Il y a des artistes qui nous touchent de par leur sincérité et la profondeur des sentiments qu’ils expriment, d’autres parce qu’ils élaborent la musique et poussent la créativité de leurs chansons avec art. La musique de Clémentine March est les deux, souvent sincère et touchante, parfois conteuse d’aventures, brute ou plus produite, elle est toujours personnelle et singulière. Son nouveau single Isolated et sa face B, And Your Bird Can Sing (reprise des Beatles) viennent de paraître sur Lost Map Records et nous en avons profité pour lui poser quelques questions…
Nous avons parlé entre autres de son parcours musical entre Paris, l’Amérique du Sud et Londres, de ses influences de musiques brésiliennes au post-punk et de la scène musicale londonienne…
La Face B : Salut, comment ça va ?
Clémentine March : Bonjour ! Ça va très bien merci ! Je rentre d’un week-end assez fou de Halloween avec Snapped Ankles, un groupe avec qui j’ai joué il y a quelques années qui ont donné un très très beau concert à Roundhouse in London et c’était complètement fou. J’ai dansé avec eux sur scène… pour me rappeler des “good old days”.
LFB : As-tu toujours fait de la musique ? Est-ce que tu peux nous parler un peu de ton parcours jusqu’à présent ?
Clémentine March : En fait j’ai étudié d’abord le violon au conservatoire quand j’étais petite, genre de 6 à 11 ans ou un truc comme ça. Ensuite à l’adolescence il y a eu beaucoup d’intérêt pour le rock. Ça a été beaucoup la musique de Nirvana en particulier je me souviens, qui comme pour plein de gamins des années 90 a été une énorme claque quoi.
Du coup j’ai demandé à mon père et à ma mère si je pouvais faire de la guitare électrique. Et puis mon père m’a dit « ouais mais bon, prends les bases du classique quand même ». Et en fait ça m’allait. Donc c’est ce que j’ai fait et grâce a ça j’ai découvert la musique brésilienne, parce qu’il y a une partie du répertoire de guitare classique qui était constituée d’études notamment d’un compositeur du début du XXème siècle qui s’appelle Villa-Lobos. Par lui, j’ai découvert énormément de genres. Assez vieillots maintenant mais enfin c’est magnifique, moi je m’en fiche de l’âge. Puis ça m’a emmenée au Brésil, ça m’a emmenée aussi à découvrir le jazz… et en fait tout ça accumulé, plus ma mélomanie si je puis dire, j’ai vraiment écouté de tout, j’étais très… ça m’a toujours un peu emmerdé les genres musicaux et tout ça.
Du coup j’ai un peu laissé ça de côté au début de l’âge adulte parce que je pensais pas que… manque de confiance en moi en gros. Et puis après quelques années de voyage et de rencontres et de vivre en Amérique du Sud, j’ai décidé un peu plus tard, au début de la trentaine d’en faire vraiment le centre de ma vie. C’est un peu mon voyage musical, tout ça est confondu…
En fait en 2010 j’ai rejoins un groupe à la basse. Et j’étais vraiment débutante ou en tout cas je savais pas trop en faire en groupe. Et c’était la meilleure école du monde en fait, de jouer avec des gens et surtout d’enregistrer.
Ils s’appellent In Bear Suits et ils sont toujours en activité d’ailleurs. Et c’est lui, il s’appelle Pierre Caron le « chef » – et c’est lui qui m’a mis le pied à l’étrier à l’époque. Puis voilà en fait comme bassiste, j’arrivais à trouver assez vite des sortes de cellules mélodiques dans les chansons. Et j’étais un peu genre… pas frustrée mais tu vois, genre, un peu…. j’avais envie de faire mes propres trucs. Je sentais qu’il y avait un truc qui m’appelait à l’intérieur.
Et en fait c’est comme ça que j’ai commencé à écrire mes chansons. Mes toutes premières chansons datent de 2012, donc il y a pile 10 ans. C’était une surprise en fait, je n’avais pas planifié ça. Moi je voulais être musicienne, mais écrire une chanson c’était juste pas possible. Et en fait je me suis rendue compte que j’avais des facilités, mais je ne savais pas du tout.
