La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Tout de suite, la première partie de la sélection numéro 115 des clips de la semaine.
Muddy Monk – Intro
Muddy Monk révèle le tout début de son album Ultra Dramatic Kid, Intro, qui devrait sortir courant mai 2022. Dans un clip filmé par Félix de Givry, Muddy Monk nous livre des sonorités peu banales et très différentes de ces précédents morceaux. Le ton y est plus incisif et plus percutant. Intro est évolutive, autant dans l’audio que dans l’image. Elle s’ouvre tout d’abord sur une voiture futuriste, où en tout cas telle que pouvaient se l’imaginer les contemporains du début du XXème siècle, plein phare dans un tunnel souterrain qui débouche sur une route montagneuse et escarpée à la Shining.
Ce n’est non pas sur un hôtel que débouche cette route sinueuse perdue au milieu de la nature, mais sur un bâtiment sobre qui abrite une salle de commande tchernobylesque, remplie d’interrupteurs et de boutons, qui, comme dotée d’une vie propre, lance d’elle-même une programmation faisant affoler la salle de contrôle. Ce qui s’y joue ? Un cadavre flotte au milieu de ce qui ressemble à une porte des étoiles (Stargate) où des faisceaux lumineux se mettent à tournoyer autour de lui comme un retourneur de temps (Harry Potter). La suite de l’histoire ? Elle se dévoilera au travers de 6 autres clips musicaux qu’on a hâte de découvrir.
Ichon – L’ennui
Ichon clipe L’ennui, titre de Encore + pour de vrai, la réédition de son merveilleux premier album. Il nous embarque doucement dans une ballade acoustique à laquelle vient s’ajouter des percussions dansantes parce que pour Ichon l’ennui n’est pas de nature morose et insipide. C’est surtout un état transitoire qui nous pousse à nous reconnecter avec soi-même, à retourner dans un état candeur enfantin.
Assis sur sa moquette rouge sublimant les reflets de sa peau, Ichon est simplement là, devant nous, il ne fait qu’être présent ici et maintenant. L’ennui est beau, l’ennui est naturel avec Ichon. Il ne servirait à rien de la contrer, alors allez-y, allez prendre une petite dose de L’ennui, ça fait du bien.
Anna Majidson & David Numwami – Soleil Cendre
Après le très joli Natasha et le tout aussi sensible En Deux Mots, Anna Majidson nous dévoile un peu plus le paysage sonore de son premier EP La Rivière à paraître le 25 février. Dans Soleil Cendre, la façon dont Anna entremêle les voix azurées et les lignes musicales carnées a quelque chose de délicatement sensuel. Un frôlement d’air, une vibration sonore, rien n’est anguleux. Soleil Cendre s’écoute comme une caresse qui suivrait les courbes des sentiments qui s’égarent.
Associée à David Numwami, un art de l’équilibre, une harmonie se créent pour mettre en lumière un jeu d’hésitations, de revirements des sentiments où Anna et David se croisent sans vraiment se retrouver. Les rayons du Soleil Cendre n’ont plus l’intensité de la passion mais irradient encore la douceur magnétique de souvenirs incandescents – « Quand le soleil me parle de toi Je n’oublie pas ». Anna Majidson sera en concert le 3 mars au Pop-Up du Label pour la sortie de son EP. Réservez votre soirée.
Dana Gavanski – Indigo Highway
Nous vous avions parlé de Dana Gavanski en 2020, année où la musicienne Canadienne-serbe installée à Londres avait sorti son premier album, Yesterday Is Gone, et un magnifique EP de reprises intitulé Wind Songs quelques mois plus tard… Nous étions tombé sous le charme de ses arrangements solaires et de sa voix à la fois forte et délicate et c’est donc avec le plus grand plaisir que nous découvrons cette semaine Indigo Highway, un titre aérien aux claviers hypnotiques qui figurera sur le second opus de la musicienne When It Comes annoncé cette semaine. Le morceau est accompagnée d’une vidéo aux multiple facettes glitch réalisée par Daisy Dickinson.
When It Comes est prévu pour le 29 avril et en attendant on pourra (re)découvrir l’artiste sur scène 10 mars au Pop-Up du Label à Paris.
Coins Parallèles – Ne rien faire
Après l’expérience nihiliste aux couleurs post-punk et new wave de Bleu nuit, Yan Skene se permet un contre-pied avec son projet, plus personnel, Coins Parallèles. Influencé par le son de Malajube, Yan prolonge son éclectisme déluré. Toute les influences de Bleu Nuit sont là, pourtant, dans ce cas précis les instruments et la voix ont pris leur liberté.
