Ça y est, les iNOUïs du printemps de Bourges ont rendu leur verdict et dévoilé les 33 artistes sélectionnés pour participer à l’édition 2022 du dispositif de détection artistiques. On vous a sélectionné nos dix chouchous de la compétition et on vous les dévoile ci-dessous.
Nerlov (Charles)
Puisqu’on parle de chouchous, je vais m’autoriser à utiliser la première personne, une idée un peu plus personnelle et humaine de la chose. Lorsque j’ai vu le nom de Nerlov apparaitre dans la sélection des iNOUÏs du Printemps de Bourges, je n’ai pas pu m’empêcher de sourire.
Non pas parce que j’avais la sensation du devoir accompli, Nerlov étant un artiste qu’on suit depuis désormais deux ans, mais juste d’un bonheur simple de voir un artiste que j’aime reconnu comme il se doit.
Parce que Nerlov, c’est un peu un élément central des deux dernières années un peu merdique qu’on a vécu. Un premier EP au début du confinement, un second alors que le monde n’allait pas vraiment mieux et une musique qui m’a permis d’expier certaines angoisses, le tout avec humour, amour et énormément de talent.
Nerlov, c’est un peu le guru bienveillant dont on a tous besoin au cœur de l’apocalypse, un phare dans la nuit qui me ramène vers tout ce que j’aime dans la musique.
Comme il le dit si bien, il nous aime tous, si ça musique a des aspects parfois acides, ses prophéties n’ont rien de dégénérées tant et si bien que sa musique, j’aimerais passer ma vie avec elle.
Et que dire de la scène, un grand défouloir où il vient tout brûler, nous avec. Une folie de puissance autant que de tendresse qui laissera tout un chacun K.O.
Vous êtes prévenus, Nerlov c’est le boxer de nos sentiments, un héros qui une fois passé par nos oreilles ne les quitte plus. Et tant mieux.
Lazuli (Pierre)
Originaire du Chili, Lazuli insufflent directement ses influences latinos à sa musique. Combinant le français et l’espagnol sur des productions frénétiques se rapprochant de la bail funk elle sait faire aussi bien bouger les têtes que les corps. Frénétique et envoûtante, elle reproduit à merveille cette énergie sur scène. Accompagnée de son fidèle producteur Izen et de danseuses, chacune de ses performances promet un moment rempli d’intensité. Pour mieux se préparer à ressentir ce feu ardent, les projets Zero et Cardio en collaboration avec King Doudou sont de belles portes d’entrée à son univers.
Julii Sharp (Marine)
Tandis que je me promenais sur le site du Printemps de Bourges, je suis allée voir du côté des iNOUïS, car c’est le lieu de toutes les surprises.Et j’aime, me laisser porter, divaguer. Vers des sons inconnus et des visages anonymes.
J’ai cliqué sur le morceau Toucan de Julii Sharp. Je l’ai laissé tourner, en fond sonore, tandis que je travaillais en parallèle. Puis, surprise qu’il soit déjà fini, je l’ai relancé. Puis, j’ai arrêté de travailler. Et je l’ai écouté. Encore une fois. Sans rien faire d’autre. Séduite par sa voix, ce timbre chaud et rassurant. Après, j’ai erré sur internet, à la recherche de plus d’informations, en manque de chaleur, de douceur. J’ai pu satisfaire mon petit cœur, qui a trouvé son bonheur avec une captation live au Théâtre des Mazades à Toulouse. Entourée d’une contrebasse et d’une batterie, elle dévoile à la guitare un répertoire qui n’a rien à envier aux plus grands. De la folk enveloppante pour les soirs de chagrin et les matins câlins. A écouter de toute urgence.
Zaho de Sagazan (Damien)
Si vous ne connaissez pas encore Zaho de Sagazan, il est fort à parier que ce sera bientôt le cas. Même si pour le moment elle n’a publié qu’un seul titre, La Déraison, Zaho de Sagazan s’expérimente surtout sur scène, adoubée par les Mansfield.TYA quil’ont invitée à ouvrir, pour elles, de nombreux concerts.
Constitués d’un alliage combinant chanson française et électro aux reflets coldwave, ses titres se vivent avec la conviction qu’elle insuffle dans leurs interprétations. Zaho de Sagazan, c’est d’abord une énergie contenue, prête à fuser catalysée par les sentiments qui l’enflamment. C’est encore une voix profonde et organique, faite de ces aspérités qui lui donnent toute sa force et sa sensibilité. Et aussi une part de mystère qui lui confère un halo lychien. Vous avez compris, Zaho de Sagazan a ce quelque chose de spécial qui sied parfaitement aux Inouïs. Alors, allez la découvrir les yeux fermés (ou, au contraire, écarquillés) et surtout les oreilles grandes ouvertes.
