La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et trembler ses oreilles. Tout de suite, la première partie de notre quatre vingt-septième sélection des clips de la semaine.
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The Limiñanas / Laurent Garnier – Que Calor (feat. Edi Pistolas)
La rentrée sera marquée au fer rouge par un album qu’on nous tease depuis un moment : De Pelicula, la rencontre fantasmée et inédite entre The Limiñanas et Laurent Garnier. D’un côté les héros français d’un rock DIY et psychédélique absolument génial, de l’autre une figure de la musique électronique française.
Un triolisme musical explosif qu’ils nous faisaient déjà saliver avec Saul, premier extrait dévoilé en juillet et qui vient entamer notre été avec un autre extrait fou et au titre prophétique, Que Calor, qu’ils partagent avec Edi Pistolas.
Et c’est définitivement le meilleur des deux mondes que l’on retrouve ici, entre une boucle sonore hypnotique et dansante sur laquelle viennent s’accrocher des synthétiseurs entêtants pour un morceau fatalement imparable qui nous donne autant envie de dancefloor que de pogo.
Pour parachever le tout, Sylvain Rusques vient ajouter une autre touche de pellicule avec un clip animé halluciné et hallucinant dans lequel on suit les deux protagonistes de cette aventure musicale : Juliette et Saul. Un trip coloré en forme de road trip entre alcool et substances qui nous entrainent dans des aventures qui font monter la température.
Définitivement, la rentrée de The Limiñanas et Laurent Garnier s’annonce folle.
General Elektriks – Party Like A Human
Il y a des présences et des retours plus réconfortants que d’autres. Voir Hervé Salters revenir cette année aux affaires est très objectivement un plaisir qu’on ne boudera pas.
L’homme qui sautait plus haut que son synthétiseur est donc bien décidé à remettre le monde en ordre et nous invite donc à faire la fête comme des êtres humains. Vraiment ? On ne sait pas trop. Si le groove si caractéristique de General Elektriks est bien présent, on sent une certaine inquiétude, une certaine distance dans ce Party Like A Human. Un petit goût de fin du monde et de questionnements assez logique après tout ce qu’on vient de traverser.
Cette idée est d’ailleurs parfaitement retranscrite dans le clip animé de Jack Wedge & Will Freudenheim. On y retrouve une fête comme on les aime, des monstres et un soleil qui danse mais les visages sont déformés, les dents aiguisées et on boit du sang. Une fête d’humain plus réellement humain. Comme si quelque chose avait définitivement vrillé.
Heureusement, tout ceci n’est qu’une vidéo et on est assez sûr que la grosse fête qui s’annonce le 3 décembre au Trianon sera plus de l’ordre de la communion, de l’échange et de sueur bienvenue. Une vraie fête d’humain en somme.
Dawg Sinatra Ft Tedax Max – Keanu Reeves
Le peu de morceaux à son actif laissait planer le mystère autour du Rennais Dawg Sinatra nourrit par le potentiel du jeune rappeur qui a pu marquer les esprits des auditeurs les plus affutés tombés sur ses premiers morceaux. Une plume qui va droit au but, un flow agressif parfaitement modelé par des effets vocaux bien pensés et une attitude déjà bien trempée pour des débuts ont attiré l’œil et surtout les oreilles.
A l’approche de sa mixtape en collaboration avec le producteur Kon Queso, l’attente commençait à monter pour sa fan base et le moindre extrait se faisait attendre. Une attente rompue dimanche passé avec l’aide du lyonnais Tedax Max sur Keanu Reeves et son clip réalisé par Boris Stakhanov.
« Tedax et Sinatra rafalent »
Acteur intriguant du cinéma américain, Keanu Reeves permet aux deux rappeurs de se complaire dans une noirceur parfaitement installée par Kon Queso. Une fois les lames affutées, Dawg Sinatra s’élance montrant qu’il n’est pas venu faire de la figuration avec ce premier extrait de la mixtape, Kon Sinatra. Précis sur chacune de ses phases, il dégage une énergie et une insolence qui s’allient aisément avec l’ambiance visuelle et musicale proposée par ce titre. Après avoir laissé éclater sa rage dans un garage sombre, il rejoint son collègue lyonnais qui finit le boulot avec la même précision et la même aisance.