A partir de là j’ai commencé à dérouler le fil. Et puis après j’ai fait des rencontres. Avec Amélie Rousseaux qui est l’alter égo de Sofia Bolt, qui vit aux États Unis maintenant. Et puis j’ai eu un groupe : Water Babies. Et oui j’ai continué à jouer avec beaucoup de gens à Paris d’abord et puis ensuite à Londres quand j’ai déménagé en 2015 comme bassiste et jusqu’à Snapped Ankles qui a été un peu le gros groupe avec lequel j’ai joué à la fin des années 2010.
Voilà donc en fait ça a été très empirique tout ça. C’est beaucoup de chance. Je pense que d’être présente et d’avoir beaucoup de désirs ça a joué aussi quoi.
Et en parallèle de ça j’ai essayé de commencer une carrière solo parce que le groupe que j’avais créé ils m’ont tous dit « ouais bon ça va, mais fais tes trucs un peu en solo là. Assume un peu tes chansons. Chante les toi même. » Donc j’ai commencé à faire mes chansons vraiment sous mon nom en 2016-2017.
LFB : Tu as sorti deux albums, Le Continent (2020) et Songs of Resilience (2021), les deux depuis que tu habites à Londres. Est-ce que c’était prévu ?
CM : En fait j’ai joué, j’ai joué, j’ai joué et puis Le Continent je l’ai enregistré pas mal de temps avant de le sortir. Et oui, je voulais un peu faire un bilan de ma francitude (rire). Donc j’ai choisi de le faire en français. Je voulais qu’il raconte une histoire, donc j’ai vraiment conçu ça comme un album en enchaînant les morceaux.
Et puis j’ai continué à tourner après l’avoir enregistré. J’ai pris mon temps pour trouver un label et puis il y a Johnny Lynch de Lost Map Records qui est écossais, qui a son super projet lui-même qui s’appelle Pictish Trail, et qui était l’ancien boss de label de Rozi Plain qui est une amie. Et lui m’a vue jouer en tournée en 2018 quand j’étais en première partie de Big Thief, et il aimé quoi !
Donc il m’a proposé, et ça a encore pris un an et puis à l’été 2019 Lost Map a dit « Ouais allez, on sort ta musique » et donc c’est comme ça que Le Continent est sorti.
LFB : Ton premier album donne l’impression d’une prise de recul, et les chansons ressemblent à des cartes postales envoyées vers la France. Et sur Songs of Resilience, la plupart des chansons sont en anglais, et on a l’impression qu’il s’agit plutôt d’aller de l’avant ou de s’installer…
CM : Pour Songs of Resilience ça a été beaucoup plus incidental en fait. Ce qui s’est passé c’est qu’il y a eu le confinement et puis j’étais un peu… c’était le deuxième, c’était il y a un an, en novembre 2020. J’étais un peu déprimée, comme tout le monde mais en mode « mais attends là, si je reste à la maison sans rien faire ça va être une catastrophe ». Et du coup ça a été un peu le déclic pour me dire “bon…”. J’avais un fantasme d’album de guitare acoustique et c’était le moment de le faire !
Je n’avais pas de chansons du tout. Ou je n’avais qu’une chanson, qui est la dernière qui s’appelle Éternité et les autres je les ai créées vraiment de toutes pièces en 10 jours. Je me suis enfermée dans un studio et j’ai tout composé.
Et c’était assez excitant parce que c’était en plein confinement. C’était la période vraiment la pire. Enfin c’était pas très très marrant quoi. Et je me suis un peu créée une bulle avec cet album. La pochette, c’est pas fait exprès, mais elle reflette un peu ça.
Pour moi ça reste toujours des exercices parce qu’écrire en français, c’est un exercice. Écrire en anglais aussi. Essayer d’être sincère avec des émotions dans une langue qui n’est pas la tienne, ou qui n’est pas l’originelle en tout cas, c’est assez intéressant et j’ai l’impression que ça marche en tout cas. Et c’était une belle aventure qu’on a enregistrée en très peu de temps en 2 ou 3 jours mixage inclus.
LFB : On pense à différentes influences en écoutant le disque, on pense à Stereolab bien sûr mais aussi à Georges Brassens pour la forme, juste guitare et chant… Quelles musiques t’inspirent ?
