Juste avant la soirée anniversaire des 10 ans de Midnight Special Records, nous sommes allés rencontrer Victor Peynichou – un des fondateurs – pour évoquer ce label si particulier dans le paysage musical français et pour lequel nous éprouvons une sincère affection.
La Face B : Bonjour Victor, pour commencer par le commencement peux-tu nous raconter comment est né Midnight Special Records ?
Victor Peynichou : On était deux amis, Marius Duflot et moi-même, qui vivaient en colocation près de la place d’Aligre, tous les deux musiciens – Marius davantage dans l’ingénierie sonore et moi dans l’organisation et la production de concerts. Cela s’est fait naturellement. Marius avait envie d’enregistrer des groupes et moi d’aller plus loin que l’organisation de concerts. On s’est donc mis à enregistrer et à produire.
LFB : À l’époque comment aurais tu imaginé Midnight Special Records dix ans plus tard ?
Victor : On ne se projetait pas vraiment. On n’avait pas pensé à créer un label avant d’en avoir un de fait. C’est arrivé parce qu’on s’est retrouvé à faire des choses que les labels font. On dit que cela fait dix ans, mais il n’y a pas vraiment de date de création. C’était dans la continuité de ce que l’on faisait alors. Difficile alors d’imaginer ce que cela allait devenir car on faisait tout ça naturellement et sans rien planifier. Il y avait seulement la volonté de continuer de collaborer avec les gens avec lesquels on travaillait et de pouvoir le faire encore mieux. Aujourd’hui, on a la particularité d’avoir notre propre studio d’enregistrement. Cette évolution-là, oui on y pensait déjà.
LFB : Comment le label s’est développé, quelles ont été les étapes que vous avez suivies pour le pérenniser ?
Victor : Nous avons débarqué dans l’industrie musicale au moment où le format physique était en train de finir de s’effondrer. Même les énormes structures paniquaient. Aussi on a voulu faire les choses par nous-même. On ne savait pas quel serait le format de l’avenir. Et s’il n’y a plus de format, autant en faire un inutile. On a donc travaillé avec les K7 au début en les vendant par correspondance dans le monde entier.
Et surtout on a beaucoup fait de tournées. Des tournées en DIY en s’inspirant de ce que font les gens aux Etats Unis où tu pars avec ta voiture dans laquelle tu as entassé le matériel dont tu as besoin et tu vas jouer à droite et à gauche, là où on veut bien de toi. Tu fais des kilomètres, tu joues, tu rencontres des fans, tu vends des disques. Un modèle qui est peu suivi en France.
Et puis il y a eu une transition vers la digitalisation de la musique. Elle était déjà en place mais là elle est devenue réalité. On s’est inséré là-dedans. Il y avait des choses auxquelles on avait déjà réfléchi et d’autres intéressantes à faire. Et puis ce qui était marrant et sympa, c’est qu’il y avait tout à faire parce que tout était nouveau. On n’avait pas à se confronter aux schémas qui existaient depuis des années dans l’industrie musicale où, quand tu arrivais, on te disait : « Toi, tu as 20 ans, ça fonctionne comme cela ». Là on ne pouvait plus nous le dire car personne ne savait comment ça fonctionnait ni comment cela allait fonctionner. C’est ce qui était intéressant.
Alors, on a commencé à travailler avec davantage d’artistes comme avec Michelle Blades ou Laure Briard qui ont donné au label un aspect un peu plus psyché, indé. Sachant que depuis le début on bossait avec Cléa Vincent, plus orientée chanson. Il y a eu cette évolution mais elle n’a pas été décidée en tant que telle. On ne s’est jamais limité à un genre musical.
On a toujours eu notre studio d’enregistrement. Mais là depuis deux ans, on en a construit un nouveau qui est vraiment plus balaise. C’est une nouvelle étape qui nous permettra d’aller encore plus loin dans la recherche, de donner vie à des disques encore plus ambitieux. Et aussi, de travailler avec davantage de gens. Aujourd’hui, nous sommes un peu à l’aube d’une nouvelle ère.
LFB : Selon toi, quel est le rôle d’un label indépendant tel que Midnight Special Records et en quoi il se distingue des autres ?
Victor : Le fait d’être indépendant change tout par rapport à une major. Ils signent des dizaines et des dizaines d’artistes puis attendent de voir lesquels ont un mini-buzz sur Tik-Tok ou autre. A ce moment-là, ils lâchent des centaines de milliers d’euros.
