Le Stupeflip Crou ne mourra jamais … On était prévenu, une injonction qui nous suit depuis 20 ans désormais. Une promesse, un signe d’espérance. Stupeflip existe et existera toujours, que ce soit dans le cœur des gens ou dans nos oreilles. Par surprise, King-Ju revient et nous rappelle que le groupe est encore là, toujours aussi vivant, toujours aussi actuel, toujours aussi Stupeflip. Avec de nouvelles balles pour ton baladeur prévues pour le mois de septembre.
Il y a des groupes qui marquent une vie au fer rouge, qui nous suivent autant qu’ils nous sauvent tant est si bien qu’il est impossible d’en parler de manière totalement distanciée. Cela fait bien longtemps que j’ai arrêté d’imaginer Stupeflip comme quelque chose dont je ne pourrais parler de manière honnête et réfléchie.
C’est tout une partie de mon émotionnel qui résonne et raisonne quand je pense à cette entité qui détient les clés du mystère en chocolat. Une vie de souvenir, du début de l’adolescence à un âge adulte dans lequel je refuse encore de plonger. Des souvenirs qui viennent m’assaillir et me serrer le coeur. Apparemment, on appelle ça une madeleine de Proust, moi j’appellerais plutôt ça la ritournelle de Pop-Hip.
Toute ma vie d’être indépendant est liée à Stupeflip. C’est le premier groupe que j’ai aimé par moi même, ma première trouvaille et une surtout une armure qui m’aura permis de me protéger du monde et de la connerie alentour en mettant mon casque sur mes oreilles et en balançant le son très…très fort.
Je me souviens de cette première rencontre en 2002, de l’apparition de cette pochette étrange dans les pages de Rock Mag. De mes premières téléchargements illégaux sur Kazaa, notamment d’une reprise taré d’Amoureux Solitaire de Lio face à un Stéphane Bern médusé. Je me rappelle avoir acheté le premier album du Crou en même temps que le fond et la forme de Lofofora, je me souviens d’avoir célébré ma majorité avec l’achat Stup Religion après avoir visionné Les poupées russes.
Et puis l’attente et le silence. Trop longue, comme si on perdait de vu un ami. Avant de le retrouver, une première fois avec The Hypnoflip Invasion. Voir que ce groupe se transmettait à la génération suivante, les découvrir enfin en concert de nombreuses fois avec ma petite soeur. Se marrer avec les autres fans comme moi et faire chier NRJ sur les réseaux pour qu’ils passent enfin Gaëlle.
Un second break ensuite, qui m’aura vu ranger précieusement mes reliques CDs usés jusqu’à la corde et les remplacer par les vinyles en attendant le retour. Parce que tout ça ne mourra jamais et que Julien Barthélémy reviendra forcément nous voir. Un record de crou-founding plus tard, et Stup Virus revenait. Toujours aussi bienveillant, toujours aussi proche des battements de mon cœur, Stupeflip faisait une mue, s’offrait enfin l’album selon son idéal.
Un vrai disque de Hip Hop ambitieux qui voyait MC Salo et Cadillac disparaitre légèrement (heureusement leur albums solos seraient là pour nous faire du bien aux oreilles) et offrir à King-Ju un album à son image, nourri de ses influences de sale gosse qui n’a pas envie de grandir. C’était à la fois égoïste et tourné vers l’autre, avec une humanité toujours présente et cette sensation encore de reprendre une histoire qui, au fond, ne s’était jamais arrêtée.
Nous voilà donc en 2022. Et Stupeflip revient au moment ou en avait sans doute le plus besoin. Avec humour, et un côté anachronique bien senti, cette première cartouche se nomme Dans Ton Baladeur. Et dès les premières secondes, on retombe dans un monde que l’on connait si bien. Le côté épique, l’humour, la tendresse, les ritournelles hip-hop, la voix de King-Ju qui n’a, presque, pas changé. Et surtout cette gageuse toujours parfaitement accomplie par le crou : Parler du temps qui passe, du monde qui nous entoure et souffler sur les braises d’un feu punk et sincère qui ne redemande qu’à brûler.
Depuis À Bas La Hierarchie rien n’a changé, Stupeflip c’est le groupe qui parle à mon âme et à mes sentiments. Enfoncer des portes ouvertes ? Sans doute, mais ça fait tellement de bien. Ca fait sourire et ça redonne un peu foi en ce qui nous entoure, de voir que 20 ans plus tard, la révolte est toujours là et que certains croient encore en la bonté et en la bisounourserie.
Visuellement aussi rien n’a changé. La cagoule, le T-shirt et les dents pourries sont toujours là. L’univers qui doit autant aux films d’horreurs des années 30 qu’aux comics et à la BD aussi. Julien Barthélémy relance son univers et nous y accueille à nouveau, une petite tape dans le dos et un sourire en coin.
Défintivement, le Stupeflip crou ne mourra jamais … La preuve, Stup Forever arrivera le 16 septembre.