CM : J’ai parlé du Brésil un peu plus tôt. Alors Brassens, c’est… mon père était un mega fan. Mais genre il a toujours des livres, des posters… je crois qu’il appartenait même à la société des amis de Georges Brassens ou un truc comme ça. Je crois que ce sont les 40 de son décès d’ailleurs. Par contre moi j’avais pas vraiment de… je pense que ça doit être une influence « souterraine » parce que c’est vrai que j’avais toujours trouvé ça un peu raide Georges Brassens. Mais en même temps, Songs of Resilience c’est raide aussi (rires). En tout cas c’est sur, c’était un grand parolier, grand chanteur.
Stereolab, bah oui, en plus j’ai la chance de connaître Laetitia Sadier depuis que j’habite à Londres donc ça a beaucoup de sens. C’est un groupe qui m’a beaucoup… après c’est un groupe qui m’a… comment dire ? Je connais pas si bien que ça…
Maintenant je le connais beaucoup mieux mais à l’époque, dans les années 90/2000 je connaissais un album où deux. Et en fait je crois que la voix… on a sans doute un timbre similaire avec Laetitia et surtout je pense qu’on a les mêmes influences toutes les deux – enfin tout le monde puisqu’il y a pas qu’elle dans le groupe mais – notamment toute cette musique de la fin des années 60 et la musique brésilienne qui est une musique assez spontanée, presque naïve pour aujourd’hui et hyper belle sur le plan mélodique.
Et moi c’est vrai que j’essaye de rester ouverte à plein de trucs, mais tu vas me sortir un chef d’œuvre des années 68-70, je ne peux pas cacher que ça va me faire vibrer beaucoup plus fort ! Ça sonne très passéiste mais c’est vrai que j’ai un attachement à cette période. Je me sens pas passéiste mais par contre j’ai envie de garder la beauté de ça, du format très court des chansons, des fulgurances mélodiques… pour moi c’est hyper important. Mais bon voilà.
Et puis, puisque j’ai grandi et j’ai été élevée dans la musique indie pop des années 90, je suis très influencée par Pavement et tous ces groupes…
Après il y a plein de choses…
LFB : Tu viens de sortir Isolated, le premier morceau à sortir depuis l’album. Le titre semble faire référence à notre état l’année dernière, mais il s’agit en fait d’une histoire que tu as lue dans The Guardian…
CM : Isolated c’est une chanson en parallèle de l’album Songs of Resilience en fait. J’avais commencé à travailler sur ce qui devait être le deuxième album – mais qui ne l’est plus du coup – et Isolated en faisait partie, avec Elixir et deux autres qui ne sont pas encore sorties qui seront sans doute un EP finalement. Parce qu’elles ont toutes été enregistrées en même temps. Et là j’ai besoin de passer à autre chose pour le troisième album…
Isolated je l’ai écrite en 2019 parce qu’effectivement j’ai lu un article dans The Guardian sur… alors l’histoire c’est John Chau qui était une sorte de missionnaire évangélique américain qui s’était pris d’aller évangéliser une île qui est considérée comme la plus isolée du monde qui est au large de l’océan indien et dont les natifs s’appellent les sentineleses. Et en gros il s’est fait shooter avec une flèche.
Ce qui n’est pas très marrant, mais en même temps, j’ai peut-être un peu un humour noir, mais il y avait un peu un côté genre, le prosélytisme c’est pas forcément une très bonne idée quoi.
C’est une chanson que je jouais déjà, en live on l’avait déjà jouée un petit peu. Mais un peu comme ça, on était pas trop sûr de la structure. C’était un peu bourrin même. Je me souviens c’était ma chanson très rentre dedans.
C’était vraiment un fait divers et en fait moi j’aime bien les faits divers. Raconter l’histoire d’un film que j’ai vu… Il y a un truc comme ça marrant de pas trop… j’aime bien les chansons très personnelles mais en même temps je trouve ça cool de partir d’un matériau presque au hasard « tiens je vais parler de ça, qu’est-ce que ça peut dire. » Une recette de cuisine… peut être un jour… (rire)
LFB : La chanson est électrique, il y a plus d’instruments et elle est plus produite que celles de Songs of Resilience…
CM : Oui c’est parce qu’en fait avec les gars, James Howard, Dimitrios Ntontis, Jack Barraclough et Thomas Broda et Anthony Kastellani, on s’est dit qu’on voulait faire un bel album bien produit avec Toby, qui avait aussi enregistré Songs of Resilience – Toby Burroughs du groupe Pozi.