Est-ce le côté expérimental qui a pris définitivement le contrôle dans « Ne rien faire ». Une réponse affirmative ne pourra pas toutefois donner l’ampleur de cette proposition très courageuse et, surtout, barrée. On ne peut s’empêcher de penser à Gang of Four. Malgré un côté basique et très direct, une sensation d’égarement se dégage par moments. Les guitares se mêlent dans des distorsions pour enfin s’emporter dans d’étranges solos. Yan s’amuse…le contre-pied…
Le premier single de Coins Parallèles ouvre grande la porte à l’EP « Demo ». Une écoute prolongée s’impose. Ne rien faire serait un péché.
Jäde – J’boss
« Qu’est ce que c’est trop bon la vie d’artiste » cette phrase issue du banger RR9.1 et signée Koba La D renferme du vrai, mais manque un brin de nuance. Si une fois que la musique rapporte assez pour en vivre, souvent le chemin avant d’y arriver est loin d’être une promenade de santé.
Nombre d’artistes ont dû combiner leur passion avec des jobs alimentaires avant de vivre pleinement de leur art. A l’instar de la jeune chanteuse Jäde qui revient sur ce passé dans le clip de J’boss réalisé par Paul-Henry Tirard. Évoluant dans des décors pop, elle passe de caissière à serveuse, des petits boulots qu’elle a pu expérimenter pour payer ses sessions studios. Si elle essaye de garder un ton frolant l’ironie, il ne faut pas se méprendre, ses jobs sont souvent ingrats et la chanteuse n’hésite pas à s’inspirer de certaines mauvaises expériences dans ce titre.
« Ils prennent aucun risque, pas d’sacrifice mais très à l’aise pour insulterEux, c’est des sacrés fils de, ça sert à rien de discuter »
Jäde garde sa singularité par sa voix chaude, une instrumentale frénétique et un visuel coloré et un brin décalé. Des caractéristiques synonyme d’une efficacité folle se dégageant de ce nouveau single.
Claudia Bouvette – Douchebag
Après les très bons BBZ et Miss Blumenfeld, Claudia Bouvette nous présente cette semaine un nouvel extrait (superbe lui aussi) de son tout premier album The Paradise Club, attendu non sans impatience le 20 mai 2022 chez Bonsound.
Il s’appelle Douchebag, il lui en a fait baver mais le chaos est désormais loin derrière elle. En effet, dans ce titre émancipateur, la chanteuse québécoise rompt les chaînes qui se sont enroulées autour d’elle lors d’une relation amoureuse difficile. À travers ce nouveau morceau finement réalisé, Claudia Bouvette récolte les fruits de la résilience et remet les pendules à l’heure : sa confiance en elle retrouvée, elle se place ici en position de force face à cette douloureuse expérience.
Douchebag est une chanson puissante accompagnée d’un clip qui l’est tout autant, imaginé par la talentueuse Soleil Denault.
thaHomey – SKIP TO MY LOU
Le succès de Trillistik, projet en collaboration avec Dirtyiceboyz a permis à thaHomey de placer son nom sur la carte des espoirs du rap francophone. Sa formule aux inspirations Outre-Atlantique plaît à de plus en plus de monde et la sortie de Rare Files Vol.2 prévue pour le 25 février annonce une suite qui devrait tenir la route comme en témoigne les deux extraits déjà disponible. Cette semaine c’est SKIP TO MY LOU aggressive performance qui s’est dévoilé au public au travers d’un visuel réalisé par @blackswordcreatives. A l’instar de l’instrumentale de @prodsicko, le clip est sombre et particulièrement bien mené par l’énergie débordante du rappeur qui éclabousse également par son attitude. Plan fixe, effets visuels ou caméra qui part dans tous les sens, c’est cette dernière qui rythme le visuel qui a pour seul décor une voiture et un parking.
Rolling Blackouts Coastal Fever – The way it Shatters
Sorti le 2 février, The way it Shatters annonce leur prochain album Endless Room disponible le 6 mai. Après le splendide Sideways to New Italy sorti en 2020, album ensoleillé qui sent bon les vacances, les australiens reviennent avec un titre à la pochette plus sombre et mystérieuse. Le titre n’en est pas moi rock, énergique et rythmé par des riffs de guitare colorés. La vidéo qui accompagne le single est énigmatique et l’on se retrouve tout comme le personnage principal un peu déboussolé.
Il surgit de l’eau, en costume, se dirige vers la même demeure qui figure sur la pochette du single, mélange de châlet et de villa d’architecte où un anniversaire est fêté. Les protagonistes semblent soudés, passent un moment joyeux, mais l’homme semble être mis à l’écart, en marge de toute cette joyeuse petite troupe. La scène semble se répéter jusqu’à ce que l’homme soit pris d’une angoisse et retourne d’où il est venu.Entre ambiance chaleureuse et atmosphère anxiogène, le groupe nous emmène dans une nouvelle esthétique originale.
