Le monde est frappé depuis plus d’un an par l’épidémie de Covid 19. Un an que le monde culturel est dans une sorte de coma artificiel, réveillé par moment pour être presque aussitôt remis en sommeil. Alors que les lieux culturels amorcent leur réouverture avec un protocole sanitaire adapté, La Face B et Dans Ton Concert poursuivent leur projet : Not Dead. L’occasion de mettre en avant des artistes et des salles de la région Hauts-de-France afin de leur apporter soutien et visibilité. Pour ce 14ème épisode, on retourne au Grand Mix pour découvrir les photographies et les interviews de Lena Deluxe et Ralph of London.
Lena deluxe
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
Je suis très influencée par le son psyché des années 60, mais sur le nouvel album j’ai pris un virage artistique à 180° par rapport au premier, puisque je l’ai enregistré en Indonésie avec des musiciens indonésiens, c’est de la pop tropical sur des rythmiques tribales avec quand même une touche 60’s ! Et je chante la plupart des titres en français ce qui est nouveau pour moi.
Le monde de la musique est resté à l’arrêt plus d’un an, comment avez-vous vécu cette situation ? Quel impact cela a eu sur votre projet ?
Pendant le 1er confinement, j’étais sur Paris et j’ai fait des concerts aux balcons pour mes voisins tous les vendredis pendant deux mois, c’était une expérience très forte et hors du commun. Ce rendez-vous hebdomadaire m’a aidé à tenir les 2 mois, c’était très touchant de sentir cette cohésion avec les voisins. Puis la vie a repris un peu, j’ai déménagé et je suis partie vivre sur les routes, dans un van aménagé, puis à l’automne dans une yourte, besoin de quitter la ville et de se reconnecter aux grands espaces après ces 2 mois coincés dans un petit appart parisien. A l’automne il y a eu la deuxième vague, coup dur à nouveau mais mieux vécue car je n’étais pas en ville puis je suis revenue m’installer dans le nord il y a quelques mois.
C’est vrai que même si au début ça allait, en janvier dernier ça a commencé à être vraiment dur de ne plus jouer, de ne plus avoir de projets, d’objectifs. Il y a eu une perte de motivation et de moral et puis on nous a proposé des lives pour cet été, et du coup j’ai remonté un nouveau live avec les nouveaux morceaux en duo avec une bassiste, Laurène Vatier. Ca fait vraiment du bien de reprendre les répètes en ayant un objectif. En principe nos trois dates sont maintenues, donc on est super contentes de pouvoir retrouver la scène et le public ! On joue le 21 juin à Erevan en Arménie, le 18 juillet à Lomme et et le 24 juillet on fait la première partie de Camélia Jordana au festival de la Côte d’Opale.
On a souvent parlé de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
Je n’ai pas vraiment eu envie de rentrer dans ce débat au sujet d’une expression utilisée par le gouvernement, qui n’a pas vraiment de sens et qui a juste servi à diviser un peu plus les gens… Je pense qu’après cette année de vide culturel et artistique, il n’y a pas vraiment besoin de prouver à quel point il est important dans nos vies de pouvoir vivre des moments de convivialité et d’échappatoire, notamment grâce à l’art et la culture mais aussi grâce à pleins d’autres métiers qui ont été mis de côté cette année.
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez-vous ?
C’était en Bretagne au centre culturel de Janzé, c’était un super concert, le public était très attentif et j’avais été super bien accueillie ! J’en garde un excellent souvenir. Après il y a aussi eu les concerts au balcon pendant le confinement, c’était original, j’avais un son très roots mais la chaleur humaine était là.
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Juste peut être dire un mot pour exprimer à quel point ça fait du bien de retrouver le public et de pouvoir partager à nouveau ma musique en live !
Avez-vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
J’ai fait mon 4 ème concert de Lena Deluxe au Grand Mix, la veille on jouait à la Flèche d’Or à Paris et on devait rentrer après le concert. On est partis à 1h du mat de Paris et là, mauvaise surprise, toutes les autoroutes étaient fermées pour travaux, on a mis 5h00 pour rentrer à Lille par des petites routes… le temps de décharger on s’est couché à 7h j’ai dormi 4h et je suis mise en route pour le Grand Mix pour les balances… Normalement on aurait du être super stressées car c’était le tremplin pour les découvertes de Bourges, le Grand Mix était complet, et c’était vraiment nos tous premiers concerts, mais on étaient tellement fatiguées avec ma batteuse Lili qu’on était dans un état second, le brouillard total. On a joué le show et ça c’est plutôt bien passé finalement !
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
Les prochains projets sont les concerts cet été puis la sortie du nouvel album début 2022. Vous pouvez nous souhaiter une belle tournée de concerts avec le nouvel album !
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et qui travaille à sa réouverture selon un protocole sanitaire adapté (concerts assis, jauge réduite). Avez-vous un message pour ce lieu ?
