La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 108 des clips de la semaine.
Charlotte Adigéry & Bolis Pupul – HAHA
Après avoir enflammé le Pitchfork Music Festival Paris pour notre plus grand bonheur, Charlotte Adigéry & Bolis Pupul sont déjà de retour et continuent de teaser l’arrivée de Topical Dancer, prévue pour mars 2022.
Après avoir dévoilé des titres aux thèmes assez forts et politiques, on pourrait voir Haha, ce nouveau single, comme une récréation folle et plutôt déglinguée. Entièrement centrée sur un sample de rire de Charlotte Adigéry, le morceau révèle pourtant un côté assez inquiétant et fou, tout en gardant une patte dancefloor et toujours aussi efficace.
Ce morceau montre aussi la liberté totale du duo et son talent indéniable pour nous offrir des morceaux qui font réagir, car si la portée pourra rester bien mystérieuse à certains, ce nouveau titre a un véritable impact et ne laissera personne indifférent.
Et le clip de Hugo Campan maintiendra ce sentiment d’étrangeté, et de léger malaise, apporté par le morceau. Sur un fond orange, le réalisateur multiplie les effets stroboscopiques et psychédéliques, alternant entre les images du duo dans des tenues plus ou moins saugrenues et des images d’œufs, de poules et de danse, le tout étant sensé représenté « un raccourci visuel d’un potentiel non éclos ».
Étranges, mais toujours aussi passionnants, Charlotte Adigéry et Bolis Pupul continuent donc de faire monter l’attente jusqu’à ce premier album. Rendez vous est pris au printemps.
Papooz – None of this Matters Now
Il y a des choses dans la vie qui sont sans importance. Le retour de Papooz n’en fait pas partie. Le duo est de retour cette semaine et nous apporte une bonne dose de douceur et de pop sucrée avec son nouveau titre, None of this Matters Now.
Le groupe nous invite à relativiser le quotidien et les petites choses qui nous minent de temps en temps et nous offre un échappatoire parfait avec ce morceau tendre et qui nous fait l’effet d’un gros câlin, avec ses guitares cools, sa voix charmeuse et son mood qui nous apaise.
Du miel pour les oreilles qui s’accompagne d’un superbe clip de Alice Kunisue dans lequel des versions rajeunies de nos deux musiciens partent à l’aventure pour faire évader leur grand père de sa maison de retraite et l’entrainer avec eux dans des histoires folles pleines de rêveries et d’imaginations.
Un nouveau titre qui a une nouvelle fois tout bon pour Papooz, en attendant l’arrivée prochaine, et on l’espère rapide, d’un troisième album.
You Said Strange – Treat Me
Le 3 décembre, la fierté normande You Said Strange passe le cap du second album. Thousand Shadows Vol.1 est la promesse que le groupe de psyché punk en a encore beaucoup sous le coude. Afin de teaser une dernière fois cette nouvelle pépite, ils se mettent en scène dans un clip totalement WTF pour Treat Me.
Lors d’une soirée entre pote, Patrick reçoit un message de rupture de sa copine Estelle. Histoire de se changer les idées, sa bande l’entraine dans un road trip en voiture alcoolisé qui les mènera à se croiser la fameuse ex. Se comportant comme un goujat, Patrick éveille la fureur d’Estelle qui va réunir son girl Band en tenue de sex shop pour kidnapper et donner une leçon à l’indélicat. Ligoté à une table, il s’apprête à subir les pires sévices alors que sa team se ramène en Avengers version Wish pour libérer leur pote.
Les deux bandes rivales se lancent dans une baston de série B alors que le couple à l’origine du conflit se roule de grosses galoches passionnées. Un petit côté West Side Story rock n’ roll alors que les lumières de la police viennent interrompre les hostilités. Le groupe démontre une nouvelle fois son humour décalé, à coup de guitares et de mélodies spyché ultra entêtantes.
Dajak – Hoodieblack : Le Film
Plus qu’un clip c’est dans un long métrage que s’est lancé Dajak accompagné de Maxime Ellies à la réalisation. Hoodieblack et le visuel qui l’accompagne sont le fruit d’une longue réflexion qui a fait suite à la sortie de son projet Flash sorti l’année passée. Dépassant le cadre de la musique, le visuel et le morceau ont pour but de ne former qu’un tout uniforme et une expérience la plus immersive possible pour les spectateurs découpée par la voix-off de Pénélope Martin.