J’essaie d’élargir ma palette en terme d’arrangements aussi. D’avoir d’autres instruments, peut être dosés, plus produite qu’avant. C’est une chanson qui va vers ça.
LFB : Le titre est accompagné d’une face B qui est une reprise d’une chanson des Beatles. C’est un morceau minimaliste et intime avec de doux arpèges de guitare électrique et un clavier chaotique à l’arrière. Est-ce que tu peux nous parler de ce titre ?
And Your Bird Can Sing c’est une de mes chansons préférées des Beatles. Elle m’a toujours impressionnée par son énergie, par les guitares en cascade et puis la mélodie, Lennon… enfin tout quoi. Apparemment c’est une chanson que lui-même considérait comme un bouche-trou. Enfin elle était toujours minimisée. Mais en fait elle a fait tellement de fans qu’on s’en fiche de son opinion (rire).
Et il se trouve également que je fais partie d’un orchestre qui s’appelle le Fantasy Orchestra qui est basé à Paris et à Bristol et dont le chef d’orchestre s’appelle Jesse Vernon. Il l’avait arrangée pour le répertoire de cet été. On a fait le tour de la Bretagne en vélo, (enfin du Finistère pardon !), et c’est une chanson qu’on a jouée et que j’ai même chantée sur scène. Du coup c’était une belle occasion d’avoir une face B et puis de faire une reprise. C’est bien de faire des reprises. C’est une chose qu’il faut faire. Enfin c’est ce que je pense en tout cas.
Après, pourquoi elle est comme ça ? C’est que c’est juste impossible d’imiter les Beatles… donc faire les harmonies vocales ou les lignes de guitare électrique, ils sont virtuoses ! Et donc voilà, j’étais seule en studio avec Toby donc je me suis dit, « on va se l’approprier autrement, on va la ralentir complètement ». Et puis j’ai un peu harmonisé les accords. Ils sont un peu plus enrichis que l’originale. Et j’ai joué avec un synthétiseur qui s’appelle Juno qui était dans le studio et j’ai fait vraiment un gros délire hyper improvisé.
Ça s’est enregistré en 1h top chrono et mixé l’heure d’après donc ça aura pris 2h en tout. Parfois le temps se compresse, c’est marrant.
Donc en gros pour répondre à la question, c’est pour faire en sorte de ne pas être trop près de l’originale justement. Parce que ça me paraissait impossible en fait et pas très intéressant en plus.
LFB : Est-ce que c’est ta première reprise ?
CM : Non, j’ai déjà fait d’autres reprises et notamment sur Le Continent il y avait une reprise d’une chanson qui était chantée par Roy Orbison dans les années 60 et qui était un standard de jazz dans les années 40 qui s’appelle Dream. Une chanson assez mélancolique. Et en fait je l’ai traduite en français, ça s’appelle Rêve, Rêve, Rêve et ça devait terminer l’album et en fait ça sonnait un peu à plat… En elle même était très bien. Mais voilà.
Donc du coup on l’a mise sur une carte postale qui est sortie sur Lost Map Records et qui doit être… je pense qu’elle est sur Spotify si je dis pas de bêtises.
LFB : Comment as-tu vécu les moments que nous avons traversés ?
CM : Ça c’est une question pas évidente pour moi. Comme plein de monde des hauts et des bas. Je pense que c’est un peu… en ce moment il y a une espèce d’excitation, tout est revenu, et en même temps personne n’est très crédule la dessus. Quand tu commences à parler aux gens… On a tous un peu morflé quand même pendant cette période, donc c’est bien d’être honnête avec ça.
Moi j’essaye juste de pas avoir la tête sous l’eau. Enfin tu vois de pas être trop triste ou trop découragée. Et le truc en fait c’est que oui, il y a un manque de futur qui n’est pas très agréable. La seule obligation que je m’impose c’est d’essayer de faire des trucs. Le temps que ça prend c’est pas très grave. Mais au moins de prendre mon instrument, de jouer avec des gens… ça ça va. Donc ça va aller !