Net et sans bavure, cela donne le ton pour Kon Sinatra disponible depuis vendredi.
Juan Wauters – Locura
Sorti en avril dernier, Real Life Situations continue de Juan Wauters continue de prendre vie de manière délirante à travers des clips DIY et attachants.
Cette semaine c’est le titre Locura qui prend vie. Morceau solaire et chanté en espagnol, on retrouve tout ce qu’on aime chez l’urugyaen, entre cette rythmique faussement déglingué et ce chant qui multiplie à l’envie les langues et les intentions.
Visuellement les réalisateurs Jvy Vazquez et JP Bonino plagient avec beaucoup d’humour, l’ouverture et le logo de la première console à CD d’un célèbre géant japonais et nous entraine dans un jeu vidéo ou Wauters serait un protagoniste blindés de super-pouvoirs et qui décide de partir en voyage dans un monde étrange entre vie quotidienne, éléments post-apocalyptiques, alligators et robots géants.
On le suit dans ces aventures à vélo, visitant ce monde de tous les possibles où il semble être le dernier humain sur terre. C’est tendre et drôle, totalement à l’image de Juan Wauters.
Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, vous pourrez retrouvez prochainement Wauters en interviews sur le site.
UssaR – 6 milliards
Prêt d’un an après la sortie de son premier EP, UssaR élargit les horizons de celu-ci et dévoile cette semaine Étendues, la « verison-longue » de ce premier effort éponyme dans lequel on retrouve 4 nouveaux morceaux.
Au milieu de ces étendues, on retrouve en bonne place 6 milliards, merveilleux piano-voix mélancolique et déclaration d’amour déchirante dans lequel UssaR raconte les amours modernes, les solitudes et les messages qui restent en suspend sur nos écrans.
Le morceau semble représenter tout ce qu’est UssaR, il était donc tout a fait logique que celui-ci soit le théâtre du premier clip de l’artiste.
La vidéo de S7NDROM suit les émotions de la musique, une forme de sobriété entre or, noir et bleu dans laquelle on suit UssaR dans un univers onirique et symbolique, entre colère, tristesse et le refus d’abandonner.
Un univers en suspend, toujours prêt à basculer, comme ces notes de pianos sur lesquelles il navigue.
On pourra retrouver UssaR et ses 6 milliards d’émotions sur la route cet été puisqu’il passera notamment par Lille, le Festival Chorus et les Francofolies de La Rochelle.
Romane – Talking To A Wall
Romane, le nouveau phénomène de la soul française dévoile un nouveau titre cette semaine.
Après un premier single, Fantasy dans lequel la jeune chanteuse nous contait les peines de cœurs d’une jeune adulte, Romane continue de nous révéler quelques bribes de son EP avec Talking To A Wall.
Une histoire tout à fait différente cette fois et un morceau plus sombre dans lequel la chanteuse confie ses doutes face à une relation à sens unique. Elle se met à nouveau en scène dans son clip, sous les strombinoscopes et dans une ambiance intimiste où elle seule se livre à la caméra.
Romane montre encore une fois l’entendue de son talent, adaptant sa voix soul à des instrus aussi complexes qu’épurées dans un seul et même morceau.
Lagrace – Black! B!tch
Son premier single sorti en début d’année, Silly, nous avait laissé sur notre faim. 1:36 d’un flow tranquille et accrocheur, une prod et un clip entièrement DIY, c’était assez pour attiser notre curiosité mais trop peu pour en profiter pleinement.
Heureusement, Lagrace revient en force avec une prod trap signée Vito Bendinelli et des paroles autrement moins silly. Plutôt affronter la vérité laide du monde réel que se voiler la face : pessimiste mais réaliste, c’est le mantra de la jeune chanteuse, qui cite la chanson Death and Taxes de Daniel Caesar comme inspiration (« I live in the real world, I lost my faith »).
Plus largement, Black! B!tch fustige les fétichistes des femmes noires, ceux qui réifient leur corps et leur imposent leur regard blanc. Entourée de son crew, Lagrace navigue entre boutique de produits afro et studio de danse, lumière douce et clair-obscur esthétisé, souhaitant montrer les femmes noires dans toute leur diversité.