Nous, c’est différent. On signe peu d’artistes et avec chaque artiste notre relation est unique. On travaille avec eux et on ne les laisse pas tomber. Ils ont besoin qu’on les accompagne beaucoup parce qu’au début ils n’ont souvent rien, pas de supports ou pas de gens qui les font tourner. On organise des dates, on est présent en studio. On peut prendre aussi un rôle qui s’apparente à celui de manager, les conseiller dans les relations qu’ils ont avec les autres personnes, les protéger. L’industrie musicale est un milieu difficile.
LFB : C’est ce qui fait que tes artistes ont eu envie de travailler avec Midnight et qu’ils sont restés fidèles.
Victor : C’est ça. Je pense qu’ils le voient. Ils sont heureux. On s’entend bien – de tout manière on ne travaille qu’avec des gens avec qui on s’entend bien. Et puis ce qui diffère par rapport aux gros labels, c’est que chez eux la personne qui te suis sera remplacée au bout de trois ans – elle mute, monte en hiérarchie ou au contraire redescend. C’est impersonnel au possible.
LFB : Pour mieux appréhender Midnight Special Records, je te propose de l’aborder par un jeu d’images. En faisant le parallèle avec les sept péchés capitaux, quels sont les plaisirs coupables du label ? N’hésite pas à les réinterpréter ! En quoi te retrouves tu ou pas du tout dans :
Les illustrations sont issues d’une série de peintures que Cléa Vincent avait commandées au génialissime Kim Giani, qui au delà de son talent de musicien en possède énormément d’autres
L’envie
Victor : C’est certain. Il y a des semaines où on va travailler 60 heures. Et cela, c’est parce que l’on a envie de le faire. Mettre en avant et soutenir des artistes, avoir des relations saines avec eux. Pour cela il faut avoir l’envie.
La gourmandise
Victor : En tant que musicien, on baigne dedans. On adore ça. Et puis derrière la gourmandise chez Midnight Special Records, il y a un truc marrant. Depuis le début, lorsque l’on enregistrait chez nous, souvent moi mais aussi d’autres personnes cuisinaient. La gourmandise, oui. C’est important quand tu es en studio de ne pas être trop focus parce qu’à un moment tu n’as plus de recul. Il faut savoir prendre ce moment agréable. Manger, discuter, se stimuler aussi. Et effectivement pour nous c’est important de saliver.
La paresse
Victor : Quelqu’un comme Cléa Vincent ne s’arrête jamais. C’est juste inimaginable. Je pense que si elle n’avait pas des petits moments de paresse, elle aurait du mal à suivre. C’est une petite sécurité pour éviter de péter les plombs. Pareil pour moi.
Mais la paresse est différente de la lenteur. La lenteur dans le processus de création, c’est autre chose. Dans la création, il y a des processus longs et d’autres qui sont courts.
L’avarice
Victor : Nous avons commencé notre label avec 100 € en poche, alors on remercie tous les gens qui ont bossé pour nous et pour rien du tout. On ne les remerciera jamais assez. C’est notre politique. On n’a jamais voulu être une petite sous maison d’Universal ou autre, avoir des financements extérieurs. Ce n’est pas de l’avarice, c’est de l’entraide. Mais qui peut être perçu comme cela lorsque l’on a pas le contexte. C’est davantage à prendre comme de la générosité des autres et puis de la générosité de notre part quand on la rend.
L’orgueil
Victor : Je pense qu’il faut être un peu orgueilleux, un peu fier parce qu’on ne joue pas à armes égales. Il faut de la fierté car quand tu vois qu’avec un claquement de doigts, des artistes se retrouvent partout.
Toi, tu n’es pas partout. Aussi si tu rationnalises dans le mauvais sens tu te dis que ton artiste est moins bien. Mais tu rationnalises en ajoutant un peu d’orgueil ou d’envie, tu arrives à quelque chose de positif. Mais je pense qu’on ne peut pas être toujours bienveillants face à l’injustice d’un monde mainstream qui est déséquilibré. Donc oui, une petite touche d’orgueil peut être salvatrice.
La Luxure
Victor : C’est une hypocrisie de penser que la musique peut être uniquement spirituelle. De même que de penser que l’aspect « c’est un beau texte » serait égal à ce que l’on vit de manière épidermique. Il n’y a qu’à voir comment la musique peut nous transporter. Quand on danse…. Malheureusement en France, on a été tenté de séparer les deux par mépris ou par snobisme. Mais l’aspect sensuel de la musique est énorme dans son importance. C’est quelque chose qu’il faut savoir exprimer.