LFB : Quelle est ta relation avec la France, et avec l’Angleterre ?
CM : Pendant le confinement, enfin l’année du Covid quoi, c’est vrai que j’ai un peu redécouvert la France parce que j’ai quand même voulu me rapprocher de ma famille…
En ce moment j’ai plutôt envie de… je me concentre un peu sur ma carrière à Londres et au Royaume Uni. Et après c’est vrai que j’aimerais bien reconnecter un peu avec la scène parisienne et surtout française en fait… la parisienne m’intéresse pas tant que ça, mais par contre il y a beaucoup de musiciens passionnants en France. Mais il faut que je m’en occupe. Ça va venir (rire).
LFB : Y a-t-il des choses que tu as découvertes récemment et que tu aimerais partager avec nous ?
CM : Moi je suis assez… j’ai pas découvert des trucs vraiment obscures pour partager. J’ai fait plein de concerts depuis le mois d’août 2021, les festivals…
Il y a le dernier album de Vanishing Twin qui est formidable (Ookii Gekkou). Y a des artistes comme Robert Sotelo… NightShift qui sont des copains de Glasgow qui sont super doués…
En fait ce que j’aime beaucoup à Londres c’est que c’est encore possible d’aller dans un lieu, de découvrir vraiment de nulle part un groupe dont t’as vraiment jamais entendu parler.
Et je me souviens d’avoir découvert Gentle Stranger comme ça, qui est un de mes groupes préférés en ce moment. Que je trouve extraordinaire… si, je connaissais leur flûtiste mais bon… j’étais dans un pub en train de regarder un peu puis là… la musique mais incroyable quoi. Elle m’est tombée dessus !
Et donc ouais si tu vas au Windmill à Brixton, si tu vas au Shacklewell Arms, si tu vas à Dalston… à Londres il y a plein de choses comme ça qui sont encore possibles. Je pense que c’est plus possible qu’à Paris ou en général les gens vont plus voir ce qu’ils ont décidé d’aller voir. Ici il y a vraiment cette culture de « bon bah, je vais traîner et on verra bien ce qui se passe en musique ». Et donc c’est génial quand il y a un groupe qui vient de nulle part et qui en plus plait à des gens. Ils ont eu vraiment la bonne mentalité vis à vis de la musique, c’est à dire d’avoir un regard assez frais et pas… ils ne pensent pas qu’ils sont en train de consommer de la culture tu vois. Il y a un truc intéressant là-dedans.
Et pour terminer, j’ai vu un concert extraordinaire de quelqu’un qu’est là depuis un petit moment qui s’appelle Charles Hayward qui est un immense batteur et compositeur du sud de Londres et qui a donné un concert à The Albany qui est une salle de théâtre à Deptford. Et voilà, là il m’a inspirée pour 6 mois de musique là. Parce que c’était tellement incroyable et riche et avec des idées modernes surtout… Voilà, ça c’était ma dernière grande claque.
LFB : Merci !
English Version
Some artists touch us with their sincerity and the depth of feelings they express, others because they skilfully elaborate music and push the creativity of their songs artfully. Clementine March’s music is both, often sincere and touching, sometimes storytelling, raw or more produced, it is always personal and singular. Her new single, Isolated, and its B-side, And Your Bird Can Sing (Beatles’ cover) have just been released on Lost Map Records and we took this opportunity to ask her a few questions…
We talked about her musical journey between Paris, South America and London, her influences from Brazilian music to post-punk and about the London music scene…
La Face B : Hello, how are you?
Clémentine March : Hello ! I’m doing very well thank you! I just got back from a crazy Halloween weekend with Snapped Ankles, a band I played with a few years ago who played a very, very nice show at Roundhouse in London and it was absolutely crazy. I danced with them on stage… to remember the good old days. I’m very happy!
La Face B: Have you always been making music? Can you tell us about your music journey so far?
CM: I actually studied violin at the conservatory when I was little, like from 6 to 11 or something like that. And then when I was a teenager, I was very interested in rock music and I remember Nirvana‘s music in particular, which was a huge blow to a lot of kids in the 90s.
