C’est avec un premier EP éponyme que le groupe Bison Chic se dévoile. On y aperçoit alors une pop-électronique, plongée dans une atmosphère autant lumineuse qu’obscure.
Bison Chic est un trio composé de Maxime Lunel, Harmo Draüs, avec à la tête Alex Grouldinsky. Ce dernier est un artiste bicéphale, se faisant appelé à la fois Bison, et L’Ombre de chic, lorsqu’il maîtrise l’art du collage. On devine donc que le nom de groupe Bisou Chic est un cadavre exquis tiré de ces deux noms d’artistes. Mais c’est bien sous la formation de groupe, que Bison Chic se remarque, par exemple en étant présélectionné aux Inouïs du Printemps de Bourges 2021. La sortie de l’EP en fin d’année, était alors une manière de concrétiser leur travail musical. Bison Chic est un disque aux multiples influences et univers.
L’EP s’ouvre sur le titre L’ombre d’un soir, qui s’accompagne d’un clip réalisé par Morgad le Naour. Le morceau évoque avec sensibilité l’addiction et ses conséquences. C’est alors que s’engage un véritable conflit intérieur tant physique que psychique. Comme si notre corps ne nous appartenait plus. Comme s’il était piégé entre des symptômes allant de la crise d’angoisse, la suffocation aux troubles de la personnalité. Ainsi pour retranscrire artistiquement ce combat, Bison Chic s’appuie sur le contraste. La musique est à la fois organique et électronique avec des sonorités grésillantes et vibrantes. Il y a également quelque chose d’aérien, de planant et léger. Une caractéristique qui se retrouve dans la voix. Pourtant, en contraste avec cette clarté, les paroles évoquent la disparition qui s’accompagne d’un manque presque mortifère. On peut alors entendre la phrase suivante : « Je brûle sans toi ». Cet atmosphère anxiogène est mis en avant dans le clip. Puisqu’on y aperçoit un décor oppressant dans laquelle la danseuse Eléa Ha Minh Tay performe. Un décor fait de miroirs et aux allures boite noire.
Sous les initiales SPB se cachent des personnes chères à Bison Chic, au point de leur dédier la chanson Initials SPB. En parallèle à L’ombre d’un soir, le titre est plus lumineux en étant plus rythmé. On reconnait des influences rock. Pourtant, il y a toujours cette même identité à la fois vibrante et très mélancolique. Initials SPB est une ode à l’espoir. cette chanson évoque ainsi une transformation, une reconstruction possible mais laborieuse. Ainsi il y a cette phrase qui hante le morceau : « Reconstruire pour reconstruire. » Avec cette volonté plus forte que tout : « J’aimerai simplement qu’on éclaire à nouveau nos nuits. » On ressent aussi l’envie de l’autre, dans un texte écrit avec une grande part de sensualité. C’est comme si à travers ce titre, l’auteur cherchait l’autre, cherchent la fusion totale avec l’autre.
Enfin, le disque ce conclue sur le titre Dommage. Encore une fois, il y a un clair-obscur. D’une part, l’introduction du morceau est très lumineuse. Il y a un aspect organique, avec le son de la pluie qui tombe et la musique d’un orgue presque mystique qui s’ enchainent. Le morceau est lumineux, remplie de grandes vibrations. Pourtant, d’une autre part, le texte évoque presque une nuit noire de l’âme. Ainsi, Dommage commence par une phrase forte: « Souvent, j’écoute la nuit, le néant qui m’entoure. » Cependant, Il y a aussi quelque chose de très énergique dans le morceau, qui est le plus dansant de l’EP. Et la rêverie évoquée semble pouvoir offrir des retrouvailles.