The fantasy life of Peter Doherty and Frédéric Lo

Il est enfin temps de parler de cet album sorti le 18 mars dernier, d’autant plus qu’il pourrait bien s’agir d’un des plus importants de l’année 2022. Porté par une brise marine, Peter Doherty et Frédéric Lo nous emmènent au sommet de la falaise et de leur art.

Pochette de l’album The fantasy life of poetry and crime de Peter Doherty et Frédéric Lo

Si pour vous Peter Doherty reste cette grande tige britannique de Babyshambles ou ce personnage sulfureux des The Libertines, vous avez pas mal de choses à rattraper. Après son excellent premier album solo Grace Wastelands en 2009, et ses deux autres un peu plus discrets sortis respectivement en 2016 et 2019, c’est un Pete apaisé, sain, loin de l’effervescence des grandes villes, qui revient avec The fantasy life of poetry and crime, un disque co-signé avec cet homme de l’ombre très expérimenté, artisan entre autres du grand retour de Daniel Darc en 2004, Frederic Lo.

C’est dans la villa Cateuil à Etretat, visible sur la pochette de l’album, à quelques encablures de la maison où s’est installé la rock star anglaise depuis 2013, que les deux hommes trouvent le calme pour composer et écrire l’ensemble des douze titres. Un tel lieu est une source d’inspiration infinie pour le poète. On s’en rend compte dès la première piste, où l’on pourrait presque sentir le papier jauni des livres de Maurice Leblanc. Avec ce titre éponyme qui ouvre l’album, le ton est donné. La mélodie tout comme les paroles glissent, ponctuées de détails délicieux, comme entendre Doherty dire « Je suis ici » en français ou un « Seine Maritime » prononcé à l’anglaise.

Clip de The fantasy life of poetry and crime

Arsène Lupin donc, mais aussi Emile Ajar et Daniel Darc se retrouvent ainsi dans la même pièce que Dashiell Hammett, Peter Lorre, Humphrey Bogart et Jean Seberg dans The epidemiologist, preuve de la parfaite osmose entre ces deux musiciens, deux nationalités, deux cultures, jointes par les embruns de la Manche. Des personnages entre réalité et mysticisme qui nous font voyager, ce disque en est plein : des escrocs, des voleurs, des souffleurs de verre… De la fantaisie, de la poésie et du crime, on ne nous a pas menti, tout est bien là et on adore.

Alors certes, ces textes présentent toujours leur part de noirceur. Les complexités de l’âme et la mélancolie sont là, mais la leçon à retenir et que l’on retrouve en fil rouge est bien celle de l’espoir : pas un espoir à ordonner ou à conquérir, mais plutôt un espoir auquel s’abandonner. Des phrases comme « Un vœu gâché peut encore être exaucé / L’espoir qui est dopé peut encore être planté » se retrouvent dans The epidemiologist ou encore dans I wear a mask « Parfois, pour redresser tous mes torts / Occasionnellement / J’escalade le plus haut sommet / J’y trouve la paix que je cherche », Une rédemption à l’image du chanteur lui-même, car oui, Pete a changé, on en est heureux pour lui et heureux pour nous, car cela ressemble à la promesse d’autres futurs grands projets.

Clip de The Epidemiologist

Ces paroles riches d’images en tout genre sont magnifiées par les mélodies enivrantes de Frederic Lo. Le cocktail formé par tous ces ingrédients est un délice. Dans Ballad of, quelques notes pures de piano nous emmènent délicatement sur la pointe des pieds, pour qu’ensuite une vague de violons vienne nous soulever et nous laisser flotter dans les airs, les poils dressés. L’ensemble fonctionne merveilleusement bien aussi dans The monster, tandis que Invicus ou Glassblower s’appuient davantage sur des balades à la guitare qui nous font pourtant tout autant tournoyer sur nous-mêmes, à nous en donner le tournis. On chante encore You can’t keep it from me for ever, qui pourrait bien très vite devenir un grand classique de l’artiste.

C’est bien simple, tout est réuni ici pour dire que The fantasy life of poetry and crime est un très grand album. On est sous le charme à la première écoute. Que vous soyez fan ou pas de Pete Doherty, laissez-vous porter, ça fait du bien.

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Crédit photo Roberto Frankenberg.