Les clips de la semaine #119 – Partie 2

La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 119 des clips de la semaine.

Muddy Monk – Smthng

Les semaines passent et l’arrivée de Ultra Dramatic Kid se fait de plus en plus proche. Alors que ce nouvel album est attendu pour le 1er avril, Muddy Monk nous en dévoile un dernier extrait avant la sortie avec l’excellent Smthng.

Il est toujours question de sentiments évanescents, de nostalgie, de mélancolie et de regrets. Ici, le son se fait plus doux et calme, loin des violences de intros et TR ou de l’envolée presque lyrique de Face ou Pile. Smthng c’est un écrin de douceur dans lequel versé nos larmes, un moment de tendresse porté par des nappes oniriques.

Et qui dit titre, dit clip, une nouvelle partie de l’histoire réalisée par Félix de Givry. Toujours dans un noir et blanc classieux, le réalisateur explore une autre temporalité, celle de l’adolescence, nous entrainant dans une fête où les frustrations et les rencontres amoureuses s’enchainent à la vitesse de l’éclair alors que les slows s’enchainent. Ici, il capture la grande particuliarité de l’adolescence, à la fois pleine de langueur et qui pourtant passe comme un éclair. Un instant de beauté suspendue, remplie de références à toute une partie de la pop-culture 80’s.

Sinon, on a eu le grand plaisir de pouvoir discuter avec l’artiste suisse et on vous partagera cet échange au moment de la sortie de l’album.

Belle and Sebastian – Unnecessary Drama

Séance de thérapie de groupe pour Belle and Sebastian. Dans le clip de Unnecessary Drama, on retrouve les écossais au bord de la rupture, peinant apparemment à retrouver l’alchimie qui fait le sel du groupe depuis plus de 25 ans désormais.

La bande de Stuart Murdoch fait donc appelle à un médecin bien décider à soigner les maux du collectif et de ré-accorder les émotions et les humeurs de chacun. Un clip drôle et émouvant pour un groupe qui revient en grande forme, ce nouveau morceau, au titre vraiment drôle, étant clairement enlevé, presque nerveux et intensément réjouissant.

On prend plaisir à les retrouver, surtout que ce morceau annonce un nouvel album et avec lui une nouvelle tournée. Que de bonnes nouvelles donc pour ce début d’année 2022.

Ashe – Another Man’s Jeans

Ashe continue son ascension vers les sommets. Nouvelle pépite de la pop américaine, la californienne est de retour cette semaine avec Another Man’s Jeans.

Le morceau mélange à la perfection influence country, choeurs gospel et rythme pop effrené, le tout au service d’une écriture racée et envoutante. Ashe nous raconte une histoire d’amour avec ses hauts et ses bas, mais surtout elle nous raconte une prise de pouvoir, celle d’une femme qui sait ce qu’elle veut et comment elle le veut. C’est drôle et puissant et on en redemande clairement.

Cette idée de puissance féminine et de sororité se retrouve parfaitement dans le clip qui accompagne le morceau. Ensoleillé, on navigue entre modernité et un côté retro bien senti, alors que les chorégraphies s’enchainent et les différentes personnalités de Ashe se rencontrent.

KALIKA – OLALA

Pour célébrer la sortie de son premier EP, Kalika nous emporte dans une ambiance de fête foraine, senteurs barbe à papa et pomme d’amour, avec son clip Olala. Au milieu d’une piste de cirque aux couleurs chamarrées, Kalika tourbillonne dans une cage aux larges barreaux chromés telle une fauve devenue dompteuse.

Elle ondule et fait des bulles pour charmer Hector – campé par Balthazar son fidèle comparse – indifférent jusqu’à ce que le sortilège produise son effet. Hypnotisé, il se retrouve magnétisé et attiré comme peut-être le fer par l’aimant ou les chewing-gums par les dessous de tables. Le refrain, « S.E.X.E dans tes yeux / S.E.X.E. je te veux », rythme, avec efficacité, ce rituel d’envoûtement sensuel dont il est devenu proie.

Si vous êtes, vous aussi, ensorcelés, allez découvrir les six autres titres qui figurent sur son EP Latcho Drom. Latcho Drom signifie « Bonne route » chez les Tziganes et résonne de la part de Kalika comme une invitation au voyage en sa compagnie et sa fantaisie.

The Ed Mount Show EP2: LAURENCE (feat. David Numwami)

Pour lancer son premier album – Close to your heart -sur orbite, Ed Mount nous étincelle en partageant une petite étoile filante nommée Laurence. Si la vidéo nous présente une version écourtée du titre présent sur le disque, le flot sonore conserve la coolitude, le charme joyeux et léger de l’original. Bercée par des effluves jazzy, la pop d’Ed Mount aurait comme un impact sur la production de dopamine qui nous procure ce sentiment de plaisir qui va nous faire imperceptiblement dodeliner de la tête.

Il existe aussi dans Laurence, une joie complice – évidente – à partager ce titre avec David Numwami qui irradie la scène francophone de sa sensibilité et sa fantaisie. Avec des paroles chantées en français, Ed Mount s’écarte sur ce titre quelque peu des autres compositions présentes sur son album. Une autre facette de l’artiste que l’on découvrira bientôt ? 

Dana Gavanski – Under the Sky

Il y a des moments de bonheur et de simplicité tels, que le temps s’arrête. Dans la chaleur d’un été langoureux par exemple, en présence de son amoureux.se… Under the Sky, le nouveau single de Dana Gavanski dépeint l’un de ces instants précieux. En un morceau léger et envoûtant, accompagné d’une vidéo tournée en Croatie au bord de la mer, nous faisant rêver du retour prochain de l’été… La musicienne Serbo-Canadienne s’apprête à sortir son deuxième album intitulé When It Comes le 29 avril, et est en ce moment en tournée qu’elle terminera le 10 mars au Pop Up du Label à Paris. On s’y voit ? 

