La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont à la fois fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de épisode quatre-vingt-dix-sept des clips de la semaine.
Parcels – Somethinggreater
Quelle est la définition d’un coup de foudre ? De notre côté on a trouvé la réponse avec la sortie du nouveau single de Parcels : Somethinggreater. D’une simplicité qui n’a d’égal que sa beauté, ce titre est un enchantement, une ode qui (une fois n’est pas coutume) nous parle de relations amoureuses. D’amours qui se quittent pour mieux se retrouver. Les cinq Australiens ont encore trouvé le moyen de nous faire chavirer, et de nous faire languir en attendant la sortie de leur deuxième album Day / Night, prévue pour le 5 Novembre prochain. D’ici là, on a hâte de pouvoir chanter ce refrain à leur côté en concert, donc on se contentera de le faire en soirée, comme celle présentée dans le clip (on sera peut-être moins bien sapés, autant se le dire tout de suite), théâtre de rebondissements amoureux, de prise de conscience, et d’intrigues éthyliques.
Kid Francescoli – Cent Corps (feat iOni)
Déjà plus d’un an passé depuis la sortie de son dernier album Lovers, et pourtant Kid Francescoli n’a pas l’intention d’arrêter de le faire vivre. En atteste ce nouveau clip de Cent Corps en featuring avec la chanteuse iOni en attendant la reprise de sa tournée Française dans le courant du mois d’Octobre. D’ici là, on profite de ce clip qui rappelle la chaleur de l’été, la langueur de la Méditerranée et les histoires qu’elle peut raconter. Ici on découvre deux protagonistes qui papillonnent depuis leur séparation et qui ne peuvent s’empêcher de comparer chaque aventure avec la leur, quand bien même ils savent que cette idylle n’était pas assez. Un coup à devenir fou, à cogiter jusqu’à fragmenter sa pensée comme l’illustre fort joliment le clip, dans lequel on voit la comédienne et ses clones se compléter, se torturer pendant que le texte du morceau défile comme pour nous détourner l’attention. Encore un coup très inspiré du producteur sudiste.
Ty Segall – Harmonizer
Deux ans après son dernier album solo « First Taste », l’artiste Californien prolifique Ty Segall revenait début août avec « Harmonizer » .
Une oeuvre aux sonorités fuzzy et synthétiques, sortie en digital de manière tout à fait inattendue.
Un album produit en collaboration avec sa femme Denée qui réalisa la pochette et posa sa voix sur le titre « Feel Good ». On la retrouve donc encore sur ce clip du titre « Harmonizer » co-realisé par le couple.
Ce clip nous offre une succession de tableaux absurdes flirtant avec un goût pour la destruction, rythmée par les lumières de Joshua Erkman.
On y écrase des bananes et fouette des perfectos à la façon d’un teaser de soirée de fin d’année d’école d’arts appliqués. Un esthétisme pop fonctionnant malgré tout, tant il joue sur la puissance de la sonorité du titre mise en valeur par ces lumières vives et ces images radicales.
Une bonne harmonie donc, qui semble être le maître mot de son travail à travers cet album.
« Harmonizer ». Le nom d’un album, d’un morceau mais également de ses studios ou fut enregistré ce projet.
Il revient et revient fort. Explorateur de nouvelles sonorités comme un enfant avec de nouveaux jouets, il s’aventure là ou l’instant lui dit d’aller. Ty Segall confirme alors sa démarche et son statut d’artiste majeur au sein de la scène rock psychédélique de notre époque.
Ichon – C’est pas le moment
L’amour c’est pas confortable, souvent compliqué. D’autant plus quand la liberté s’immisce dans le couple. C’est pas le moment parle avec justesse de tout cela. Ichon nous dit : « J’essaie de vivre une histoire libre, simplement afin de garder un sentiment de liberté qui fait partie de moi et j’espère de nous. » Alors, loin du cinéma, ou du mythe de Roméo et Juliette, l’amour en laissant de la place à l’autre. C’est surement ça le grand amour, accepter que l’autre soit présent tout en étant loin : « Tiens moi par la mains, sans la retenir, ça peut suffire. » Pourtant, c’est bien l’archétype cinématographique que Louis Lekien a choisi pour illustrer le morceau. A l’instar du clip Elle pleure en hiver, ce clip parvient à saisir un moment de vie, l’instant présent. On y aperçoit Ichon et Marie-Rose Messina tombée l’un sans l’autre, dans le vide. Avec du recul, c’est surement à quoi ressemble l’amour, pour de vrai. Celui où l’on se laisse tomber, avec confiance. Celui où l’on ne réfléchit plus, où il n’y a plus de passé, de futur, seulement l’instant présent. L’amour libre qui se vit vraiment.
