Dans la dimension post punk, c’est un petit ovni complètement barré qui vient de décoller. Cela fait des années que Gustaf écume les scènes New Yorkaises. A force de travail, d’acharnement, d’accepter tous les gigs les plus pourris, les voilà projetés dans le tour bus de Beck après avoir fait la première partie sa secret party. Transcendant la folie qui nous ravage et porté par sa charismatique chanteuse Lydia Gammill, Gustaf n’est qu’au début de sa gloire et va résonner prochainement sur toutes les lèvres. Discussion sur les réactions maniaques, d’humiliations lors de scènes d’impros, et d’exploitation d’enfants pour la bonne cause.
LFB : Hello Lydia ! Comment ça va?
Lydia : Je vais super bien ! Et toi?
LFB : Je vais bien, merci! Commençons donc par le commencement. Comment as tu rencontré tous les membres de Gustaf ?
Lydia : Tara et moi nous sommes rencontrés à l’université il y a longtemps maintenant. Le groupe a commencé parce que Tara et Tine, notre bassiste, étaient dans le groupe Ex-girlfriends. Tous les membres du groupe sont très bons, ils jouent dans beaucoup de groupes différents. Ils devaient jouer à ce festival de musique au Texas : South by Southwest. Tara était censée conduire tout le trajet pour y aller. Mais cette tournée a échoué, alors elle m’a demandé si je pouvais l’aider à conduire la camionnette avec elle. Et j’ai dit oui, mais j’ai proposé que nous jouions quelques concerts en descendant. Elle a dit « super ! Tu as ton propre groupe ? » Ce qui n’était pas le cas. Nous avons donc pris la section rythmique du groupe Ex-girlfriends, Tine et notre batteuse d’origine Angela. Le petit ami de Tara, Vrom, était également censé se rendre au festival South by Southwest, mais sa tournée a aussi été annulée. Alors nous lui avons proposé de jouer de la guitare avec nous ! Nous avons pu récupérer certains des concerts que son autre groupe a dû annuler. De ce fait, nous avions déjà des dates avant d’avoir même un nom ou une repet ou un truc du genre. C’était en quelque sorte venu assez spontanément. C’était assez marrant parce que cela nous obligeait à être très rusé sur scène parce qu’on était encore en train de comprendre ce qui se passait. (rires) Heureusement je n’étais pas seule. Nous avions un point de départ et nous avons en quelque sorte construit le tout ensemble. La raison pour laquelle Gustaf fonctionne est sans doute que nous n’avions pas vraiment le choix, nous avions un délai pour le faire fonctionner. Je n’avais pas le temps de réfléchir ou me poser des questions, nous devions juste y aller et voir ce qui se passait. Le meilleur peut arriver ainsi !
LFB : Vous vous revendiquez clairement en tant que groupe New-yorkais, en quoi la ville a-t-elle eu une influence sur votre musique ?
Lydia : C’est la scène d’où nous venons. Une grande partie des chansons de cet album ont été développées juste en jouant à New York. J’avais un travail de booker dans cette boîte de nuit appelée Pianos. C’était une salle difficile à remplir car ce n’était pas rémunéré. Personne n’est payé. Très bruyante aussi. J’avais des groupes qui disaient : « Oh, nous aimerions bien faire le concert, mais nous ne sommes pas prêts ». Je me souviens d’avoir été une bookeuse frustrée, j’avais juste besoin de groupe dans cette salle ! Alors une fois que le groupe a commencé, j’ai juste dit oui à tous les concerts par solidarité. (rires) J’avais certains amis qui bookaient aussi des concerts, et faisaient face à des annulations de dernière minute. Je prenais la place, en mode « t’en fait pas, ça va aller ! »
LFB : Alors vous avez littéralement commencé votre carrière en remplaçant les groupes manquants (rires)
Lydie : Mais clairement ! Pour des clips aussi ! En quelque sorte, nous avons construit nos sons et notre ambiance juste en jouant beaucoup à New York. Et New York est tellement fun, c’est un super endroit pour faire ça. Il y a des spectacles tous les soirs de la semaine. Il y a toujours des gens qui font des trucs, le mardi soir peut être un vendredi soir si tu veux. (rires) ça a beaucoup compté pour nous, faire partie de cette scène musicale et beaucoup y jouer. Ça a aidé à façonner qui nous sommes. Les gens ont une idée très romantique d’une ville musicale depuis des décennies. Et c’est juste amusant de voir les différents genres, sons et gros groupes qui en sortent. C’est cool d’avoir notre petite place dans notre décennie.