Oete (Camille)
Si du poète, Oete tire son nom, il en tire également toute la sensibilité et la gravité. Oete incarne l’ombre et la lumière, ces contradictions évidentes entre la force et la fragilité, le courage et la sensibilité. On ressent cette hypersensibilité dans la voilure d’un chant, presque tremblant. Par exemple, l’artiste parvient à enchaîner avec aisance, rapidité, des sonorités aiguës et graves dans le titre La tête pleine.
La voix d’Oete est faite d’air et d’éther. Comme en complémentarité, il y a des sonorités rythmées, frappantes, viennent soutenir et structurer la mélodie chantée. On pense alors au titre vibrant, presque tourbillonnant Défense. Dont le clip semble être en miroir au projet, entre des énergies tant féminines que masculines.
Au travers d’un clip réalisé par Yann Orhan, l’artiste ne choisit pas de genre, de case, il se choisit lui, sa propre identité. Car l’intime est au cœur du projet. Oete évoque alors ses histoires de cœurs, d’amour passionnel avec La tête pleine, jusqu’à la maladie avec Hpv, ou encore de ses combats intérieurs avec Défense. C’est également une identité musicale qui semble être portée par ses pairs comme Feu! Chatterton, Clara Luciani ou encore Fishbach, comme d’illustres figures telles que Barbara, ou encore Alain Bashung.
yoa (Charles)
Puisqu’on parle des chouchous, impossible de ne pas citer yoa. Il faut dire qu’on la suit depuis déjà un petit moment, avant même que son premier titre ne sorte. On a donc assisté à l’éclosion d’un talent en or massif, une personnalité et un univers rares dans le monde musical actuel.
La musique de yoa est très attachée à l’enfance, il y a quelque chose de profondément naïf et doux en surface mais qui cache quelque chose de beaucoup plus profond et orageux. Une musique immédiatement accessible mais qui à force d’écoute se rattache autant aux souvenirs de yoa qu’elle vient se confronter aux notres, dans une douce danse d’appropriation.
Sur scène, le projet prend une autre dimension, laissant exprimer le corps à travers la danse et l’âme à travers des interludes et des passages assez théâtraux. Yoa se refuse à choisir, mettant tout ce qu’elle est dans ses spectacles, offrant un soin toujours particulier que ce soit dans la mise en scène ou dans ses tenues.
Un véritable monde en expansion qu’on a hâte de voir grandir encore et encore.
Oscar les vacances (Clémence)
Du côté d’Auvergne-Rhône-Alpes, Oscar les vacances brille particulièrement fort dans cette nouvelle sélection des Inouïs du Printemps de Bourges. Avec un premier album autoproduit en 2020 intitulé Dansent les cygnes suivi de Vroum qui vient tout juste de sortir chez Ovastand, Oscar les vacances propose une chouette chanson française aux accents électro-pop pleine de textes sensibles, délicats et décalés posés sur des mélodies infaillibles.
Oscar les vacances est à suivre de très près et bien évidemment à ne pas manquer cette année au Printemps de Bourges où il se produira le 23 avril. Pour les parisien•ne•s qui ne pourraient pas être de la partie, pas de panique: accompagné de ses invité•e•s Yoa et Jimmy Magardeau, il présentera son nouvel EP Vroum le 13 avril lors d’une release-party au Jamel Comedy Club.
OWN (Chana)
Own est un projet née en 2018 piloté par Arthur Lacroix, jeune artiste qui virevolte entre Caen, Toulon et la montagne pour composer ses sons. Pour concrétiser le projet, Arthur sait bien s’entourer, notamment par Ilan Rabaté (Thérapie Taxi) ou Alex Le Ray (Requin Chagrin). En résulte des compos autour de synthé aux allures de jouets, de guitares lo fi sorties d’un tube de pop anglaise, et une voix nonchalante résolument moderne. Les sons de Own ont ce truc ultra catchy, qui savent vous faire dandiner en deux kicks. Ça se prend pas au sérieux, ça ne se donne pas des grands airs, ça a juste envie de faire plaisir et de s’éclater. Les chansons sont bourrées d’autodérision et de pépites instrumentales qui font lever le sourcil. Attention, on est pas en train de dire qu’Own est une vaste blague, bien au contraire. C’est seulement une vraie surprise résolument efficace qui se donne des airs de mauvais garçon au grand coeur. Et franchement avec son humour piquant, il ferait fondre le cœur de n’importe qui.