Catastrophe – Jour de chance
La légende dit que si vous écoutez le dernier clip de Catastrophe dans la rue et qu’un sceau d’eau tombe devant vous, il vous épargnera. Comment cela est-il possible ? Tout simplement car grâce au sextuor c’est votre Jour de chance. Réalisé par le groupe lui-même, le clip nous emmène dans salle rempli de hasard et de magie : roulette russe, jeu de la roulette, tirage de carte et cartomancie. Le jour, la chance nous sourit tandis que la nuit c’est la malchance qui nous murmure à l’oreille. Le Yin et le Yang. La musique elle même est mystérieuse, lumineuse et éclatante. On reconnaît des sons de clochette, de cloches rappelant ceux des casions. Encore, faut il que ça soit bien notre Jour de Chance. Et vous, tenterez-vous votre chance au jeu de hasard ?
Nina Savary – Les Passions Tristes
Lorsque l’on parle de passion, il y a tout de suite l’idée de quelque chose de positive, nous faisant vibrer le cœur. Pourtant ces dernières peuvent s’avérer obsédantes, dangereuses, voire mélancoliques pour Nina Savary qui évoque des Passions Tristes. Le titre du même nom à une musique langoureuse et bourdonnante sur laquelle se pose la voix de la chanteuse. la manière de chanteur entre le parlé et le chant élévateur ne serait sans rappeler celui de Bonnie Banane. On reconnait aussi l’influence d’autres artistes comme Julien Gasc ou Armelle Pioline. Quant au clip réalisé par Philippe Lebruman, il se déroule en pleine nature, où semblent vivre des personnages et objets abstraits.
Snail Mail – Valentine
Snail Mail sort cette semaine Valentine, un morceau aussi intense que délicat aux riffs de guitare pop et aux synthés aériens. Il s’agit du premier single de l’artiste américaine, (Lindsey Jordan se son vrai nom) depuis son acclamé premier album Lush (2018) qui l’a projeta dans les spotlight à tout juste 18 ans.
Le morceau évoque avec colère et tristesse un amour perdu. Les paroles sont sans équivoque, profondes et puissantes : “Fuck being remembered, I was made for you” qui s’élèvent sur le refrain : “So why do you want to erase me?” et montent en intensité.
Le clip qui accompagne le morceau, dirigé par Josh Coll, montre la musicienne jouer le rôle d’une femme de chambre éprise de sa maîtresse. Lorsque celle-ci se tourne vers un “dandy” lors d’une fête, Jordan s’empare d’un couteau et tue l’homme dans des images fortes et sanglantes.
Valentine est le premier single du second album du meme nom de Snail Mail qui sortira le 15 octobre.
Oete – La tête pleine
Oete a La tête pleine d’amour. Des sentiments où le passé et le futur se confondent. On y devine une séparation récente « J’ai la tête pleine, pleine, de toi. Faudrait que tu reviennes, reviennes, à moi. » et des questionnements brodés du souvenir : « Que restera-t-il quand tout sera fébrile ? Que restera-t-il de nous ? » Un titre émouvant, porté par la voix si particulière de Oete : à la fois puissante, forte et fragile, sensible. Il y a beaucoup de finesse dans la manière de chanter, ainsi qu’un aspect vibrant qu’électrise les guitares et la batterie. Un piano vient donner de la cohésion à cette orchestre moderne. Le clip est réalisé par Simon Vanrie (ayant travaillé pour Clou, Françoiz Breut, Barbara Cartlotti, Albin de la Simone), dont on reconnait l’empreinte artistique. L’image tout comme le morceau tourbillonne avec finesse et élégance.
Jelly and Ice Cream – Take Me
Le groupe belge est de retour avec un nouveau titre, Take Me totalement créé en indépendant. Et cela y compris le visuel qui accompagne ce titre et qui a été réalisé par le groupe lui-même. Une touche home-made qui caractérise depuis ses débuts le groupe et qui continué de les accompagner au fil des projets. Une esthétique qui ancre leur musique et l’image du groupe véhiculée par les ambiances de leurs clips. Le groupe a le don de toujours emmener son public dans une ballade visuelle aux travers de leurs créations, Take Me en est un nouvel bel exemple. Au travers de nombreux plans fixes, le groupe montre divers moments de vie qui prennent toute leur place couplé à la voix hypnotique du chanteur. Durant 4 minutes ils accompagnent leur public d’une bande d’ados avec qui ils partageront un moment sincère renforcé par la simplicité des plans qui les rend presque poétique. Et le rythme progressif du titre ne fait que renforcer ce sentiment. On a déjà hâte de voir la prochaine balade que les belges vont nous proposer.