LFB : Faire partie de l’histoire.
Lydia : On essaie !
LFB : J’y crois à fond. Alors vous allez bientôt lancer votre premier album Audio Drag For Ego Slobs, comment vous sentez-vous ?
Lydia : Ça a été long à venir. Je n’arrive pas à y croire ! Je suis vraiment excité. J’ai toujours été très timide à l’idée de graver quoi que ce soit dans la pierre, de le publier de façon permanente pour le partager au monde. Mais c’est aussi comme ça qu’on apprend. Nous avons obtenu un contrat d’enregistrement juste au moment où la pandémie a frappé. Nous n’avons sorti notre premier titre qu’au milieu de la crise. Nous avons longtemps joué des concerts sans aucune musiques enregistrées, ce qui était aussi un défi. Mais c’est amusant maintenant de savoir que les gens peuvent venir nous voir jouer, sachant dans quoi ils s’embarquent, connaissant les chansons. Il nous a fallu un certain temps pour sortir un son, parce que je voulais faire les choses bien. Et maintenant, c’est fait. J’ai joué dans beaucoup de groupes au fil des ans, mais c’est la première fois que je joue un rôle aussi important dans l’écriture et l’interprétation.
LFB : Tu es plus impliqué qu’avant dans le processus de création du coup ?
Lydie : Oui ! Mais c’est important en tant que musicien d’avoir son propre groupe ainsi que de jouer dans les groupes d’autres personnes. Il y a des trucs à apprendre dans chaque poste. Gustaf est aussi très collaboratif. Même si en fin de compte, je suis une sorte de moniteur de camp. « Nous allons faire ceci et nous faisons cela. » Cela m’aide également à me donner beaucoup plus de perspective sur les points de vue des gens dans mes précédents groupes. En quelque sorte, ça vous aide à mieux comprendre le travail en groupe et la meilleure façon de participer. Mais aussi de juste profiter de la balade, peu importe ce que vous faites. (rire)
LFB : C’est vrai. Tu étais bassiste avant non ?
Lydia : Oui principalement bassiste. J’adore la basse. Mais j’ai toujours aimé chanter et j’écris des chansons depuis le lycée. Nous avons tous des outils différents dans notre boîte à outils. Donc pour moi, basse, batterie, chant. Vous pouvez toujours rendre les choses compliquées, mais parfois ce sont les choses les plus simples qui me touchent vraiment. Juste une simplicité sans paroles. ESG est génial en ça. Le premier LP de Violent Femmes est tellement cohérent, simple, mais aussi tout simplement puissant. Utiliser le moins possible pour rendre quelque chose d’aussi percutant que possible.
LFB : C’est ainsi que tu décrirais votre musique ? Audio Drag for Ego Slobs?
Lydie : Ouais ! J’aime travailler dans un cadre. Cela a aidé, du moins pour ce premier album, d’être dramatique mais avec une base un peu cadrée. Audio Drag, nous avons pris de Laurie Anderson. Elle a un alter ego pour lequel elle utilise un vocodeur. La partie Ego Slobs, c’est quelqu’un qui fait un mauvais travail de compréhension du monde extérieur. J’aime le rock and roll et j’aime cette idée de folie glorifiée. Se pencher sur les émotions cathartiques que l’on a et qui ne sont pas toujours justifiées, les extraire de soi, se moquer d’elles d’une certaine manière. Pour que nous puissions les démanteler, nous réintégrer et peut-être devenir de meilleurs êtres humains. c’est un personnage amusant à aborder. C’est comme prendre les pires parties de soi et s’en moquer. C’est si universel d’une certaine manière. Nous avons tous des moments où nous sentons que nous avons raison et que l’autre a tort. Retournez-le du point de vue de l’autre personne, elle pense qu’elle a raison et vous avez tort. C’est en quelque sorte jouer avec les pièges émotionnels que nous nous faisons. C’est amusant aussi! Quand vous écrivez les paroles, vous n’avez pas à les prendre trop au sérieux, parce que vous vous moquez de l’expérience humaine. Je pense que parfois, la musique peut être un peu trop sérieuse. Les gens peuvent également utiliser leurs chansons comme un moyen de regarder les choses d’un point de vue plus élevé.