So I asked my father and my mother if I could play electric guitar. My father said « yeah, but take the classical basics anyway ». And in fact that suited me, so that’s what I did. Thanks to that I discovered Brazilian music, because part of the classical guitar repertoire was made up of studies by a composer from the beginning of the 20th century called Villa-Lobos. And through him, I discovered a lot of genres, which are quite old now, but it’s magnificent, I don’t care about the age.
And then it took me to Brazil, and with it I also discovered jazz… and in fact all that accumulated, plus my music addiction if I may say so, I really listened to everything, I was very… I’ve always been a bit annoyed by musical genres and all that.
So I kind of put it aside in early adulthood because I didn’t think that… lack of confidence basically. And then after a few years of travelling and meeting people and living in South America, I decided a bit later, in my early thirties to really make it the centre of my life.
In fact in 2010 I joined a band on bass and I was really a beginner or at least I didn’t know how to play it in a band. And it was the best school in the world actually, to play with people and especially recording.
They’re called In Bear Suits and they’re still going. And the « leader » is called Pierre Caron – and he’s the one who got my foot in the door at the time. And then, as a bass player, I was able to find melodic cells in the songs quite quickly and I was a bit like… not frustrated but you know, like, a bit…. I wanted to do my own thing. I felt like there was something calling me inside.
That’s actually how I started writing my songs. My very first songs were in 2012 , so it was exactly 10 years ago. And it was a surprise actually, I didn’t plan it. I wanted to be a musician but writing a song was just not possible. And actually I realised that I had a facility, but I had no idea.
From there I started to unroll the thread. And then I met people. I met Amélie Rousseaux, who is the alter ego of Sofia Bolt, who lives in the United States now. And then I had a band called The Water Babies. And yes I continued to play with a lot of people in Paris first and then in London when I moved in 2015 as a bass player and up to Snapped Ankles which was kind of the big band I played with in the late 2010s.
So that’s actually been very empirical all round. It’s a lot of luck. I think being around and having a lot of desires played a role too. And at the same time I tried to start a solo career because the members of the band I had created told me « yeah well that’s fine, but do your solo stuff a bit now. Take some responsibility for your songs. Sing them yourself. » So I started doing my songs really under my name in 2016-2017.
LFB: You’ve released two albums, Le Continent (2020) and Songs of Resilience (2021), since you’ve been living in London. Was this planned?
CM: Well I’ve been playing, playing, playing and then I recorded Le Continent quite a lot before I released it. And yes, I wanted to do a bit of a review of my francitude (laughs). So I chose to do it in French. I wanted it to tell a story, so I really conceived it as an album by linking the tracks together.
And then I continued to tour a bit after I recorded it. I took some time to find a label. And Johnny Lynchfrom from Lost Map Records, – who is Scottish, who has his own great project called Pictish Trail, and who was the former label boss of Rozi Plain, and who is a friend – he saw me play on tour in 2018 when I was supporting Big Thief and he loved it!
So he offered me to do it. It took another year and in the summer of 2019 Lost Map said « Yeah come on, we’ll release your music » and so that’s how Le Continent came out.
LFB: Your first album feels like a step back, and the songs sound like postcards sent to France. And on Songs of Resilience, most of the songs are in English, and it feels more like moving forward or settling down…
CM: For Songs of Resilience it was much more incidental actually. What happened was that there was the lockdown and then I was a bit… it was the second one, it was a year ago in November 2020. I was a bit depressed, like everyone else, but in the mode of « wait a minute, if I stay at home without doing anything it’s going to be a disaster ». And that was the trigger for me to say « well… », I had a fantasy of an acoustic guitar album « maybe it’s time to do it! ».
And I had no songs at all. I only had the last song, which is called Eternity and the others I created from scratch in 10 days. I locked myself up in a studio for 10 days and I wrote everything.
And it was quite exciting because it was in total lockdown. It was the worst time, well, it wasn’t very fun. And I kind of created a bubble for myself with this album. The cover is not on purpose, but it’s a bit like that.
