La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de notre session 98 des clips de la semaine.
Villagers – Circles In The Firing Line
Un mois après la sortie de ses merveilleux Fever Dreams et alors qu’il s’apprête à, enfin, reprendre la route et la scène, Villagers nous offre cette semaine un clip pour l’excellent Circles In The Firing Line.
Le morceau porte en lui tout l’ADN de l’album : un côté à la fois vaporeux et mouvant, une touche d’onirisme et beaucoup de tendresse pour une musique organique et attachante qui nous berce et nous invite encore et toujours à nous échapper du réel.
Et dans la vidéo de Rosie Barrett, le réel semble effectivement très loin. Superbe odyssée animée, le clip joue de découpage, de montage et de dessins pour nous déposer dans un monde à la fois chaleureux et inquiétant plein d’incertitudes, de mystères et de moments hors du temps sans jamais chercher à les quantifier ou à les accepter.
Un appel à vivre avec la part d’inconnu qui grandit souvent en nous et qu’il est nécessaire de chérir plutôt que de la combattre en permanence.
BRNS – Money
Aujourd’hui, on parle de thunes avec les Belges de BRNS. Au cours d’un morceau sobrement intitulé Money, qui sera sur leur nouvel album Celluloid Swamp à paraître ultérieurement. Préparez vos carnets de note, ici vous apprendrez tous les tips de la bande Bruxelloise pour optimiser vos placements, prendre des risques sur les marchés de crypto et défiscaliser un max (non). Un morceau qui plane comme un billet qui tombe au ralenti d’une poche maladroite et qui fera le bonheur d’un passant futur. Avec des passages plus électroniques qui résonnent comme le ruissellement d’un torrent de pièces lors d’un braquage. Côté vidéo, un côté faussement simpliste avec des effets visuels qui crient au départ l’économie de moyens mais qui se révèlent de plus en plus fins à mesure que le clip se dévoile. Bref, BRNS n’est toujours pas un groupe de droite, et c’est le principal.
Choses Sauvages – La musique
« Détachez tout vêtement trop serré, laissez vous simplement aller à la musique ». Voilà la note d’intention qui apparait au milieu de La Musique, le nouveau titre des géniaux Choses Sauvages. L’idée est assez claire, elle est d’autant plus évidente à l’écoute.
Un grand moment de relâchement, organique et imparable. Une tune parfaite qui nous contamine par son groove imparable et par sa joie de vie communicative. Le genre de morceau qui ne nous donne qu’une envie ; danser, encore et toujours. Voilà ce qu’est La Musique et c’est ce qu’elle devrait toujours être au final.
Ici les québecois poussent à fond le curseur dancefloor qu’on avait déjà pu apercevoir dans leur musique et ce pour notre plus grand bonheur.
Visuellement, Léa Dumoulin nous entraine dans l’ivresse d’une zone de flou assez dingue, comme si le monde autour de nous allait trop vite et vibrait trop fort. On se laisse embarquer par cette folie douce qui ne semble jamais vouloir nous libérer.
Un morceau parfait qui ne fait qu’augmenter notre impatience avant la sortie de Choses Sauvages II.
Svinkels – Bistrot Boys
Une Rechute qui fait du bien. On n’osait plus vraiment l’espérer, se réécoutant en boucle leur discographie en se disant que « putain, le Svinkels c’était quand même vraiment bien ». Et pourtant le trio le plus destructeur du rap français est de retour 13 ans après Dirty Centre.
Et autant le dire, Baste, Nikus et Mr.Xavier n’ont pas changé, et ceux pour notre plus grand bonheur. La preuve avec ce génial Bistrot Boys, morceau épique et hommage à la défonce éthylique, sport qu’il maîtrise mieux que personne. Un morceau à l’écriture ciselée, toujours aussi drôle et enlevée et bourré de références à tout un pan du rap us qu’ils adorent, le tout sur une production moderne et addictive comme un bon verre de pinard.
Visuellement, RoLag nous entraîne dans une ambiance très années 80/90, là aussi multipliant les hommages à deux trios phares du hip hop moderne : les Beastie Boys et Run DMC. Sapés comme jamais par la team Qhuit, les Svinkels redeviennent en un clin d’oeil ces losers magnifiques qu’on a envie de suivre dans toutes leur aventures, au risque de perdre notre foie au passage.
En tout cas, on ne manquera pour rien au monde leur retour sur scène qui s’annonce cataclysmique.
Charlotte Adigéry & Bolis Pupul – Thank You
Cette semaine, une nouvelle est apparue dans nos feeds Instagram : oui Charlotte Adigery & Bolis Pupul forment un duo musicale et donc un projet commun. Pas forcément étonnant pour tout ceux qui les suivent et les ont déjà vu sur scène, mais une mise au point importante dans un monde où on a tendance à mettre en avant les uns plutôt que les autres.