LFB : Tu incarnes donc complètement un personnage dans cet album. C’est comme un théâtre, une comédie ou un drame.
Lydia : Ouais, je pense que c’est ça. Nous avons tous des pépites dans notre propre expérience. Mais c’était important pour moi de les différencier, je pense que c’est plus facile. Vous pouvez avoir un point de vue plus élevé et voir au-delà de vous-même. Je voulais trouver ces moments personnels, jolis ou laids, que tout le monde peut ressentir. Les gens adorent Fleetwood Mac Rumors, Lemonade, des albums qui parlent d’un morceau de la vie de quelqu’un. Mais je voulais parler davantage d’une entité étrange qui vit en chacun de nous. Ce n’est pas nécessairement une jolie entité, il s’agit aussi de nos émotions injustifiées.
LFB : Lydia, tu es la chanteuse la plus dramatique que je connaisse, une manière très théâtrale de chanter et de jouer. D’où est ce que ça vient?
Lydia : Quand j’avais la vingtaine, j’ai fait beaucoup de très mauvaises scènes d’improvisation. C’était utile de m’humilier complètement au début de la vingtaine. (rires) Je me souviens d’un de mes cours. L’objectif est que vous montiez sur scène, que vous vous asseyiez sur la chaise, sans vous ne fassiez rien vous vous sentiez complètement à l’aise et présent. Dans ces cours, vous faites beaucoup d’exercices de présence, comme établir un contact visuel avec tout le monde. Vous vous habituez à devoir vous connecter avec un esprit de groupe, une expérience de groupe, et à être sur la même longueur d’onde de la pièce. Je pense que ça a toujours été important pour moi. J’ai vu beaucoup de gens qui aiment le rock and roll, mais émotionnellement, cela semble déconnecté. J’ai donc toujours voulu faire des trucs fun, rock’n’roll flashy que les gens aiment. Vivre dans un instant, même si c’est ridicule. C’était vraiment une excellente préparation pour la façon dont Gustaf évolue. Une partie du plaisir des sets live est d’avoir cette incertitude, mais de toujours garder le contrôle. Un peu comme si tenais un vase d’une main et que tu essayais de le maintenir en équilibre de toutes les manières. C’est un grand moment. Une partie de cela vient simplement de la confiance en toi et en tes membres du groupe. Ca nous a également tous aidés à nous déchaîner sur scène. Nous adorons rentrer dedans, être présents, plutôt que de nous cacher derrière des instruments.
LFB : On a toujours l’impression que tu es au pied d’une falaise, et on ne sait jamais si tu vas sauter ou pas.
Lydia : On aime pas avoir un film où il ne se passe rien. (rire)
LFB : Peut-on parler de la pochette de l’album ? S’il te plaît, dis-moi que c’est toi qui a dessiné ça.
Lydia : (rires) En fait, non ce n’est pas moi ! C’est plutôt marrant. C’est arrivé au tout début du groupe. Mon amie gardait une petite fille en Nouvelle-Orléans. Elle a posté une photo d’un chameau qu’elle avait dessinée et j’ai trouvé ça incroyable. Quand est venu le temps de trouver la couverture de l’album, je cherchais dans nos archives, et j’ai repéré ces dessins dessinés à la main! Je pensais que ça pouvait marcher, ça ressemblait pas mal à ce que nous avions déjà construit comme identité visuelle et similaire au style que je fais. Elle devait avoir 12 ans à l’époque, nous a fait notre pochette, et elle a vraiment géré sans rien savoir du groupe. Y a tellement de petites choses merveilleuses. Il y a un train sur le point d’écraser un rat et plein de poubelles partout. Nous aimons vraiment, vraiment, les ordures de New York. Nous rentrions d’une des tournées les plus longues de notre vie. Enfin, nous avions notre dernier concert dans le New Jersey. On jouait New York, New York de Frank Sinatra dans la voiture et là, on sort du tunnel. Soudain, nous avons vu avec émerveillement toutes ces ordures. Des piles de poubelles géantes que vous ne voyez nulle part ailleurs qu’à New York. Nous étions à la maison !
