La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 127 des clips de la semaine.
chien noir – Échappées belles
C’est avec bonheur qu’on retrouve cette semaine chien noir. Après nous avoir raconté ses histoires vraies, Jean nous entraine avec lui dans des échappées belles. La guitare au bout des doigts, sa plume pleine de grâce nous amène une nouvelle fois au cœur de la nuit, dans ces instants où les rêves et le réel se croisent. On cherche alors à échapper au monde, à trouver un endroit où être soi, mais toujours avec les autres.
Car ici, chien noir plaide pour le collectif, utilisant beaucoup le « on » pour nous embarquer avec lui dans ses aventures, nous inclure dans son morceau. Il n’est jamais question de solitude mais bien d’un collectif brûlant et qui nous fait du bnien.
Dans la vidéo , on le retrouve dans des lumières irréelles, dans une nuit qui ne semble pas avoir de fin et où le faux, le vrai et l’intérieur se mélange. Une bien belle manière de revenir et d’annoncer un nouveau projet qu’on attend avec impatience.
ALIAS – Together
ALIAS fait parti des artistes dont on guette les sorties avec grand intérêt. Pour la musique tout d’abord, mais aussi parce que la plupart de ses singles sont accompagnés de clips absolument fous qui nous font le plus grand effet.
Together ne fait pas exception à la règle et on ne va pas s’en plaindre. D’un côté, un retour musical bien énervé, toute guitare dehors qui laisse à Emmanuel la possibilité de jouer avec sa voix. Entre violence et séduction, le morceau nous entraine dans un univers sur la corde, où les pensées semblent s’entrechoquer sans réel cohésion.
Et c’est là que tout devient intéressant, puisque le clip d’Ariel Poupart fait écho à cette idée et l’explicite même, nous entrainant dans le monde de Jozef, personnage créé par ALIAS. Sommes nous dans son esprit ? Les événements qui se déroulent sont ils réel ou porté par la folie de se personnage qui se multiplie ? Chacun se fera son idée, mais les références cinématographiques sont une nouvelles fois très fortes, entre le US de Jordan Peel et le Split de Shyamalan, la frontière du réel n’existe plus vraiment.
Une entrée en matière forte pour la suite de ALIAS qui augure le meilleur en attendant, peut-être, de retrouver Jozef.
Gus Englehorn – Run Rabbit Run
On reste au Canada avec Gus Englehorn, qui a dévoilé cette semaine Dungeon Master, son second album. Il l’accompagne d’un clip pour Run Rabbit Run. Le morceau est une sorte de comptine surréaliste à l’écriture assez folle qui nous entraine dans un monde où les hommes se transforment en chien et où les flics tabassent les prisonniers … Rien de très i,habituel dans le monde moderne en fait. Un brin de folie, un poil de paranoïa et énormément de talent, l’univers très singulier de Gus Englehorn prend tout son sens dans ce morceau entrainant mais bercé par une folie douce qui nous contamine doucement.
Pour l’accompagner, Estée Preda & Gus Englehorn nous entraine dans un road trip américain, toujours sur la route et sans pauses réelles, la vidéo alterne des plans courts et des instants de vie en tournée , faite de grands espaces, de parkings et de camions. Des bords de routes à ne plus savoir qu’en faire et des petits moments de bonheur malgré tout.
UTO – Souvent Parfois
Emile et Neysa, aka UTO, sont de retour cette semanine et annoncent l’arrivée de leur premier album, Touch The Lock en dévoilant Souvent Parfois, un premier extrait superbe basé sur des sonorités emballantes mais surtout sur la voix qui nous aspire dans un monde sans air et sans pause, dévoilant sans presque jamais s’arrêter des phrases courtes comme des mantras qui s’agrippent dans nos esprits avec une facilité déconcertante.
Il est ici question d’obsession, de perte et de l’autre, avec des mots simples et impactants ils nous racontent ces relations où les non-dits prennent trop de place, où la distance détruit et où il est parfois impossible de dire clairement à l’autre qu’il nous manque et qu’on pense à lui.
Marco Dos Santos prend cette idée à bras le corps et la transforme dans le clip en une chasse métaphorique, une traque dans les bois à la recherche de l’autre, qu’on aperçoit mais qu’on ne capture jamais. Perdu dans ces bois, les deux membres du groupes continuent sans cesse de chercher cette proie mystérieuse qui ne semble jamais vouloir se montrer à jour.
MEUTE – Places (The Blaze Rework)
La fanfare la plus cool du monde est de retour ! Vous vous en doutiez, on parle bien sûr des allemands de MEUTE qui ont dévoilé cette semaine leur reprise de Places, l’excellent titre de The Blaze.
Comme toujours, on est assez fasciné par ce travail de « retranscription » qui garde souvent la saveur et les émotions du titre original tout en le ramenant dans un territoire différent, plus organique et chaleureux. Ici, ce sont les instruments à vent et le xylophone qui se taille la part du lion, avec, une fois n’est pas coutume, une place plus importante laissée à la voix.
Comme toujours avec MEUTE, la vidéo qui accompagne le titre est une représentation live, un peu sauvage, qui prend ici place sur le parvis de l’Opéra Garnier à Paris.
Soleil et gens souriant, les premières effluves de l’été arrivent avec ce titre en attendant la sortie de leur nouvel album, TAUMEL, prévu pour novembre 2022.
Tamino – The First Disciple
Le retour du grand brun ténébreux est enfin arrivé, Tamino a sorti le 27 avril son premier single The First Disciple. Depuis son dernier album Amir, pépite musicale, le chanteur s’était fait silencieux pendant deux ans. Dans le clip réalisé par Bastiaan Lochs et Jonathan Van Hemelrijck, Tamino est chef de groupe, humble et mystérieux.