Cette dernière permet d’avoir plus de contexte sur l’histoire qui est bercée par une histoire d’amour complexe. Effectivement, les beaux moments où la passion règne disparaisse dans un écran de fumée, laissant Dajak face à ses songes voyageant continuellement à la recherche de celle qu’il aime. Parfaitement raconté par les mélodies de l’artiste, cette histoire d’amour prend une aura particulière dans les décors naturalistes choisi par le réalisateur.
Milky Chance – Tainted Love
Certaines musiques semblent être écrites dans un langage universel, parlant à tout le monde. C’est le cas de Tainted Love, originellement composée par Ed Cobb et interprétée pour la première fois en 1964 par Gloria Jones, elle a ensuite été reprise des dizaines de fois dans une variété hallucinante de styles. La reprise la plus marquante reste certainement celle de Soft Cell en 1981.
C’est au tour de Milky Chance d’apporter son groove si atypique à ce monument de la chanson. Le résultat est vraiment très bon. Reprise à la sauce Indie électronique, avec ce côté épuré qui leur est propre, on prend beaucoup de plaisir à redécouvrir ce classique sous un autre jour, un autre mood.
Le clip, réalisé par Sebastian Ganschow et Vincent Sylvain, qui collaborent fréquemment avec le duo allemand, apporte également une nouvelle dimension aux paroles de la chanson. L’histoire d’amour « souillé » devient ici une folle course-poursuite avec ses démons intérieurs. Ou bien une sorte de cauchemars rocambolesque, à la fois plein de sens et décalé, un peu effrayant mais aussi un peu drôle.
Tainted Love est parue dans Trip Tape. Une collection de reprises, chansons originales et démos par le duo allemand que l’on vous recommande fort d’aller écouter !
Yung Poor Alo – Aller-Retour
Encore tout jeune dans le game et pourtant l’identité de Young Poor Alo est déjà affirmée. Des effets mis sur sa voix à son champ lexical en passant par ses visuels, il marque sa différence et surtout sa singularité auprès d’un public qui s’intéresse de plus en plus à sa proposition. La sortie cette semaine du clip d’Aller-Retour montre à nouveau ces éléments et affirme la bonne dynamique dans laquelle il se trouve actuellement.
La réalisation du visuel a été confiée au deux réalisateurs Sunday et Erwanrbn et comme pour ses précédents visuels, le rappeur a décidé de garder le noir et blanc pour appuyer son propos. ce dernier, obscur témoigne avec hargne son envie de se hisser loin de cette vie de vice qu’il côtoie aujourd’hui et pour cela il compte bien sur sa dalle et sa musique.
« J’fais des dix mais j’veux vendre des disques«
Wet Leg – Too Late Now
Le duo Rhian Teasdale et Hester Chambers poursuivent leur folle aventure après le succès de leurs deux premiers singles. Elles viennent d’annoncer leur premier album éponyme qui sortira le 8 avril 2022 : il faudra être patient !
En attendant, Too Late Now, accompagné de Oh No sur les services de streaming, est dévoilé. Wet Leg propose une nouvelle facette de leurs capacités avec ce titre progressif divisé en trois parties qui garde en fil rouge cette ligne de basse régulière. Le clip qui l’accompagne garde l’état d’esprit initial du projet musical qui avait pour objectif d’être juste… drôle. Les cinq musiciens en robe de bain vagabondent dans un Londres désordonné et sale à la recherche d’un bain moussant.
Il en résulte des situations ubuesques comme cette épluchage de concombre qui entraine des déambulations dans la ville et en campagne avec un masque sur les yeux. Wet Leg lynche surtout ici les applications de rencontre qui renforcent notre mal être avec des punchlines bien efficaces : « I don’t need no dating app to tell me if I look like a crap ». Voilà encore un tube dans l’escarcelle de leur répertoire. Les titres s’accumulent pour les natives de l’île de Wight et l’enthousiasme autour d’elles ne fait que se renforcer !
