à l’aventure sur le premier album. On a expérimenté des tonnes de trucs pour voir jusqu’où on pourrait aller : on a fait quelques titres disco, fait un peu de hip-hop… Puis on s’est juste dit : « Tu sais quoi ? On va maintenant jouer de gros riffs ! » (rires)
LFB : Y a-t-il un morceau en particulier que vous avez hâte de jouer sur scène ?
I : Je me suis toujours dit que Disinfect serait assez cool pour les pogos.
C : Ça va être cool !
I : On se dit aussi que ce serait peut-être bien de commencer par I Like the Way You Die. On en a déjà parlé, non ?
C : Ouais ! Dès que tu entends le « doo doo doo » du premier morceau, tu te dis « ça sonne comme le début d’un concert, hein ? ». Ça va être super !
LFB : Vous avez fait de super scores dans les charts. Qu’est-ce que ça vous fait de faire partie des nouveaux porte-drapeaux de la musique indé britannique ?
I : C’est génial, putain ! On a l’impression que c’est le début d’une aventure, vraiment. Ça ne va pas particulièrement changer la face du monde, mais c’est une jolie manière de dire « va te faire foutre » à tout ceux qui n’ont cru en rien de ce qu’on faisait. Puis je pense qu’on est bien là, à continuer de faire ce qu’on aime, c’est ce qu’on veut, ça nous aide à être plus créatifs.
C : Absolument. Je pense que c’est le fait d’avoir travaillé si dur pendant si longtemps sans grande reconnaissance derrière, puis que maintenant c’est « bordel, on l’a fait, allons-y ! » comme si c’était un nouveau départ. On pourra s’appuyer là-dessus j’espère.
LFB : Selon vous, quelle est la chose principale qui a changé entre le premier et le deuxième album ?
I : Je pense que c’est que c’était plus drôle à faire en tant projet. On était vraiment dans une bonne période d’écriture, on avait fait de très belles tournées, on aimait bien le producteur, c’était quelque chose de vraiment intéressant à faire, c’était sympa. Tu vois, quand tu regardes les vieux rockumentaires, genre Oasis, ou je ne sais qui, faire leur album. On avait l’impression de vivre comme dans ces documentaires. C’était comme si tous les jours étaient un peu débiles. On n’avait pas besoin de précipiter, il n’y avait pas d’échéance particulière… bon, il y avait une échéance particulière vers la fin pour la sortie de l’album, mais on n’a pas trouvé cela stressant. Puis le producteur aimait beaucoup travailler avec nous, on aimait beaucoup travailler avec lui. On entretenait un grand respect créatif mutuel qui… non pas que ça n’était pas le cas sur le premier album, mais je pense que sur le premier album, on était au milieu d’une énorme tournée de promo et sur le point de commencer notre plus grande tournée donc on a pris du retard et tout est devenu stressant, puis je ne sais pas si nos visions étaient aussi alignées que l’on ne l’aurait voulu à ce niveau-là. Donc, [pour Written & Directed], tout était cool. On a sans doute fait un album dans l’esprit « on y retourne » en un clin d’œil, et ça c’était cool.
C : Oui, je crois que tu as bien saisi le truc. Il y avait juste moins de pression, vraiment, hein ? On s’est sentis plus à l’aise dans nos têtes et dans le groupe, maintenant on sait tous plus ou moins ce qu’on est et ce qu’on veut…
LFB : Vous aviez l’air de vous amuser davantage sur la promotion de cet album sur les réseaux sociaux.
C : Je pense qu’on a dû être plus créatifs, à cause du confinement, non ? On ne s’est pas vu pendant genre six mois donc… Puis, il faut trouver de nouvelles façons de se promouvoir parce qu’on ne peut pas voir ses fans, on ne peut pas faire de concerts, les disquaires sont fermés donc on ne peut rencontrer personne. Donc oui, on essaye d’être encore plus créatifs à ce niveau-là.
LFB : Pouvez-vous décrire Written and Directed en trois mots ?
C : Written. And. Directed. (rires)
I : Cinématographique. Décharge féministe. Sur et sous-côté.
LFB : Quelle est votre bande son préférée ?
I : Tout ce qui se rapproche de Morricone. Pour quelques dollars de plus est sans doute la meilleure, mais Il était une fois en Amérique est bonne aussi. Il y en a plein de bonnes, on aime beaucoup John Barry, qui est bon aussi.
C : Exactement, je suis d’accord. Je pensais à quelque chose de plus moderne : Drive. Ça fait plus eighties mais c’est une putain de bonne bande son.
LFB : Quelle serait votre collaboration rêvée (morte ou vivante) ?
I : En vivant, on s’est toujours dit qu’on voudrait bosser avec Mark Ronson, c’est un rêve de longue date.
C : En mort, on devrait former un groupe avec John Lennon, Kurt Cobain, Elvis et Freddie Mercury pour écrire la BO du prochain Tarantino.
I : Et on ferait un concert en mode supergroupe, tu vois, comme ils ont fait au Live Aid.
C : Oh, ouais. Faisons ça !
LFB : Enfin, quel artiste nous recommanderiez-vous ?
I : J’aime beaucoup Arlo Parks en ce moment. On a aussi une très bonne amie qui chante dans She Drew the Gun.
La Face B: Hi! How are you? What’s going on in the UK with all the restrictions and stuff?
Izzy: We’ve announced festivals for summer, which feels a little bit ambitious. But we’ve got to stay optimistic, we hope that everything’s going to start and properly open again.
LFB: In France, they’re like « there will be festivals, but sitting. »
Chris: Oh wow! That’s weird.
LFB: Anyway, between Black Honey and Written & Directed, you’ve released a single: I Don’t Ever Wanna Love… When did you think it was time to record a second album?