À la recherche perpétuelle de quelque chose ou de quelqu’un. Tout le monde a les yeux rivés sur lui ou au contraire s’en détache et il se retrouve invisible dans une foule électrisante.D’une élégance et d’une tendresse inégalables, enveloppé d’une mélancolie intense, Tamino nous brise le cœur tout en légèreté. Son oud ajoute des vapeurs orientales et lyriques aux tonalités graves de la voix de l’artiste. The First Disciple nous fait retomber dans le monde si singulier et émouvant de Tamino.
Primero feat. Roméo Elvis – Deux Deux
Sorti le 29 avril, Primero revient avec son troisième EP, Fragment part 1 sorti ce 29 avril. Le rappeur bruxellois propose 5 titres ainsi que le clip du morceau Deux Deux, en featuring avec son ami Roméo Elvis.
Le visuel du clip, réalisé par Tadeskwa, montre les deux artistes dans un ascenseur, jonglant l’un après l’autre avec une balle de foot. Pour rester dans cette métaphore footballistique, les deux Belges prouvent encore une fois qu’ils se connaissent aussi bien que Xavi et Iniesta. À l’instar des deux sportifs, les rappeurs se passent les couplets avec une technique et une fluidité presque parfaite.
Même s’il n’a rien plus rien à prouver, ces dernières sorties (Osito de Caballero, Labrador Bleu de Isha et maintenant Fragment Part 1), montrent encore une fois que le hip hop belge est aussi présent que puissant.
Mogwai – Boltfor
Mogwai revient avec un clip fort et onirique signé Sam Wiehl, Ritchie Sacramento, fable contemporaine sur la communion nécessaire des énergies individuelles dans une dynamique commune pour l’avènement d’un monde meilleur.
Dans ce second single extrait de « As The Love Continues », on suit une foule d’individus attirés de façon inéluctable par une sphère enflammée – manifestation divine ou extra-terrestre ? La vision n’est en tous cas pas sans rappeler la scène finale de la série fantastique Les revenants, dont le groupe avait signé la bande-son.
Métaphore du cheminement de chacun vers un état aspirationnel et transcendantal – au-delà des lignes du tangible et du rationnel -, le clip nous propose 4’13 de rêverie profonde et paradoxale. Au gré des plans se succèdent l’élévation des corps, leurs métamorphoses et une fusion suggérée de l’individuel dans le collectif, le tout dans une nature luxuriante (« all gone« , annoncée comme une inquiétante prophétie autoréalisatrice)… Un élan global se saisit de ces énergies éparses et paraît conjurer la perdition, le tout sur fond de riffs pop ultra mélodiques. L’ensemble nous laisse entrevoir une possible dissolution des solitudes profondes – du rock comme puissant remède à la mélancolie.
Honeyglaze – Shadows
Shadows ça parle des ombres qui peuplent les nuits, qui encombrent l’espace et la tête. C’est des fantômes qui ne disparaissent jamais vraiment et qui attendent, tapis dans le noir.
Honeyglaze, trio londonien, nous raconte ici les angoisses, la peur et la mélancolie. Leur premier album, Honeyglaze est sorti le 29 avril 2022, sous le label Speedy Wunderground (Squid et Black Country, New Road).
Le clip, tourné avec les moyens du bord, se déroule la nuit. Macadam mouillé, le groupe se déguise et se met en scène. Oreilles de lapin, pirates, dinosaures, tout y passe. En fond, un réflecteur qui laisse envisager une séance photo. Derrière les ombres qui se dessinent. Anouska Sokolow emporte avec elle ses tourments : « Mornings always feel like paradise / Cause shadows always haunt me late at night » tandis que sa guitare et la basse de Tim Curtis se marient avec grâce et harmonie. A la batterie, Yuri Shibuichi maintient cet équilibre, délicat et fragile, d’une chanson qui apporte un peu de baume au cœur malgré la tourmente sous-jacente. Une pointe de synthétiseurs en guise de réconfort.
Astrel K – Maybe It All Comes At Once
La caméra à la main, discrètement l’artiste Astrel K dévoile son quotidien. Des répétitions, des matchs de foot, des escalators, des corridors, le défilé incessant du métro. Parfois la caméra vient capturer l’artiste de face en train de chanter à dans la rue, le long des quais, dans la nuit. Un clip DIY, poétique et 90’ qui s’accorde merveilleusement avec la mélancolie pop du titre Maybe It All Comes At Once. De quoi célébrer la sortie de son premier album Flickering i, sorti le 29 avril.
Maud Geffray – Way Out
Avec Maud Geffray c’est toujours le coup de cœur et la poésie assurée. Dans le clip de Way Out réalisé par Veinenosa on suit une femme, ou plutôt des femmes, au travail qui semblent traverser le temps et l’espace comme des fantômes. Leurs visages s’effacent, la bienveillance et la tristesse se mêlent dans un quotidien de labeur où le rêve et l’ailleurs n’existent pas, mais viennent ici se suggérer dans un dernier temps. L’eau vient matérialiser une échappatoire immaculée loin de la densité du présent. La voix éthérée et les beats resserrés mais maîtrisés de Maud Geffray portent ce récit avec une délicatesse jubilatoire. Une réussite.
LaFrange – 6
LaFrange sort cette semaine la vidéo de 6. D’une balade en forêt ponctuée par des notes de xylophone enfantines, le clip réalisé par Léo Adrover se transforme peu à peu en rêve psychédélique aux images kaléidoscopiques. Entre romantisme mélancolique et maux intérieurs, LaFrange livre une chanson intime, directe et touchante comme elle en a la clé.
6 est le sixième morceau de son nouvel EP, Sad Love Songs, sorti il y à peu, dont on vous conseille l’écoute !