Lunar Vacation – Gears
« There is no reason to be sad about it ». Voix posée, cordes stridentes, images monochromes. L’artiste Grace Repasky – chanteuse et guitariste de de Lunar Vacation – se reapproprie dans le clip de Gears, le Nosferatu de Murnau, le temps de quelques minutes, grimmée en un vampire morbide oscillant sous des filtres colorés, le rouge, le jaune, puis le bleu. Seul un écran, une fenêtre sur le ciel bleu vient traverser succinctement ce tout où tout semble se questionner sous la tristesse et les maux. Lunar Vacation nous montre ainsi avec ce nouveau clip à l’esthétique recherchée, cette esprit pop-rock sincère et sobre qui émanera de son album à venir, Inside Every Fig Is A Dead Wasp.
Oneohtrix Point Never feat. Elizabeth Frazer – Tales From The Trash Stratum
Mêler l’organique et le synthétique, fondre des mélodies géométriques de Oneohtrix Point Never, et les mots murmurés et saccadés d’Elizabeth Frazer (Cocteau Twins) : le clip de Tales From The Trash Stratum est une proposition mathématique. Chaque chose semble être à sa juste place et demeure pourtant surprenante dans ce clip en mouvement. Ici les formes au graphisme linéaire côtoient la photographie effacée et pourtant éternelle des plantes. Robert Beatty – à qui l’on doit notamment l’artwork de Currents de Tame Impala – signe ici un travail remarquable, parfaitement raccord avec la ligne artistique ondulatoire de Oneohtrix Point Never, créant une synthèse happante de cette superbe collaboration.
Pearl & The Oysters – Flowerland
Pour la sortie de son troisième album, Pearl &The Oysters a posé sa soucoupe groovant et volante en un lieu utopique, Flowerland, qui a donné le nom à leur nouveau disque. Ce Flowerland a comme une saveur d’île des lotophages – l’île de l’oubli dans l’Odysée d’Homère. Après avoir goûté aux délices de la mélodie, on se sent happé par le rythme langoureux et les claviers tourbillonnants. On se dit alors comme Juliette « I guess, I’m staying here tonight » et on se laisse aller, bercé, loin du tumulte de nos vies urbaines et du travail qui nous y attend. Procrastinons, ne serait-ce qu’un jour de plus.
En harmonie avec la thématique, la vidéo prend les teintes d’une vieille bande VHS qui commence doucement à se dégrader – couleurs saturées et baveuses, images sautillantes – comme d’anciens souvenirs où l’imaginaire mémoriel et le réel vécu commencent à se confondre.
Après avoir écouté Flowerland, laissez votre oisiveté chronique vous envahir pour, encore, une petite heure. Sur ce dernier album, 13 autres pépites sont à découvrir et à savourer.
Baptiste W. Hamon & Barbagallo – Le souvenir brillera (ft. Stuart Murdoch)
Reprendre Belle and Sebastian pour en faire une pièce insolite demande une sacrée dose de courage. « Sleep the Clock Around », chanson qui faisait déjà office d’OVNI , dans le somptueux album « the Boy with the Arab Strap » a été choisie par baptiste W.Hamon pour prolonger son partenariat avec Barbagallo et ainsi proposer un touchant instantané . Ils ont d’ailleurs le sens du contrepieds, cette proposition électro tranchant avec un premier single plutôt folk et langourant, « J’écoute l’eau ».
Ce nouveau morceau, baptisé désormais « le souvenir brillera » respecte ainsi l’ambiance initiale voulu par le groupe écossais. Même utilisation malicieuse d’une boite à rythme et même volonté de raconter une quête. Celle de la liberté à l’heure de choisir celui que l’on veut être…
Adoubé par Stuart Murdoch, qui laisse ici planer sa présence, le duo livre un clip conjointement réalisé par Romain Winler et Nicolas Topor. Un dialogue s’installe donc entre deux duos.
Le titre plutôt guilleret est animé par des images colorées et souvent nerveuses. Le personnage principal également habillé d’éléments bariolés sautent, court et interagit avec le décor urbain. Il peint également : les nuances utilisées répondent à une explosion chromatique. Les différents traits réalisés spontanément sont autant de lignes de fuite libératrices. Pour mieux s’en convaincre, l’artiste réalise une composition naïve d’un cheval. Le galop continue.
Si pour les autres le personnage peut paraitre trop décalé, pour nous, à travers les yeux des réalisateurs, il devient magnifique.
Notre héros joue également avec un enfant. On se gardera bien de donner tous les symboles qui peuvent se rattacher. Ces séquences sont une parenthèses plutôt drôle.
La fin du clip montre enfin une émancipation totale. Le personnage qui était seul au début, danse avec des gens. Son sourire éclate et d’autres dessins s’immiscent à l’écran. Les lignes continuent et continueront pour aboutir à la grande fresque de la vie.