LFB : Vous exploitez donc des enfants pour votre couverture ?
Lydie : Ah ouais. Totalement. (rires) C’est bon, nous l’avons payée. (rire)
LFB : Peux tu décrire votre album en trois mots ?
Lydia : Cathartique, simple, névrosé
LFB : J’ai vu que vous avez tous participé, dans des proportions différentes, à l’écriture des paroles. C’était important pour vous d’exprimer votre voix ?
Lydie : Ouais! J’avais déjà quelques démos. Et puis, tout le monde a commencé à poser ses instruments dessus. Pour les premières démos, le chant était déjà bien finis. Mais pour les chansons que nous avons créés en tant que groupe, nous étions plus collaboratif. Tara est douée pour s’amuser, elle répond en choeur à ma voix. C’est une belle interaction entre nous deux.
LFB : Quelles sont les sujets les plus importants pour vous ?
Lydia : Les personnages se battent toujours avec le monde qui les entoure. J’aime la musique ringarde, ultra sentimentale, j’aime me perdre dans les émotions. Et ces personnages sont tous des anti-amour. Encore une fois, c’est ce type de personnes qui essayent de trouver sa voie dans un monde qui lui semble inconfortable. La personne essaie de comprendre si c’est sa faute à elle ou le monde qui l’entoure. Pour cet album, nous imaginons un personnage adossé à un coin, imaginant qu’il n’y pas de porte de sortie. Mais il y en a toujours une. J’ai aussi étudié l’anthropologie à l’université. J’aime l’idée qu’il n’existe pas de narrateur fiable. Vous ne pouvez jamais dupliquer quelque chose sans le modifier légèrement d’une manière ou d’une autre, parce que cela passe par vous. Par votre propre ressenti. Nous déformons en quelque sorte les choses qui nous traversent. Nous avions des t-shirts avec trois lignes dessus : une ligne droite appelée réalité, une ligne dentelée qui est votre perception, et Gustaf était représentée par grosse ligne désordonnée. Un gros bordel. Gustaf, c’est aimer hyperboliser les mutations que nous faisons dans notre perception du monde qui nous entoure.
LFB : Avant même de sortir un morceau, vous avez joué avec Tropical Fuck Storm, et fait une ouverture pour Beck. Comment expliquez-vous un tel enthousiasme et un tel succès ?
Lydia : Nous l’avons vraiment fait à l’ancienne. Nous sommes un peu un groupe pris au piège dans la mauvaise décennie. Nous avons joué tellement de concerts que les gens en ville nous connaissaient. Pour Tropical Fuck Storm, les promoteurs nous connaissaient et nous ont demandé d’ouvrir pour eux. Et puis le meilleur est arrivé: Instagram !! Oh mon Dieu, toutes les choses merveilleuses de ma vie se produisent grâce à Instagram. Mon amie Kat a travaillé pour Cage the Elephant, ils étaient en tournée avec Beck. Ils ont voulu organiser un dîner secret de fin de tournée. Mon amie Kat les a aidés à trouver des groupes intéressants. Matt nous avait vu jouer à South by Southwest plus tôt cette année-là. Nous savions donc que nous étions sur son radar. Elle m’a dit : « Hé, tu veux jouer à dîner secret dans un loft ? » Ba oui ! Ouais. Oui!!! (rires) C’était super. Beck est depuis lors un très bon ami. Il est génial, parce qu’il aime profondément la musique. Il adore sortir. Et c’est un gars vraiment sympa et solidaire. Nous sommes allés le voir jouer le lendemain soir dans le New Jersey. Nous sommes allés dans les coulisses et il nous a demandé si nous avions un plan pour rentrer. Nous étions venus avec la voiture de Tara, mais il nous a proposé de lui emprunter son bus. (rires) C’était une très belle expérience. Nous avons tous dormi sur le sol car toutes nos clés d’appartements étaient dans la voiture. On s’est réveillé le lendemain en se disant « qu’est-ce qui s’est passé ? » (rire) C’était complètement fou, fortuit, merveilleux, incroyable. Et depuis, c’est un très, très bon ami et supporter.