And then, yes, for me it’s always an exercise because writing in French is an exercise. Writing in English too. Trying to be sincere with emotions in a language which is not your own, or which is not the original one in any case, is quite interesting and I have the impression that it’s been working. And it was a great adventure that we recorded in a very short time in 2 or 3 days, including the mixing.
LFB: We think of different influences when we listen to the record, we think of Stereolab of course but also of Georges Brassens for the form, just guitar and vocals… Which music inspires you?
CM: I talked about Brazil a little earlier. So Brassens is… my father was a mega fan. But like he still has books, posters… I think he even belonged to the society of Georges Brassens’ friends or something like that. I think it’s the 40th anniversary of his death. On the other hand, I didn’t really have any… I think it must be an « underground » influence because it’s true that I had always found Georges Brassens a bit stiff. But at the same time, Songs of Resilience is stiff too (laughs). Anyway, he was a great lyricist, great singer.
Stereolab, well yes, and I’m lucky enough to know Laëtitia Sadier since I live in London so it makes a lot of sense. It’s a band that has made me feel a lot… after that it’s a band that has made me… how can I put it? I don’t know it that well…
Now I know it much better but at the time, in the 90s/2000, I knew an album or two. And in fact I believe that the voice… we have maybe a similar tone with Laetitia and especially I think that we have the same influences both – well everybody because there is not only her in the group but – notably all this music of the end of the 60s and the Brazilian music which is a rather spontaneous music, almost naive for today and hyper beautiful on the melodic level.
And it’s true that I try to stay open to a lot of things but if you’re going to give me a masterpiece from the 68-70’s, well I can’t hide that it’s going to make me vibrate a lot more. It sounds very old fashioned but it’s true that I have an attachment to this period. I don’t feel like a backward-looking person but I want to keep the beauty of that, the very short format of the songs, the melodic flashes… for me it’s very important. But here it is.
And then, since I grew up and I was raised in the indie pop music of the 90’s, I am very influenced by Pavement and all those bands…
Then there are many things…
LFB: You’ve just released a new single, Isolated, the first track to be released since the album. The title seems to refer to our state last year, but it’s actually a story you read in The Guardian…
CM: Isolated is a side song to the Songs of Resilience album actually. I had started working on what was supposed to be the second album (but is no longer) and Isolated was part of it, with Elexir and two others that are not yet released that will probably be an EP in the end because they were all recorded at the same time. Now I need to move on to something else for the third album…
I wrote Isolated in 2019 because I actually read an article in The Guardian about… so the story is John Chau who was a kind of American evangelical missionary who took it upon himself to go and evangelize an island that is considered the most isolated in the world which is off the Indian Ocean and whose natives are called the Sentineleses. And basically, he got shot with an arrow.
Which is not very funny, but at the same time, I may have a bit of a dark humor, but there was a bit of a side to it, like proselytizing is not necessarily a very good idea.
It’s a song that I already played, we had already played it live a little bit. But a bit like that, we weren’t too sure of the structure. It was a little bit rough even. I remember it was my very « hard-hitting » song.
It was really a news item and I actually like news items. Telling the story of a movie I saw… There’s a funny thing about it that’s not too… I like very personal songs but at the same time I think it’s cool to start from an almost random material « here I am going to talk about this, what can it say. » A recipe… maybe one day… (laughs)
LFB: The song is electric, there are more instruments and it’s more produced than the Songs of Resilience…
CM: Yeah it’s because actually with the guys, James Howard, Dimitrios Ntontis, Jack Barraclough et Thomas Broda and Anthony Kastellani, who are two other friends, we thought we wanted to do a nice well produced album with Toby, who also recorded Songs of Resilience – Toby Burroughs from the band Pozi.
I’m also trying to expand my palette in terms of arrangements. To have other instruments, maybe in doses, more produced than before. It’s a song in the way of that.
LFB: The title is accompanied by a B-side which is a cover of a Beatles’ song. It’s a minimalist, intimate track with soft electric guitar arpeggios and a chaotic keyboard in the back. Can you tell us about this song?
CM: And Your Bird Can Sing is one of my favorite Beatles songs. It’s always impressed me with the energy, the cascading guitars and then the melody, Lennon… well everything. Apparently it’s a song that he himself considered a filler. I mean it was always downplayed. But in fact it made so many fans that we don’t care about his opinion (laughs).
