Il y a un an, on avait entamé une conversation avec Lonny où l’on parlait déjà de son premier album. Maintenant que Ex-Voto est sorti, nous avons repris le fil de notre discussion, comme la seconde partie d’une discussion en suspend. On a parlé trackinglist, différence entre la scène et l’album et de l’idée de se libérer de son album.
La Face B: Salut Louise, comment tu vas ?
Lonny :Ca va ! J’ai passé ma première journée normale hier (rires). C’est cool, ça va bien et je suis à la fois un peu déroutée par la sortie de l’album, et en même temps il y a quand même un petit état de grâce qui est chouette.
LFB : On avait déjà discuté de cet album il y a un an. Comment tu te sens maintenant qu’il est sorti ?
Lonny : Hyper bien, vraiment hyper bien sur plein de plans, ça a réglé beaucoup de mystère pour moi, le fait qu’il sorte ; sur le travail, ma position en tant que musicienne dans le monde. Ça a ancré les choses dans le réel, d’arriver non plus avec une promesse mais avec du contenu. Dans mon appréhension du monde et de la sphère musicale, ça fait un bien fou. Ça, c’est plus pour le plan personnel… Et après, c’est sentir que (si petite soit-elle) il y a une petite communauté qui se forme autour du disque, ça aussi ça me fait beaucoup de bien.
Et en plus, j’arrive à me dissocier du disque maintenant : j’arrive à sentir qu’on parle du disque, qu’on ne parle pas de moi – bien que finalement, il fasse partie de moi et je fais partie de lui à un endroit… Mais du coup, sur le plan psychologique, sortir un disque, c’est aussi se décaler un tout petit peu du sujet : quand ça fait trois ans que tu es une promesse, il y a un truc compliqué psychologiquement à gérer. Ça se manifeste dans certains mécanismes d’accompagnement parfois : on est très centré sur toi, toi, toi, c’est un peu oppressant. Et là, le disque, c’est Ex-voto, il a sa vie et j’ai confiance.
LFB : Tu portes cet album avec toi depuis 2019; est ce que tu as l’impression d’avoir changé par rapport à ce qu’il représente de toi ? Est-ce que ça t’aide à prendre du recul par rapport à ce qu’il représentait quand tu l’as écrit?
Lonny :Oui, énormément. En fait, c’est ça qui est super beau et je crois que c’est ça le cadeau le plus précieux avec le fait de faire un disque et de mettre un peu de temps à le sortir. Je pensais que c’était une plaie, mais en fait un vrai cadeau, puisque tu peux te rendre compte de ton évolution, c’est toi par rapport à tes chansons écrites dans un certain état en plus. C’est même pour ça que je l’ai appelé Ex-Voto : c’est une marque de confiance et c’est une promesse sur le fait de me dire « le temps va faire son oeuvre, et à un moment, tout ce que je raconte là, je vais en guérir ». C’est une espèce de projection. Le cadeau, du coup, c’est d’observer mon rapport à ces sujets là trois ans après, et de voir l’évolution, la guérison. Parfois, c’est une évolution qui n’est même pas dans la guérison, ça c’est juste décalé, ça a bougé, en tout cas il y a eu du mouvement et ça, c’est merveilleux.
crédit : Cédric Oberlin
LFB :Tu réponds à mes questions avant que je ne les pose (rires). Ce que j’allais dire, c’est : l’album s’appelle Ex-voto et moi, j’avais l’impression que tu aurais pu l’écrire au pluriel, que chaque chanson justement aurait pu être ex-voto en elle-même. Comme une offrande à ce que tu as accompli.
Lonny :Alors c’est rigolo, c’est pour ça que j’aime tellement ce terme : c’est une prière et un remerciement à la fois, c’est un peu un remerciement à l’avance en fait. En tout cas pour moi c’est ça, tu te mets en état d’espoir et de confiance et tu remercies pour cette future guérison. C’est un peu l’idée. J’aime bien le fait que le terme contienne cette ambivalence – j’ai failli appeler l’album Ex-Voto au pluriel d’ailleurs. Puis c’est resté au singulier, je trouvais ça plus joli, peut être plus abstrait aussi. Mais si tu regardes au dos du vinyle, tu verras des dessins, chacun représente une chanson, chaque dessin est un ex-voto.
LFB : Se pose donc logiquement l’importance de la tracklist et de la façon tu l’as travaillée : l’ombre avec cette petite flamme qui vibre encore, jusqu’à une espèce de lumière et d’accomplissement en fait.