Veerus Ft Limsa – Wu-Tang
Ces deux là se connaissent, sûrement réunis par l’amour de la belle rime et de la fine plume, cela fait un moment que Veerus et Limsa trainent ensemble. La collaboration entre les deux rappeurs n’est donc pas étonnante pour ceux qui les suivent. Les autres pourront découvrir avec Wu-Tang une démonstration d’un rap technique et référencé qui va droit au but dans une alchimie plus que palpable mise en vidéo par Astadir Productions.Si le dernier volet de la trilogie Logique de Limsa est attendu par ses supporters, ce titre prendra place sur le projet de Veerus. A l’image de ce visuel tourné dans un manoir abandonné, l’ambiance s’annonce sombre, voire mystérieuse avec son lot de phases à double sens.
« Quand on parle, c’est crypté, c’est comme sur la 4Tacle à la gorge et je mérite mon rouge
Comme le terminus sur la 4″
Lucy Dacus – Kissing lessons
Dans Kissing lessons Lucy Dacus raconte le premier amour innocent d’une adolescente qui ne se rend pas compte de ce qui lui arrive. Une chanson intime et touchante que nous partage la chanteuse d’indie rock.Le single fait suite à l’album sorti le 25 juin dernier, Home Video. Pour la vidéo l’artiste a fait appel à Mara Palena qui réalise un clip très vintage girly des années 2000. Une jeune fille s’occupe dans sa chambre d’adolescente couverte d’images au mur et des objets originaux en tous genres éparpillés. Comme tout droit sorti d’un teen movie au moment où le personnage principal se retrouve avec ses propres pensées dans sa chambre, la protagoniste revient en cours plus décidée que jamais à en découdre avec les émois adolescents.Une courte musique qui s’arrête brusquement, comme l’histoire contée dans ce titre.
Flume feat. MAY-A – Say Nothing
6 ans après un Skin multirécompensé et 3 ans après une mixtape totalement lunaire, Flume est de retour avec un nouvel album annoncé. Say Nothing est donc le premier single et clip de Palaces, à paraître le 20 mai chez Future Classic. Le clip aux visuels toujours aussi psychédéliques révèle la D.A. de ce nouvelle opus. Tandis que MAY-A évolue dans un environnement sombre, Flume cavale en 3D sur sa moto flashy. Le titre semble plus introductif qu’explosif, on attend impatiemment la suite !
BEACH SCVM – Monday
Les BEACH SCVM reviennent avec un titre plus nostalgique que jamais. On retrouve les trois garçons de plage à la sortie d’un taxi, la mine hagarde comme un lendemain soirée. Visiblement, la reprise est difficile, et ce Monday possède un goût d’amertume. Ils s’ignorent les uns les autres alors qu’ils sont posés dans le canapé, évoquant dans les paroles des souvenirs d’une soirée et d’une romance à peine entamée. Se téléportant dans leur environnement naturel, c’est à dire la plage, ils vont de se réveiller peu à peu et se connecter les uns aux autres. De petits sourires en coin, une guitare, des objets tout droit sortis des tréfonds de leurs poches semblent évoquer souvenirs amusés et lient peu à peu les trois garçons. Mélopée tendre aux couleurs pastels, Monday est une contre vérité à leur titre Forever Sunday, venant rappeler que rien n’est éternel et qu’il faut chérir chaque jour. Oui, même le lundi.
Maud Geffray – Break
Maud Geffray est de retour, vive Maud Geffray.
Dans Break, extrait de l’album à paraître bientôt chez Pan European Recording, on suit des woofeuses ou travailleuses agricoles alternant regards en coin et soin aux volailles. Bottes de foin, dindes filmées de trois-quarts formant un tableau organique et bicolore, odeur de gasoil dans l’atelier mécanique…
À la douceur du premier baiser succède un vent de liberté : juchées sur une bécane lancée à toute berzingue sur les routes de campagne, à l’ascension d’une tour dominant l’exploitation agricole ou accrochées à l’arrière d’une moissonneuse-batteuse, le clip prend de l’ampleur pour nous souffler un champs des possibles qu’une ferme ne semblait pas pouvoir embrasser.
Au son du chant sensuel de Maud et des éclats d’un beat résolument 2000’s (« How do you feeel ? I don’t need a fight »), l’image se fait plus explicite de métaphores en plans crépusculaires : une imagerie queer qui ne manquera pas de laisser rêveuses les plus cis-het d’entre vous…