Dans sa forme trap épurée et son flow calculé sans en avoir l’air, Black! B!tch rappelle le tube Girl Blunt de la rappeuse américaine Leikeli47. On lui souhaite de s’inscrire dans la même lignée. À suivre, donc.
Svinkels – Rechute
Svinkels et 8.6, une affaire qui roule. L’an passée le trio le plus déglingué du rap français faisait son grand retour avec Mon Spot, un premier titre inédit après une attente de plus de 10 ans et une tournée qui avait mis tout le monde d’accord de l’Olympia au Hellfest.
Une pandémie et un EP de morceaux perdus plus tard, Gérard, Nikus, Xavier et Pone nous refont le coup du 8 juin pour nous offrir un nouveau titre au titre qui leur colle bien à la peau : Rechute.
Rechute parce qu’on ne se refait pas, et que malgré l’existence (ces gars là ont eu plus de vies qu’un chat), les petits conflits et le temps qui passe, ils continuent d’avoir l’amour du rap ancré en eux et que finalement on ne se refait pas.
Une rechute réjouissante car jamais dans la nostalgie. Même si ils gardent avec eux les thématiques qui ont fait leur succès, ce nouveau titre de Svinkels est finalement très actuel avec une production aux petits oignons qui donne un petit banger qui nous invitera à casser des nuques en concert.
Car comme ils le disent eux mêmes, si ils reviennent, c’est pour trois bonnes raisons : laisser le public en sang,le bar à sec et la scène en cendres.
C’est le retour du Svink’ et ça va faire très, très mal.
Ours – Petit jeu ft. -M-
Parfois, les petits jeux d’enfants prennent une tournure bien différente quand ils sont entre les mains des adultes. Les mots, les histoires prennent donc un sens différent avec le temps qui avance.
Cette histoire c’est tout ce que raconte Ours et -M- avec Petit Jeu. Pop song sucrée et délicieuse, au rythme enlevé, le morceau cache sous son rythme et son côté ludique des choses bien plus sérieuses et violentes qu’on ne pourrait l’imaginer à la première écoute. C’est là tout le talent du duo, nous amener à réfléchir et pointer du doigt les déviances de l’âme humaine qui parfois pousse le jeu un peu trop loin.
Jérémy Vissio a bien pris tout cela en compte avec cette vidéo qui nous entraine dans un jeu d’enfant, nous offrant deux avatars enfantins des chanteurs et nous attirant dans un univers colorés d’un jeu de société dans lequel apparaissent autant les amusements d’enfant que la triste réalité qu’ils prennent une fois l’âge adulte arrivé.
Un morceau finalement doux-amer que l’on retrouvera dans Mitsouko, le nouvel album de Ours annoncé pour la rentrée.
Nassim – Lela
Habibi Hotline, c’est le nom du nouvel EP de Nassim qui y expose ses différentes influences au sein de cinq morceaux. S’il avait déjà dévoilé le clip de Nymphomaniac, il revient cette semaine, en accompagnant cette sortie de projet d’un autre visuel. Celui du titre Lela qui est réalisé par Kilian Boucheret et Maximilien Terzi. Franco-marocain et originaire de la ville sudiste de Montpellier, les ambiances chaudes et la dolce vita connaissent Nassim au point qu’elles rayonnent à merveille dans sa musique.
Le visuel s’inspire des mêmes éléments renforçant le bol de vitamines D qu’il envoie à travers ce morceau. Également inspiré par l’amour, il raconte ici une histoire vue par son prisme et prenant lieu dans les rues du Maroc. Un lieu qui coïncide parfaitement à l’instrumentale offerte par Benjamin Boukris. Solaire et sensuel, ce clip est une parfaite porte d’entrée dans l’univers proposé par Nassim.
S+C+A+R+R – NEVER GIVE UP
Grande illusion ou le visuel a une place toute aussi importante que la musique, S+C+A+R+R dévoile enfin cette semaine son tant attendu premier EP, Cross Out.
Personnage animé derrière lequel se cache Dan Levy, ce grand bonhomme au look improbable a autant envie de nous raconter ses peines et ses espoirs que de nous entrainer avec lui pour des danses sans fin la nuit tombée. Et à l’écoute de ce Never Give Up, co-réalisé avec l’excellent Saint DX, c’est une nouvelle réussite totale qu’il(s) nous propose(nt).