Au delà de cette petite mise au point, le duo est surtout de retour avec l’excellent Thank You, morceau qu’on avait déjà eu l’occasion d’entendre à leurs concerts. Une semi-nouveauté donc mais un vrai plaisir de pouvoir se passer désormais ce morceau ultra-efficace en boucle.
Un morceau au cynisme assumé et contaminant, comme une réponse aux nombreux commentaires envahissants et toxiques que certains ne peuvent s’empêcher d’offrir aux artistes, et aux êtres humains en général.
Un merci en forme de coup de boule pour un morceau à la tension permanente qui pourrait très facilement devenir une boucle hypnotique qui amène à la transe.
Visuellement, le duo nous offre un clip DIY et loufoque, où l’on se demande qui est l’œuf et qui est la poule, le créateur et la créature. Une certaine idée du monde moderne où tout le monde se doit d’avoir une opinion sur tout, sans que celle-ci soit forcément très intéressante.
On espère une suite pour bientôt, en attendant on sera à leur gaîté lyrique en novembre.
janvier – crush
Nous sommes en septembre, mais cet après midi nous vous parlons de janvier. L’artiste rouennais, que vous aviez découvert en exclusivité sur La Face B, est de retour cette semaine et annonce l’arrivée d’un premier album.
Pour ça, il nous offre un premier single intitulé crush et on ne vous fera pas l’affront de vous expliquer de quoi ça parle. La musique de janvier semble pourtant avoir gagner en ambition, s’offrant un côté plus ample et habité, à travers ce morceau habité qui gagne lentement en intensité au fil des secondes. Un morceau atmosphérique porté par des harmonies vocales géniales et une ambiance qui nous frappe en plein cœur.
Et parce qu’on est jamais mieux qu’en bossant avec ses potes, janvier apporte un petit bout de MNNQNS dans son projet en laissant la batterie à Grégoire Mainot et la vidéo à Félix Ramaën. On part donc en promenade au bord de l’eau, la guitare toujours au bout des doigts, pour un clip joli comme un jour d’été sous la pluie qui se termine autour d’un bon feu de camp pour se réchauffer.
Une première étape, puisque janvier prévoit de sortir 3 autres vidéos, offrant à chaque fois la réalisation à un artiste rouennais. La suite arrive vite donc et on a plutôt hâte.
Rémi Parson – Les sentiments
La vie est parfois une course folle qui nous laisse sur le carreau. Une grande danse qui nous éclate et qui explose sans qu’on le réalise. Un instant trop bref et parfois trop violent dans lequel on ne comprend pas toujours tout.
C’est un peu ce que nous raconte Rémi Parson avec Les Sentiments, morceau qui semble porter en lui l’énergie du désespoir autant que le besoin de dire les choses avant qu’il ne soit trop tard.
Un chaos sonore organisé sur lequel l’artiste pose ses interrogations sur ses humeurs et sur une relation qui vit des hauts et des bas, des instants inconnus autant que des réminiscences d’un temps passé qui semblent revenir pour jouer une nouvelle danse. Des sentiments compliqués sans lequels on ne pourrait malgré tout pas vivre.
Visuellement, Flying Saucers opte pour l’adaptation poétique, amenant Rémi Parson dans la forêt de Vendresse. Une nature implacable dans laquelle il semble chercher un équilibre précaire à tout un tas de poids qu’il porte avec lui avant d’opter pour la fuite qui s’avérera fatalement inutile.
Odezenne – Mamour
Une histoire d’amour qui résiste à la fin du monde, voilà ce que dit le nouveau morceau d’Odezenne. Le groupe nous offre un titre et un clip issu de leur prochain album 1200 mètres en tout. C’est une vidéo animée écrite et réalisée par Vladimir Mavounia-Kouka qui met en scène l’amour fou que se portent deux personnes. Même après des accidents physiques destructeurs qui ne laissent plus de place qu’au cerveau dans un corps construit de toutes pièces.
Notre personnage principal est robotisé comme la voix dans le morceau le rappelle et voit sa compagne passer les âges jusqu’à ce qu’à son tour son enveloppe physique charnelle ne soit remplacée par une carapace métallisée. Cet amour se place dans un contexte général d’une planète qui s’éteint, usée par le réchauffement climatique et qui implose de toute parts.
Pour autant, les drames n’entament pas la passion et les coeur et l’âme survivent sans forme physique dans ce monde apocalyptique.
Comme Odezenne le dit si bien avec les mots et les images, s’il y a bien une chose qui perdurera, c’est l’amour.
Benjamin Biolay – Ma route
A la manière d’un crooner, Benjamin Biolay défile sur un circuit automobile au travers du clip de Ma Route, réalisé par Beat Bounce. Pourtant loin d’aller aussi rapidement qu’une formule 1, le titre est lent, planant et pleins de douceur, de rondeur et de maturité. Entre des mélodies réalisées à la guitare, on reconnaît des cuivres jouant des sons de velours. Ce morceau, à l’instar de son précédent titre Ton Héritage, semble être une leçon retranscrite, tout en restant éloigné de tout discours moralisateur. En bref, une prise de recul. Le chanteur nous raconte ses voyages, son parcours, ses multiples vies.
