La musique ça s’écoute, mais parfois ça se regarde aussi. Chaque semaine, La Face B vous sélectionne les clips qui ont fait vibrer ses yeux et ses oreilles. Sans plus attendre, la seconde partie de la sélection numéro 128 des clips de la semaine.
LATER. – BACK TO HEAVEN
A première écoute, les vibrations dégagées et le timbre de la voix se reconnaissent très vite. Le prince des hipsters aurait-il sorti un nouveau morceau ? Et non, ce n’est pas Chet Faker mais Later. qui nous propose Back To Heaven dans le cadre du teasing de son premier album à paraître en 2023 (ça c’est faire monter la hype progressivement). En tout cas la recette est effective, du groove avec peu d’instruments, un tempo langoureux et des harmonies vocales que Jungle ne renierait pas. A l’image, ça donne une scène de bureau fantasmagorico-vintage (si si) avec l’apparition d’un personnage qui chamboule et envoie les autres protagonistes à leur insomnie. C’est coloré, fun et loufoque, on aime. Mention spéciale à ce rythme chaloupé basse-batterie qui donne envie de claquer des doigts sur 2 et 4 en faisant une moue d’approbation. Vivement la suite.
Tchewsky & Wood – Pier 28
Tchewsky & Wood, c’est la rencontre de la chanteuse comédienne Marina Keltchewky avec le batteur Gaël Desbois, qui ont écorché ou transformé leurs noms pour créer ce duo. Rejoints par la suite par le guitariste Maxime Poubanne, ils composent un rock électronique aux multiples influences, dont émerge un sens de la théatralité et du drama complètement fou. Leur nouvel album Silent Partners se dévoile dans le premier titre Pier 28, aussi hypnotisant que puissant. Album plus conceptuel qui résulte de 10 jours d’improvisation afin de garder une certaine forme de brutalité et de sincérité, il dévoile différents dialogues intérieurs de différentes figures féminines. Pier 28 met lui en scène une femme qui se donne rendez-vous avec elle-même sur le quai 28, comme un échos à un film noir. Souhaitant mettre fin à sa carrière d’escroc minable, elle rend des comptes avec elle-même. Rythmé à la perfection, le son dégage une tension absolument palpable et une noirceur très cyberpunk. Afin d’illustrer ce règlement de compte, des petits robots en 3D partent en quête d’un certain bunker dans un parcours industriel. Un son magistrale qui a le don de se démarquer.
Alaska Gold Rush – OD On Sugar
OD On Sugar, nouveau morceau du duo bruxellois Alaska Gold Rush est en ligne depuis quelques jours et il ne faut pas passer à côté ! Le clip, qui ravira les fétichistes en tout genre, met en scène Renaud Ledru, chanteur et guitariste. Ou du moins son visage, puisqu’on ne verra quasiment que lui, face contre terre, face caméra, les mots se déversant contre le sol renversé.
Maniant aussi subtilement la plume que l’image, Renaud est à la fois devant et derrière l’appareil, réalisant avec brio ce clip étonnant et décalé. Recouvert d’humus puis de chantilly, caressé par une brosse à dent, effleuré par des plumes ou encore piétiné, le musicien, imperturbable, nous parle d’amour. Celui qui part et qu’on remplace par des tonnes de sucre. La batterie de Nicky Collaer associée à sa guitare, nous plonge au sein d’une balade mélancolique et lumineuse, qui donne envie de dévorer l’album. Troisième bijou d’Alaska Gold Rush, il est sorti le 29 avril 2022 sur le label belge Luik Music et se nomme Human Flare. Entre folk déchirante et rock planant il fait la part belle aux relations humaines, dans ce qu’elles ont de plus beau. Entre complexité, sincérité et vulnérabilité. A écouter de toute urgence.
De la Romance –Maldoror
De la Romance revient cette semaine avec le deuxième extrait de son nouvel album, Maldoror.
Il en faut de l’audace pour mettre en image le mythe du Compte de Lautréamont, challenge brillamment relevé par l’interprète de Dreamer. Habitué à proposer des clips soignés, Maldoror nous plonge dans une ambiance surréaliste et sulfureuse, hors du temps entre sacrifice et luxure. Les images se superposent, la lumière appuie tous les moindres détails affinés par le chanteur, du déguisement au simple rictus des personnages.