Lonny :Oui, je sais que j’aime les albums qui ont des mouvements, qui ont vraiment une direction – et qui peut être n’arrivent jamais à destination, mais qui au moins vont vers elle. J’aime les albums de transition, qui ont un écosystème, qui me font bouger. Et en fait, c’était super important pour moi au moment du tracklisting : je me suis vraiment posé la question du mouvement que je voulais donner à tout ça. Enfin, oui et non : à la fois ça a été facilité parce que Incandescente a été la première que j’ai écrite du disque et Allez, Chagrin est la dernière. Je l’ai écrite trois jours avant de l’enregistrer, c’est une chanson d’impulsion totale qui est sortie comme ça, quasiment d’une traite. Donc, ça m’a quand même aidée, le fait que cette chronologie soit aussi dans ma vie personnelle et ma vie créative. Mais voilà, moi, j’aime ces albums-là et et pour moi, c’est ça qui est intéressant dans le « format album ».
LFB : Quand on écoute l’album, on sent cette notion qui est très importante pour moi, qui relie un peu l’album, c’est la notion de reconquête intime : se réapproprier son corps, son esprit, sa personne. C’est quelque chose de très personnel, et je me demandais comment tu avais transformé cette idée très personnelle en quelque chose d’universel que tu as pu transmettre aux autres.
Lonny :Justement c’est un mystère (rires). C’est là toute la difficulté. Je pense que si je suis très honnête, je me suis beaucoup demandé comment les autres avaient fait. Non pas pour les copier, mais disons que ça m’a beaucoup rassurée de sentir que d’autres artistes faisaient la même chose – d’ailleurs les artistes que j’aime font ça, c’est pour ça que je les aime en fait.
Donc, j’ai beaucoup lu à propos d’artistes, des bio et des machins et je pense que ça a commencé par là, déjà. Et puis ensuite, concrètement : j’ai une petite paire d’oreilles à qui je fais tout écouter, qui s’appelle Baptiste W. Hamon et qui est très pratique (rires). Parce que Baptiste, c’est un frisson-mètre. C’est à dire qu’à l’écoute, il a les poils ou il les a pas… et pour moi, c’est une référence énorme. Voilà donc déjà je trouve que le fait de pouvoir contacter l’extérieur pour s’en inspirer, ou alors juste simplement pour tester, c’est un peu là que ça se passe… C’est comme regarder tes angles morts en voiture quand tu attends avant d’avancer « OK, c’est bon, j’y vais » (rires), c’est un peu ça.
LFB :Du coup avant d’avancer tu regardes Baptistes quoi (rires).
Lonny :C’est un peu ça. J’espère que tu as apprécié la comparaison automobile (rires). Après le reste, je crois que le corps perd lui même dans l’écriture instinctive et le flux de conscience. Moi, je suis complètement dans cette ligne là. J’ai découvert Virginia Woolf au lycée, on étudiait exactement ça. Je crois qu’en fait, le corps (ou l’inconscient quand il se met à parler) rencontre cette notion, forcément. En tout cas, moi, j’ai la croyance qu’il y a un inconscient collectif dont Jung parle très bien ; et donc nos gestes inconscients et instinctifs sont forcément universels.
LFB :Et l’autre chose que je trouve très intéressante – et qui va par extension avec ce que tu racontes, c’est que sur l’album tu parles beaucoup à l’autre, comme à un fantôme qui s’éloigne au fur et à mesure que l’album évolue. Et que tu finis par lâcher, par laisser partir…
LONNY :Peut être que je le nomme en l’appelant « chagrin » aussi, quand je le nomme enfin… C’est joli ce que tu dis. Je n’avais pas vu ça forcément comme ça. Tu sais, il y a une chanson de Leonard Cohen qui s’appelle Avalanche. Je sais pas si tu la connais bien, si tu as l’occasion lis le texte traduit. En fait, c’est en écoutant cette chanson que je me suis dit « Ah! En fait, on peut placer l’adresse de manière abstraite ». Dans cette chanson tu sais pas très bien à qui Leonard Cohen s’adresse, s’il parle à lui-même, à quelqu’un d’autre, on ne sait pas quelle est sa notion d’appartenance là dedans, à quel point cet auteur lui appartient ou pas.