L’exprimer d’une manière qui se rapproche des procédés utilisés dans l’art érotique, la suggestion. Quand on écoute un morceau, on a tendance à sortir un peu d’une démarche traditionnelle et à penser, même pendant un court instant, que le musicien parle … à nous. C’est assez surprenant. Comme dans un film au cinéma où on éprouve une peur. Et effectivement, on est séduit par les artistes. Même s’il faut faire attention aux excès, fans, harcèlements. Il y a un moment où on est dans des états de conscience irrationnels, où le message nous provient directement et fait fonctionner notre imagination de manière assez libre. C’est là où la séduction joue un grand rôle.
La colère
Victor : Il y a des choses qui nous mettent en colère et on peut utiliser cette voix ou éventuellement porter la voix d’autres, même s’il faut le faire avec une certaine subtilité. C’est ce qui est intéressant avec la musique. On peut retranscrire cette colère.
Lorsque Cléa chante Sexe d’un Garçon, je pense qu’elle pense à des mecs qui ont eu des comportements répugnants dans le milieu de la musique. Il y a de la colère dans ce morceau.
LFB : On parlait de Cléa Vincent, peux-tu nous parler des différents artistes que tu accueilles chez Midnight Special Records en commençant peut-être par elle qui est là depuis le début ou presque.
Victor : Déjà lorsque je l’ai vue la première fois en open live, j’avais été extrêmement touché. J’écoutais alors peu de chansons françaises mais j’ai ressenti cette curiosité qui me disait qu’il y avait quelque chose et qui m’a poussé à comprendre ce quelque chose. Et puis Cléa est extrêmement touchante, douée et compétente. C’est quelqu’un qui a une formation, peu de gens le savent, entre jazz et classique. D’ailleurs, elle continue à prendre des cours et elle est extrêmement talentueuse. C’est ce qui a fait que dès le début on a accroché. J’avais senti une partie de cela. Et puis après les surprises ont continué à renforcer cette impression.
Crédits photo : KAMILA KARASIŃSKA STANLEY
LFB : Laure Briard
Victor : Pour Laure, c’est pareil. Certes j’écoutais des trucs sixties mais ce n’était pas ce que j’écoutais tous les jours. J’ai été super touché par la manière qu’elle a d’écrire des choses qui sont … En fait c’est très soul ce que fait Laure. Ça n’a pas l’air comme cela parce que ça ressemble davantage à de la chanson. C’est aussi extrême, et là encore cela ne se voit pas. Ce qu’elle nous dit dans ses chansons, c’est très fort. On n’a l’impression que c’est une chanteuse pop sixties yéyé, comme les chanteuses des années soixante qui – aussi douées qu’elles pouvaient l’être – étaient malheureusement considérées comme des objets marketing.
La voir identifiée comme cela en France – je dis en France parce que dans d’autres pays ce n’est pas le cas – fait que l’on perçoit ses chansons d’une certaine manière. Mais en fait, quand on l’écoute sans se mettre de filtres ou sans vouloir la catégoriser, on se rend compte que c’est quelqu’un qui dit des choses extrêmement fortes et qui les dit de la meilleure des manières qui soit.
Elle est hyper douée musicalement. Mais pas, parce que par exemple, elle s’est mise du jour au lendemain à apprendre le portugais pour écrire un album entier. Ce que peu de gens ont fait – perso je n’en connais pas d’autres. Elle arrive à se connecter avec des gens à l’autre bout du monde pour enregistrer un album au Brésil, à nous faire rencontrer des gens extrêmement doués qui ont travaillé sur ses albums comme Pieuvre ou Eddy Crampes.
Crédits photo : KAMILA KARASIŃSKA STANLEY
LFB : Le Groupe Obscur et Manon David
Victor : Le Groupe Obscur vient de splitter. Mais on a sorti un titre de Manon David qui était chanteuse, bassiste et compositrice principale du groupe. Ce sont des musiciens ultra compétents qui œuvrent dans quelque chose que l’on fait rarement en France, un truc un peu 80’s, 90’s un peu goth sans être du Metal Goth ou ce genre de chose. Ils le font avec cette touche d’inspiration française, de variété et en y mêlant tout ce qu’ils apprécient – même quelques petites touches de jeux vidéo. Ce sont techniquement tous des bruts.
Manon, quant à elle, continue dans quelque chose qui ressemble par certains aspects au Groupe Obscur avec l’utilisation des effets, l’association du chorus. Ce côté à la fois un peu groovy et froid mais en allant – sans le concept du Groupe Obscur (sans la langue du Groupe Obscur) – un peu plus loin vers le groovy et dans ce qu’elle apprécie dans la variété française.