Pour ne citer quelques coups de coeur, il y a tout d’abord Broken Heart / Pop Song Night Club, une chanson pop folk timbrée qui aurait pu être composé par un Marc Demarco sous champis. Avec sa petite voix trop aigue en arrière-plan qui vient aussi faire les chœurs ultra cheesy et son synthé cristallin, l’humour désinvolte de Own ne s’exprime pas que dans les paroles. S’aventurant dans des paysages plus R n’ B, Skinny Boy vient faire part des états d’âmes de son interprète sur son physique légèrement fragile « I’m a Skinny Boy, you could break me if I fall. ». Une chanson produite avec un soin et un talent indéniable pour les arrangements. Et on ne pourra pas terminer ce top sans My Bike, coup de cœur absolu. Le flow est juste ultra catchy, rejoint right on time par la batterie pour lancer la bataille. Celui-là vous embarque particulièrement dans son histoire, on ne peut s’enlever de la tête cette image de mec filant sur son vélo la tête haute après une rupture. Trop badass.
YMNK (Charles)
YMNK porte en lui deux choses importantes qui en faisaient un candidat idéal pour notre sélection des chouchous : Tout d’abord, il est originaire des Hauts de France et le népotisme régional est un élément hyper important de l’ADN de La Face B.
La seconde est beaucoup plus sérieuse, et plus réaliste dans ce qui nous intéresse ici : YMNK fait parti des artistes qu’on aime, car il est un peu un savant fou de la musique. Le genre de garçon qui invente ses propres synthés, qui développe des applications et qui vit la musique comme une grande expérience dans laquelle tout est possible. Un bidouilleur de génie, un aventurier sonore , un explorateur dont on tombe éperdument amoureux à l’écoute.
Car si il se place dans la catégorie électronique, sa musique garde en elle un côté organique bien senti. Une musique vivante au cœur de laquelle les nappes électroniques côtoient des solos de guitares bien sentis et un sentiment de mouvement permanent. YMNK nous raconte des histoires et sa musique est une grande porte ouverte direction notre propre imagination. Alors on se laisse embarquer et happer par les sonorités du nordiste, allant de surprise en surprise pour notre plus grand bonheur.
Eesah Yasuke (Enzo & Martin)
Enzo : Si je devais résumer mon artiste chouchou des iNOUïS 2022 du Printemps de Bourges avec un seul mot, je choisis sans hésiter la puissance. À travers son tout premier projet, Cadavre Exquis, on découvre une artiste d’un talent immense, dont la plume égale sa technique. On comprend très vite l’univers de Eesah Yasuke qui nous propose un monde musical introspectif et vrai, et nous plonge dans sa passion pour les textes travaillés, qu’elle peaufine depuis des années. Ce que j’aime chez elle, c’est également un charisme presque inébranlable. Je l’ai découvert avec le clip de Mon Ciel, et quelle claque! Hormis un clip magnifique, sa gestu, son style, et sa prestance en général m’avaient totalement bluffé. J’espère que l’année 2022 sera l’année du samouraï du rap qui mérite selon moi, une plus grande visibilité.
Martin : Souvenez-vous de ce nom. Eesah, c’est déjà votre future artiste préférée. Un flow acéré comme la lame d’un scalpel, et teinté d’une rage comme seuls les parcours cabossés peuvent nourrir. Depuis son éclosion, la jeune rappeuse dégaine sur son passé, sa vie, et emporte avec elle tout ce qu’elle touche. La Samuraï a sorti son plus beau katana pour s’imposer au tremplin national Buzz Booster, s’invite dans les sessions au Red Bull Studios et s’entoure avec l’aisance d’une reine. Bref, avec les armes dont elle dispose, il n’est qu’une question de temps avant que vous ne rejoigniez son armée. Son premier EP « Cadavre Exquis » est sorti l’année dernière et c’est déjà un chef d’œuvre. 8 titres comme autant de revendications, autant d’appels, autant de confessions et une impression de facilité qui serait presque trompeuse tant le bourreau de travail qu’elle est mérite aujourd’hui sa sélection aux Inouïs du Printemps de Bourges. Une étape de plus pour celle qui donne le sentiment que chaque pallier n’est que le début de quelque chose de plus grand. Souvenez-vous de ce nom, il remplira les salles de vos villes avant de conquérir le monde.