C’est très flou. Pour ma part j’ai souvent dit que j’avais fait ce disque pour essayer de me situer, pour vraiment essayer de comprendre où j’étais. Et donc, forcément, je pense que j’ai beaucoup sondé où est ce que je m’arrêtais et où est-ce-que l’extérieur commençait… C’est un peu le c’est un peu le truc. Donc ça bouge, effectivement, et peut-être qu’à la fin c’est nommé « chagrin ».
LFB :Si on retire Incandescente qui est un peu une introduction, je trouve que sur Comme la fin du monde, l’autre et un poids, quelque chose d’oppressant, de violent. Et puis tu pars. Et quand tu arrives sur « Allez, Chagrin » quelque chose a disparu.
Lonny : Oui, je pense que c’est ça, en tout cas c’est ma vision psychologique des choses. Il m’est logique de penser que l’autre, en tout cas ce que tu perçois de l’autre, n’est qu’une représentation. C’est vrai, c’est la vie cérébrale, c’est ce qui se passe. Les choses n’existent pas. Il y a une représentation des choses dans ton cerveau ; donc tout est un peu une petite partie de toi. Comme quand quelqu’un t’énerve, t’insupporte, c’est souvent une petite partie de toi-même qui t’insupporte (rires). Je crois que j’ai toujours cru en un truc de cet ordre. Donc effectivement, c’est vachement en recherche dans le disque.
LFB : Donc tu as réussi à dire au revoir au chagrin (rires) ?
Lonny : A certains chagrins oui ! Sur le moment pas du tout, mais plus tard, ouais. C’est là où je te dis que c’est très joli, parce que le cadeau d’avoir sorti ce disque avec tellement de retard, c’est ça, c’est d’avoir senti que certains chagrins avaient vraiment disparu. D’autres sont arrivés. Mais certains chagrins de ce disque précis sont en voie de départ ou partis.
LFB :Je parlais de fantômes tout à l’heure, je trouve que sur l’album, dans les clips, sur la pochette, il y a quelques références (même beaucoup de références) ésotériques, voire religieuses. Moi je vois ça comme une prière, un mantra qui se répète, que tu graves dans l’esprit, et je me demandais si c’était quelque chose que tu avais voulu ? Avec cette pochette qui a un côté un peu icône, de détourner ton image à travers le regard d’un autre, d’une peinture. Ou ces dessins dont tu parlais sur la pochette, ou les symboles présents dans les clips – ce personnage dans « Comme la fin du monde », qui sort de l’eau » (rires). Qu’est-ce qui t’intéresse là-dedans ?
Lonny : J’ai toujours eu un rapport sacré à la musique, pas forcément religieux du tout. Je ne peux pas me estimer croyante, ou peut-être mais pas pas en Dieu… Par contre, je pense vraiment que la musique est au dessus des humains et que je cherche, en faisant de la musique, à me rapprocher de cette chose – que je ne cherche plus à nommer, parce que plus j’essaie de la nommer ou de la comprendre, plus ça m’échappe. Mais c’est vrai, il y a une petite quête d’absolu chez moi. On m’a dit pas plus tard qu’hier que c’était mon plus gros défaut (rires).
Mais en tout cas j’ai un rapport au sacré où je pense que la musique est bien au dessus de nous. Donc, j’ai besoin de symboles, d’icônes, que ce soit plus joli, que ce soit tout sauf prosaïque. Et en même temps, toute la dualité de mon truc, c’est que si je me fais trop emmener par ce machin-là, je m’évapore en fait, et je suis plus là. Et c’est la raison pour laquelle j’ai appelé, par exemple, Jessie McCormack pour faire le disque, c’était pour me ramener sur Terre, dans la terre quoi. Sinon je me fais avaler en fait, donc je cherche cet équilibre.
LFB :Moi, j’ai eu la chance de découvrir tes morceaux sur scène avant de les découvrir sur l’album, et j’ai été très surpris quand j’ai écouté pour la première fois l’album (dont je trouvais la production très chaleureuse), alors que je trouve que sur scène, il a un côté très western, entre guillemets, en tout cas plus sec, plus sableux. Ce passage du live à l’album, est-ce une volonté pour toi de repartir sur quelque chose de plus épuré ?
Lonny : Oui alors ça, je savais que ce serait jamais la même chose… Pour moi c’est vain de vouloir reproduire un album sur une scène. Pour moi, ce sont deux choses très différentes, deux exercices : il y a l’exercice du studio et l’exercice de la scène, et la seule chose qui est commune aux deux, ce sont les chansons. Mais je pense que les chansons ont des humeurs et elles ont des humeurs, et ce n’est pas que de la poésie, vraiment je pense qu’elles ont une certaine humeur – et d’ailleurs, je n’aurais pas fait le même album si je l’avais fait aujourd’hui.