Oete – Défense

Maître de la « variété alternative » où il fait figure d’ovni scintillant, celui qui assurera bientôt des premières parties de Fishbach, Feu ! Chatterton et Julien Doré revient en diva protéiforme pour un morceau rythmé et obsédant.

Réalisé par Yann Orhan, « Défense » propulse notre voyageur du genre sur le devant de la scène le temps d’une danse déchaînée de 3’09 minutes. Au sommet de la performance, de multiples costumes glissent sur les épaules d’Oete, qui emprunte à tous les codes pour habiller son hymne audacieux aux soirées qui traînent trop.

Dans un noir et blanc saturé qui subliment les traits de celui qu’on croirait tout droit sorti de la mythologie grecque ou du cinéma expressionniste, tandis que « les néons glacent le trottoir », Oete réchauffe les nuits qu’on souhaite longues en sa compagnie.

Ulrich Forman – At Last

Avec « At Last » Ulrich Forman revient avec une balade romantique en anglais aux accents pop. Le musicien qui hante la scène musicale française depuis 20 ans nous entraîne dans les méandres d’un Paris rendu désuet par une mélancolie tenace. Les violons se superposent aux paroles, questionnant un amour trahi par les vicissitudes de l’existence.

Aux abords du P.C.C. et du Moulin Rouge, « Where the ashes could be thrown », on suit les traces d’un homme qui semble transcender l’immédiateté, seul intervalle de temps où nous ne nous produisons jamais, pour tendre vers un hypothétique futur. Peut-être, qui sait, à l’aube, tout ira mieux…

PÉNICHE – C’est pas des arêtes, c’est des muscles

Péniche, c’est le groupe qu’il vaut mieux avoir en photo (ou en concert) qu’à table. En témoigne le dernier clip hallucinant de réalisme désuet, « C’est pas des arrêtes, c’est des muscles ».

Ambiance fête de village poussée à son paroxysme, cette mise en musique du « Concours régional du plus gros mangeur ou de la plus grosse mangeuse de poissons panés » est un hymne instrumental à l’absurde et à une certaine mythologie du terroir… Réalisé par Axel Pasquier et Hugo Sechet, l’image épouse étrangement bien les riffs inventifs et rageurs du groupe de garage décidément très connecté à son public. Vous reprendrez bien une assiette.

Charlotte Fever x Le’mon – 흰 눈꽃 (Snowflakes)

Fruit d’une collaboration avec la toplineuse coréenne Le`mon, les Charlotte Fever s’unissent cette fois pour nous proposer le tintinnabulant « Swowflakes » (흰 눈꽃), semblant tout droit issu d’une faille spatio-temporelle qui nous aurait propulsé entre la Corée et les Alpes françaises dans les années 80.

Transposant leur univers sensuel et poétique au cœur des massifs enneigés, le duo exceptionnellement converti en trio, concrétise par ce morceau un projet de longue date grâce au concours du CNM. Sur fond pastel, les paroles défilent sur les montagnes stylisées dans un style épuré qui contraste avec la mélancolie dansante du morceau, coup de foudre musical à 9000 km de distance…

Barrie – Concrete

Barrie sort cette semaine Concrete, un titre rêveur et éthéré qui malgré son lourd titre (“béton” en français) nous tient en apesanteur.  Des synthé élaborés et une voix teintée de reverb’ mais pas que; la musicienne a rassemblé de multiples instruments pour composer cet album : un dulcimer, une mandoline, une clarinette, une flûte, un violoncelle, une trompette, et la harpe de sa grand-mère… Un mélange de son personnels et envoûtant que Barrie élabore seule, de l’écriture à la production. Son second album, Barbara est prévu pour le 25 Mars et nous avons hâte de le découvrir ! 

Amouë – Billy

Avec Billy, l’artiste Amouë déclame son amour avec érotisme. Sur une musique pop, électronique proche des sonorités chaudes du jazz, de la soul, le texte est un corps à corps. Alors, Amouë avoue “vouloir se laisser aller à la peau salée” de Billy. Des fantasmes qui prennent forme dans un vidéo-clip réalisé par Jean-Charles Charavin. Le réalisateur nous fait tourner la tête, comme l’amant décrit dans le titre. De plus, on se retrouve plongé dans une chambre d’adolescente des années 1990. Comme si au travers du clip,n on parvenait à ressentir les émois de la chanteuse, de vivre avec elle un amour sensuel, érotique, effervessant et surtout adolescent. Mais terminons ce voyage dans le passé, pour revenir au présent. Amouë sera en concert au PopUp du Label le 6 avril prochain.

Marina Satti – Yiati pouli m’

Marina Satti renoue avec ses ancêtres, son passé et la mémoire de la Grèce avec le titre Yiati Pouli M’. A travers ce morceau, l’artiste athénienne évoque la chute de l’Empire byzantin par le prise de Constantinople, par les Ottomans en 1453. Alors, le peuple Grecs se retire sur les rives du Bosphores. La musique est au recueillement, il y a quelque chose d’aérien et d’éthérique dans les sonorités. Puis, la manière de chanter de Marina Satti renvoie au domaine du sacré. Cet aspect traditionnel se mêle au contemporain avec un clip réalisé par Alexis Gomez. On y reconnaît des fumeurs de narguilés, accompagnés de danseurs, de dervish tourneurs. Le clip se situe à Istanbul, vestige des anciens empires avec ses tours, ses mosquées comme seuls souvenirs du temps passé.