LE NOISEUR – Stone de toi
It’s a match pour Le Noiseur. Le lyric clip de Stone de toi, réalisé par La Villa Mektoub reprend les codes de Tinder. Un clip décalé pour un titre et un artiste décalé qui nous explique garder son pull au hammam, sortir en peignoir et dire des trucs bizarres comme Jean-Claude Van Damne. Les paroles sont portées par une musique electro-pop assez planante, avec des airs d’Odezenne. Au travers du clip, on reconnaît les rituels des premiers flirts : les messages par milliers, les recherches google et les rdv vidéos à n’importe quel moment. Jusqu’au tant attendu date. En tout cas, on en connaît la date : le 5 novembre, pour la sortie de son nouvel album.
Sacha Rudy – Upside Down
Sacha Rudy nous embarque dans un univers où tout est à l’envers. Les décors du clip Upside Down sont bordés de couleurs sable, ocre, presque irréel. Et pour cause, c’est dans le mythique French Colorado que le réalisateur Martin Josserand accompagné de l’artiste nous promène. On y voit Sacha Rudy chercher quelque chose, où plutôt quelqu’un. Car les paroles s’adresse à quelqu’un que l’on devine cher : “Please wait for me when the world is upside down” C’est aussi une critique du monde actuel que l’on ressent : tout va de travers, les villes sont vidées “This world is upside down, I’m living in a ghost town”D’où le choix du désert comme décor de clip. D’autant plus que la musique à la fois planante et rythmée nous permet de rentrer dans cette ambiance.
Enfant Sauvage – Silent Love
Il est parfois nécessaire de foutre le feu à une partie de soi même pour mieux se retrouver et apprendra à s’aimer correctement.
C’est cette image qui habite Silent Love, le premier clip d’une trilogie sonore et visuelle que nous propose Enfant Sauvage.
Un besoin de raconter le son par l’image qui donne lieu à une rencontre explosive et une vidéo à l’esthétisme plus que prononcé. On y suit le quotidien d’adolescents perdus dans une terre aride ou le soleil ne semble jamais partir.
Plus particulièrement, on y suit un héros noyait dans ses colères et sa routine qui, au détour d’une rencontre importante, décide de modifier son quotidien et de se débarrasser des choses qui le pèsent, entrainant avec lui le retour de la pluie, comme un appel à des lendemains qui s’annoncent bien différents, l’amour se dévoilant au coeur du jeu.
Un clip extrêmement poétique qui colle parfaitement à cette musique entre ses côtés enfantins et cette lente montée jouant le rôle d’un tonnerre qui gronde avant de fatalement exploser comme une libération merveilleuse.
Vivement la partie 2.
alt-J – U&ME
Cela faisait un petit moment qu’on avait pas eu de nouvelles fraiches de Alt-J. 4 ans pour être précis, si on occulte la sortie de Reduxer. Le trio anglais frappe un gros coup et revient cette semaine avec l’excellent U&ME, annonçant l’arrive d’un quatrième album intitulé The Dream.
Et autant dire sans trop de surprises qu’on retrouve tout ce que l’on aime chez Alt-J dans ce morceau, cette façon de nous pondre des petits tubes entêtants sans en avoir l’air, d’offrir des chansons planantes portées par une voix chaleureuse et presque détachée.
Thématiquement, le groupe a semble t’il lui aussi été influencé,comme beaucoup, par la période récente tant ce U&ME est un appel aux retrouvailles, à vivre des bons moments ensembles avec ses amis et retrouver la cohésion qui fait toute notre humanité.
C’est d’ailleurs le chemin que prend le clip qui accompagne le morceau, des moments passés entre potes avant que le monde ne s’écroule. Un clip portés par des petites touches proches de la science-fiction qui nous invite à profiter non seulement de l’instant présent, mais surtout des gens qu’on aime.
Pantin Plage – Grande Motte
On termine notre sélection de la semaine entre douceur et psychédélisme avec Pantin Plage. Le duo qui dévoilera son ep PP dans un moins d’un mois maintenant nous invite en promenande avec Grande Motte. Un morceau idéal pour chiller un week-end de pluie en rêvant du soleil tout en se rappelant tendrement des amours passés d’un été qui n’existe plus.
Une nonchalance bienvenue qui traine derrière elle des petits accents bossa qui nous font tranquillement remuer la tête alors qu’on laisse nos pensées divaguer calmement.
Visuellement, les garçons nous pousse aussi à la relaxation avec ce clip très estival qui réchauffera nos petits coeurs alors que l’automne pointe le bout de son nez. Un clip décaler et drôle où Pantin Plage s’approprie tout un tas de clichés pour les tourner doucement en dérision, histoire de nous rappeler que l’été reviendra bientôt. Et en attendant, il nous reste toujours leur musique.