LFB : Il a l’air d’être un chic type.
Lydia : Ouais, c’est un gars super. Tu devrais aller lui rendre visite quand tu passeras à LA !
LFB : Ouais c’est le plan. (rire) Et du coup, comment tu vis le retour sur scène ?
Lydia : J’essaye frénétiquement de tout finir avant qu’on parte. J’en peux plus d’attendre. Nous avons répété. Nous nous sommes réunis. Nous bossons les chansons. On sonne bien. Je suis vraiment excitée de monter sur scène et de faire du bon travail. Nous avons joué seulement que deux concerts depuis qu’on a sortis des musiques. Du coup, je suis tellement excitée de faire un concert où les gens connaîtront la musique. Nous vivions un peu cet état liminal étrange en tant que groupe, n’existant pas pleinement en dehors des scènes sur lesquelles nous avons joué. Alors j’ai hâte de voir ce que c’est !
LFB : Je suis très excité pour toi. Et tu comptes venir en France bientôt ?
Lydia : Oui, nous arrivons le 18 novembre ! Un festival de rock féminin appelé Les Femmes s’en Mêlent. Nous jouons à Lille le 19 aussi.
LFB : Et vous avez donc de belles découvertes musicales à nous faire partager ?
Lydia : Oui, de très bons groupes locaux. Shilpa Raise est vraiment génial. Lola pistola, Sloppy Jane aussi. Ce sont nos potes. Bodega, également de bons amis à nous. De super groupes à checker. Mel notre batteuse a aussi un groupe appelé Francie Moon, c’est vraiment bien. Tara à sorti un album sous Sharkmuffin. Et puis Vram a aussi fait quelques morceaux d’ambiance sous le nom d’Advanced And Party. C’est amusant !
LFB : Pour finir, que peut-on souhaiter à Gustaf ?
Lydia : Nous nous concentrons pour faire du bon travail et rester en bonne santé. Si vous pouviez envoyer de bonnes places de stationnement pour notre van, ce serait formidable. (rire) C’est tout ce que j’espère en ce moment. C’est la bonne santé, le bonheur, les places de parking. Construire la paix, puis mettre fin à la pauvreté. Si tout le monde pouvait se soigner de ses émotions négatives, ce serait génial. C’est mon souhait pour le monde. Que des petits combats. (rire)
LFB : Je pense qu’il serait plus facile d’avoir une bonne place de parking que de mettre fin à la misère, mais on peut essayer ! Merci beaucoup Lydia. C’était super!
ENGLISH VERSION
LFB: Hello Lydia! How are you?
Lydia: I’m great! How are you?
LFB: I’m fine. Thanks! So let’s start with the beginning. How did you meet all Gustaf members?
Lydia: Tara and I actually met in college A long time ago at this point. The band first started because Tara and Tine our bass player had this band called Ex-girlfriends. Everyone in the band is very good. They’re playing a lot of different bands. They needed to get Tara’s band down to this music festival in Texas South by Southwest. And Tara was supposed to drive it down. But that tour fell through so she asked if I would help drive the van with her. And I said yeah, but maybe we can play some shows on the way down. She said « great! Do you have like your own band? » But no, I haven’t. So we took the rhythm section from the band Ex-girlfriends, Tine and our original drummer Angela. Tara’s boyfriend Vrom was supposed to go to South by Southwest as well, but his tour got cancelled. So maybe he wanted to play guitar with us! So we were able to get ourselves on some of the shows that her other band had to cancel. So we had shows booked before we had a name or practice or like anything like that. It was kind of came together pretty spontaneously. It was funny because it made us have to be very crafty and wily on stage because we’re still figuring things out as we went. And it also was fun. It wasn’t just me, bringing a bunch of songs to some people’s, we had a starting point and we sort of built the whole thing together. The reason Gustaf works was that we didn’t really have a choice, we had a deadline to make it work, I didn’t have time to think or second guessed myself, we just sort of had to go for it and see what happens. And the best stuff sort of happens though.
