ADN : Acide du noyau des cellules vivantes, constituant l’essentiel des chromosomes et porteur de caractères génétiques. Avec ADN, La Face B part à la rencontre des artistes pour leur demander les chansons qui les définissent et les influencent. Alors qu’elle dévoile aujourd’hui Par Millions, en attendant son album, on vous propose de plonger dans les influences de Nina Savary.
Bonnie Beecher – Come wander with me
D’une sublime et douce tristesse, cette chanson ensorcelante est tirée d’un épisode de la série The Twilight Zone. Toute l’histoire tourne autour de cette mélodie magique qui devient un piège de sirène alors que le héros tente de l’enregistrer pour s’approprier les droits de ce tube intersidéral. A voir en entier absolument ici.
Bonnie Beecher, qui a ensuite joué dans Star Trek entre autres, a enregistré plusieurs chansons de Bob Dylan chez elle à Minneapolis lorsqu’ils sortaient ensemble dans les années 60 qu’on peut entendre sur l’album The Minnesota Hotel Tape, et lui aurait inspiré the Girl from the North Country, une de ses plus belles chansons.
Robert Wyatt – At last I am free
On écoute beaucoup ce morceau avec Emmanuel (Astrobal), mon compagnon qui a produit l’album. Wyatt a cette façon unique de mélanger des compositions d’une incroyable richesse avec un chant d’un autre monde fragile et pur, tout en étant plein de profondeur et de puissance qui me touche particulièrement.
Ici il s’agit de la cover d’un morceau de Nile Rodgers et Bernard Edwards qu’on trouve sur le deuxième album de Chic. Même s’il reste assez fidèle à l’original que j’adore aussi, il le dépouille pas mal et sa voix angélique et caverneuse donne au morceau un ton hypnotique et prophétique sublime qui l’amène carrément ailleurs.
Wendy and Bonnie – I realized you
Genesis , l’unique album des deux sœurs californiennes Wendy et Bonnie Flower, enregistré alors qu’elles n’avaient que 13 et 17 ans, est une merveille, et ce morceau sur la transformation d’une amitié en amour en particulier. Les harmonies et la façon dont leur voix se mélangent et dont l’arrangement se construit me soufflent à chaque écoute.
Marie Laforêt – Pour celui qui viendra
Magnifique, et troublante Marie Laforêt, avec le compositeur et arrangeur André Popp dont on a redécouvert la carrière d’une immense richesse grâce à la compilation Popp musique sortie chez Tricatel dans les années 2000. Cette chanson fait un peu figure d’ovni psychédélique dans la vaste discographie de la chanteuse et j’adore son côté dramatique et les arrangements étranges qui frottent un peu, avec ses envolées lyriques sur le fil.
Nina Savary
Yma Sumac – Chungo
Descendante du treizième et dernier empereur inca Atahualpa qui fut assassiné en 1533 par les conquistadors espagnols, la reine de l’exotica m’a toujours fascinée. Elle a commencé à chanter enfant en imitant le chant des oiseux puis créé des compositions uniques avec son mari Moisés Vivanco, dont ce curieux Cuncho. Elle utilise sa voix qui s’étend sur plus de quatre octaves avec une facilité déconcertante et des approches d’une extrême variété, parfois gouailleuse ou volontairement éraillée à la Armstrong, pour se faire soudain d’une pureté digne de la Reine de la Nuit.
Nina Savary
Quoique dotée de moyens hors du commun, elle évite toujours la technique spectaculaire et gratuite, sa virtuosité restant au service de l’expressivité qu’elle renforce par des tenues invraisemblables et une présence scénique d’une rare intensité, ce qui donne à sa musique une dimension à la fois théâtrale et transcendantale.
Son premier album studio Voice of the Xtabay, sortit en 1950 chez Capitol Records et co composé par Vivanco et Leslie Thompson Baxter est un bijou: https://www.youtube.com/watch?v=hcIVnkLwz_g&t=6s