La musique, elle, est brute et charnelle, si familière à De la Romance.
Un rythme électro froid et entraînant annonce le début de l’histoire et accompagne le texte dicté d’une voix grave.
Avec Maldoror, De la Romance aka Vincent Girault revient une nouvelle fois magnifier la chanson française.
REYN – Ciel Rouge en Décembre
Une petite bulle poétique hors du temps. Avec Ciel Rouge en Décembre, REYN nous entraine encore dans des ailleurs où la beauté est à une place centrale. Le pianiste nous offre quatre minutes reposantes et douces, qui pousse à la méditation.
Cela tombe bien, ce nouveau titre s’accompagne d’une vidéo qui colle parfaitement au titre du morceau de REYN. Filmées avec un drone, les images nous entrainent dans un ciel d’hiver. Un soleil qui se lève et des paysages sublimés par ces reflets rouges, sur les champs, les villages et dans le ciel. Une couleur de feu qui innonde le monde et lui donne un côté presque irréel et flamboyant.
Le genre d’instant qu’on aime vivre pour laisser nos pensées vibrer à l’intérieur de nous et une nouvelle preuve que la musique instrumentale « classique » peut être parfaitement moderne et humaine.
The Doug – Faire le bien
Pour célébrer la sortie de son nouvel EP, Jeune The Doug, The Doug a décidé de mettre en image son morceau le plus solaire, Faire Le Bien.
Dans celui-ci,il tient un regard et un discours positif, partant à la conquête du monde tout en étant en paix avec lui même. Un shoot de bonnes ondes qu’il nous envoie avec son style à lui, une écriture directe, un chant qui oscille entre phrasé rappé et envolées presque lyriques, le tout sur une production rythmée toujours accompagné des sa guitare.
Pour le clip, Juliet Casella transforme le clermontois en héros de moto-cross dans un clip qui continue de distillée une ambiance « withe trash ». On le retrouve donc dans cette compétition aux accents très américains avec The Doug qui évolue entre les gens et sur la piste, distillant ici et là ses bonnes ondes et son envie de faire le bien.
Lulu Gainsbourg – Intime
Dans le clip d’Intime, réalisé par Pierre Folliot et Thomas Braut, la voix traînante et rauque de Lulu Gainsbourg s’incarne dans une multiplicité de corps.
Kaléidoscope de visages éclatés-recomposés, la fresque graphique distille une poésie teintée de mélancolie sur les premiers élans d’une relation naissante. La « chanson tourbillon » dont il est question emporte l’auditeur dans l’intimité du chanteur sur fond de quelques accords de piano, rythmée par une batterie obsédante et jazzy. Un bonbon auditif et visuel à consommer sans modération.
Archive – Frying Paint
Archive commence à nous habituer à cette esthétique issue des jeux vidéo venant illustrer de visions apocalyptiques leurs hymnes rock ultra entraînants. Dans Frying Paint, entre bridge mélodique et couplets mâtinés d’électronique, on trouve tout à la fois des éléments semblant tirés tout droit de Mad Max et d’autres œuvres de science-fiction. Vision glaçante de la Terre partiellement pulvérisée, mégalopoles en feu, l’anthropocène sur la mauvaise pente touche ici à son paroxysme. Un clip comme un avertissement, par un groupe qui ne cache pas sa sensibilité aux problématiques environnementales et climatiques.
MPL – Sur une échelle
Après Bonhommes et Ma bouche, MPL dévoilent cette semaine Sur une échelle, le troisième extrait de leur troisième album Bonhommes qui sortira le 27 mai prochain. Sous la direction du réalisateur Juan Jonquères d’Oriola, les 5 garçons se sont discrètement glissés au sein d’une maison de retraite (rassurez-vous, ils avaient demandé l’autorisation) pour un clip rendant hommage à toutes nos grands-mères. Entre doux souvenirs du passé et inquiétude du futur à venir, Sur une échelle est un morceau qui aborde le sujet du temps qui file avec un coeur un peu serré mais toujours avec beaucoup de tendresse. Pour découvrir ce nouveau titre en vrai de vrai, on a rendez-vous avec MPL à la Belle Électrique à Grenoble le 12 mai (déjà complet) ainsi qu’au Trianon à Paris le 28 mai pour leur concert de sortie d’album.