LFB: You are clearly revendicating yourself as a NY band, in which way the city had an influence on your music?
Lydia: It’s just the scene that we came from. A lot of the song of this album were developed just playing in New York. I had a job as a booking agent at this nightclub called Pianos. It was a tough room to book because it was a free show. So no ones get paid. Very noisy. I had bands that would say, « Oh, we want to play the show, but we’re not ready ». I just remember being a frustrated booker, just needing people in this room. So once the band began, I just said yes to any show in solidarity. (laugh) I had certain friends which were booking shows and they had someone dropped last minute, I’d be like: « I’ll get some people I’ll show up. We’ll play a set. We’ll fill the room like it’ll be okay. »
LFB : So you literally began all your concerts by replacing missing bands (laugh)
Lydia: Oh, yeah! There was like one music video in particular, they would just have people drop off. And he said, Can you do a last minute set? and so yeah, no problem. We kind of built our sounds and our vibe, just by playing in New York a lot. And New York is so fun, it’s a great place to do that. There is shows every night of the week. There’s always people out doing stuff, lTuesday night could be a Friday night, if you want it. (laugh) So it really just did have a big part of us, kind of being part of the scene that we’re part of, and just playing a lot. Kind of helped to shape who we are. People have a classic romantic ideas of a music city for decades. And it’s just fun to see the different genres, sounds and big bands have come out. It’s good to have our little corner of our decade.
LFB: Be part of the history.
Lydia: We’re trying!
LFB: No doubt about you will. So you will soon launch your first album Audio Drag For Ego Slobs, how do you feel?
Lydia: It’s been a long time coming. I can’t believe it! I’m really excited. I’ve always just been very timid about putting anything in stone, putting it out there permanently for the world to look at it. But that’s also how you learn. We got a record deal, right when the pandemic hit. We didn’t release our first music until in the middle of the pandemic. We’ve been playing shows without any recorded music, which has been its own challenge. But it’s fun now to know that people can come and see us perform, knowing what they’re getting into, knowing the songs better than before. It took us a while just to sort of because I wanted to get it right. And now that yeah, it’s done. It’s just exciting to think of having something out. I’ve played in a lot of bands over the years, but this is the first music that I’ve really had a big hand in writing and performing.
LFB: You are more involved in the creation process than before.
Lydia: Yes! But it’s important as a musician to have your own band and playing in other people’s bands. There is something to learn in every position Gustaf is also a very collaborative thing. Even if at the end of the day, I’m kind of a camp counselor. « We’re gonna go do this and we’re doing that. » It also helps me give a lot of more perspective, sort of help you understand more about working in a group and how to best participate. But also just enjoying the ride no matter what you’re doing. (laugh)
LFB: It’s true. You were bassist before right?
Lydia: Yes primarily bassist. I love the bass guitar. But I’ve always loved singing, and I’ve been writing songs since high school. We all just have different tools in our toolkit. So for me, bass, drums, vocals. You can always make things more complicated, but sometimes it’s just the most simple things that like really pull at my heartstrings. Just wordless simplicity. Like I think, you know, ESG is good at that, the first LP of Violent Femmes is just so cohesive, simple, but also just powerful. It’s like finding a way to use as little as possible to make something as impactful as possible.
LFB: This how you describe your music? Audio Drag For Ego Slobs?