Merci au Grand Mix tout d’abord pour nous avoir accueillies en résidence et pour avoir continué à faire vivre le lieu en accueillant des artistes pour les répétitions, et bon courage pour la mise en place de ces nouveaux protocoles. Je suis sûre que le plaisir de retrouver la musique en live, que ce soit en tant qu’artiste ou en tant que public nous fera du bien à tous malgré les contraintes sanitaires. La lumière est au bout du tunnel, il faut y croire ! 🙂
Ralph of London
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques lignes ?
Ralph Of London, est un projet musical, et plus largement artistique, initié par le musicien, auteur-compositeur londonien Ralph. Aujourd’hui, Leopold, François, Diane et Ralph combinent leurs différentes influences et sensibilités musicales pour créer une tapisserie pop qui transcende le format singer/songwriter. Le groupe a sorti en ligne plusieurs morceaux accompagnés de vidéos conceptuelles avant de sortir son premier single officiel en mai 2019, suivi d’un second en février 2020, intitulé « Worlds End », extraits de l’album « The Potato Kingdom » sorti en mars 2020, dont le dernier extrait clipé « Dotty » est sorti en juin 2020.
Le monde de la musique est à l’arrêt depuis bientôt un an, comment vivez-vous cette situation ? Quel impact cela a eu sur votre projet ?
On s’est dépassé en cuisine, avec de nouvelles recettes pour nos pauses repas. Concernant l’aspect musique, nous avons sorti notre album « The Potato Kingdom » en mars 2020, à quelques jours du premier confinement. Nous avons donc été coupé dans notre lancée. Cependant, nous avons utilisé cette période de mise à l’arrêt forcée comme une opportunité pour créer et nous repenser. Nous avons continuer à travailler et à garder le lien très fort que nous avons, en écoutant beaucoup de musique ensemble, en dansant dans nos soirées improvisées après les répétitions, en continuant à vivre. L’impact a finalement été très positif sur notre projet, nous sommes en plein enregistrement des fruits de ces périodes de confinement créatrices.
On a souvent parlé de « non essentiel ». Que signifie pour vous cette expression ?
Pas grand chose, il est évident que l’art est essentiel, mais on a tendance à l’oublier. C’est pourquoi il reste l’un des premiers secteurs touchés en temps de crise. Il est parfois nécessaire de ressentir le manque de quelque chose pour comprendre et se souvenir de son importance chez certaines personnes… Que la société ré-estime ou non l’art et la culture, ne nous empêchera pas de continuer à faire ce que l’on fait et ce en quoi on croit.
À quand remonte votre dernier concert ? Quel souvenir en gardez-vous ?
Nous avons jouer à Lesquin en septembre dernier. Nous avons joué certains de nouveaux morceaux, fait quelques erreurs, nous avons remis un pied sur scène et c’est ça le plus important, on a passé un bon moment. Cependant, ne pas voir les expressions faciales, les réactions du public est une expérience surréaliste, pour nous un concert c’est des gens renversant de la bière sur leur voisin, dansant et sautant, se heurtant parfois aux autres. Certains germes ne sont pas mauvais !
Lorsque vous pourrez remonter sur scène devant un vrai public, vous allez faire quelque chose de particulier pour célébrer ça ?
Oui, jouer nos nouveaux morceaux, se rappeler et rappeler au public ce qu’est l’essence de la musique live et juste apprécier le moment.
Avez-vous un souvenir ou une anecdote d’un concert sur la scène du lieu où nous avons fait les photos ? Ou un souvenir en tant que spectateur ?
Diane, en particulier, a beaucoup de souvenir au Grand Mix, où elle a tenu le merchandising de nombreuses fois pour des groupes, de nombreux cartons à porter et de t-shirts à plier, sans compter les nombreux concerts auxquels elle a assisté.
François a assisté au concert de Thousand en septembre dernier au Grand Mix. Il en garde un souvenir mitigé, entre plaisir de voir une performance live et frustration de ne pas pouvoir finir la soirée dans un petit bar, et plus particulièrement, il était encore plus déçu de ne pas pouvoir faire la bise à ses amis en se disant au revoir.
Quels sont vos projets à venir ? Qu’est-ce qu’on peut vous souhaiter ?
Nous finissons en ce moment même l’enregistrement de nos prochains morceaux. Nous avons également lancé une campagne sur Diggers Factory pour presser des vinyles pour “The Potato Kingdom”. Vous pouvez nous souhaiter que plus de restaurants vegan ouvrent dans le nord de la France et en particulier plus de frites vegan !
La séance photo s’est déroulée dans un lieu culturel actuellement fermé et qui travaille à sa réouverture selon un protocole sanitaire adapté (concerts assis, jauge réduite). Avez-vous un message pour ce lieu ?
C’est le bon moment pour prendre des risques et donner de la visibilité à des nouveaux artistes non-conventionnels.
Photos : David Tabary / Dans Ton Concert
Pour les autres épisodes du Not Dead Project c’est par ici