And I also happen to be part of an orchestra called the Fantasy Orchestra which is based in Paris and Bristol and whose conductor is Jesse Vernon. He had arranged it for the repertoire of this summer. We made the tour of Brittany by bike, well of the Finistère sorry! And it’s a song that we played this summer that I even sang on stage. So it was a great opportunity to have a B-side and then to do a cover. It’s good to do covers. It’s something that you have to do. At least that’s what I think.
Then, why is it like that? It’s just impossible to imitate the Beatles… so to do the vocal harmonies or the electric guitar lines, they are virtuosos! So I was alone in the studio with Toby, so I thought, « let’s do it differently, let’s slow it down ». And then I harmonized the chords a bit. They’re a little bit more enriched than the original. And I played with a synthesizer called Juno which was in the studio and I made a really big hyper improvised delirium.
It was recorded in 1 hour and mixed the next hour, so it took 2 hours in total. Sometimes time gets compressed, it’s funny. So basically to answer the question, it’s to make sure that it’s not too close to the original. Because it seemed impossible to me and not very interesting either.
LFB: Is this your first cover?
CM: No, I already did other covers and in particular on Le Continent there was a cover of a song which was sung by Roy Orbison in the 60’s and which was a jazz standard in the 40’s called Dream. A rather melancholic song. And in fact I translated it into French, it’s called Rêve, Rêve, Rêve and it was supposed to end the album and in fact it sounded a bit flat… In itself it was very good. But that’s it.
So then we put it on a postcard that was released on Lost Map Records and it must be… I think it’s on Spotify if I’m not being telling nonsense.
LFB: How did you live the times we went through?
CM: That’s a tough question for me. Like a lot of people, there are ups and downs. I think it’s kind of… right now there’s a kind of excitement. Everything is back, and at the same time nobody is very gullible about it. When you start talking to people… We’ve all had a bit of a rough time of it though, so it’s good to be honest about it.
I’m just trying to keep my head down. You know, not to be too sad or too discouraged. And the thing is, yes, there’s a lack of future that’s not very pleasant. The only obligation I have is to try to do things. The time it takes is not very serious. But at least to take my instrument, to play with people… that’s fine. So it’s okay!
LFB: What is your relationship with France and with England?
CM: During the lockdown, well the year of Covid, it’s true that I rediscovered France a little bit because I wanted to get closer to my family…
At the moment I want to… I’m concentrating on my career in London and in the United Kingdom. And then it’s true that I would like to reconnect a little with the Parisian scene and especially the French one… I’m not that interested in Paris, but on the other hand there are a lot of exciting musicians in France. But I have to take care of it. It will come (laughs).
LFB: Are there any things you’ve discovered recently that you’d like to share with us?
CM: I haven’t discovered really obscure stuff to share. I’ve been to a lot of shows since August 2021, festivals…
There is the last album of Vanishing Twin which is formidable (Ookii Gekkou). There are artists like Robert Sotelo… NightShift who are friends from Glasgow who are really good…
What I really like about London is that it’s still possible to go to a place, to really discover out of nowhere a band you’ve never heard of.
And I remember discovering Gentle Stranger like that, which is one of my favourite bands at the moment. Which I think is amazing… well, I knew their flutist but… I was in a pub watching a bit and then… the music was just amazing. It fell on me!
And so yeah if you go to the Windmill in Brixton, if you go to the Shaklewell Arms, if you go to Dalston… in London there are a lot of things like that that are still possible. I think it’s more possible than in Paris where people usually go to see what they’ve decided to see. Here there is really this culture of « well, I’m going to hang out and we’ll see what happens in music ».
And so it’s great when there’s a band that comes from nowhere and that people like. They had the right mentality towards music, that is to say to have a fresh look and not to think that they are consuming culture. There’s something interesting in that.
And to finish with, I saw an extraordinary concert of someone who has been here for a while called Charles Hayward who is a great drummer and composer from South London and who gave a concert at The Albany which is a theater in Deptford. And he inspired me for 6 months of music there, because it was so incredible and rich and with modern ideas especially… That was my last great slap.
LFB : Thank you !