Crédits photos : KAMILA KARASIŃSKA STANLEY
LFB : Michelle Blades
Victor : On a rencontré Michelle depuis déjà un bout de temps. Elle était déjà « avancée » dans sa carrière. Elle faisait déjà une tournée en France, alors que nous n’en avions pas encore fait. Bien qu’un peu plus jeune que nous, elle a apporté plein de trucs avec sa culture qui était un peu à l’opposé de celle que l’on a en France, où pour réussir il faut être famous à Paris et avoir dans sa poche cinq/six personnes influentes. Son truc à elle, c’est d’aller rencontrer son public, jouer, faire des dates. Et ainsi, d’un tu joueras « meilleur » et de deux tu rencontreras tes fans qui te deviendront fidèles.
C’est aussi quelqu’un d’extrêmement douée. Dès qu’elle écoute quelque chose de nouveau, elle se met à composer dans le style. Elle possède ce côté « exercice de style », « patchwork musical ». Dans ses compositions, elle va inclure les touches de ses différentes inspirations. Michelle est une personnalité multiple. Son œuvre est assez particulière, très pointue qui regorge de secrets de mystères, de nouvelles choses à écouter ou à découvrir sur ses disques.
On peut aussi la mettre à n’importe quel poste. Elle a réalisé les premiers clips de Cléa Vincent, elle cartonne ses clips. Les photos des disques, jusqu’à maintenant, c’est aussi elle. On lui donne n’importe quel instrument et elle fait quelque chose de génial avec, que ce soit un appareil photo, une caméra, une basse, un clavier, sa voix ou des logiciels d’enregistrement.
LFB : Béatrice Melissa
Victor : Ce sont deux nouvelles artistes qui vont jouer pour la première fois avec nous aux 10 ans du label. Melissa qui est franco-états-unienne, vient du piano, de la musique savante. Béatrice est davantage versée dans les milieux électroniques. Réunies, elles produisent quelque chose d’assez électronique et d’assez vaste mais avec une sensibilité pop.
Crédits photos : hunaysaday
LFB : Et dans l’histoire de la musique, avec quel artiste aurais-tu aimé collaborer ?
Victor : Je pense à quelqu’un que j’apprends à connaître de plus en plus. On le connaît peu, sauf dans le milieu des érudits de la musique. Il s’appelle Ahmet Ertegün, il a fondé Atlantic Records. C’est un turco-américain et il fait partie des personnes les plus importantes de la musique. C’est une influence méconnue. Il a travaillé avec des gens comme Coltrane, Mingus, Ray Charles.
Mais, et c’est là que cela devient intéressant, c’est qu’il ne s’est pas restreint à un seul genre musical contrairement à beaucoup d’autres producteurs. Après il est allé travailler avec Crosby, Stills, Nash and Young, et même Led Zeppelin. Et surtout il a su reconnaître et faire connaître Stax Records avec Ottis Redding, Aretha Franklin, Wilson Pickett et leur donner une portée supplémentaire, mondiale. Et effectivement la soul de Stax s’est ensuite retrouvée partout en Angleterre et en France.
C’est quelqu’un que l’on connait peu et qui pourtant est ultra important dans la musique. Quand on comprend que cette personne est celle qui a signé des gens comme Coltrane ou Mingus et quand on mesure leurs influences sur tout ce qui s’est déroulé après on comprend à quel point c’était osé de signer des gens comme cela.
Sans cela, il n’y aurait pas eu les mouvements hippies, psychédéliques, qui ont donné naissance à la musique des années dorées. Cela ne se serait pas produit, s’il n’y avait pas des gens comme Charlie Parker qui ont repoussé les limites des codes musicaux en s’inspirant des musiques modales, comme Coltrane l’a fait aussi sur ses albums avec Miles Davis. Sans parler du travail qu’il a effectué avec Ray Charles. Un moment de grâce dans la musique. Je crois aussi que Ray Charles a énormément apporté à tout ce qui relève de l’intensité de la musique mais aussi à la retranscription des émotions de manière extrêmement directe.
Ahmet Ertegün, a signé tous ces gens qui ne partaient pourtant pas gagnants dans les années de l’Amérique raciste et qui en plus créaient des musique franchement chelous. Qui l’eut cru alors que le free jazz, le hard pop ou la musique hippy de Crosby, Stills, Nash and Young allaient devenir des références mondiales ?
Crédits photo : William P. Gottlieb, Public domain, via Wikimedia Commons
LFB : Dans les souvenirs que tu as accumulés en dix années de Midnight Special Records, quel serait un de tes plus beaux souvenirs ?
