On vous a déjà parlé plusieurs fois de Gregory Hoepffner sur la Face B au travers d’une de ses dernières expéditions sonores : Kabbel. Mais avant cette aventure, l’artiste a planché sur de nombreux projets, dont un sur lequel nous allons nous attarder aujourd’hui : Almeeva. Suite à plusieurs EP, dont le premier date de 2012, il revient après une pause pour nous présenter son petit dernier : To All My Friends.
On ne boude pas notre plaisir, c’est avec joie que l’on accueille à nouveau Gregory Hoepffner sur notre média, pour mettre en avant ses autres projets. Pour la piqûre de rappel, l’artiste a bien roulé sa bosse lors de ses dernières années, en mêlant divers univers musicaux. Tantôt dans un degré hardcore avec Time to burn, plutôt math rock avec Jean Jean, pop post-rock du côté de SURE, ou encore queer sadcore avec Kabbel ; bref, Gregory tâte de tout. Avec tous ces projets, c’est à se demander quand le bonhomme ferme les yeux. C’est donc en octobre 2021, depuis son nouveau fief en Suède, qu’il nous révèle son nouveau EP.
Une pause de plusieurs années certes, mais pour mieux revenir ! Ce dernier opus nous dévoile un Almeeva en pleine forme. Dès le départ, nous avons le droit à une série de boucles tant éthérées que solides. Nous sommes directement plongés dans des caves où la danse règne en maître, mais d’une noirceur étrangement éclairée. Les trames mélodiques de l’EP nous électrisent, et nous attirent vers le dancefloor avec douceur. Dès le deuxième morceau Explorer, les nappes de claviers sont enivrantes, les vocaux ricochent de toute part, les boucles s’harmonisent, tandis que les transitions se font en douceur, sans lâcher un tempo entêtant. La course paraît sans fin, sans être fatigante. Toute brutalité est vernie d’une certaine sensualité. Si certains passages se mettent soudainement à bouillonner d’énergie, le rythme planant reprend le relai tout en souplesse.
C’est toute la force du musicien, proposer des passages musicaux riches, à la fois secs et féroces, mais également aériens et apaisants. Le tout supporté par cette voix propre à Gregory. Une voix réchauffante qui soutient à merveille l’adn de cet EP. Difficile de lutter face à la tentation de se laisser aller contre cette electro brumeuse et captivante.
Le morceau Church of Ectasy se glisse finement entre les morceaux. Une courte transition, couche sensorielle pleine de noirceur et de légèreté, qui nous enveloppe sans peine. Almeeva nous prend la main tout au long de son voyage sonore, et il tient la barque d’une main de maître. Enfin, l’EP se termine sur Slowly Fading, où l’artiste mène une danse en altitude, avec comme chant pour nous guider, celle du trio Pencey Sloe, ou la voix hypnotisante tantôt teintée de reverbe, tantôt murmurée, agrippe notre attention, se mêlant à celle de Gregory. Les deux timbres de voix ne se mariant qu’un court instant, mais pour mieux se dévoiler en dehors.
Visuellement, l’artiste n’est pas en reste, avec déjà deux clips pour illustrer ses sons. Avec celui de Ever Out Weatherall, si on peut voir avant toute chose une envie d’illustrer le mouvement, l’environnement urbain quotidien, et une identité graphique singulière, Almeeva nous dépeint une chose bien plus simple. En voyageant dans plusieurs villes, il nous expose cette énergie universelle propre à chaque humain, l’envie de danser et partager. Sur scène, il déborde de chaleur humaine et de passion. Une vitalité qui touche chacun d’entre nous, nous tirant le col du veston pour nous traîner sur la piste. Il en est de même avec le second clip To All My Friends, où chacun depuis son monde, et de manière anonyme, peut rentrer dans la ronde. Le paradoxe entre l’isolement dans la nature et cette musique évoquant une fête où la foule danse en sueur est touchante. Finalement, chacun d’où nous sommes, nous pouvons vivre cette passion, et nous identifier dans l’univers d’Almeeva. L’important restant de profiter et de nous évader.
Pour découvrir un peu plus Gregory Hoepffner, voici une interview pour son projet Kabbel, ou encore son ADN musical.