Lydia: Yeah! I like just working within a framework. That kind of helped, at least for this first album, be like dramatic even if you have something that’s a little weaving. Audio drag, we took that from Laurie Anderson. She has an alter ego that she uses a vocal pitching at all for. The Ego Slobs part is like someone who does a bad job of translating the outside world within the context of themselves. I like rock and roll and I like that idea of glorified mania. Leaning into the cathartic emotions that we have that aren’t always justified, extracting those from yourself, mocking them in a way. So that we can dismantle them, reintegrate ourselves and maybe be better human beings. it’s a fun character to go into. It’s like taking the worst parts of yourself and making fun of it. It felt so universal in a way. We all have moments where we feel like we’re right and someone’s wrong. Flip it from the other person’s perspective, they think they’re right, and you’re wrong. It’s just kind of playing with how the traps we make for ourselves emotionally. That’s fun too! When you’re writing the lyrics, you don’t have to take them too seriously, because you’re kind of making fun of the human experience in a way. I think sometimes, music can be a little too self serious. People can also use their songs as a way to put them on a higher ground.
LFB: So you’re completely playing a character in this album. It’s like a theater or comedy or a drama this album.
Lydia: Yeah, I think it’s fine. We all have sort of nuggets in your own experience. But it was important for me to separate it in a way because I think it’s easier. You can cast a wider net that way and see beyond yourself. I did want to find those personal moments, pretty or ugly, that everyone can feel. People love Fleetwood Mac rumours, Lemonade, album where you can get a piece of someone’s personal life. But I felt, for me, it was more freeing to think more broadly, and speak more about a weird entity that lives within all of us. It’s not necessarily a pretty entity, it’s also about your unjustified emotions.
LFB: Lydia, you are the most dramatic singer that I know, a very theatrical way to sing and to perform. Where does it come from?
Lydia: When I was in my early 20s, I did a lot of very bad improv comedy. It was helpful to just completely humiliate myself in my early 20s. (laugh) I remember in one of my classes. The goal is that you should get on stage, sit in the chair, and do nothing and feel completely comfortable and be present. In those classes you do a lot of grounding exercise, like you make eye contact with everyone. You just get very used to having to connect with a group mind, in a group experience, and sort of get on the wavelength of the room. I think that’s always been important to me. I’ve also sort of seen people who do like the rock and roll thing, but emotionally, it feels disconnected. So for me, it’s always been about trying to do the fun, rock n roll kind of flashy thing that people like. Just ground it with your eyes, with yourself and live in a moment, even if it’s ridiculous. Yeah, and it was just really great preparation for the way that Gustaf evolves. Part of the fun of the live sets is to have that uncertainty but always staying in control. You want to have that moment when you’re holding the vase and balancing in all ways. That’s a great moment. A part of that just comes from trusting yourself and your bandmates. And just leaning. It also helped all of us to unleash onstage like, we all really love just getting into it, being present, rather than hiding behind instruments.
LFB: We always have the impression that you are at the bottom of a cliff, and we don’t know if you’re going to fall or not.
Lydia: You can’t have a movie where nothing happens. (laugh)
LFB: Can we talk about the cover of the album? Please tell me that you are the one who draw this.
Lydia: (laugh) Actually I didn’t! That was funny. That was when so we were a new band. My friend was a babysitting this girl in New Orleans. She posted a picture of a camel that she drew and I thought it was amazing. And she designed it for us! When it came time to figure out the cover of the album, I was looking through all the archives saw hands drawing! I thought it could work. It’s similar to the style that I do. She was like maybe 12 at the time, made it made it for us, and she really nailed it too without knowing anything about the band. It’s in there’s so many wonderful little things. There’s a train about to run over a rat and all the trash. We really really love New York City garbage. We were on one of the longest tours of our lives. Finally, we played our last show in New Jersey. We were playing Frank Sinatra New York, New York inthe car and we come out of the tunnel. Suddenly we saw amazingly all this trashes. Giant piles of trash that you don’t really see anywhere else outside of New York City. We were home!
LFB: So you are exploiting children for your cover?
Lydia: Oh, yeah. Totally. (laugh) It’s okay, we paid her. (laugh)
LFB: So could you please describe your album in three words?
Lydia: Cathartic, simple, maniacal
LFB: I saw that you all participated, in different proportions, in the writing of the lyrics. It was important for you to all express you voice?
Lydia: Yeah! I had a couple of bare bones demos. And then, everyone just kind of starts putting their own instrumentation. For the first demos I had the vocals really done, but then for songs that we added as a band, we were more together onit. Tara is great at having her sort of fun, little call and response to my voice. It’s a nice interaction between the two.