Ucyll & Ryo – Chocolat au lait
Le duo Ucyll & Ryo referme son Cahier de vacances avec un dernier clip issu de ce projet. C’est à nouveau le réalisateur Simon Stewart qui se pose derrière la caméra. Habitué à travailler avec le duo, il saisit une nouvelle fois l’ambiance se dégageant du projet pour la transmettre à l’image.De l’instrumentale aux flows des deux artistes en passant par les mouvements de caméra, tout semble fait pour hypnotiser le spectateur.
Les mélodies restent d’ailleurs en tête, donnant une replay value non négligeable au morceau. L’alchimie entre les deux rappeurs n’a pas perdue de sa superbe laissant les couplets s’enchainer sur une instrumentale concoctée sur mesure par leur soin. Cet EP maintenant refermé, il ne devrait pas être étonnant de les voir proposer quelque chose de neuf dans les semaines ou mois à venir…
White Lies – I Don’t Want to Go to Mars
La formation post-punk White Lies sortira le 18 février 2022 son sixième album As I Try Not To Fall Appart. Le titre I Don’t Want to Go to Mars aura pour but de nous mettre l’eau à la bouche. Ce qui est déjà certain, c’est que le groupe use de son savoir-faire pour dévoiler un titre énergique qui se glissera facilement parmi ses classiques. Sur ce morceau, ils affichent leur désarroi de cette évolution si rapide de la technologie et regrette ne pas pouvoir profiter encore de tous les contours de notre belle planète bleue. Le clip propose un récit visuel à base d’images d’archive nous laissant croire que l’herbe serait plus verte ailleurs dans la galaxie. Décidément, White Lies ne croit pas aux belles histoires et garde les pieds… sur Terre.
2Key – Grandline Freestyle 2
L’exercice du freestyle est peut-être un des meilleurs moyens pour se faire remarquer dans le rap. Il permet de démontrer sa technique ou tenter de nouvelles choses sans devoir proposer un clip ou une communication trop poussée. S’il n’a plus le même impact qu’auparavant, le freestyle reste tout de même un exercice intéressant pour les jeunes rappeurs en recherche de plus de visibilité comme en témoigne 2Key qui a livré cette semaine le second épisode de sa série avec Grandline et son visuel réalisé par La Crème Film.
Sur une instrumentale drill le rappeur démontre son aisance et un flow linéaire qui donne l’impression d’une performance facile mais qui témoigne surtout d’une parfait maitrise de son art. Son vécu particulièrement bien mise en forme, se retrouve dans un refrain à l’énergie frappante. Mais la bonne découverte ne s’arrête pas là quand l’instrumentale change pour quitter la drill et rentrer dans une trap noire dans laquelle il continue de se sentir à l’aise, tentant même avec réussite une mélodie pour clôturer ce freestyle.
Jaïa Rose – Veste
Au royaume des mille et une tenues, l’habit fait la mode. Dans le titre Veste, la sappe est érigée en art. Par touches de couleurs et postures langoureuses, Jaïa Rose se love lascivement dans ses multiples atours. Tout claque, brille, étonne, émerveille. Le flux R’n’b matinée d’une électro-pop classieuse se synchronise avec le rythme pétulant du flow de Jaïa Rose. Les images jouent sur la juxtaposition des couleurs, soit ton sur ton ou au contraire en opposition.
Mais si l’effet glam est présent, les paillettes ne sont pas aussi superficielles qu’elles semblent l’être. Derrière la sappe de Jaïa Rose, il existe sa passion pour la mode et le voguing. De tous ses excès naît comme une sorte de sagesse empreinte de plaisir et de gaité ; une structuration qui se combine dans la déconstruction. On retrouve l’esprit Ballroom de la House of Ladurée dont elle fait partie. Et même si on se sent éloignés de cet univers ; magnétiquement attirés, on ne peut qu’y adhérer car l’énergie est là, qui se forge dans la diversité.
Beechwood – Gently Towards the Light
A l’approche de leur quatrième album Sleep Without Dreaming qui sortira le 22 janvier 2022, les New Yorkais de Beechwood nous propose une nouvelle ballade pop hypnotique et mélancolique. Gently TTowards se résume comme une traversée du désert qui nous amène vers les abymes de la détresse comme le suggère le clip. Habitué aux show déroutants et frénétiques, le groupe révèle discrètement ces derniers temps un visage plus sombre qu’à l’accoutumée.