Flèche Love – Mitote
A en croire les sagesses amérindiennes, le mitote représente nos fausses croyances, le vacarme intérieur, des pensées qui s’entrechoquent. Intituler ce titre Mitote pourrait signifier tant de mystères, et d’énigmes que l’on voudrait résoudre. Car Flèche Love évoque au contraire, la certitude, la foi. En somme, lorsque le Mitote n’est plus. Comme par exemple d’amour infini, qui revient lorsque la peur et les peines sont dépassées. L’artiste chante avec douceur et présence : “Las paredes de tu cara, se desmoronan poco a poco, el viento te despoja de lo inutil, pronto estaras de vuelta mi amor y yo estare a tu lado, a tu lado mi amor.” Quant au clip, il est réalisé par The Quiffs. On y aperçoit une atmosphère bleutée, ornée de cristaux.
Mélodie Lauret – star
Mélodie Lauret nous parle de son rapport à la célébrité avec le titre star. Elle évoque ces projections mais surtout ses désillusions : “moi, j’serai jamais une star, moi, j’serai jamais en tête” Or, seul l’avenir pourra répondre à cette question. Une interrogation que la jeune artiste se pose dès l’enfance. A en croire, les références ponctuelles dans le clip. Co-réalisé entre la chanteuse et Réva Peker, le clip mêle des archives où l’on aperçoit Mélodie Lauret enfant, avec des vidéos actuelles. Pourtant, sur ces dernières, comme un clin d’œil, l’artiste joue sur un clavier pour enfants. En parlant de musique, le genre est pop, proche des années 90, avec des airs de nostalgie.
Ibrahim Maalouf & Flavia Coelho feat. Tony Romera – El Mundo
A l’occasion de la sortie prochaine d’un quinzième album, Ibrahim Maalouf dévoile un extrait en duo avec Flavia Coelho et Tony Romera. Alors, le titre ne peut être autrement que solaire, festif, aux accents de funk, de jazz et de musique brésilienne. Un aspect qui se retrouve dans un clip autant lumineux que dansant. Pourtant, au-delà d’une vidéo légère, les réalisateurs ADY&MATT donnent de la profondeur au clip. D’une part, sur le plan technique, puisque le clip El Mundo est tourné d’une seule prise. D’autre part, sur le plan de la narration. Car le clip débute sous un régime totalitaire, où la démagogie et le mensonge gouverne. Il est question de geôlier qui nous parle de liberté, de bourreaux qui nous parlent de douceur et bonheur. Alors, l’époque bascule vers un présent plus authentique, plus véritable et lumineux. Où les mots s’incarnent en action, se concrétisent dans des corps libérés, qui tourbillonnent et dansent.
Toboggan + Thx4crying = Toi lui et moi ♡
Un trio iconique des années 1990, le duo Toboggan s’associe avec Thx4crying dans le titre Toi lui et moi. Chaque artiste incarne un personnage différent, que l’on aurait voulu ou que l’on a pu incarner adolescent. Que ce soit de l’archétype gothique à un archétype viril, en passant par l’archétype pop-girly. Ces univers prennent vie dans un clip réalisé par Kahina At Amrouche et Florian Salabert. Le clip a la particularité de nous refaire plonger dans notre propre adolescence avec des allusions au jeu Habbo, Hello Kitty, les Tamachotchis, Fast And Furious ou encore les Pokémons et L’Etrange Noël de monsieur Jack. Mais c’est surtout, dans notre propre intimité que nous replonge le trio. Sur une musique électronique entraînante, les paroles évoquent l’idée de renouveau, de solidarité, d’amitié.
The Kooks – Closer
Quelques semaines après la sortie de leur second EP « Beautiful Worlf – Echo in the Dark, Pt II » porté par le titre « Beautiful World » en featuring avec Milky Chance, The Kooks a décidé cette semaine d’illustrer le titre « Closer”. Un morceau où on retrouve encoré fois l’ADN du groupe : un refrain catchy, la voix de Luke que personne n’arrive à égaler, un titre qui reste en tête et donne le sourire. Le tout accompagné d’un clip encore une fois réalisé par Say Goodnight Films et où on peut voir le groupe jouer le titre. Le résultat est sans attente : on a terriblement envie de retrouver le groupe sur scène et de découvrir leur album “10 Tracks to Echo in the Dark” qui sera dispo dès le 22 juillet prochain.