LFB: What subjects are the most important for you?
Lydia: The characters are always kind of fighting with the world around them. I love really sentimental cheesy music, I love getting lost in emotions. And this characters are all kind of anti love. Again, it’s kind of someone trying to figure out their way in a world that feels uncomfortable to them. The person try to figure out is it me? Or is it the world around me? For this album, definitely, we see sort of a character backed in a corner, feeling as if there’s no out. But there always is. I studied anthropology in college too. So I like the idea of there’s no such thing as a reliable Narrator. You never can duplicate something without mildly altering it in some way because of the fact that it’s going through you. We sort of like distort the stuff that comes into us. We used to have T shirts that had like three lines on them and there was a straight line called reality, and then your your perception is like the jagged line and then Gustaf was like a biiiig messy line. Gustaf it’s like sort of about trying to like hyperbolized the mutations we do in our perception of the world around us.
LFB: Even before you launched any track, you played with Tropical Fuck Storm, and did an opening for Beck. How do you explain such an enthusiasm and success ?
Lydia: We really did it the old fashioned way. We’re like a band trapped in the wrong decade, we played so many shows that people in town knew about us. For tropical storm, that happened because the promoters knew about us and asked us to open for them. And then the best thing: Instagram!! Oh my goodness, all the wonderful things in my life happens thanks to Instagram. My friend Kat she worked for Cage the Elephant, they were on tour with Beck. Then they wanted to do an end of tour secret dinner party. My friend Kat helped them to find interesting bands play. Matt had actually seen us play at South by Southwest earlier that year, too. So we knew we were on his radar. She was like, « hey, do you want to play secret dinner lofts dinner party? » Yes, yeah. Yes!!! (laugh) It was great. Beck has just been a really wonderful friends since then. He’s great, because he deeply loves music. He loves going out. And he’s a really nice, supportive guy. We went to go see him play the next night in New Jersey. We went backstage and asked us if we had a ride back. We came with Tara’s car, but he offered us to ride in his bus. (laugh) It was a very wonderful experience. We all slept on our floor because all of our keys of apartments were in the cars. We woke up the next day being like, « what happened? » (laugh) It was a very insane, serendipitous, wonderful, amazing thing. And he’s been a really nice, really great friend and supporter ever since.
LFB: He looks like a great guy.
Lydia: Yeah, he’s a great guy. You should it him up when you’re in LA!
LFB: Planning to (laugh) And so, how do you live to be back on the stage?
Lydia: I am frantically trying to finish everything before we get. I can’t wait. We’ve been playing. We got together. We practice the songs. We’re sounding good. I’m just really excited to get up there and just do a good job.We’ve only played two shows with music out. So I’m just so excited to play a show in which people will know the music. We’ve just kind of been living in this weird liminal state as a band’s, not fully existing outside of lthe stages that we’ve played. So I’m excited to see what that’s like!
LFB: I’m very excited for you. And are you planning to come to France soon?
Yes, we’re coming the 18th November! A female Rock Festival called Les Femmes s’en Mêlent. We’re playing Lille on the 19th.
LFB: And so do you have a great musical discoveries to share with us?
Lydia: Yeah, some great local bands. Shilpa raise is really good. Lola pistola, Sloppy Jane. They are our buds. Bodega, also good friends of ours. Good people to check out. Mel our drummer as a band called Francie moon, it’s really good. Tara as a records out under Sharkmuffin. And then Vram has also done some ambient albums under the name of Advanced And Party. Those are fun!
LFB: To finish with, what can we wish for you?
Lydia: I think we’re focused on doing a good job and staying healthy. If you could send some good parking spots for a tour van could be great. (laugh) This is all the things I’m trying to manifest right now. It’s good health, happiness, parking spots. Build peace, and then end to poverty. If everyone could fix their weird emotional stuff, that would be great. And so that’s my wish for the world. Only petty fights. (laugh)
LFB: I think it would be easier to have a good parking spot that ending misery, but we can try! Thank you so much Lydia. It was great!