Oreilles et chakras en éveil : Bonobo est de retour

Après l’album très électronique Migration, Bonobo revient sous d’autres inspirations en 2022 avec Fragments. Que nous a réservé le DJ anglais cette fois-ci ?

Les derniers albums de Bonobo ont ce point commun de sortir en début d’année. Ils sont comme un marqueur d’un renouveau, un cycle qui recommence sous une aube pleine d’espérance. Un album de Bonobo, qu’il soit meilleur ou moins bon que le précédent, est toujours une expérience de réconfort et d’apaisement. La patte sonore du musicien anglais est synonyme de voyage sensoriel. Fragments rentre dans cette lignée : un album toujours plus organique qui semble grouiller de vie et de choses à nous raconter, pour le peu qu’on lui autorise la réécoute.

Des textures électroniques à la fois pointilleuses et fluides, d’autant que Simon Green opère un certain retour aux sources : on parle bien là de la grande époque Black Sands, l’un de ses albums les plus salués, sorti en 2010. On retenait de ce disque un amour pour les instruments organiques, des boucles sonores mystiques faisant écho à J Dilla et autres Nujabes. Fragments récupère cette magie pour la coupler avec le tournant électronique de Bonobo qui est apparu dès The North Borders (2013). Dans ce mélange qui ravit anciens comme nouveaux fans, pas de grandes surprises pour autant : l’album se laisse autant écouter lors d’une session d’écoute mélomane que dans le flow d’un dimanche après-midi pluvieux. Bonobo a depuis toujours cette volonté du « easy-listening » sans pour autant laisser sur le bas-côté les amoureux d’IDM et autres musiques solitaires.

Quelques morceaux viennent sortir de l’ordinaire comme From You, cette collaboration avec Joji, rappeur japonais, dont la voix s’intègre parfaitement dans les ambiances psychédéliques du musicien. Si Bonobo a toujours montré musicalement son attachement au hip-hop, il est d’autant plus intéressant de l’observer à l’œuvre sur une prod plus moderne. Rosewood marque également les esprits par son esprit deep house totalement dans l’air du temps. Enfin, Otomo étonne par son agressivité si légère pour un Bonobo toujours dans la mesure de son énergie.

L’idée de révéler cinq singles avant la sortie de l’album était évidemment un risque, la majorité des morceaux les plus importants de Fragments étaient, en quelque sorte, spoilés. Si vous êtes sur un court trajet pour aller au travail et que vous souhaitez réinitialiser votre humeur de la journée précédente, l’EP From You fera donc très bien l’affaire également !

Fragments égaie un mois de janvier souvent pluvieux et triste, Bonobo frappe juste, une fois de plus, sans pour autant étonner. Ses allers-retours entre albums électro et organiques peuvent en dérouter plus d’un, mais Fragments fait le pari d’associer au mieux ces deux aspects importants de sa carrière.