Sur le disque, elles sont ancrées dans un présent qui était celui de 2019 et de l’hiver 2020, tandis qu’aujourd’hui, ces chansons semblent « me demander » quoi… J’essaie de les comprendre disons, et effectivement, sur scène après, il y a aussi des choses qui sont de l’ordre de technique aussi. C’est que c’est j’ai besoin qu’on soit un peu « tout terrain », qu’on puisse tourner facilement, qu’on n’aie pas 30 millions de balances à faire. J’aime bien l’idée de challenge ce côté de « on a trois fois rien et il faut qu’on fasse de l’émotion avec ». Et c’est vraiment pas facile, je pense. C’est partie de très, très loin, là, ça commence à être un peu mieux, enfin je ne sais pas quel concert tu as vu ?
LFB : J’ai vu La Boule Noire et je t’ai vu dans le Pas de Calais
Lonny : Ah oui c’est vrai ! Alors tu verras, on a encore décalé. C’est plus doux, par exemple, que la Boule Noire. En fait, on réajuste chaque fois qu’on le fait, c’est juste que ça suit le présent.
LFB : J’aimerais bien que tu me parles de deux morceaux sur l’album : déjà Black Hole qui est le seul morceau en anglais, et (Not so Sad) Love Song, que tu partage avec Refuge et qui est le seul duo de l’album ?
Lonny : Black Hole c’est peut être la chanson la plus spontanée du disque parce qu’elle est ancrée dans une expérience très réelle. Et pour le coup, c’est la seule aussi qui a une adresse qui est ancrée dans le réel aussi – puisqu’elle s’adresse à quelqu’un qui n’est pas francophone. Et donc, il fallait que cette personne puisse comprendre cette chanson – à l’époque où je l’ai écrite, en tout cas, car aujourd’hui c’est complètement un autre rapport. C’est ça qui est cool. Typiquement, elle est très intéressante aujourd’hui puisque la personne a complètement disparu de mon esprit. Mais sur le moment, c’était très important qu’elle puisse la comprendre, donc bon elle est sortie en cinq minutes, au-delà de « Chagrin » c’était la chanson la plus impulsive.
Et puis puis j’avais envie d’anglais aussi. Je savais qu’il fallait que je fasse quand même un petit clin d’œil à cette langue que j’aime tant et que j’aime tant chanter aussi, qui donne une autre voix, qui donne autre chose… Et puis (Not so Sad), c’est un peu pareil. Pour le coup, c’était une projection du passé. Je voulais faire un duo avec Florian parce que j’avais besoin d’ancrer d’autres. C’est quelqu’un avec qui j’ai appris la musique et la scène ; pendant cinq ans, on a été cul et chemise, ça a été mon partner in crime pendant longtemps… C’est même pas pour lui être redevable, mais vraiment pour célébrer cette collaboration et cette amitié qui, quelque part, n’existe plus aujourd’hui. Mais, mais là, on est en train de parler justement de musique et de sacré, et j’avais besoin de l’ancrer quelque part. J’avais envie de le célébrer et donc voilà, je l’ai invité.
LFB : Quelques questions. Je me demandais l’influence du cinéma sur ta musique et sur ton écriture, car je trouve ton écriture très cinématographique, dans le sens où elle ramène des images.
Lonny: Ah ouais ?Mais moi, je n’arrête pas de dire que je suis un peu une beauf en cinéma. Je suis un peu McDo (rires). Non mais plus sérieusement le cinéma je ne sais pas, l’image, oui, la peinture un peu et la photo un peu. Je travaille en équipe, j’aime pas ça, ça me fait chier, c’est horrible. Je comprends pas ce truc qui consistait à regarder de la musique. Je n’aime pas les clips, je ne voulais pas en faire de base. Finalement, je suis quand même tombée amoureuse du travail de Shanti et de Manon et et ça m’a appris à aimer ce format aussi, de travailler avec des gens comme elles, mais le visuel, c’est marrant, je vois pas d’images quand je fais de la musique.
LFB : C’est peut être le fait que tu parle beaucoup de la mer, des choses comme ça, je trouve que ta musique, elle ramène beaucoup d’images vraiment. Je peux la visualiser quand je l’écoute en tout cas.