I: I think it was around the same time as when we put [I Don’t Ever Wanna Love] out. We had most of the songs done by then, and that was just a sort of filler song in the middle of it all. And then we started recording in October 2019.
C: Yeah, it was only a few months after, wasn’t it?
LFB: So it was already recorded before Covid-19 spread?
I: Yeah, we finished it like the week that lockdown happened, so we were kind of lucky in that respect.
C: We were very lucky, yeah, we finished recording just before lockdown hit. But I think we were originally going to get the album out a bit earlier, we were aiming for 2020 but then obviously, because of Covid, there were lots of delays with the vinyl plant and things, so we put it off until this year, which seems to have worked out quite well because if it opens again, and festivals and touring starts, then it’s kind of time doing really well for us.
LFB: Because the songs would be still fresh.
C: Exactly. I feel really sorry for some of our friends’ bands, who released albums this time last year thinking that they could do tours, but they still haven’t been able to play any gigs so it must really suck to be in their position.
LFB: Talking about live, did you think about the stage while recording the album?
I: Yeah, I think so. A lot of the writing was how it would feel live, and we wanted to create a certain feeling but then also a lot was instrumentally things that we wouldn’t be able to do live so then we would also have to make adaptations after we finished.
LFB: What made you want to make a “rougher” record than the first one?
C: I think it’s more in our DNAs. What we listened to growing up was heavier music like Nirvava, Queens of the Stone Age and things like that. So, it’s almost like we’re just parking back to our younger selves a little bit. And also, after making album one and touring and playing loads of shows, we realised in what works live for us, we learned what our fans like and we kind of had an idea of what would work live and what would be fun to play. So, we kind of worked around that a bit more.
LFB: While your first album was a kind of digression from your first EPs and singles, Written and Directed feels like a « back to basics » record, isn’t it?
I: Absolutely!
C: Absolutely, yeah. I feel like we went on a journey with album one. We were experimenting loads of stuff, seeing how far we could push it, playing some disco tunes, playing some hip hop… And then I think it was just like « You know what? Let’s just play some heavy riffs! » (laughter)
LFB: Is there a song in particular that you can’t wait to play on stage?
I: We’ve always thought that Disinfect would be quite fun for the mosh.
C: It’s gonna be fun!
I: And then, we think that we’d like starting maybe with I Like the Way You Die. We were talking about doing that, weren’t we?
C: Yeah! As soon as you hear that first song with the « doo doo doo », it’s like : « That’s the start of a gig, isn’t? ». It’s gonna be great!
LFB: You made amazing scores in the charts. How does it feel to be amongst the new standard-bearers of British indie music?
I: It feels fucking great! It feels like it’s the start of a journey, really. It’s not really gonna move the dial particularly, but it does feel like a nice kind of « fuck you » to everyone that didn’t believe in anything we could make, and I think it’s a really good spot, carrying on doing what we love, and that’s what we want, really, so we could be more creative.
C: Absolutely. I think it’s just like we’ve been working so hard for so long with not very much recognition and now it’s kind of like: « Yeah, we fucking did that! Here we go! » like it’s a new start now. We can carry on from here and springboard hopefully.
LFB: According to you, what was the main thing that has changed between album one and album two?
I: I think the main one for us is that it was funner to do as a project. We were in such a good spot of the writing period and we’d had some really good tours and we liked the producer, it was something that we quite excited to do, it was fun. You know, when you watch the old rockumentaries like we see Oasis or whatever making their albums. It felt it felt like how those documentaries sort of looked. It was just like every day was quite silly. There was no rush. There was no straight timeline… To be fair, there was a straight timeline by the late in the delivery, but they didn’t feel like it was stressful. And the producer really enjoyed working with us, we really enjoyed working with him. It was just like a lot of mutual creative respects which… not we didn’t necessarily have that for the first record, but I think on the first record we were just like in the middle of a huge promo tour and about to start like the biggest tour cycle ever and it all fell behind and it all got quite stressful, plus, I don’t know if there was as much of an alignment of vision for that as what we wanted to have. So, [for Written & Directed] all of it felt great. We probably did a record with the same “do it again” in a heartbeat, and it was great.
C: Yeah, I think you’ve nailed it. It’s just less pressure, wasn’t it, really? It felt like we’re all in a better place mentally and as a band, we all kind of know more what we are and what we want to do…
LFB: It seems like you had much fun promoting the album on social media.
C: I think we had to be creative with it, didn’t we, because of lockdown? We hadn’t seen each other for like six months, so… And also, you’ve got to find new ways of promoting it because you can’t see fans, you can’t do shows, you can’t go to record stores and meet everyone. So yeah, we’re trying to be creative with it.
LFB: Could you describe Written and Directed in three words?
C: Written. And. Directed. (laughter)
I: Cinematic. Feminist’s dump. Over and under-rated.
LFB: What is your favourite soundtrack?
I: Anything sort of Morricone. Maybe For a Few Dollars More is the best one, but Once Upon a Time in America is good as well. There’s a lot of good ones, and we always really enjoy John Barry, he’s good as well.
C: Absolutely, you nailed it. I think of another more modern one, Drive. That’s more like 80s, but that’s a fucking cool soundtrack.
LFB: What would be your dream collaboration, dead or alive?
I: Of alive, we’ve always said that we wanted to work with Mark Ronson, it has been like a long-serving dream of us.
C: I think for dead, we should start a new band with John Lennon, Kurt Cobain, Elvis and Freddie Mercury, and we’re going to write the next soundtrack for the new Tarantino.
I: And then we’ll do a supergroup performance that’s like, you know, the one that they did like Live Aid.
C: Oh yeah. Let’s make it happen!
LFB: Finally, which new artist would you recommend us?
I: I really like Arlo Parks at the moment. There’s also a really good friend called She Drew the Gun.