Victor : C’est un souvenir tellement marquant que j’aurai pu inclure dans les étapes du label, même s’il est assez subjectif. C’était lors de la release party du deuxième EP de Cléa Non Mais Oui 2/2. Il s’agit de l’EP où figure Château Perdu. Il faut savoir que le début avec Cléa était très bricolo, on était parti avec des amplis dans des voitures, entassés comme c’est pas possible. On n’avait pas la hype de notre côté parce qu’on chantait en français. A ce moment-là, il fallait chanter en anglais.
Lorsqu’elle est montée sur scène, c’était au Point Éphémère, tout le monde a ressenti que quelque chose était en train de se produire et qu’ils allaient assister à la naissance d’une grande artiste. Il y a eu un silence et ce silence a été brisé par quelqu’un qui a crié : « Cléa ! ». Il n’y avait rien d’autre à dire. C’est sorti tout seul. Son nom a été dit parce que c’était la seule chose qu’on pouvait dire. C’était évident. Elle crevait l’écran. Il n’y avait qu’elle. Et ce jour-là, elle a fait un concert ahurissant. Depuis elle est montée au top et n’en est pas redescendue. C’est un super souvenir.
LFB : Un des souvenirs les plus insolites ?
Victor : Il y en a énormément quand on fait des tournées à l’arrache. Mais pour faire lien avec le souvenir précédent, j’en ai un qui est toujours en relation avec le deuxième EP de Cléa. Un soir où je faisais un concert de blues dans un bar, un type a débarqué au milieu du set et a commencé à faire un solo de saxophone. On s’est dit : « Mais il est trop bon ». Or juste avant, après avoir enregistré Château Perdu on avait eu le sentiment qu’il manquait quelque chose. Et pourquoi pas un solo de saxo ? Le musicien s’appelle Olivier Ikeda. Je lui ai demandé s’il était intéressé – « Oui grave » – et on l’a enregistré. Il a fait un premier solo vraiment dingue, un autre tout aussi dingue et lors de la troisième prise on entend le début solo et la voisine qui vient se plaindre du bruit.
Ce n’est que ça, mais c’est un des moments que je préfère dans toute notre discographie ; une accumulation de hasards. Qu’est-ce qui a fait que pendant ce concert un type débarque avec son saxophone et fait un solo ? Qu’est-ce qui a fait que Cléa me dise « J’aimerais bien avoir un solo » ? Que Cléa et Raph acceptent de le voir, qu’il vienne et qu’il arrive à jouer juste avant que la voisine débarque nous dise « C’est terminé ! Arrêtez de faire du bruit ! ». On aurait pu ne jamais l’avoir mais on l’a eu. Ça tient au hasard.
LFB : Un des plus joyeux ?
Victor : Je pense que c’est le moment où on a vissé la dernière plaque dans le studio d’enregistrement que l’on a créé. On s’est arrêté et on a dit « Ok, on a fait ça ». On a construit un studio de 60m² avec des amis et nos propres mains. Quand on a regardé et que l’on a dit : « C’est nous qui l’avons fait », c’est indescriptible comme sensation.
LFB : Du coup cela rejoint le souvenir d’un moment de fierté.
Victor : Oui c’est ça [Rires]
LFB : Quelles seront vos prochaines actualités ?
Victor : Les 10 ans du label que l’on va fêter le 26 février au Point Ephémère avec Béatrice Melissa, Manon David, Michelle Blades qui va faire un solo, Laure Briard et Cléa Vincent qui va se lancer dans un super DJ Set.
On va aussi officiellement ouvrir le studio. Pour le moment l’ouverture n’est qu’officieuse même si on a déjà fait des disques dedans. Mais on va l’ouvrir officiellement pour avoir le plaisir d’accueillir tout le monde.
Et puis commencer à travailler avec les artistes Béatrice Melissa. Il y a aussi des choses qui se préparent du côté de Laure Briard dont on va parler assez vite. Ça fait du pain sur la planche
LFB : Et le Tropi-Cléa 3 qui sort bientôt !
Victor : Oui bien sûr. En fait je suis tellement dedans que, pour moi, c’est déjà fait alors qu’au contraire, ce n’est que le début. Mais oui évidemment, il y a l’EP de Cléa Tropi-Cléa 3 qui va sortir le 18 mars.
LFB : Et pour finir, que peut-on te souhaiter pour les prochains 10 ans à venir de Midnight Special Records ?
Victor : Un max de fric ! [Rires]
Et parce qu’un anniversaire se fête – 10 ans ce n’est pas rien ! – vous pourrez les retrouver le samedi 26 février au Point Ephémère pour une soirée qui s’annonce pleine de surprises, de plaisirs et de découvertes.
N’hésitez pas non plus à écouter la compilation Nocturne sortie pour l’occasion !