Lonny :Alors moi, ce que je peux dire, c’est que tout ça, c’est une histoire de sensations. Mon rapport au cinéma, quand je fais de la musique, le seul truc que je peux dire, c’est que quand j’écoute un super morceau, j’ai l’impression d’être dans un bon film. Mais vraiment ! Si tu me mets Wednesday Morning, 3 a.m., le premier album de Simon & Garfunkel que j’adore, là j’ai l’impression qu’on vit une belle scène de film et d’être à l’intérieur du cinéma, d’être complètement immergée. Je me positionne pas du tout en spectatrice, mais, mais vraiment comme un, comme comme une sensation d’immersion. Donc en fait, quand j’écris une chanson et que je dis « derrière la lune, le sable rouille, on voit du rouge qui coule sur l’écume » je fais partie du truc. Je suis plutôt actrice que spectatrice.
LFB : Ca se transmet.
Lonny : Merci !
LFB : Une question piège exprès pour toi : est-ce-que tu penses que Lonny c’est vraiment de la folk ?
Lonny : Non (rires). Merci pour cette question ! En fait, c’est ce qu’on disait là avec Cécile : il faut bien classer les choses parce que l’humain a besoin de classer. On vit dans un monde tellement speed et qui manque tellement de nuances, de subtilité à tout point de vue – et la musique n’est pas du tout épargnée par ça – que je suis obligée de jouer le jeu et de placer ma musique quelque part. Je ne peux pas la mettre dans Rock, je la mettrais sûrement pas dans Pop, parce que c’est vraiment pas ma philosophie, et Chansons c’est compliqué pour moi. C’est ce que ça me renvoie dans la représentation de ce mot ; pour moi c’est Brassens, c’est un rapport aux textes aussi que je n’ai pas et qui est faux…
Et en fait, Folk pour moi, ça peut me ramener à cette notion de songwriting qui n’est pas chanson, qui est vraiment le truc de : le mot, la musique, le mot, la musique… J’en reviens à mes histoires d’angles morts, c’est un peu ça, on vérifie, l’un vérifie l’autre. C’est musique, musique, texte, musique, musique et parfois c’est du yaourt. Et je suis trop contente du morceau et je mets le texte après ! Donc, j’ai l’impression que philosophiquement, je me rapproche plus de cette manière de faire. Quand je dis Folk, on pourrait presque remplacer ce mot par « Anglo-saxon », cette manière anglo saxonne d’aborder les choses, tu vois. Après, c’est sûr que je n’ai pas un chapeau avec une plume et une guitare et des santiags. Et surtout le disque n’est pas si folk que ça, mais j’avais envie de le classer par philosophie et non pas par et non pas par musique. Parce que ça veut plus dire grand chose, en fait, mis à part pour les Victoires de la musique (rires).
LFB : Une question plus classique : qu’est-ce-qu’on peut te souhaiter pour l’avenir ? Il y a un mois que finalement, les gens qui viennent te voir en concert ont pu écouter la musique avant de
Lonny : Ben on peut me souhaiter de la générosité aujourd’hui, c’est ça que je te réponds, c’est d’avoir la force et la générosité d’inviter inconditionnellement n’importe qui à se plonger dedans , sans peur, sans crainte, en confiance en fait. Non pas que j’en manque, mais, mais, mais un peu quand même, peut être.
LFB : Et du coup, la dernière question, exactement comme d’habitude. C’est la même que la première est ce que t’as des coups de coeur, des choses que t’as vu, que t’as lu que t’as écoutées récemment?
Lonny : Ah ouais, merci de poser cette question de se permettre de parler des copains. Eh bien, il y a artiste qui s’appelle Studio Electrophonique, qui pourrait te plaire, je t’invite à écouter. J’attends très fort l’album The Meaning of Tales, qui est très folk aussi. Je les connais un peu et je sais qui sortent bientôt leur disque. Sinon, je lis un bouquin de Julia Kristeva ces jours ci, qui me qui est en train de me bouleverser, qui s’appelle Seule une femme. C’est une femme qui ne parle peu de féminisme, mais de femmes, de féminin, et qui en parle à un endroit très réparateur. Pour moi, en tout cas, donc j’invite tout le monde à la découvrir. Et puis, il y a évidemment Myriam Gendron. Tu as écouté ou pas ? Mon coup de cœur, énorme coup de coeur de ces jours ci, c’est une Québécoise qui reprend des morceaux traditionnels. Ça pourrait vraiment te plaire . C’est très incarné. Et le dernier Beach House bien sûr.