Musique à la fois synthétique et remplie d’humanité, il est franchement difficile de résister autant à son rythme qu’aux sentiments positifs et heureux que le morceau nous envoie. Le choix du titre n’est pas anodin puisqu’on sent un véritable cheminement humain avec I Had To Leave.
Ce cheminement n’est pas anodin puisqu’il se poursuit aussi à l’image, Never Give Up clôturant la trilogie de clip réalisé par Jack Antoine Charlot. On y retrouve des éléments déjà présents précédemment, entre la voiture, cette pièce étrange et mouvant qui pourrait représenté les pensées de notre héros ainsi que les couleurs imposantes entre le rouge et le bleu.
Le tout nous permettant une nouvelle fois de souligner le travail absolument parfait de perfomance capture et de chorégraphie qu’on suit avec intérêt depuis son tout premier titre.
Reste maintenant l’étape la plus importante : Rencontrer S+C+A+R+R sur scène. Et ça arrive très vite entre une date à la gaité lyrique mercredi et le printemps de Bourges la semaine suivante.
Hippie Hourrah – Poupée
Allez, on n’allait pas s’offrir une section des clips de la semaine sans faire un petit détour chez nos cousins du Canada.
Cette semaine, le trio Hippie Hourrah a dévoilé son premier album éponyme et en profite pour s’offrir un petit clip pour leur étrange morceau Poupée.
Sous ses couches de psychédélisme pop et sa rythmique entrainante et solaire, il faudra pourtant plusieurs écoute pour découvrir toutes les caractéristiques de ce petit jeu de massacre. Et en réalité, on est un peu perdu. Il y a surement une bonne dose de cynisme et d’humour derrière tout ça, mais le personnage d’amour incompris dont il est question dans ce morceau est malgré tout plutôt flippant. On vous laissera vous faire votre propre idée.
Visuellement, Cédric Marinelli & Marc-André Laurin nous entraine dans un western en carton-pâte sous acide, ou l’on suit ces grands enfants qui jouent aux indiens et aux cowboys. Jeux de regards, petit clin d’œil à certaines paroles du morceau, le tout est absolument délirant, ne se prenant jamais réellement au sérieux et offrant un contrepoids parfait à certains questionnements qui découlent de l’écoute.
Bref c’est une nouvelle fois du tout bon et on ne peut que fortement vous conseiller l’écoute de leur premier effort avant peut-être de les retrouver un jour en France.
Bleu Toucan – Chaleur Humaine
Quelques mois après la sortie de leur EP Universalis, Bleu Toucan nous revient quand les beaux jours nous reviennent, avec un nouveau titre.
Chaleur Humaine est un titre particulier pour le duo car ils s’adressent cette fois à tous ceux que cette année et demie a pu faire subir de la solitude, de la détresse et tant d’autres maux.
Autant dire que le clip comme le titre transpirent le côté humain des deux artistes, qui s’expriment pour eux et pour nous tous.
Un clip aux couleurs de la nostalgie, nostalgie presque devenue tristesse et un morceau où se mélangent les émotions, entre mélancolie et espoir. L’espoir de se retrouver, de partager à nouveau : voilà ce qui nous a tous fait tenir jusqu’à maintenant, jusqu’à cette libération progressive. Ce qui nous uni, Bleu Toucan l’a mis en musique, comme pour garder une trace de cette période historique, gravée dans la musique.
Taur – Materials
Début mai, Taur sortait Half Somewhere, son dernier album en date. Depuis, le chanteur se lance dans l’illustration de ses titres et cette semaine, c’est Materials qui est mis en image.
Qui dit titre un peu spécial, dit clip qui s’y assorti.
Materials, sur ses airs groovy et electro, raconte l’histoire d’Anna, jeune femme de vingt ans et dont on côtoie toutes les pensées dans ce texte. Le clip retrace cette histoire, les pensées tourmentées de la jeune femme avec des mises en abîme presque littéraires.
Des envies d’évasion, de découverte et de liberté, c’est ce qu’il y a dans la tête de cette Anna, dont l’historie nous est contée par la voix si singulière et envoûtante de Taur.